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 « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese

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Noam E. Tanner
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MessageSujet: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptyMer 2 Mar - 22:43


Reese & Noam



Un coup de téléphone et ma vie prenait un tournant à 360°. A croire que je les collectionnais ces temps-ci. Charly qui me largue soudainement et maintenant, Reese qui me donne rendez-vous. Un jour, finirais-je par comprendre la psychologie féminine ? A croire que non. Sans parler de l’arrivée de Leanne. Je sens que toute cette histoire de famille va tourner au vinaigre. Je n’ai encore prévenu personne pour l’arrivée de Leanne, mais je sais déjà que Charly sera dans les rangs pour me faire des reproches. A vrai dire, elle ne sait rien faire d’autre en ce moment. Pourtant, j’aurais aimé qu’elle m’écoute. Pour une fois dans sa vie, j’aurais voulu qu’elle se repose sur moi et qu’elle accepte mon aide. Mais non, elle n’en faisait qu’à sa tête et je devais continuer à voir son état se détériorer au fur et à mesure. Devant les questions des autres, je changeais inévitablement de sujets mais ils n’étaient pas idiots. Charly sera tôt ou tard, confronté et devra tout leur dire. Pourquoi je ne le fais pas ? Je ne peux pas trahir ma parole. Et ce, même si j’aimerais de tout mon cœur qu’elle change d’avis. Qu’elle accepte enfin ce traitement. J’aimerais lui rappeler que si notre fille est en vie, c’est justement parce que je lui ai promis de me soigner. Alors pourquoi ne pouvait-elle pas faire cet effort ?! Elle pourrait avoir des années avec Noaly mais non, il faut qu’elle soit lâche et égoïste. Elle ne pense pas une seconde à l’enfer dans lequel, elle va nous plonger. Comme si j’aurais la force de m’en remettre et d’aller de l’avant. Comme si voir grandir Noaly ne me briserait pas le cœur une seconde fois. Charly et son foutu caractère. J’ai envie de l’envoyer au diable, tout autant que j’ai envie de l’avoir dans mes bras. C’était si paradoxale, cet amour que j’éprouvais pour elle. Rien à voir avec ma relation avec Reese. Entre nous, ça serait tendu. De plus, elle me donne rendez-vous au Bones. Lieu incontestable que j’évite depuis des semaines. Reste juste à espérer que Charly soit à la maison avec Noaly. Dans le cas contraire, je sais déjà que j’aurais à supporter le poids de son regard. Honnêtement, je doute sérieusement de pouvoir supporter la distance qu’elle met entre nous.

Je passe la porte du Bones. Les effluves d’alcools et fumées de cigarettes me prennent à la gorge et je m’arrête plusieurs secondes afin de me reprendre. Ma gorge me brûle comme jamais. J’ai envie de boire. De boire jusqu’à tout oublier toutes ses années. Pour disparaitre et ne plus rien ressentir mais je sais aussi qu’il est trop tard maintenant que j’ai rassemblé les membres de notre fratrie dans cette ville. Blake est une bombe à retardement, Jonas veut nous connaitre, moi, je tiens à disparaitre… et quant à Reese, elle doit juste vouloir me faire la peau. Rien d’inhabituel lorsqu’on y réfléchit. Un coup d’œil en direction du bar, pas de Josh, pas de Charly. C’était déjà ça. Avec de la chance, les étoiles seraient avec moi. Mon regard balaie la salle puis s’arrête un instant près de la scène dans un coin tranquille. Une silhouette familière attire mon attention. Elle est belle et bien là. Je déglutis péniblement, Cette conversation sera pénible mais je ne peux pas reculer l’inévitable plus longtemps. Elle est de nouveau dans notre ville et peut être même pour un bon bout de temps. Sans le chercher, je finirais forcément par me retrouver en sa présence. Quant au fait de dévoiler la vérité, c’était bel et bien ouvrir la boite de Pandore. Rien qui ne soit véritablement réjouissant mais on devait le faire. On en avait tous besoin et ça, même si Reese choisissait de l’ignorer. Je m’approchais du box où elle s’était installée et j’hésitais sur la façon de l’aborder. Il y a de ça quelques années, je n’aurais pas hésité. Et pourtant, aujourd’hui, j’ai l’impression de me retrouver devant une inconnue. Une inconnue avec qui je partage plus que n’importe qui dans cette ville.

« - Je dérange ? J’peux repasser plus tard si tu veux… » Proposais-je en la voyant plongé dans un bouquin. Nous n’avons jamais été proches. Nous n’étions même pas capables de partager une discussion sans que ça tourne au vinaigre. Et j’étais là pour qu’on ait la conversation le plus sérieuse de toute notre existence. N’étais pas en train de me fourvoyer en rêvant qu’on puisse enfin être aussi proche qu’un frère et sœur se doivent de l’être ?
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Reese h. Dewitt
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MessageSujet: Re: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptyDim 6 Mar - 1:04

« I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese 123p8oo « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese 30wt2jk
NOAM & REESE

Aujourd'hui était enfin arrivé le moment que j'avais tant attendu, ou plutôt, celui que j'avais tant redouté ces derniers jours. Aujourd'hui, j'allais pouvoir rencontrer Noam, et lui parler. Ce qui, quand on connaissait notre passé en commun, s'avérait être un petit miracle. Oui, car Noam et moi ne nous rencontrions jamais, nous faisions d'ordinaire tout pour nous éviter et, lorsque nos routes venaient à se croiser, nous ne nous parlions pas, nous nous aboyons dessus. Ca avait toujours été ainsi entre nous... ou du moins, ça l'avait été d'aussi loin que je me souvienne. Entre nous, il n'y avait pas la moindre marque d'affection, bien au contraire. Et si cela ne nous avait pas posé le moindre problème jusqu'à présent, une nouvelle que j'avais apprise récemment, par l'intermédiaire de Noam, justement, risquait de tout remettre en question. Noam était mon frère. Mon frère biologique. Il était mon frère ainé, le fils de mes parents, un enfant dont ils n'avaient pas voulu, et qu'ils avaient abandonné dès son plus jeune âge. Autant le dire, cette nouvelle avait eu l'effet d'une bombe. Pire que ça, elle avait remis en cause bien de choses dans ma vie, concernant mes parents, le concernant lui, et concernant également ses intentions à mon égard. Il va sans dire qu'au départ, j'avais pris ses révélations avec une certaine méfiance. Ce qui pouvait sembler tout à fait naturel quand on savait que tout au long de notre adolescence, ses interventions à mon égard n'avaient eu qu'un seul but : me nuire, ou me rabaisser. A présent, je ne savais plus quoi penser. Un tas de questions se bousculaient dans ma tête, des questions auxquelles je n'avais aucune réponse... A ces questions s'ajoutaient ce besoin – presque malsain – de vouloir en savoir plus, sur notre famille – notre vraie famille - qui était visiblement bien plus grande que tout ce que j'avais toujours imaginé. Paradoxalement, ce besoin de savoir m'effrayait. Une partie de moi aurait aimé ne rien savoir, jamais. Tant sur l'existence de ces deux frères que l'on m'avait cachés, que sur ce que mes parents avaient fait. Cela remettait tout en cause. Tout ce en quoi j'avais cru depuis toujours venait tout simplement de s'écrouler. La confiance que j'avais eue en mes parents, je l'avais perdue. Pire encore, je ne voulais plus les voir. Parce que je ne comprenais pas leur attitude, et que je leur en voulais. Oui, j'avais beau être celle que les Dewitt avaient gardée, je leur en voulais, pour m'avoir menti toute ma vie, mais aussi pour m'avoir mise dans une position comme celle-ci. Car contrairement à ce que l'on pouvait croire, je n'avais pas la position la plus facile. J'avais certes, eu la chance d'être élevée par mes vrais parents, mais cela ne rendait en rien la situation plus facile, bien au contraire. Cela rendait leurs mensonges encore plus insupportables. Le problème, aujourd'hui, c'était que je ne savais pas comment réagir face à la situation. Si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais pris la fuite, je serais partie loin, très loin – peut-être même serais-je retournée à New York – pour ne pas être mêlée à cette histoire, et pour ne pas avoir à affronter la vérité en face. Mais Caleb avait su me raisonner, et surtout me donner une bonne raison de rester à Hope Mills. En l'écoutant me parler, et me rassurer, j'avais réalisé une chose : que je ne pouvais pas fuir la réalité parce qu'elle ne me convenait pas, et que je devais au contraire l'affronter. Ce qui n'était pas pour me plaire, croyez le. J'aurais de loin préféré ne jamais avoir à la connaître, mais maintenant que celle-ci avait été dévoilée, je n'avais d'autre choix que de l'accepter... Mais l'accepter, dans le fond... qu'est-ce que ça signifiait ? Que je devais pardonner à mes parents, accepter que Noam et Jonas aient une place dans ma vie, qu'ils en fassent partie, comme deux frères devraient le faire normalement ? Devions nous former une famille simplement parce que, d'après notre sang, nous en étions une ? Caleb en était persuadé. Il était persuadé que je me devais de tous les écouter... Aussi bien mes parents, que Noam et Jonas. Il était convaincu que je devais accepter les choses, comme elles étaient. Mais ça, c'était mission impossible. Je ne pouvais pas pardonner à mes parents leur trahison, je ne pouvais même pas leur adresser la parole, depuis que je savais la vérité. J'étais même incapable d'aborder le sujet avec eux. Depuis la nouvelle, j'avais filtré leurs appels, et fait en sorte de ne pas les rencontrer une seule fois, parce que les voir m'aurait été plus difficile. Je ne savais pas quoi faire avec eux, je ne savais pas comment réagir. A vrai dire, ils ignoraient même que je savais tout de leurs petits secrets... Je ne pouvais pas leur dire. Pas toute seule. Ca n'était pas à moi de faire ça. C'était à Noam, à Jonas, à ces fils exclus de la famille, de se manifester – s'ils ne l'avaient pas encore fait. Et parallèlement, je ne pouvais pas devenir la soeur de ces deux jeunes hommes du jour au lendemain. Pour Jonas, je ne le connaissais pas, je ne connaissais rien de lui – je ne savais même pas où il vivait -, il n'était rien d'autre qu'un inconnu lié à moi par le sang paternel. Cela faisait-il de lui mon frère ? Je n'en savais rien. Et c'était bien là mon problème. En ce qui concernait Noam, en revanche, la situation était encore plus délicate. Lui et moi avions beau nous connaître, nous nous entendions comme chiens et chats. Devions-nous oublier notre mésentente passée pour apprendre à nous connaître ? La raison aurait voulu que oui, mais la raison ne m'habitait pas à cet instant. Je lui en voulais trop pour l'accepter comme mon frère, pour lui donner autant d'importance dans ma vie. Et puis, dans le fond, j'étais certaine qu'il partageait mon avis. Il ne m'avait jamais appréciée (c'était un euphémisme que de le dire), pour preuve, j'avais été la victime de ses moqueries durant toute notre adolescence, et s'il avait nourrit ne serait-ce qu'une once de haine à mon égard, celle-ci avait dû s'accentuer lorsqu'il avait découvert notre lien fraternel. Ajoutons à cela qu'il avait déjà une soeur. Une vraie soeur. Elle était décédée, elle ne faisait peut-être plus partie de ce monde, mais je n'étais pas dupe. Je savais très bien que, morte ou pas, Lynn resterait la seule soeur que Noam aurait. Je ne faisais pas le poids face à elle. Je ne pourrais jamais la remplacer, ou, à défaut de le faire, occuper une place similaire dans la vie comme dans le coeur de Noam – et de toute façon, je n'en avais pas envie. Vous l'aurez compris, tout cela me prenait la tête. En plus d'avoir semé le doute dans mon esprit, Noam avait, en me dévoilant la vérité, foutu un sacré bordel dans ma vie. Et honnêtement, je ne pouvais m'empêcher de me demander pourquoi il s'était manifesté. Avait-il simplement voulu rétablir la vérité, ou n'avait-il pas plutôt cherché un nouveau moyen - plus subtil, et plus pervers - de m'atteindre, comme il l'avait toujours fait ? J'étais partagée.

Le nez plongé dans un bouquin, mon cappuccino noisette posé devant moi, j'attendais donc avec une certaine appréhension l'arrivée de Noam au Bones, sans songer une seule seconde qu'il pourrait avoir un problème quelconque avec cet endroit. Plongée dans ma lecture, je n'avais pas vu Noam arriver, et seule sa voix qui m'interpella m'obligea à lever le nez de mon livre.

« Je dérange ? J’peux repasser plus tard si tu veux… »

Posant un regard qui se voulait – naturellement – désagréable sur lui, je secouai alors la tête, tout en prenant mon café entre mes mains. Secouant la tête, j'invitai silencieusement Noam à s'asseoir à ma table. Portant mon café chaud à mes lèvres, je gardai le silence quelques instants, ne sachant pas par quoi commencer ni même sur quel ton commencer. Je craignais qu'en me montrant trop désagréable, Noam ne s'emporte, et ne réponde finalement à aucune de mes questions. Or, j'avais besoin de certaines réponses, des réponses qu'il me devait, et à côté desquelles je ne pouvais pas passer. Poussant un soupir, je rangeai mon livre, avant de sortir de mon sac la fameuse enveloppe qu'il m'avait donnée quelques semaines plus tôt, et de la lui rendre.

« Tiens, tu peux récupérer ça. J'en veux pas. », dis-je, un peu plus sèchement que je ne l'aurais voulu.

Plongeant mon regard dans le sien, je le fixai quelques secondes, comme si cela pourrait me permettre de lire en quelque sorte en lui, de déterminer si oui ou non, ses intentions à mon égard étaient bonnes. N'y voyant finalement rien de bien spécial, je décidai de ne pas attendre pour lui dire ce que j'avais à lui dire:

« C'est vrai ? Ce qu'il y a dans cette enveloppe, ce que tu as écrit dans cette lettre... C'est pas une de tes blagues de mauvais goût ? »

Moi ? Parano ? Peut-être un peu. Mais que voulez vous. Je n'avais pas confiance en Noam. Alors, certes, s'il était difficile d'imaginer qu'il ait pu monter une histoire pareille de toute pièce, ça n'était cependant pas impossible. Pas à mes yeux. Sans lui laisser le temps de répondre, je repris, sur un ton qui se voulait presque agacé :

« Bon, admettons que ça soit vrai... Pourquoi tout me révéler ? Ca te démangeait tant que ça de foutre le bordel dans ma vie ? »

Je ne voyais pas d'autre explication. Caleb, lui, pensait que ça partait d'une bonne intention. Moi, je n'y croyais pas. Pas une seule seconde. Parce que Noam n'avait jamais eu de bonnes intentions. Pas à mon égard. Alors, j'étais peut-être un peu dure, mais ma réaction était justifiée. A mes yeux du moins.

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Noam E. Tanner
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MessageSujet: Re: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptyDim 6 Mar - 16:53



Reese et moi, c’était un peu comme un derby. Chacun se battant avec ses armes, ne se gênant pas pour utiliser tous les moyens à dispositions. Le genre de combat qui laissait forcément des traces. Je savais par avance que ce rendez-vous n’aurait rien d’une partie de plaisir. Toutefois, c’était à moi d’insinuer le doute dans son esprit. Aujourd’hui, je ne pouvais plus me retirer. Je devais jouer carte blanche avec elle, quitte à ce qu’elle m’en veuille d’avoir gâché son existence. Toutefois, je restais objectif. Bien qu’on ait toujours été à couteaux tirés tous les deux, j’ai du mal à croire qu’on soit aussi différent. Quelque chose pourrait nous rapproché même si j’ignore encore la raison. Qu’elle me balance notre passé à la figure, toutes les crasses que j’ai pu lui faire endurer, sera légitime. C’est pour ainsi dire, que je ne m’attends pas à une discussion courtoise avec elle. Et puis, c’est pas comme si je ne l’avais pas mérité. Au lycée, j’étais un crétin et même si j’étais populaire, je n’agissais pas pour autant en modèle. Alors quoi qu’elle décide, je me ferais l’effort de l’accepter. Quitte à ce que ça m’enfonce un peu plus. Nous avons cette habitude de nous éviter, ainsi je ne peux pas assurément dire ce qu’il en est de sa vie. Pour ma part, je tente de rester discret depuis mon retour. Il n’y a pas un jour où je ne suis pas dévisagé et où les gens chuchotent sur mon passage. J’essaie d’en faire abstraction mais il y a ses moments où j’ai juste envie de me retourner et de les envoyer au diable. Parce qu’ils ne savent pas qui je suis et ce que je traverse. Personne ne devrait avoir à passer par de tels évènements. Personne ne mérite de voir toute son existence s’écrouler, en découvrant un secret de famille. Sauf que ce fut mon cas, le jour de la mort de Lynn. Deux années entières n’ont pas suffi pour me détruire, malgré toute la volonté que j’y ai mise. Reese ignore encore une bonne partie de l’histoire. Y aurait-il une happy ending ? Aujourd’hui, je n’y crois plus. Pas après avoir perdu la lumière qui mènerait au bout du tunnel obscure. Je tente simplement de vivre au jour le jour et de me dire que si je ne peux pas réunir notre famille, ma fille aura au moins la possibilité de la connaître à travers moi.

La rencontrer au Bones est justement une inquiétude supplémentaire. Noaly est avec Charly mais elles peuvent très bien être dans le bureau. Quand à Josh, il pourrait être dans la réserve. Ainsi, je ne suis pas à l’abri. L’un comme l’autre pourrait débarquer à n’importe quel moment et ça ne me rassure absolument pas. Je n’avais pas besoin d’un élément supplémentaire qui risquait de faire fuir Reese, ma sœur. Quoiqu’elle en dise, il en était ainsi. Bien sûr personne n’avait à accepter ce genre de vérité apprise sur le tard. Mais j’aimerais croire que si Noaly avait un jour besoin d’un membre de sa famille, elle pourrait aller voir Reese. C’était surement stupide de ma part, mais je ne supporte pas l’idée qu’un jour elle puisse se retrouver dans une situation difficile sans avoir personne à qui parler. En m’approchant du box où elle est installée, je marque une hésitation. Ça ne sera pas de la tarte. Un simple regard sombre et déjà, je devine que je vais devoir garder mon calme. Elle ne sera pas à prendre avec des pincettes et en plus, elle va remettre en doute chacune de mes paroles à coups surs. J’étais vraiment en veine avec ça.

M’installant en face d’elle, elle ne tarde pas à rentrer dans le vif du sujet. Elle repousse cette enveloppe vers moi sans me quitter des yeux. Elle pense que c’est un canular et que je cherche à la viser personnellement. Plusieurs années en arrière, j’aurais pu le faire. Elle a beau avoir la vérité sous les yeux, avec preuves à l’appui, elle n’est pas prête à s’y faire. C’est une phase à laquelle nous sommes tous confronté. J’en ai conscience pour l’avoir vécu. Sauf que j’ai eu plus de temps pour me faire à l’idée. Et dire qu’elle ne sait pas tout est un euphémisme. Comment vais-je lui révéler l’existence de Blake ? Car je crois bien qu’il sera impossible qu’elle ne tombe pas sur lui ici.
Elle pense sérieusement que je veux lui nuire et détruire son existence. Etait-ce ce genre de relation que nous aurions à l’avenir ? Etre incapable de nous entendre ou encore être incapable de laisser le passé derrière nous ? Je me mords la lèvre inférieure. J’ai simplement envie de lui hurler qu’on n’est plus au lycée et qu’au moment où elle s’y attendra le moins, cette vérité pourrait lui exploser à la figure. Et de surcroit par quelqu’un qu’elle ne connait pas. Etait-ce ce qu’elle aurait voulu ? ou bien vivre dans un mensonge jusqu’à la fin de ses jours ?

« parce que personne ne mérite de vivre dans un mensonge durant toute sa vie. » répondis-je sans la quitter des yeux.

Elle savait dans le fond, que c’était vrai et que je n’irais pas inventer une histoire pareille. Néanmoins, je comprenais ses doutes, ils étaient des plus légitimes. Surtout lorsqu’on regarde notre relation passé de plus près.

« Que tu sois remontée contre moi, que tu ais des doutes vis-à-vis de ses documents, que tu n’ai aucune confiance en moi, c’est légitime. Aucune de mes excuses ne pourra effacer ce que j’ai pu te faire vivre dans le passé… seulement… » Devais-je tout lui révéler à cette seconde précise ou y aller par étape. C’était si compliqué. Avec Lynn, il n’aurait eu aucune hésitation. Mais Reese n’était pas Lynn. Cependant, est-ce que ça devait l’empêcher de nouer une véritable relation avec elle ? Non. J’étais persuadé qu’on pouvait s’entendre et ce, même si elle est encore remontée après moi. J’avais de l’espoir. D’où me venait-il, je l’ignore mais le fait qu’elle puisse admettre que cette histoire soit vraie, c’était un bon début. Il fallait juste que je gère bien la situation et lui apprenne que rien n’était impossible. « Seulement… je veux réparer ce qui peut encore l’être. » Elle pourrait me fusiller du regard, se moquer de moi, je me ferais à sa décision même si ça me brise le cœur. Mais au fond de moi, je pensais sincèrement qu’elle avait surtout besoin de temps pour se faire à cette idée. « On ne devrait pas à payer le prix des erreurs de nos parents. Jamais. »

C’est un bruit du côté du bar qui m’alerte, suivit de la voix de Charly. Machinalement, je me raidis. Elle va voir Reese, se poser des questions et on risque de se fuir à nouveau. Cependant, ce sont les petits pas de ma fille qui m’interpelle et son sourire qui m’apaise puis me rassure. Elle est l’unique chose qui m’aide à tenir le coup.

« - papa ! » se jette-t-elle à mon coup en me voyant. Je sens le regard de Reese posé sur moi, et je n’en suis pas plus rassuré. J’échange un regard avec Charly et cette dernière disparait rapidement tandis que Noaly ne me lâche plus.

Mon regard se pose à nouveau sur Reese et j’ignore ce qu’elle peut imaginer, mais quoi que ce soit c’est surement loin de la vérité. Car qui aurait imaginé que deux ans en arrière, j’allais être papa, perdre ma sœur et me découvrir une famille biologique dans la ville même où je suis né ? C’était juste tout bonnement impensable et je crois que c’était aussi ce qui nous faisait peur à tous. L’inconnue.




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MessageSujet: Re: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptyDim 6 Mar - 21:06

S'il y avait bien une chose qui s'avérait plus pénible que de savoir la vérité, c'était bien d'avoir à s'expliquer avec Noam. Parce que, croyez moi, me retrouver avec lui ne m'enchantait pas le moins du monde, bien au contraire. Si je lui avais donné rendez-vous, si j'avais accepté de lui parler, ça n'avait été que pour deux raisons : la première était qu'il m'avait confié être prêt à me parler de ce que contenait cette enveloppe, quelques semaines plus tôt, lorsqu'il me l'avait remise. La seconde était qu'il était la seule personne vers qui je pouvais me tourner, si je voulais obtenir des réponses à toutes les questions que je me posais depuis que je savais la vérité. Oh, bien entendu, j'aurais toujours pu me tourner vers mes parents, et leur demander, personnellement, de tout me révéler. Mais puisque ces dernières années n'avaient été remplies que de mensonges et de secrets, je préférais me tourner vers Noam et ce, même si notre relation s'avérait être conflictuelle. Parce que, malgré tous les torts qu'il avait, il fallait le reconnaître, il avait été le seul à se montrer honnête avec moi. Enfin, ça, c'était bien sûr à condition que cette histoire soit vraie. Croyez le ou non, j'avais encore des doutes quant à la véracité des propos de mon soit-disant frère biologique. Mais ces doutes, je le savais pertinemment, n'étaient nourris que par la relation que nous avions toujours entretenue, une relation dans laquelle il n'y avait jamais eu aucune affection entre nous, ni même la moindre trace d'amabilité. Forcément, j'avais du mal à lui faire confiance. Mais dans le fond, une part de moi savait qu'il disait vrai, et qu'il était impossible de monter une histoire pareille de toutes pièces. Ce qui me surprenait le plus, à vrai dire, c'était qu'on soit restés ainsi, pendant plus de vingt ans, sans jamais savoir la vérité, et sans jamais la deviner. Ca me semblait incroyable. Pire que ça, ça me semblait irréel. Vous savez, dans les films, et même dans les livres, il existe beaucoup de frères et de soeurs, séparés, qui ignorent leur lien et qui malgré tout, finissent par le découvrir. Ils sentent ce petit quelque chose, ce lien du sang, qui les unit, et finissent par se retrouver. Noam et moi avions beau avoir passé près de 20 ans ensemble, nous n'avions jamais su qu'en réalité, nous étions bien plus liés que nous l'aurions voulu. Cette vérité, en plus de tout remettre en question sur ma relation avec lui et celle que j'avais avec mes parents, m'amenait à me remettre en question, moi aussi. Moi qui avais toujours pensé être la fille unique d'une famille aimante et généreuse, je me retrouvais désormais la dernière d'une fratrie de trois enfants, une fratrie séparée à cause des mauvaises décisions prises par des parents s'avérant en réalité loin d'être exemplaires. Le plus difficile, à vrai dire, ça n'était pas tant d'accepter la vérité, mais surtout de savoir quoi en faire. Devais-je continuer ma vie comme si je ne savais rien, comme si ces deux hommes n'avaient aucun lien avec moi ? Ca aurait pu sembler égoïste. Et pourtant, je n'étais pas une personne égoïste, bien au contraire. Le fait était que j'avais peur. Peur de les laisser entrer dans ma vie, et les voir la chambouler. J'avais peur de ce que ce Jonas pourrait nous apporter – certainement rien de bon, sachant qu'il était le fils d'une liaison illégitime ; peur de ce que Noam attendrait de moi. J'avais peur de tout, à vrai dire. Peur qu'ils attendent de moi que j'agisse avec eux comme une soeur, et que j'en sois finalement incapable. Mais j'étais paradoxalement effrayée à l'idée qu'ils me rejettent, et surtout à ce qu'ils m'en veuillent pour avoir été celle qui avait été élevée par ses « vrais » parents. Tous ces sentiments que je ressentais étaient à vrai dire contradictoires. Si seulement j'avais su ce que Noam avait attendu de moi, en me révélant la vérité, si j'avais su ce que ce Jonas attendrait de moi, à l'avenir, mes angoisses auraient probablement été moins grandes. Le fait était que maintenant qu'une partie cachée de ma vie m'avait été révélée, je ne savais pas si je pouvais décider de moi même de la laisser de côté. Je ne savais même pas si j'en avais envie. Et honnêtement, si j'en voulais terriblement à Noam, si je n'avais qu'une envie, à cet instant : le trucider ; j'avais secrètement l'espoir qu'un jour, ces frères soient liés à moi d'une autre façon que par le sang. Et puis, ajoutons à cela que je tentai de réprimer une partie de ma colère, parce qu'une part de moi culpabilisait pour ce qui leur était arrivé – et surtout pour ce qui était arrivé à Noam. Même si je savais qu'il avait eu une enfance plus qu'heureuse, qu'il avait vécu avec des parents et une soeur qui avaient su lui donner tout l'amour dont il avait eu besoin pour s'épanouir, j'avais l'impression d'avoir pris sa place, dans le coeur des Dewitt, et d'avoir été en partie responsable de son abandon. S'il me détestait, j'aurais pu le comprendre. Si les rôles avaient été inversés, je l'aurais moi même haïs, très probablement. C'était peut-être pour ça, qu'il m'avait tout dit. Pour foutre ma vie en l'air, pour me punir, d'une certaine manière, de la situation... J'aurais aimé penser qu'il n'était pas comme ça – malgré tous ses mauvais côtés. Mais c'était cependant une éventualité à ne pas rejeter. Après tout, je n'étais pas dans sa tête, ni dans son coeur, et je ne pouvais pas dire ce qu'il avait ressenti en apprenant la nouvelle. Il avait certainement été plus sonné que moi. Et cette simple idée m'amenait à me dire qu'il me fallait peut-être – je disais bien peut-être – me montrer plus aimable avec lui. Et puis, outre mon éventuelle préoccupation pour Noam, je savais que ça n'était pas en l'agressant qu'il répondrait aux questions que j'avais à lui poser. Alors, même si ça ne me plaisait pas, même si je lui en voulais, j'étais venue à ce rendez-vous avec la volonté de ne pas le faire fuir. S'il ne répondait pas à mes questions, je serais obligée de me retourner vers mes parents. Et ça, c'était inenvisageable. Je ne voulais pas les voir. Pas après ce que je venais d'apprendre. Leur attitude me dégoûtait, et me connaissant, je savais qu'il me faudrait beaucoup de temps, avant de leur pardonner ; comme il me faudrait beaucoup de temps, pour me faire à la réalité.

Et pourtant, malgré toutes mes bonnes résolutions, à l'arrivée de Noam, je ne pu m'empêcher de lui lancer un regard massacrant – par simple réflexe. A peine s'était-il installé en face de moi que, déjà, cette réaction physique qui s'opérait, à chaque fois que je le voyais, s'était fait sentir. Ma mâchoire s'était crispée, et mes muscles tendus, tandis que je m'étais retenue pour ne pas lui balancer les pires atrocité au visage. Oui, parce que même si je tentais de garder mon calme, une part de moi, « l'ancienne Reese », avait envie de se défouler sur lui, de tout lui reprocher de la situation, histoire d'évacuer toute cette tension accumulée ces derniers jours, et histoire aussi d'avoir quelqu'un à tenir pour responsable de la situation. Comme à l'époque du lycée, je n'avais pas attendu, et n'étais pas passée par quatre chemins avant d'aborder le sujet – aussi délicat soit-il. J'avais commencé par lui rendre l'enveloppe qu'il m'avait donnée quelques semaines plus tôt. Je ne voulais pas la garder. C'était comme si la garder en ma possession ne ferait qu'empirer les choses. Je savais pourtant pertinemment que, maintenant qu'elle avait été ouverte, la garder ou non ne changerait rien. Tout en la lui rendant, j'émis l'hypothèse que ce qu'elle renfermait ne soit qu'une de ses plaisanteries débiles. Là encore, malgré mes bonnes résolutions, malgré l'envie – aussi infime soit-elle – de bien faire les choses, je ne pus retenir cette méfiance naturelle que j'avais à l'égard de Noam. Le passé m'avait démontré, de bien des façons, que je ne pouvais pas lui faire confiance. Son seul regard suffit à me faire comprendre qu'il ne s'agissait pas d'une blague, et que tout ce qu'il m'avait dit était vrai. Merde. Il était mon frère. Sans le quitter des yeux, j'essayais de me répéter cette phrase dans ma tête. Il était mon frère. Une envie, presque viscérale, de fuir, de le laisser en plan, et de ne pas en apprendre plus, m'avait alors prise. Je n'étais pas prête à ça, je le savais... Et pourtant... Prenant sur moi, j'avais tenté d'en savoir plus. Tenté de savoir les motivations qui l'avaient poussé à tout me révéler. Sans attendre, j'avais émit l'hypothèse qu'il n'ait fait ça que pour me nuire – c'était, selon moi, l'explication la plus valable. A mes mots, je le vis se mordre la lèvre inférieure. Je retins un soupir, et pris de nouveau sur moi pour ne pas partir. Je l'agaçais, ça se voyait. Je l'avais certainement froissé. Je me demandais bien ce que je foutais encore ici. Bordel de merde. C'était du Reese tout craché, ça. Je me sentis incroyablement stupide, sur le coup. J'aurais peut-être dû garder ça pour moi. Un sentiment de solitude me traversa, et je regrettai à cet instant que Caleb ne m'ait pas accompagnée. Il aurait pu faire une de ses blagues à deux balles, histoire de détendre l'atmosphère, me tendre un de ses chocolats. Il m'aurait épaulée, m'aurait aidée à affronter ce frère qui n'en était pas vraiment un. Si j'avais su que parler à Noam serait plus difficile encore que ce que je m'étais imaginé, je ne lui aurais certainement pas donné rendez-vous. Détournant le regard, je cherchai machinalement Caleb dans la pièce, avant de me rappeler que, cette fois-ci, il ne me serait d'aucun secours, et que je devrais affronter seule la haine de Noam à mon égard. Noam reprit la parole. Je reposai alors mon regard sur lui, tandis qu'il me répondit, sans me quitter des yeux :

« parce que personne ne mérite de vivre dans un mensonge durant toute sa vie. »

Il marquait un point. Personne ne méritait de vivre dans le mensonge comme nous l'avions fait pendant toutes ces années. Mais voulais-je pour autant de la vérité ? La réponse me semblait venir d'elle même.

« C'est vrai », approuvais-je tout en hochant légèrement la tête.

Mais quitte à choisir, j'aurais préféré le mensonge, préféré ne rien avoir à faire avec lui, ou Jonas. Ces mots, en revanche, je les gardai pour moi. Mon but n'était pas de le blesser, de le repousser, ou de le faire fuir, bien au contraire. J'avais besoin de Noam, et surtout des informations qu'il détenait. Maintenant que je savais les grandes lignes de cette histoire, je voulais en savoir plus, sur ce qui avait poussé nos parents à l'abandonner, par exemple, sur Jonas également... J'étais curieuse de savoir qui il était, et s'il savait lui aussi la vérité. Rapidement, il reprit :

« Que tu sois remontée contre moi, que tu ais des doutes vis-à-vis de ses documents, que tu n’ai aucune confiance en moi, c’est légitime. Aucune de mes excuses ne pourra effacer ce que j’ai pu te faire vivre dans le passé… seulement… » Il marqua une légère pause, pendant laquelle je baissai les yeux. Finalement Noam avait beau être un crétin de première, il avait beau avoir de nombreux défauts, je ne pouvais pas lui retirer une chose : il me connaissait très bien. Car il avait su deviner exactement ce que je ressentais à son égard. « Seulement… je veux réparer ce qui peut encore l’être. »

A ces derniers mots, en revanche, je relevai le regard sur Noam. Réparer ce qui peut encore l'être ? Quelle bonne blague. Il ne réparait rien, il détruisait tout. Il venait de détruire tout ce en quoi j'avais cru pendant plus de vingt ans, il avait détruit la confiance que j'avais eue en mes parents. En quoi ça, c'était réparer ce qui pouvait encore l'être ? Je le fusillai du regard presque malgré moi, avant de rétorquer, sèchement :

« Tu répares rien là, tu détruis tout. Tout ce en quoi on a tous cru pendant plus de vingt ans, toute la confiance qu'on a eu en nos parents... Tu fous tout ça en l'air. »

Je m'arrêtai là, poussant un léger soupir. Voilà, j'étais agacée

« On ne devrait pas à payer le prix des erreurs de nos parents. Jamais. »

La encore, il avait raison. Je baissai de nouveau les yeux, sans oser répondre quoi que ce soit. Parce que les erreurs de nos parents, nous les payions à présent. Et c'était bien là notre problème. De toute façon, je n'aurais pas eu le temps de répondre car, rapidement, le bruit des petits pas courant dans notre direction se fit entendre, tandis qu'une petite voix cristalline se fit entendre, interpellant Noam. Rapidement, je vis sa fille foncer sur lui tel une fusée, et lui sauter au cou. Sa fille, je la connaissais, pour l'avoir déjà croisée quelques fois au bar, avec Charly. C'était une bonne gamine, de ce que j'en avais vu. Ce que je n'aurais jamais imaginé, cependant, c'est qu'elle s'entende si bien avec son père. Après tout, Noam n'avait pas été là durant les premiers mois de sa vie... Tout en les observant, je me sentis rapidement en trop. Bien que l'idée que les deux personnes qui se trouvaient en face de moi soient de me famille ne me traverse l'esprit, je me sentis mal à l'aise.

« Je... je crois que je ferai mieux de partir, et de te laisser seul avec la petite... »

Je détournai un instant le regard, le posant sur le bar, avant de le reporter sur Noam et la petite à qui j'adressai un faible sourire, un sourire qui ne se voulait pas aussi naturel que d'ordinaire, à cause de mon malaise.

« De toute façon, tu as eu ce que tu voulais... Si tu m'as simplement tout révélé pour que la vérité sorte au grand jour, tu devrais être satisfait : La vérité est rétablie. J'suppose donc qu'on a rien à se dire de plus... »

Tant pis pour les questions. N'importe qui aurait dit que ça aurait été pour plus tard, mais je ne pensais pas être capable de remettre ça à plus tard, de faire à nouveau le premier pas vers lui. Toujours assise, je tentai de savoir si je prenais la bonne décision. N'aurais-je pas du rester ? Partir maintenant, c'était comme si j'étais venue pour rien. Et pourtant, je n'avais pas envie d'aborder le sujet plus en profondeur, devant sa fille. Ca n'était pas le bon moment pour en parler, et quelque chose me disait que ça ne le serait jamais. Et puis, dans le fond, je tentai de me dire que, peut-être, il ne valait mieux ne pas trop en savoir.

« Merci quand même... Pour avoir été honnête avec moi... T'es bien la seule personne de ma famille à l'avoir été en plus de vingt ans d'existence. T'as beau être un crétin, j'pourrais pas t'enlever ça. »

Spoiler:
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MessageSujet: Re: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptyLun 7 Mar - 16:03



Contrairement à ce que son esprit pouvait s’imaginer, je n’étais pas de la mauvaise graine. Ce qui c’était passé au lycée était oublié pour ma part. Aujourd’hui, qu’elle l’accepte ou non, il était prouvé qu’elle était ma sœur biologique. Cela voulait-il dire automatiquement qu’on devait s’apprécier et s’aimer ? Pas forcément mais si on peut en arriver à ce stade, j’avoue que je n’en serais pas mécontent. Reese est quelqu’un de bien. Elle l’a toujours été. Moi en revanche, j’étais un crétin populaire au lycée. Tout le monde sait combien les ados peuvent être cruels entre eux. Je n’échappais pas à la règle. Depuis cette époque, j’ai changé. Sauf qu’elle n’a pas été là pour s’apercevoir du changement, ni même qu’elle aurait voulu en être témoin. Cela dit, j’espère pouvoir suffisamment la toucher afin de gagner le bénéfice du doute. Je ne voulais pas l’impressionner, c’était bien un truc qui ne servait à rien avec elle. Elle me remballerait avec une réplique bien sentie et j’aurais ainsi perdu mon temps. Non, il n’y avait selon moi que la sincérité et l’honnêteté qui pouvait payer dans un moment pareil. Peut-être alors me verrait-elle différemment qu’à l’époque où je passais mon temps à la tarabuster. Et même à cette époque, je crois qu’il y avait une raison plus profonde pour que je la persécute à ce point. Je ne pouvais savoir à ce moment-là qu’elle était ma sœur mais inconsciemment se pouvait-il que dans son attitude, elle révèle quelque chose de profondément ancré en moi et que sans le vouloir, je l’ai occulté ? Je n’en savais rien. Toute notre relation était tellement étrange qu’aujourd’hui encore, j’ai du mal à faire le tri.

Elle fait glisser l’enveloppe vers moi et ça me suffit pour comprendre qu’elle ne veut rien avoir à faire avec nous trois. D’ailleurs, elle ignore encore pour Blake et je ne sais pas comment lui amener ça. Parce qu’au moment où je lui ais remit cette enveloppe, j’ignorais l’existence de mon jumeau qui vadrouillait dans toute la caroline du Nord. Toutefois, on ne pouvait pas dire que cette discussion s’entamait sous de bons auspices. Prenant l’enveloppe entre mes doigts, je baisse un moment les yeux dessus, tout en sentant son regard acéré. Elle voudrait me défier au combat qu’elle ne s’y prendrait pas mieux. Se battre ne servirait à rien, je le savais. Elle n’était pas là pour me dire de faire table rase sur le passé mais pour en savoir plus. C’était juste une question de logique, car sinon elle n’aurait pas accepté de me rencontrer à un tel moment, juste après son retour en ville. Toutefois, j’étais conscient que je rencontrerais de la résistance de sa part. Néanmoins, elle devait au moins savoir que je ne lui tenais rigueur de rien. Elle n’y est pour rien si les Dewitt ont décidé de la garder et de nous abandonner ou encore si Jonas est notre demi-frère. Paradoxalement, il y avait encore un autre point qui ne jouait pas en ma faveur. Mon image dans cette ville, vis-à-vis de Lynn et des Tanner. Ils ont toujours prit un soin particulier à représenter la famille « parfaite ». Ce qui était loin d’être le cas en vérité. Détail qu’elle ignore. Pour elle, Lynn et moi devions certainement apparaitre comme les enfants chéris, populaires et à qui on ne refuse rien. C’était une image et derrière le masque se cache de nombreux mensonges proférés par les Tanner eux même. Elle ignore alors que toute ma vie, j’ai été obligé de jouer au football alors que je ne rêvais que de base ball. Elle ignore que Lynn a dû suivre des cours intensif de piano alors qu’elle rêvait de faire de la danse. Nous étions bien loin de la vie rêvée. Les seuls moments où nous nous sentions à l’aise, c’était à l’extérieur ou lorsque nous étions avec la bande. Je pouvais enfin m’extérioriser et cesser d’être celui qu’on voulait que je sois. Alors oui, j’ai des tonnes de défauts mais je ne me cacherais plus derrière une identité qui n’est pas la mienne. Et elle devrait faire avec.
A travers ses propos, elle ne me cache pas que cette situation l’agace profondément. A vrai dire, il ne fallait pas que je m’attende à ce qu’elle m’accueille à bras ouvert. Toutefois, je gardais mon calme et répondis sans la quitter des yeux. Je dois dire que ça semble lui coûter cher en orgueil d’admettre que je puisse avoir raison. Enfin je peux le comprendre, c’est pas comme si on n’était pas dans le même bateau. Car dorénavant, elle pourrait plus ignorer le fait qu’elle n’est plus fille unique.

Malgré tout ce qui nous sépare, je tente de faire preuve de patience. Cette situation, je l’ai vécu par le passé. Découvrir qu’on nous a mentit toute notre existence et qu’on a réellement une famille, c’est loin d’être simple à accepter. On se fait la guerre depuis si longtemps que j’admets volontiers qu’elle aura besoin de temps pour se faire à cette idée mais personne ne nous oblige à continuer à se détester. C’est à nous seul que revient cette décision. Et même si ça ne me dérange pas de me chamailler avec elle, j’ai pas envie d’arriver à certaines extrêmes avec Reese, car quoi qu’il advienne elle sera toujours ma sœur. Qu’on le veuille ou non, on est lié jusqu’à la fin de nos jours. Elle pense sérieusement que j’ai tout détruit. J’aimerais qu’elle réalise que par « réparé », j’entends dire reconstruire ce qu’il aurait dû être. Sauf qu’elle ne semble pas voir ça sous cet angle.

« J’peux pas t’empêcher de le penser, même si tu as tors. J’étais à ta place y’a deux ans, quand cette bombe m’a explosé à la gueule alors je sais ce que c’est quand tout ce en quoi tu croyais s’envole en fumée. » La dévisageais-je, alors que penser à Lynn me brise mais je ne veux pas lui montrer. Pas encore. Parce que dans le fond, je suis toujours le même à ses yeux. Seul le temps pourrait jouer en ma faveur un jour ou l’autre.

« Lynn venait juste de mourir lorsque j’ai découvert que les Tanner n’étaient pas mes parents biologiques. » Je ne pouvais pas lui reprocher de penser que je foutais sa vie en l’air. Elle avait raison sur certains points. J’immisçais le doute. Je mettais nos parents face à leur responsabilité et je ruinais la confiance qui un jour nous avait lié à ceux qui nous avait élevés. Mais jamais, ils n’avaient été honnêtes. C’était principalement ce que je retenais. Je n’étais pas intéressé à l’idée de les voir. Les Tanner avait détruit le fils que j’étais. Je ne voulais pas revivre ça, en allant parler aux Dewitt. Je ne voulais pas entendre les raisons qui les avaient poussés à nous abandonner Blake et moi. Je voulais créer quelques choses avec mes frères et ma sœur. Car dans le fond, rien n’était plus important que cette unité entre nous.

Je ne me sentais pas particulièrement plus doué qu’un autre pour tenter de la convaincre ou pour nouer une relation plus cordiale avec elle. Le temps jouerait peut être en notre faveur et je sais que tout ce que je lui apprends est soudain. Qu’elle doute énormément de moi, à juste titre. Ainsi, je devais m’assurer de lui enlever toute pression. Elle voulait savoir et je ne pouvais sciemment lui refuser ces connaissances. J’étais certains qu’il y aurait encore bien d’autres surprises à venir mais peut être qu’à l’avenir, on pourrait apprendre à gérer ça ensemble. En fratrie. Pas comme des pitbulls. Je n’ai pas le temps de poursuivre plus longtemps que les pas, suivit d’une petite tête aux cheveux châtains déboulent jusqu’à moi avant de me sauter au cou. Le rayon de soleil de ma vie. Les yeux pétillants de ma fille et ses petits bras qui s’enroulent autour de ma nuque, c’est justement le moteur de mon existence. Un jour, je sais qu’elle aura sa famille sur qui compter. Des oncles et des tantes qui se plieront en quatre pour elle. Par amour et parce que les liens du sang peuvent outrepasser toutes les souffrances.

« Hey, Baby girl ! T’as été sage avec maman ? » Lançais-je avec ce rare sourire que je n’avais que pour cette bouille d’ange.

« Touzours saze. Doudou tombé, tu fais bisou, papa ? » Réplique Noaly en levant son doudou vers moi.

Je dépose un baiser rapide sur la tête du teddy bear qui n’était pas n’importe lequel mais celui qui avait été le mien plus de 20 ans auparavant. C’est alors que je relève les yeux vers celle qui est sa sœur alors qu’elle s’apprête à partir.

« Pourquoi ? T’as peur que j’me serve d’elle pour t’atteindre ? C’est ma fille Reese. Pour elle, je ferais n’importe quoi… mais jamais je ne cautionnerais le mensonge. Jamais. » La fixais-je sans détour. « Tu fais partie de la famille. Reste. »

J’étais sincère. Qu’elle le croie ou non, aujourd’hui je n’avais presque plus rien à perdre. Ma vie était partiellement un fiasco. Mon unique réussite était celle qui se tenait dans mes bras. Tout le monde pourrait croire en l’image qu’on donne de moi. Une image complètement fausse. J’avais été un athlète doué et populaire. Et aujourd’hui, je n’étais plus qu’un papa prêt à tout pour sa fille. Comme si j’étais devenu un autre.

Un vague sourire se peint sur le visage de ma sœur. Ma sœur. Ça m’était encore étrange de le formuler dans ma tête mais un jour viendrait où ça me semblera normal. Je vois bien qu’elle est hésitante, paumée. Qui ne le serait pas à sa place. Sa réplique m’atteint en plein cœur. Elle croit sincèrement que ça n’est qu’une question de satisfaction et de vérité. Ainsi, il lui faudrait du temps pour comprendre, réalisais-je.

« J’suis loin d’être satisfait. Il n’y a pas que la vérité qui compte. » Ce qui, selon elle devait sous-entendre que j’étais satisfait de foutre le bordel dans son existence. Bordel mais c’est que cette tête de mule, ne veut rien comprendre. « Tu peux fuir aussi longtemps que tu voudras Reese mais ça ne changera rien au fait que dorénavant, t’auras 3 frères dans tes bagages. » soupirais-je sans détourner les yeux, afin qu’elle comprenne que pour lui c’est une histoire de famille et non pas de vengeance. « Je suis peut être celui qui a décidé de nous réunir mais surement pas le responsable de toute cette situation. Et ça, tu le sais très bien. » Parce qu’en dépit du crétin que je sais être, j’ai toujours apporté une grande importance à cette notion de famille. D’ailleurs, ça n’était pas un hasard, si j’ai toujours été aussi proche de Lynn. A nous deux nous étions une famille. Tout comme je souhaite construire cette même relation avec Reese et nos frères. Mais peut être aussi, que j’attendais trop de cette rencontre avec elle et que mon souhait ne se concrétisera jamais.

Etrangement, je sais que je ne peux pas lui en vouloir de douter de moi ou de tout ce que je peux lui dire concernant notre lien de parenté. J’avais lâché une bombe et foutu le bordel mais cela faisait-il de moi, un salaud ? Je ne crois pas. Je pense surtout qu’elle est sous le choc et que se découvrir une famille lui fait peur. Car peut être ne sait-elle justement pas ce qu’elle doit faire, dire ou comment agir vis-à-vis de nous. Et lorsque, toujours en face de moi elle en vient à me remercier, j’esquisse une petite moue.

« J’suis ton frère, c’est à ça que sert la famille. » Lui répondis-je avant de lui adresser un sourire rassurant. « Le crétin a noté que tu lui as presque fait un compliment. » ironisais-je avec ce sourire en coin familier, histoire de la détendre un peu. « Tu crois que te retrouver soudainement avec des frères ça va bouleverser ta vie… tu te trompes. Y’aura juste des personnes en plus pour t’aimer et te protéger, c’est tout. » Je le pensais. Elle ne voudrait surement pas de nous trois d’ici un bon moment. Mais avec le temps, elle se ferait à cette idée et verrait qu’on n’est pas des types qui veulent foutre le bordel dans sa vie. On veut juste profiter de ce qu’on nous a arrachés dès notre enfance. Etre une famille, se lier comme des frères et sœurs le font au cours de leur croissance. Elle ne pouvait pas me reprocher d’essayer. Je n’étais pas une menace directe, juste son frère qui tente de la convaincre que cette nouvelle n’a absolument rien de nuisible et qu’un jour on pourrait parvenir à s’entendre, et pourquoi pas à rire ensemble.


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MessageSujet: Re: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptyLun 7 Mar - 21:01

Ces explications avec Noam nous étaient nécessaires. Parce que nous devions nous expliquer sur cette vérité qu'il m'avait dévoilée, sur tout ce qui nous avait été dissimulé, à lui, comme à notre frère. Nous nous devions de faire ce que nos parents n'avaient pas fait, quelques années plus tôt : parler de ce qui s'était passé, et mettre les choses au clair. Pour cela, il me fallait d'abord savoir ce qui avait poussé Noam à tout me révéler. Avait-ce été par pure vengeance, par gentillesse, par simple volonté de rétablir la vérité ? Selon lui, non. Ca n'avait rien à voir avec tout cela. Il disait vouloir réparer ce qui pouvait encore l'être, mais à mes yeux, il n'avait fait que détruire nos vies, détruire tout ce que nos parents avaient tenté de construire, détruire ces liens qui nous unissaient à eux auparavant et ce en quoi nous avions cru tout au long de nos vies. Il avait tout foutu en l'air, avec une simple lettre. En foutant le bordel dans nos vies, il n'arrangeait rien, bien au contraire.

« J’peux pas t’empêcher de le penser, même si tu as tors. »

A ces mots, je ne pu m'empêcher de lui lancer un regard massacrant. Qui était-il pour me dire que j'avais tord ? Qui était il pour me juger, pour prétendre savoir ce qui était bien, et ce qui était mal, hein ? Il était persuadé d'avoir fait le bon choix, en me révélant la vérité... Il était tellement arrogant, tellement sûr de lui... J'avais l'impression de revenir quelques années en arrière, au lycée. Il avait été le même. Arrogant, vindicatif, sûr de lui... Si ça n'avait tenu qu'à moi, je l'aurais certainement rembarré, lui rappelant ainsi qu'il n'était pas un modèle pour qui que ce soit et qu'il n'était par conséquent pas le mieux placé pour savoir lequel de nous deux avait raison. Cependant, mon regard s'adoucit légèrement, lorsqu'il continua :

« J’étais à ta place y’a deux ans, quand cette bombe m’a explosé à la gueule alors je sais ce que c’est quand tout ce en quoi tu croyais s’envole en fumée. »

Son regard sur moi se fit comme plus insistant, et je me sentis presque obligée de baisser les yeux. Si je savais pertinemment qu'il avait dû passer par là, lui aussi, je ne pouvais m'empêcher de me demander s'il savait vraiment ce que ça faisait, quand tout ce en quoi on avait toujours cru s'envolait en fumée ? J'avais du mal à le croire. A le voir là, tellement serein, il semblait avoir oublié combien la vérité pouvait être difficile à entendre, et surtout à accepter. Combien de temps lui avait-il fallu, pour l'accepter, justement ? Le temps lui avait-il suffit à pardonner à nos parents ? Saurais-je moi même leur pardonner un jour d'avoir construit ma vie sur un mensonge ? Il s'agissait là de questions dont même Noam n'avait pas la réponse. Malgré tout, je le savais, s'il ne pourrait pas répondre à toutes les questions que je me posais, il détenait les réponses à certaines autres, notamment celles concernant Jonas. Qui sait, peut-être même savait-il pourquoi nos parents l'avaient abandonné. Pour cette raison, je savais que je me devais de prendre sur moi, et de me montrer un minimum courtoise avec lui. Je n'avais pas envie qu'il prenne la fuite même si, entre nous, son attitude, son habitude à toujours vouloir se montrer supérieur m'agaçait au plus haut point. Sans le vouloir, il réveillait en moi cette adolescente un peu farouche, cette tête brûlée, impulsive, qui ne se laissait pas marcher sur les pieds et qui aimait tout contrôler. Oui, il réveillait celle que j'avais été et que j'avais tenté d'oublier. En sa présence, j'avais l'impression de redevenir la même que celle que j'avais été quelques années auparavant. Face à lui, je perdais le contrôle de moi même. Et ce fut ainsi que, malgré moi, je redressai la tête, avant de lui répondre, de façon très impulsive :

« T'es qui, pour juger de qui a tord, et qui a raison, hein ? Tu crois que parce que tu dis la vérité, ça excuse ton geste, tu crois que la vérité te donne le droit de foutre la vie des autres en l'air ? »

Je poussai un profond soupir, qui ne cachait pas une seule seconde mon agacement.

« Tu dis savoir ce que ça fait, que de se retrouver confronté à une telle vérité, mais tu n'en donnes pas l'air. T'es là, à me parler, comme si t'attendais que je réagisse avec calme et raison. Mais c'est impossible. T'es déjà passé par là, tu le sais pertinemment. »

Je n'étais pas en train de le juger. Pas complètement du moins. J'essayais juste... de lui faire comprendre – ou plutôt de lui rappeler – que la situation était délicate ; même pour moi, même si je tentai de ne pas le montrer.

« Lynn venait juste de mourir lorsque j’ai découvert que les Tanner n’étaient pas mes parents biologiques. »

Posant de nouveau un regard – plus hésitant, cette fois-ci – sur Noam, j'attendis quelques secondes, avant d'oser lui demander :

« Comment... tu l'as appris ? Ce sont les Tanner qui te l'ont dit ? C'est pour ça que tu es parti ou c'est parce que Lynn venait de...? »

Je n'avais pas terminé ma question, pour la simple et bonne raison qu'il verrait parfaitement où je voulais en venir. Je n'avais pas envie d'en rajouter, d'être accusée de remuer le couteau dans la plaie en évoquant la mort de sa soeur. J'essayais simplement de comprendre, et de savoir. S'il me révélait tout ça, c'était forcément, qu'en un sens, aborder le sujet ne le dérangeait pas tant que ça, non ? C'était ce en quoi j'avais envie de croire. Et puis, je devais avouer que tout ce qu'il m'avait révélé remettait à présent tout en question, même sa propre histoire. A son départ, quelques années plus tôt, tout le monde avait cru qu'il ne supportait pas la mort de sa soeur et que c'était pour cette raison qu'il avait fuit. Après tout, tout le monde, dans la ville, avait su combien ces deux là étaient proches et cette explication avait semblé être la plus logique. Maintenant, en revanche, je ne pouvais m'empêcher de me demander si c'était la seule raison qui l'avait poussé à fuir... Peut-être que la vérité, sur sa famille, l'avait fait fuir, elle aussi ? Ce que j'aurais pu comprendre mieux que quiconque, puisque, lorsque j'avais découvert celle-ci, ma première réaction avait été de vouloir quitter la ville pour repartir à New-York. C'était peut-être une réaction lâche, mais elle était humaine.

C'était étrange, au final, de se retrouver en face de lui, de lui poser des questions si intimes. Car jamais, auparavant, je n'aurais imaginé lui parler de la sorte. Jamais, je n'aurais pu l'écouter comme je le faisais aujourd'hui. Alors, certes, j'étais peut-être encore parfois désagréable avec lui, mais pour quiconque nous avait connus à l'époque du lycée, nous voir assis l'un en face de l'autre, à se parler, aurait semblé suspect. Et contrairement à ce que l'on pouvait croire, ça n'était pas notre lien fraternel qui me poussait vers lui – car je ne l'avais pas encore bien reconnu – mais plutôt cette quête de la vérité, une quête que j'avais commencé dès lors qu'il m'avait dévoilé le secret de nos parents.

Nous n'eûmes cependant pas le temps de continuer plus longtemps notre conversation puisque, Noaly, sa fille, déboula sans plus tarder, se jetant immédiatement dans les bras de son père. Sa fille, je l'avais déjà vue, ici même, à plusieurs reprises. Et je pouvais le dire en tout honnêteté, c'était une bonne gamine. Entre nous, ça m'embêtait de devoir reconnaître que Noam avait su faire quelque chose d'aussi bien qu'elle dans sa vie, mais je devais admettre que cette petite, c'était probablement sa plus belle réussite. En un sens, j'arrivais même à me demander comment quelqu'un comme lui avait pu engendrer un être aussi adorable qu'elle. Mais je le savais mieux que quiconque, à présent, les enfants ne tenaient pas tous de leurs parents : pour preuve, je n'avais pas hérité du don qu'avaient mes parents pour le mensonge. Bref. Avec sa fille, Noam se transformait en un homme complètement différent. Le crétin qu'il avait été, et que je voyais toujours en lui semblait s'estomper, pour laisser apparaître quelqu'un de plus sage, et de plus responsable. Cette vision était pour le moins... troublante. Néanmoins, elle n'était pas totalement désagréable, bien au contraire.

« Hey, Baby girl ! T’as été sage avec maman ? »
« Touzours saze. Doudou tombé, tu fais bisou, papa ? »

Il s'exécuta, et embrassa le doudou qu'elle lui tendait. A les voir, on aurait presque pu dire qu'ils se connaissaient depuis toujours. C'était comme s'il ne l'avait jamais abandonnée. L'affection de cette petite pour son père me touchait, en un sens. Elle me montrait qu'un enfant, plein d'innocence, pouvait tout pardonner à ses parents, même le plus horrible des gestes : l'abandon. Pourquoi, moi, j'étais incapable de pardonner aux miens leurs mensonges ? Que Noam ne leur pardonne pas de l'avoir abandonné, c'était une chose... Mais moi, ils ne m'avaient pas abandonnée... La logique aurait voulu que je leur pardonne plus facilement, et pourtant... La simple idée de leur reparler un jour me rendait malade.

Rapidement, je me sentis en trop, face à eux. Mal à l'aise, je décidai qu'il était temps pour moi de m'effacer, et de le laisser avec sa fille. Redressant la tête dans ma direction, Noam me répondit :

« Pourquoi ? T’as peur que j’me serve d’elle pour t’atteindre ? C’est ma fille Reese. Pour elle, je ferais n’importe quoi… mais jamais je ne cautionnerais le mensonge. Jamais. »

Il se trompait. Je n'avais pas peur qu'il se serve d'elle pour m'atteindre. J'avais beau le considérer comme quelqu'un de manipulateur, je ne l'imaginais cependant pas capable de se servir de sa fille pour servir des intérêts, quels qu'ils soient. Le voir me suffisait à comprendre qu'il avait changé et qu'avec sa fille, du moins, il n'était plus le même. Je savais très bien qu'il ne jouait pas la comédie, qu'il n'avait pas planifié ces retrouvailles pour me toucher ou que sais-je encore.

« Non... c'est pas ça, c'est juste que... ma place n'est pas ici. »

Je pensais sincèrement ce que je disais. Ma place n'était pas avec lui et sa fille. Et tandis qu'il me fixait, Noam ajouta :

« Tu fais partie de la famille. Reste. »

Pensait-il vraiment ce qu'il disait ? Peut-être. Quand bien même, il se trompait. Je ne faisais pas partie de la famille. Pas vraiment. Nous étions liés par le sang, mais cela ne faisait pas de nous une famille. Cela ne faisait pas de moi sa soeur. Sa soeur, c'était celle qui avait grandi avec lui, celle avec qui il avait passé la plupart des années de sa vie. Sa famille, c'était les Tanner. Moi, je n'étais qu'une étrangère. Et ma famille, justement, je l'avais perdue.

« Non... Tu vois, justement, c'est ça, le truc. J'fais pas partie de la famille. Toi, Jonas et moi, on est pas une famille. C'est pas parce qu'on est liés par le sang qu'on en est une. »

Sans le vouloir, voilà que j'étais de nouveau plus froide, avec lui. Je baissai alors les yeux, avant de murmurer un léger :

« Désolée. »

Désolée, je l'étais. Sincèrement. Je ne pouvais, certes, pas changer d'avis pour lui faire plaisir, mais j'aurais simplement pu ne pas faire part à Noam de ce que je ressentais, à l'égard de lui et de Jonas. Ou peut-être le faire, mais avec un peu plus de tacte. Je savais que j'étais idiote, pour reculer au moment où il faisait un pas vers moi, où il tentait de faire table rase du passé, et de me laisser ma chance. Le fait était que je les connaissais à peine, tous les deux, et que c'était pour cette raison que je ne les considérais pas comme ma famille. Relevant les yeux en direction de lui, j'ajoutai :

« Si j'dis ça c'est parce que... Le sang, ça suffit pas à faire de nous une famille, à faire de moi votre soeur. C'est pas parce qu'on a les mêmes parents qu'on est frères et soeur... Le sang, ça veut rien dire. Pour preuve, t'auras jamais meilleure soeur que Lynn. Et pourtant, vous n'aviez pas le même sang, tous les deux... »

J'étais certaine qu'il comprendrait où je voulais en venir, et que, dans le fond, il pensait certainement la même chose que moi. Noam n'était pas complètement idiot. Il savait pertinemment qu'il fallait bien plus qu'un peu d'ADN pour lier des êtres entre eux.

Ne sachant plus si je devais mettre un terme à cette conversation ou non, j'avais détourné mon regard, avant de le poser sur sa fille, à qui j'adressai un faible sourire. Reportant mon regard sur Noam, j'avais alors suggéré qu'il devait être satisfait, maintenant que la vérité avait été dévoilée. Il avait ainsi eu ce qu'il voulait : il avait réussi à me monter contre les Dewitt, et à tous nous atteindre.

« J’suis loin d’être satisfait. Il n’y a pas que la vérité qui compte. »

Balivernes. Je n'en croyais pas un seul mot. Pourquoi l'aurait-il fait, si ce n'est pour cette raison, hein ? Il voulait me faire croire quoi ? Qu'il voulait apprendre à me connaître, à devenir ce frère qu'il n'était pas ? Qu'il voulait qu'on forme un joli petit trio avec Jonas ? C'était ça, pour lui « réparer ce qui pouvait encore l'être ? » : détruire ce en quoi on avait toujours cru, détruire nos vies pour tenter de se reconstruire, avec de parfaits inconnus ?

« Ah, et qu'est-ce qui compte, selon toi, en plus de la vérité ? »

De nouveau, je soupirai. Je me doutais déjà de sa réponse. Et c'était bien ce qui m'agaçait : je savais déjà ce qu'il allait me dire.

« Tu peux fuir aussi longtemps que tu voudras Reese mais ça ne changera rien au fait que dorénavant, t’auras 3 frères dans tes bagages. »

Il soupira à son tour, visiblement agacé d'avoir à m'expliquer son point de vue concernant la situation. Moi, je ne comprenais pas. Je ne comprenais pas ce qu'il avait à me parler de fuite, lui aussi, et je ne comprenais pas autre chose également... Pourquoi me parlait-il de trois frères ? Avait-il fait une erreur, en parlant, ne s'était-il pas trompé de chiffre ? Parce que, j'avais beau être blonde, je savais encore compter. Lui plus Jonas, ça faisait deux frères, et non pas trois. Fronçant légèrement les sourcils, je rétorquais :

« J'ai pas l'intention de fuir... plus maintenant. »

Oui, parce que dire que je n'en avais jamais eu l'intention, aurait été mentir. La fuite, c'était la première chose qui m'était venue à l'esprit quand j'avais découvert la vérité.

« Et puis, tu t'es trompé. C'est pas trois frères que j'aurais dans mes bagages, mais deux... voire même, un et demi. C'est bien plus que suffisant. »

Et pour la première fois depuis le début de notre conversation, je n'eus pas une seule once de méfiance, pas un seul doute concernant ce qu'il venait de dire. J'étais persuadée qu'il avait fait erreur sur le chiffre. J'étais loin de m'imaginer les surprises qu'il me réservait encore... Des surprises que je risquais de ne pas vraiment apprécier.

« Je suis peut être celui qui a décidé de nous réunir mais surement pas le responsable de toute cette situation. Et ça, tu le sais très bien. »

A cette remarque, je ne répondis pas immédiatement. Parce qu'il avait raison. Je savais très bien qu'il n'était pas le responsable de la situation, et que les seuls à blâmer, dans cette histoire, étaient nos parents. Ca, il n'avait pas besoin de me le rappeler. Je ne risquais certainement pas de l'oublier.

« Je sais tout ça, merci. »

Le fait était que je n'avais pas besoin qu'il en rajoute. J'en voulais suffisamment à nos parents pour ce qu'ils nous faisaient subir en ce moment, sans que Noam vienne en rajouter en me parlant d'eux, et de leur responsabilité dans toute ce bordel qu'était devenue ma vie. Ajoutons à cela que j'avais eu suffisamment à encaisser ces derniers jours, sans qu'il ne faille remuer le couteau dans la plaie.

Néanmoins, je l'avais remercié, pour son honnêteté – non sans lui avoir rappelé au préalable qu'il n'était rien d'autre qu'un crétin à mes yeux. Mais malgré tout, je devais reconnaître que lui, au moins, avait eu le mérite d'être honnête avec moi, chose que certaines personnes que j'avais aimées toute ma vie n'avaient pas su faire.

« J’suis ton frère, c’est à ça que sert la famille. » me répondit-il avant de m'adresser un sourire qui se voulait rassurant.

Ses paroles me firent tout drôle. Et bien que ce ne fut pas son intention principale, il me mit légèrement mal à l'aise. Incapable du moindre mot, je ne lui répondis que par un faible sourire.

« Le crétin a noté que tu lui as presque fait un compliment. »

Cette fois-ci, sa remarque eu le mérite de m'arracher un sourire plus sincère.

« Profite-en va, ça ne risque pas de se reproduire de si tôt », déclarai-je alors avec un sourire légèrement amusé aux lèvres.

« Tu crois que te retrouver soudainement avec des frères ça va bouleverser ta vie… tu te trompes. Y’aura juste des personnes en plus pour t’aimer et te protéger, c’est tout. »

Je n'étais pas si sûre de ce qu'il avançait. Je n'étais pas certaine que ces frères, qui me tombaient presque du ciel, ne bouleversent rien à ma vie. Seraient-ils là pour m'aimer et me protéger ? Rien n'était moins sûr. Et si Noam, lui, était peut-être prêt à faire des efforts, rien ne me garantissait que les autres ne me détesteraient pas. Et puis, retrouver ces frères, ça m'avait fait perdre deux personnes auxquelles j'avais beaucoup tenu : mes parents. J'avais beau leur faire tous les reproches du monde, je savais pertinemment que s'ils m'avaient menti pendant toutes ces années, il y avait une chose sur laquelle ils étaient restés sincères : leur affection pour moi. Devoir tirer un trait sur eux si radicalement m'était difficile. Mais étrangement, la simple idée de reprendre notre relation là où nous l'avions laissée, et de faire comme si rien ne s'était passé, m'apparaissait comme impossible.

Je ne savais pas quoi répondre à Noam. Je ne savais pas si lui confier que je n'avais confiance en aucun d'entre eux était une bonne chose. Le fait était que j'avais peur. Oui, j'avais peur de les laisser entrer dans ma vie, de les laisser prendre une place que je n'étais peut-être pas capable de leur accorder, ou dont ils ne voudraient peut-être pas. J'avais à la fois peur de les voir faire le premier pas, mais également de devoir le faire, et qu'ils me rejettent. Je ne savais pas comment faire avec eux, et ça n'était pas que parce que la situation était délicate... C'était aussi en partie parce que j'avais toujours été fille unique, et que je me voyais mal devoir faire une place, dans ma vie, et dans mon coeur, à ces frères, ces parfaits inconnus desquels je ne pouvais m'empêcher de me méfier.

« C'est pas si simple que ça... Outre les réserves que j'ai, vous concernant, et concernant vos intentions, je ne suis même pas sûre de pouvoir y arriver... A être une soeur, je veux dire. Enfin, votre soeur. Je... J'ai jamais connu ça, et j'pense pas être un jour à la hauteur. »

Pourrait-il comprendre, lui, le frère parfait ? Je ne pensais pas. Il trouverait peut-être même ma remarque idiote. Qu'importe. Le problème ne venait pas que d'eux. Il venait aussi de moi. Et ça, je voulais qu'il le comprenne. Car s'il tentait de me rassurer quant à leurs intentions, cela ne réglait cependant pas tout. Mon regard se baissa de nouveau sur Noaly, que j'avais presque oubliée, l'espace de quelques secondes. Lui adressant un nouveau sourire, je fouillai dans mon sac pour en sortir un des nombreux chocolats que Caleb avait glissés dedans, avant de le lui tendre.
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MessageSujet: Re: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptyMer 9 Mar - 3:12


Prendre son courage à deux mains, c’était bien ce que nous faisions autour de cette discussion aussi difficile soit-elle. Je savais pertinemment qu’elle m’en voulait de tout exposer au grand jour. Que cette lettre mettait sa vie sans dessus dessous, mais qu’en aurait-il été, si elle avait découvert ça dans dix ans ?! Alors qu’elle construirait une famille avec un type et qu’elle aurait des enfants ! Elle serait prête à leur inculquer une notion de famille ou elle-même ignore tout de sa famille ?! Aujourd’hui, elle pourrait choisir de nous connaitre ou de nous rejeter, même si la deuxième option ne me plait guère, je ne pourrais pas lui en vouloir. Après tout, elle n’y est pour rien si on est dans cette situation aujourd’hui. Je tiens seulement à lui faire comprendre que si le passé nous sépare, ça ne veut pas dire qu’on doit en rester là. On peut construire quelque chose. Or pour ça, je me dois de la convaincre que je ne suis pas le type qu’elle imagine. Et au fil de la conversation j’me rends bien compte que je l’agace tout autant que par le passé. Pense-t-elle que ça m’a plus de découvrir ça ? De devoir faire face à ça tout seul ? Je venais de perdre ma sœur et découvrir que mes parents biologique m’avait rejeté depuis toujours. Alors oui, y’avait de quoi péter un plomb ! J’avais pris la fuite et aujourd’hui, je regrettais cette réaction. A l’époque, je n’avais rien dit, songeant que partir me permettrait de m’éclaircir les idées que je trouverais des réponses. Aujourd’hui, je n’en sais pas plus. Si ça n’est que j’ai des frères, une sœur mais que nos relations n’ont jamais été aussi compliqué à ce jour.
Même si elle réfutait notre lien de parenté, qui était pourtant vérifiable aujourd’hui, nous partagions plus qu’elle ne l’imaginait. Nos caractères enflammés pouvaient en être la preuve mais nous avions toujours été ainsi ensemble. Je sais que mon calme aujourd’hui, doit la déranger. J’ai eu deux ans pour me faire à l’idée d’être rejeté et même si je tente d’en faire abstraction, le blessure ne se refermera jamais. Alors qu’elle s’emporte, j’éprouve de plus de plus de mal à me contenir. Mes mâchoires se contractent sous ses propos et mon regard ne quitte plus le sien.

« Je pense simplement qu’avec du recul, tu pourrais voir les choses sous un autre angle ! » repris-je malgré cette impulsivité que je tentais encore de retenir. « Tu crois que ça me fait plaisir d’avoir à faire ça ? D’être celui qu’on montre du doigt parce que j’ose être honnête et lever le voile sur nos vies. Dans l’histoire, je suis pas celui qui a grandi avec ses parents biologiques ! » A croire que j’étais incapable de me contenir plus longtemps. Les mots étaient sortis si froidement que je me pinçais les lèvres la minute suivante avant de baisser la tête.

« - Excuse-moi… je voulais pas… »

Je me détestais pour m’emporter de la sorte. C’était exactement ce que je voulais éviter et pourtant, elle trouvait encore la parade pour faire ressortir en moi, l’impulsif qui dormait bien que je faisais des efforts pour changer cet aspect de ma personnalité.

Elle mettait le doigt exactement sur ce dont j’évitais de parler depuis deux ans. La mort de Lynn, le secret des Tanner, ces révélations qui ont bouleversé ma vie et qui m’ont fait fuir. Je détournais les yeux à ses questions. Je ne pouvais pas faire l’impasse. Elle avait finalement accepté de me rencontrer pour parler de nos problèmes. Eviter le sujet de Lynn et des Tanner ne ferait que rendre la situation encore plus insoutenable. Sauf que c’était une souffrance qui était encore bien loin d’être cicatrisé. Je déglutis péniblement et relevais finalement mon regard dans le sien.

« Lynn avait été hospitalisé en urgence… j’étais le premier arrivé sur place et immédiatement, j’me suis proposé pour des tests de compatibilité pour ses soins. Après tout j’étais son frère. La personne la plus probable d’être compatible… » Je me revoyais encore à l’hôpital, le médecin venant vers moi et m’amener à l’écart pour me parler et me révéler ces foutus résultats à la con. « C’est le médecin qui m’a appris que j’avais aucun gêne commun avec Lynn… Quant au Tanner… je les ai mis au pied du mur. C’est seulement à ce moment précis que j’ai su qu’ils m’avaient adopté. » Ça n’avait absolument rien du conte de fée. Ce week end, je le maudis encore. On était censé faire la fête. Je devais faire ma demande à Charly. Demande qui n’a jamais eu lieu. Tout c’était précipité lorsqu’on s’était tous retrouvé dans ce foutu centre hospitalier. Toute ma vie venait de s’écrouler. « J’ai quitté la ville quelques jours après les funérailles. J’ai plus reparlé aux Tanner. J’avais besoin d’être seul… c’est ce que j’croyais du moins. J’avais tort. J’étais furieux, je savais plus qui j’étais… et j’ai fait pas mal de connerie pendant deux ans… » Je pourrais lui en révéler plus. Un autre jour peut-être. Car je doute qu’elle veuille entendre qu’entre temps, j’étais devenu dépendant de l’alcool, que je n’étais qu’une loque qui ne savait plus quoi faire de sa vie, qui buvait uniquement pour ne plus rien ressentir. J’en étais pas fier et encore aujourd’hui, j’ai ces foutus moments de cafards où j’veux juste disparaitre de la planète. Ça soulagerait tout le monde, on m’oublierait et plus personne n’aurait à s’inquiéter pour c’que j’pourrais faire. C’était un tourbillon dans lequel j’arrivais bien souvent à me perdre. « C’est grâce à un privé que j’ai réussi à remonter jusqu’à tes parents… tout le reste est allé très vite. J’ai fini par rentré… mais je ne suis jamais allé voir tes parents pour leur parler ou leur demander quoi que ce soit. Ils ont fait un choix en m’abandonnant et je ne veux rien savoir d’eux. » C’était peut-être cruel de ma part. Car rien ne m’assuraient qu’ils n’éprouvaient pas de regret. Si ça n’est le fait que j’ai vécu dans la même ville qu’eux. Qu’ils m’ont vu grandir et que jamais il n’ont fait un geste dans ma direction. C’était pour moi la preuve essentielle qu’ils n’en avaient rien à foutre de notre existence, à Blake et moi.

Cette discussion pouvait durer encore un certain temps et je craignais de ce qu’il en ressortirait. Comme par exemple qu’elle décide de faire une croix sur nous trois. Sauf qu’elle ignore encore pour Blake, un détail que je vais bien être obligé de lui annoncer et qui ne fera surement rien pour la mettre de bonne humeur. Du moins telle que je la connaissais. Car si nous avions bien quelque chose en commun, c’était cette foutu impulsivité qui pouvait ressortir à n’importe quel moment de notre existence, et généralement au mauvais moment. Mais c’est l’instant où déboula l’unique rayon de soleil de mon existence depuis mon retour. Car si ma relation avec Charly ne faisait que se compliquer au fil du temps, ce que je partageais avec Noaly s’intensifia à chaque moment passé avec elle. Je ne l’avais pas vu naître. Je n’avais pas été là pendant presque toute la première année de sa vie. Et pourtant, aujourd’hui c’est comme si cette année-là n’avait pas existée. Rien ne sera jamais plus important qu’elle à mes yeux. Etre père me transformait. Je me moquais de ce qu’on disait, tant qu’on ne parlait pas en mal de Noaly et Charly. Car si je sais une chose c’est que Noaly ne serait pas là, si je n’avais pas été là lorsqu’elle fut hospitalisée. Peut-être même ne serait-elle plus parmi nous. Et à vrai dire, je crois que ça aurait achevé ce qu’il peut rester de ma relation avec Charly, pour ne pas dire nous tuer tous les deux. Car Noaly est notre plus belle réussite. Elle embellie ma vie et me rend meilleur. Même si personne ne s’en rend compte, je sais qu’une vie sans elle, ne me satisferait pas. Mais l’idée de perdre Charly également me détruisait à petit feu. Je n’étais pas sûr de pouvoir vivre avec cette souffrance mais ça, personne n’avait à le savoir. C’était mon problème.
La serrant contre moi, je retrouve cette odeur de bébé qui m’a bien souvent aidé à garder la tête hors de l’eau. L’entendre m’appeler papa, a toujours cet effet étrange. Etre papa, ça n’était pas seulement un titre, mais être responsable d’une partie de soit, la personne la plus importante de votre vie. Aimer et protéger et c’était ce que je m’évertuais de faire avec elle. Et plus, j’aimerais que Reese fasse partie de sa vie mais, j’ai conscience que tout ça doit être trop prématuré. La réponse de Reese, je ne dis pas que je ne la comprends pas. J’admets que déjà me découvrir comme son frère, doit être un sacré choc. Mais je savais que si elle passerait quelques heures seule avec Noaly, elle risquait de finir par fondre devant cette bouille pleine de malice. Elle verrait alors que quoi qu’elle en dise, elle fait partie de la famille.

« Je t’accorde le fait que le sang ne fait pas tout. Mais tu t’es jamais demandé pourquoi depuis toujours on se prend autant la tête ? Pourquoi, c’est toujours toi que j’venais emmerder ? Je sais que j’ai été un crétin… mais j’me demande si dans le fond, y’avait pas une raison plus profonde à ça. Par certains coté, tu me rappelais peut être moi sans que j’sache qu’on était lié par le sang. » Finis-je par expliquer après avoir senti son malaise. « J’admets que c’est pas forcément suffisant pour construire une relation fraternelle… mais je suis là Reese. Pas pour détruire ton existence, mais justement pour qu’elle soit meilleure à l’avenir. Tu sais peut être pas ce que ça apporte affectivement… Je te demanderais jamais d’être meilleure que Lynn. Vous êtes deux êtres en totale contradictions. Je veux juste apprendre à connaître ma sœur. Tu crois, j’serais encore ici, si j’tenais tant à te nuire ? Et je suis pas le seul qui pourrait t’apporter quelque chose… » Continuais-je plus en douceur en passant cette main affectueuse dans les cheveux de ma fille qui jouait avec son doudou, assise sur mes genoux. « Regarde la, tu crois pas que j’étais terrifié lorsque j’ai appris que j’avais une fille… une fille dont j’ai ignoré l’existence et que je n’ai pas vu naître ? Pourtant aujourd’hui, c’est comme si j’avais toujours été là pour elle… je pourrais jamais l’abandonné… elle est toute ma vie aujourd’hui Reese. Ce que j’ai de plus cher au monde… ET si t’as besoin de l’entendre, je vais te le dire j’aimerais qu’elle TE connaisse. » Un autre choc ? Une autre fuite probable ? Je n’en savais trop rien et j’étais sincère avec elle. Honnêtement, Lynn serait là c’est vrai que je serais aux anges. Elle s’occuperait de notre fille à Charly et moi. ET je sais d’avance que c’est tout juste si elle me laisserait prendre ma fille dans mes bras. La situation était toutefois des plus différentes mais pour quel raison Reese refuserait l’amour d’une petite fille ? Qui pouvait résister à cette bouille d’ange au regard intense et au sourire espiègle ?

Elle me pensait satisfait d’avoir fait exploser cette vérité. Si j’étais satisfait, nous n’en serions pas là. Car je n’aurais pas de problème avec Blake. Elle aurait déjà rencontré Blake et Jonas et nous envisagerions de nous voir plus régulièrement, pourquoi pas passer certaines soirées ensemble. Partager de bons moments, construire quelque chose de solide entre nous quatre. Dans le fond, je sais qu’elle n’est pas encore prête à ça. Elle a besoin de temps pour se faire à l’idée, pour réaliser ce qu’il en est exactement.


« L’affection, le partage, la complicité, l’amour… C’est pas parce qu’on a été séparé qu’on peut pas choisir de rattraper le temps perdu. La seule question à se poser, c’est si tu es prête pour ça ? A moins que tu sois trop faible pour supporter le fait d’avoir des frères qui puisse non pas t’apprécier mais t’aimer comme la sœur que tu es pour nous… » Finis-je avec ce sourire en coin. Elle se rappelait essentiellement de celui que j’étais au lycée. J’avais changé même si ça ne se voyait pas forcément au premier abord. J’étais plus responsable, plus calme et j’étais prêt à faire des efforts pour ma famille. A mes yeux, elle en faisait déjà partie, même si pour elle, ça ne pouvait être le cas.

La fuite semblait être une réaction humaine ou à moins qu’elle fasse partie de notre héritage génétique. Je ne savais trop à vrai dire. Mais toujours est-il que j’aurais compris qu’elle quitte la ville après cette conversation. C’était compréhensible car on ne se faisait pas à ce genre de nouvelle, en l’espace de quelques heures. Sauf que dans la vie, quoi qu’il advienne, je serais son frère jusqu’à la fin de ses jours, qu’elle m’accepte ou non. Tout comme Blake et Jonas. D’ailleurs, je ne pouvais pas taire la nouvelle plus longtemps et je devais être subtil. Enfin, elle finit par me révéler qu’elle ne fuirait plus maintenant. Machinalement, un lent sourire nait sur mon visage. C’était étrange qu’on ait eu la même réaction de fuite. Je dépose un baiser sur la tête de ma fille avant de prendre une longue inspiration, je ne pouvais plus reculer le moment.

« - Non. Je ne me suis pas trompé. » M’arrêtais-je une seconde pour la voir river son regard dans le mien. « J’ai pas été le seul à être abandonné… j’ai un frère jumeau. Blake… » Ça risquait de faire beaucoup et je laissais un silence s’installer, hésitant à poursuivre. Je savais ce qu’il avait traversé, contrairement à beaucoup de personne dans cette ville. Si moi j’avais encore des parents adoptifs, lui n’avait absolument plus rien depuis qu’il était un gamin. « Je sais que c’est beaucoup d’un coup Reese. Blake est loin de me ressembler… enfin si on se ressemble… mais disons que son passé a été semé d’embûches et il semble en gardé des traces indélébiles. Il renfermé, sauvage… et a tendance à laisser ses poings le guider… j’en ai fait les frais, y’a pas si longtemps. » Un point sur lequel, je n’étais pas fier de parler mais, je ne voulais pas qu’elle se fasse d’illusions si elle venait à se trouver en sa présence. Elle risquait de prendre la mouche, de m’incendier, de vouloir me tuer ? Je ne devais pas exclure cette éventualité.

Notre situation ne s’améliorerait pas avant un certain temps. Attendait-elle des explications de la part des Dewitt ? Si tel était le cas, j’étais radical sur la question. Je refusais de leur parler ou même de partager le même trottoir qu’eux. Ils étaient les uniques responsables de notre relation et des problèmes qui nous incombaient. Il y avait des chances que nos vies ne s’arrangent pas avant des mois, voire pire des années mais je mettais un point d’honneur à vouloir créer cette famille, pour ma fille. Parce qu’elle méritait d’avoir une famille. Parce que je ne savais pas encore combien de temps Charly tiendrait le coup. Ni même si elle s’en sortirait. Et ça me foutait la trouille. Saurais-je élever ma fille sans Charly ?

Qu’elle ait du mal avec toute cette notion de famille. L’idée même qu’on puisse former un cercle soudée et qu’on puisse partager des idées, de bons moments, qu’on se trouve des points communs, j’avais conscience que ça pouvait effrayer. Sauf que je faisais des efforts. Elle aurait surement besoin de temps pour prendre du recul et penser à tout ça mais une part de moi avait confiance. Parce qu’en dépit des apparences, elle me voyait avec Noaly et qu’elle devait bien voir que je pouvais être digne de confiance. Ou du moins je l’espérais. D’ailleurs aussi étrange soit-il, je la vois esquisser un faible sourire à mes propos pour commencer et finalement ma remarquer finit réellement par faire naître ce sourire, que j’ai rarement vu sur son visage. Surtout en ma présence. C’était nouveau et plutôt agréable. La preuve qu’on pouvait être capable de s’entendre et même de plaisanter ensemble.


Sa peur était légitime. Du moins, je pouvais comprendre combien ça devait être déstabilisant et terrifiant de découvrir que finalement notre vie était un mensonge et que l’on n’a jamais été seul en réalité. Alors devenir soudainement le frère ou la sœur de quelqu’un, ça devait forcément lui donner cette envie de fuir à nouveau.

« T’as pas à être à la hauteur… j’veux dire… sois-toi. On ne demande qu’à faire partie de ta vie… on va pas venir squatter chez toi… mais apprendre à se connaitre, passer des moments ensemble, tu crois que c’est faisable ? Tu pourrais même t’apercevoir qu’on est plus sociable et moins crétin que tu peux l’imaginer… enfin surtout moi ! » Ironisais-je avec un petit sourire. « J’te jure que le reste viendra naturellement… Et puis, au final tu pourrais même apprécier ses moments avec nous… » Qui avait-il de mal à essayer de nouer cette relation. De construire cette relation qui aurait dû être par le passé ? On réparait les erreurs de nos parents, et construire quelque chose me tenait à cœur. Pour Noaly, pour moi, pour nous… même si elle n’avait pas conscience de ce que ça représentait. Mais j’étais certain qu’un jour elle comprendrait. D’ailleurs, elle était peut-être même en train de le faire alors qu’elle tendait un chocolat à ma fille. Je ne pus m’empêcher de sourire à son geste. Me penchant lentement, je murmurais à Noaly :

« - Qu’est- ce qu’on dit ? »
« - Meciii… »
« - Tu vas faire un bisou à Tatie Reese ? »
« - Tatie Eese… » Répète Noaly en se laissant glisser de mes genoux pour faire le tour et s’approcher de celle qui est ma sœur et pourtant que je connais à peine. Néanmoins, j’ai comme l’impression que ça pourrait être le début de tout. D’une relation plus qu’importante. Aussi bien pour Reese, que Noaly, que toute notre fratrie. Aimer, transmettre, c’était tout ce que je voulais leur apprendre. Que parfois le lien sanguin possédait une force inestimable.

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MessageSujet: Re: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptyMer 9 Mar - 18:19

Il n'était pas bien évident, pour Noam, comme pour moi, de nous retrouver l'un en face de l'autre comme aujourd'hui, et de revenir sur tout ce que nous avaient caché nos parents. Ce lien de parenté que nous avions découvert, ce frère qui nous avait été caché, nous devions en parler et ce, malgré les différents que nous avions pu avoir l'un envers l'autre par le passé, et malgré notre sale caractère. Je ne savais pas ce qu'il en était de lui mais moi, j'avais besoin de savoir, pour la simple et bonne raison que, maintenant que le voile avait été levé sur toute cette histoire, je tenais à en savoir le plus possible, comme si certains détails auraient pu m'aider à comprendre le choix de mes parents, celui qu'ils avaient fait en l'abandonnant, et en me mentant pendant toute mon enfance. Oui, ce que je voulais, c'était surtout comprendre, pour peut-être, pardonner. Pardonner, à Noam, à mes parents, c'était ce que je me devais de faire, si je voulais retrouver un semblant de normalité dans ma vie. Je devais pardonner à l'un de tout m'avoir révélé, d'avoir semé le doute dans mon esprit, et la pagaille dans ma vie ; aux autres, je devais pardonner de m'avoir menti durant toute ma vie sur une chose essentielle. Puisque Noam avait été le plus franc avec moi, puisqu'il avait été le seul à accepter de me dire la vérité, je devais admettre que j'étais plus prête à lui pardonner. En ce qui concernait mes parents, je le savais, il me faudrait plus de temps. Du temps pour leur avouer ce que je savais, et surtout pour être prête à écouter les raisons qui les avaient poussés à abandonner ce frère que je me découvrais seulement maintenant. Alors oui, ne connaissant rien de ce Jonas, qui s'avérait être mon demi-frère, la seule personne vers qui j'avais pu me tourner, pour obtenir des réponses à mes questions, avait été Noam. Croyez-le, j'avais dû prendre sur moi, ravaler ma fierté, pour décrocher ce téléphone, et lui demander ce rendez-vous. Faire face à lui, reconnaître que j'avais besoin de lui, des informations qu'il détenait, n'avait pas été chose facile. Mon sale caractère reprenait le dessus, en sa présence. Contrairement à certaines personnes, comme Caleb, qui avaient un don pour me calmer, Tanner, lui, faisait tout le contraire. Pour preuve, son attitude habituelle et son calme apparent étaient venus à bout de mes nerfs. Il abordait la discussion avec calme, comme si ce qu'il venait de me révéler n'avait pas la moindre importance. Il avait, certes, l'air légèrement mal à l'aise en ma présence, mais en dehors de cela, son calme laissait sous entendre que cette enveloppe, qu'il m'avait confiée, ne contenait rien de plus que le bulletin météo du lendemain. Merde ! C'était pas rien ! C'était le mensonge de toute une vie, deux de mes frères qui se baladaient dans la nature et dont j'avais ignoré l'existence pendant plus de vingt ans. Comment pouvait-il sembler aussi serein, et surtout, attendre de moi que je le sois également ? Comment avait-il pu croire que je ne lui en voudrais pas ? Il avait détruit tout ce à quoi s'était résumée ma vie, jusqu'à présent. Tout ce en quoi j'avais cru, tous ceux en qui j'avais eu confiance, j'allais devoir les laisser de côté pour me reconstruire une nouvelle vie. C'était pas parce que lui, avait su se faire à l'idée, que moi, je serai capable d'en faire autant, et surtout rapidement. J'étais agacée par sa réaction, je devais le reconnaître. Et je ne m'étais d'ailleurs pas gênée pour le lui faire comprendre. Rapidement, j'en vins à l'énerver, lui aussi. Ca se voyait à son visage crispé, à ses mâchoires contractées. Je l'énervais. Comme d'habitude.

« Je pense simplement qu’avec du recul, tu pourrais voir les choses sous un autre angle ! Tu crois que ça me fait plaisir d’avoir à faire ça ? D’être celui qu’on montre du doigt parce que j’ose être honnête et lever le voile sur nos vies. Dans l’histoire, je suis pas celui qui a grandi avec ses parents biologiques ! »

Sa dernière phrase eu l'effet d'une gifle. Ce reproche, j'avais justement redouté que l'un de ces deux frères ne me le sorte. En un sens, je m'étais préparée à l'entendre. Je ne m'étais cependant pas préparée au choc que ça me ferait de l'entendre. Mon coeur se serra sous la culpabilité, et, sans le quitter des yeux, je lui lançai un regard qui se voulait massacrant, avant qu'il ne se pince les lèvres et qu'il baisse la tête.

« Excuse-moi… je voulais pas… »

« T'excuse pas. Au moins maintenant, je sais ce que tu penses. », répondis-je alors froidement.

J'étais blessée par ses mots. C'était indéniable. Ils m'avaient fait mal. Néanmoins, le montrer aurait été faire part de faiblesse, et je préférais encore crever que de laisser à Tanner la joie de voir qu'il avait trouvé le moyen de m'atteindre.

En un sens, j'aurais du me préparer à ça. Je m'étais bien doutée qu'il m'en voulait, pour avoir été celle que nos parents avaient gardé, pour avoir été celle qui avait grandi avec eux. En découvrant la vérité, j'avais même confié à Caleb que mes frères devaient me détester pour ça, ce à quoi mon ami avait tenté de me rassurer. Il m'avait affirmé le contraire et, jusqu'à ce moment, j'y avais cru, en partie. Les mots de Noam me prouvaient qu'encore une fois, je m'étais trompée.

« Je savais que tu me détesterais pour ça, j'l'ai su à la seconde où j'ai lu ta lettre. Et j'peux l'comprendre. J'vais pas te forcer à m'apprécier, surtout après ce que tu as découvert. Mais j'suis pas ici pour t'entendre me faire des reproches, j'culpabilise assez comme ça, sans que t'aies besoin d'en rajouter. Tout ce que j'espérais faire, c'est comprendre certaines choses... Si t'es pas capable de m'aider à ça, ni même de me supporter, dis le tout de suite, et on met un terme à cette conversation. Crois moi, c'est pas une partie de plaisir pour moi non plus. »

Voilà qui était clair. Je n'étais pas là pour être accablée de reproches, et je n'étais pas là non plus pour l'accabler. J'avais beau, certes, lui en vouloir, et lui avoir déjà fait comprendre à travers certaines de mes remarques, je tentais cependant de me maitriser. Si lui, n'était pas capable de se maitriser, alors, tant pis. Je n'avais pas envie de perdre mon temps en reproches inutiles, en chamailleries incessantes comme ce fut le cas durant notre adolescence. S'il n'était pas prêt à s'expliquer avec moi, je n'allais pas l'y obliger plus longtemps.

Comme pour me montrer qu'il savait ce par quoi je passais, Noam m'avait parlé du jour où il avait tout découvert. Il avait fait mention de la mort de Lynn, sa soeur, et c'était à cet instant que j'avais fait le rapprochement entre la mort de sa soeur, la vérité sur sa famille, et son départ précipité. Tout le monde, en ville, avait cru qu'il fuyait parce que sa soeur était morte. Et s'il avait fuit ses parents, cette ville, la vérité, tout simplement ? C'était une hypothèse qui se tenait puisque moi même, j'avais songé à fuir, comme si la fuite m'aurait apporté les réponses aux questions que je me posais, comme si elle m'aurait permis d'effacer cette vérité trop douloureuse à supporter. J'avais naturellement tenté d'en savoir plus de savoir comment il avait tout découvert et surtout de savoir si c'était ça qui l'avait fait partir. Je ne pensais pas le mettre mal à l'aise, avec mes questions. A vrai dire, comme il avait été le premier à avoir abordé le sujet, j'avais pensé qu'il aurait accepté de m'en parler, seulement... Une fois mes questions formulées, je compris bien vite, quand il détourna les yeux, que j'aurais mieux fait de ne rien demander. Visiblement, il n'avait pas envie d'en parler. Et probablement pas avec moi. A vrai dire, je devais même probablement être la dernière personne à qui il ait envie d'en parler, après les Tanner et nos parents. Secouant la tête, me maudissant pour avoir été si stupide de penser qu'il se confierait à moi, j'allais lui dire de laisser tomber lorsqu'il releva la tête dans ma direction, et qu'il me confia les conditions dans lesquelles il avait découvert la vérité.

Je restai silencieuse quelques secondes. Je m'étais attendue à autre chose. J'avais pensé que les Tanner lui avaient tout révélé d'eux mêmes, et jamais je n'aurais songé qu'il aurait tout découvert de la sorte. Rapidement, j'eus de la compassion pour lui, et pour son histoire. Je comprenais mieux, maintenant, le bouleversement qu'avait dû représenter cette nouvelle dans sa vie.

« J’ai quitté la ville quelques jours après les funérailles. J’ai plus reparlé aux Tanner. J’avais besoin d’être seul… c’est ce que j’croyais du moins. J’avais tort. J’étais furieux, je savais plus qui j’étais… et j’ai fait pas mal de connerie pendant deux ans… »

A ces mots, je baissai les yeux quelques secondes. Je le comprenais, mieux que quiconque. Cette envie d'être seul, cette colère – que dis-je, cette rage – d'apprendre que toute notre vie avait été construite sur un mensonge, je l'avais ressentie, moi aussi. Et comme lui, je ne savais plus qui j'étais. Moi qui me pensais être la fille unique d'un digne couple, je me retrouvais à présent être la petite soeur de deux autres jeunes hommes, une petite soeur au mauvais rôle, et probablement détestée, intérieurement, pour avoir eu la chance de ne pas être rejetée par ses parents.

J'aurais pu dire à Noam que j'étais désolée, pour ce qui lui était arrivé. Parce que je l'étais. Mais dans le fond, lui dire ne changerait rien, et j'en étais parfaitement consciente. Alors, au lieu de ça, je me contentai de lui demander, hésitante :

« Et maintenant... Tu sais qui tu es ? »

Sous entendu : Avait-il su retrouver un sens à sa vie ? Ma vie retrouverait-elle son sens, maintenant que la vérité avait été dévoilée au grand jour ? J'avais du mal à y croire.

« C’est grâce à un privé que j’ai réussi à remonter jusqu’à tes parents… tout le reste est allé très vite. J’ai fini par rentré… mais je ne suis jamais allé voir tes parents pour leur parler ou leur demander quoi que ce soit. Ils ont fait un choix en m’abandonnant et je ne veux rien savoir d’eux. »

Ainsi, mes parents ne se doutaient pas une seule seconde que leurs petits secrets avaient été dévoilés. Ils n'avaient par conséquent pas la moindre idée de la raison pour laquelle j'avais pris mes distances avec eux...

« Si tu ne veux rien savoir d'eux ça veut dire que... tu ne veux rien savoir de moi non plus ? »

Et voilà. Sa réponse répondrait à cette question que je ne cessais de me poser depuis que Noam m'avait tout révélé, c'est à dire : qu'attendait-il vraiment de moi ?

« T'as pas envie de savoir pourquoi ils ont fait ça ou même... leur dire tout ce que tu as sur le coeur ? »

Nouvelle question, qui n'avait cette fois rien à voir. Le fait était que, si les rôles avaient été inversés et si j'avais dû être à la place de Noam, j'aurais cherché à parler à ces parents qui m'avaient abandonnée, j'aurais été les trouver, pour leur dire tout ce que j'avais sur le coeur – même si ce fut de la haine. Simplement histoire qu'ils sachent, qu'ils n'aient pas l'esprit tranquille et
qu'ils réalisent combien leur geste avait détruit une vie.

« Et moi... Je suis censée agir comment, avec eux ? J'peux pas leur dire ce que je sais... J'peux même plus leur parler... Si un jour j'devais les avoir en face de moi, j'pourrais pas m'empêcher de leur dire ce que j'ai sur le coeur... Et ce jour là... J'risque de pas y aller de main morte... »

Je ne savais plus quoi faire. Je savais que Noam n'avait pas à me dicter ma conduite, qu'il n'avait pas à me dire quoi faire et pourtant... Il était déjà passé par là, et c'était probablement pour cette raison que je me tournai vers lui, à présent. A vrai dire, je ne savais pas comment agir, et ce, avec tous les membres de ma famille. Je ne savais pas quoi dire à ces frères que je venais de découvrir, et je ne savais pas quoi dire à ces parents qui m'avaient menti durant toute ma vie. Si j'avais pu faire un choix, j'aurais décidé de n'avoir aucune famille. Ca m'aurait largement simplifié la tâche.

Notre conversation fut alors légèrement interrompue, le temps que sa fille, Noaly, ne vienne rejoindre Noam. Cette intervention, je la vis comme la fin de notre conversation, le moment de mettre un terme à celle-ci, pour le laisser seul avec sa fille. Alors que je m'apprêtais à partir, cependant, Noam me demanda de rester, ajoutant que je faisais partie de la famille. Si, j'étais restée assise, parce qu'il me l'avait demandé, les derniers mots qu'il avait prononcés, en revanche, je ne les acceptais pas. C'est ainsi, d'ailleurs, que je lui confiai que les liens du sang ne faisaient pas de Jonas et lui ma famille. Car à mes yeux, la famille, c'était bien plus qu'un peu d'ADN en commun. Ma famille, à présent, c'était Caleb. Et si ça pouvait sembler ridicule, de qualifier une seule personne de famille, je n'en avais rien à faire. Il était le seul à tout savoir de moi, à ne jamais rien me cacher, et à prendre soin de moi comme étaient censés le faire une famille. Alors, oui, ma famille, c'était lui, et lui seul. Noam avait beau vouloir en faire partie aujourd'hui, cette simple volonté ne faisait pas tout. Il lui faudrait bien plus que des mots, pour un jour faire partie de ma famille.

« Je t’accorde le fait que le sang ne fait pas tout. Mais tu t’es jamais demandé pourquoi depuis toujours on se prend autant la tête ? Pourquoi, c’est toujours toi que j’venais emmerder ? Je sais que j’ai été un crétin… mais j’me demande si dans le fond, y’avait pas une raison plus profonde à ça. Par certains coté, tu me rappelais peut être moi sans que j’sache qu’on était lié par le sang. »

Etait-ce vrai ? Etait-ce pour cette raison qu'il venait toujours me chercher les ennuis, au lycée ? J'en étais pas si sûre. A vrai dire, je m'étais bien souvent posée la question, par le passé, j'avais bien souvent cherché pourquoi il s'en prenait à moi de la sorte. La réponse m'était vite venue : parce qu'il n'était qu'un crétin qui ne cherchait qu'à s'affirmer en rabaissant les autres. S'il s'en était autant pris à moi, c'était, je le pensais, parce que je ne m'étais jamais laissée faire face à lui, et qu'en un sens, il avait aimé ça. Il avait vu dans ma réaction une sorte de défi qu'il avait voulu relever. Et puis, j'avais aussi toujours pensé que, s'il était venu s'en prendre à moi, dès le départ, ça n'avait été que parce que je n'avais eu personne pour me défendre. Ironie du sort, je n'avais eu aucun grand frère, aucun ami assez populaire pour lui tenir tête, et le convaincre de me laisser tranquille.

« Tu crois que j'me suis jamais posée la question ? J'me la posais tous les jours. Et la seule explication, c'est que t'étais qu'un crétin, un crétin qui ne supportait pas qu'on lui tienne tête. » Au moins, j'étais honnête. Même si je savais pertinemment que mes mots pourraient le blesser. « J'sais pas si y'avait vraiment autre chose. Tout ce que je sais, c'est que l'ironie veut que, dès le premier jour où t'as commencé à m'emmerder, j'ai regretté une seule chose : que j'ai personne pour me défendre, comme un grand frère par exemple. Manque de bol, mon 'frère', à moi, passait plus son temps à me pourrir la vie qu'à me l'embellir. »

Je ne tenais pas à lui faire de reproche. Le passé, c'était le passé. Je l'avais bien compris. Mais l'entendre me dire qu'il m'avait prise en grippe parce qu'il avait comme senti que j'étais sa soeur, ça me faisait doucement rigoler. S'il l'avait vraiment su, dans le fond, il ne m'aurait certainement pas emmerdée comme il l'avait fait. Ou alors, lui et moi n'avions pas la même notion de fraternité.

« J’admets que c’est pas forcément suffisant pour construire une relation fraternelle… mais je suis là Reese. Pas pour détruire ton existence, mais justement pour qu’elle soit meilleure à l’avenir. Tu sais peut être pas ce que ça apporte affectivement… Je te demanderais jamais d’être meilleure que Lynn. Vous êtes deux êtres en totale contradictions. Je veux juste apprendre à connaître ma sœur. Tu crois, j’serais encore ici, si j’tenais tant à te nuire ? Et je suis pas le seul qui pourrait t’apporter quelque chose… »

A ses mots, je poussais un soupir. J'avais envie de le croire. Non, en fait, je le croyais, quand il me disait ne pas vouloir me nuire... Mais il n'empêchait que quelque chose me retenait, et je ne parvenais pas à mettre le doigt dessus. Alors qu'il continuait, prenant l'exemple de sa fille, avec qui il avait réussit à nouer une relation quasi-parfaite alors qu'il n'avait découvert son existence que récemment, il enchaina, allant même jusqu'à me confier qu'elle était toute sa vie, ce qu'il avait de plus cher au monde et qu'il voulait qu'elle me connaisse.

Wow, doucement mon grand.

L'envie de brandir un panneau « STOP » me vint à l'esprit. Il allait trop vite là. Je n'avais rien contre sa fille, au contraire, elle était adorable, mais... C'était trop d'un coup. Là encore, je n'étais pas sûre d'en être capable... J'étais même pas sûre de pouvoir être sa soeur alors, devenir tante, c'était une toute autre affaire, tout aussi compliquée.

« J'veux bien te croire, quand tu dis que tes intentions sont bonnes. Mais... Je sais pas si j'peux faire ça. C'est pas qu'j'ai pas envie de vous laisser entrer dans ma vie, c'est pas qu'j'ai pas envie qu'on apprenne à se connaître c'est juste que... Ma vie, c'est devenu du n'importe quoi et que... J'sais même plus qui j'suis, depuis que je sais tout ça alors... J'peux pas faire ça. J'ai besoin de savoir qui je suis et surtout où je vais, avant d'vous laisser entrer dans ma vie comme ça. »

Et là encore, je ne savais pas quoi faire. Que me faudrait-il, pour oublier toute cette histoire, pour accepter de vivre avec le fait que le reste de ma vie n'avait été qu'un vaste mensonge, pour accepter de vivre avec cette nouvelle famille? Le temps serait-il suffisant, ou ne me faudrait-il pas autre chose ? Une discussion avec mes parents ? Avec Jonas ? Quoi d'autre ? Je n'en savais strictement rien, et c'était bien ce qui m'effrayait : de ne pas savoir par où commencer.

Et lorsque j'avais suggéré que Noam devait être satisfait que la vérité ne soit enfin dévoilée au grand jour, il m'avait répondu qu'il était au contraire loin de l'être, car il n'y avait pas que la vérité qui comptait. A cela, j'avais tenté de savoir ce qui, selon lui, comptait en plus de cette vérité.

« L’affection, le partage, la complicité, l’amour… C’est pas parce qu’on a été séparé qu’on peut pas choisir de rattraper le temps perdu. La seule question à se poser, c’est si tu es prête pour ça ? A moins que tu sois trop faible pour supporter le fait d’avoir des frères qui puisse non pas t’apprécier mais t’aimer comme la sœur que tu es pour nous… » , ajouta-t-il avec un sourire en coin, un sourire auquel je ne répondis pas, encore comme gênée par ses mots.

Ainsi, c'était ça, qu'il attendait de moi ? Que l'on rattrape le temps perdu ? Je baissai les yeux, songeant à cette question qu'il m'avait posée. Etais-je prête à cela ? Pas encore. Tout ce qu'il me demandait, je le savais, ne viendrait pas comme ça. Ca ne serait pas si facile. Et puis, eux, étaient-ils prêts à cela ? A m'aimer, comme une soeur ? Je poussai un léger soupir. Relevant les yeux dans sa direction, je répondis :

« C'est ce que vous voulez vraiment ? M'aimer... comme une soeur ? Enfin, j'veux dire... Vous... vous seriez prêts à ça ? Vous en seriez capable ? »

Je ne doutais pas vraiment de leurs intentions, à vrai dire, mais je préférais de loin m'assurer de ce qu'ils voulaient, avant de nourrir le moindre espoir, aussi infime soit-il, les concernant. Et puis, cette éventualité me faisait tout drôle. Et pourtant, cette idée n'était pas désagréable, bien au contraire. Qui aurait pu refuser l'affection de sa famille ? Probablement pas moi. J'avais beau avoir un sale caractère, je n'étais pas une fille sans coeur pour autant, bien au contraire. J'avais beau tenir à ma solitude, à ma vie de fille unique, m'y être habituée, je ne repousserai pas Jonas et Noam pour autant. Pas si c'était vraiment ce qu'ils voulaient. Et même si je tentai de le cacher, les mots et les intentions de Noam me touchaient sincèrement.

La fuite, c'était une éventualité à laquelle j'avais songé, en découvrant la vérité. Cependant, Caleb avait su me retenir. Il avait su me convaincre de rester en ville, et surtout de m'expliquer avec Noam. Si, aujourd'hui, nous nous expliquions, ça n'était que grâce à lui. Et si Noam ignorait l'importance qu'avait eu mon ami dans ma décision de rester, je lui confiai en revanche ne pas être prête à fuir. Plus maintenant, maintenant que nous avions commencé à parler et que j'en savais plus sur ce qui nous avait été caché pendant tant d'années. En m'entendant dire ça, un sourire se dessina sur les lèvres de Noam. Tandis que je lui avais fait remarquer qu'il s'était trompé, en faisant mention de Jonas et lui, en disant qu'ils étaient trois, et non pas deux, je vis l'expression de son visage changer légèrement. Son sourire s'effaça légèrement, et il déposa un baiser sur la tête de Noaly avant d'inspirer profondément et de me répondre :

« Non. Je ne me suis pas trompé. »

Comment ça, il ne s'était pas trompé ? Je fronçai les sourcils, pas bien certaine de comprendre où il voulait en venir. Naturellement, je plongeai mon regard dans le sien, l'interrogeant avec celui-ci.

« J’ai pas été le seul à être abandonné… j’ai un frère jumeau. Blake… »
« QUOI ?! Tu plaisantes ? »

Rapidement, des regards se tournèrent dans notre direction. Ceux de personnes surprises de m'entendre parler si fort, soudainement.

« Tu te fous de moi, hein ?! »

La simple expression qu'arborait son visage suffit à me faire comprendre qu'il ne plaisantait pas le moins du monde et qu'au contraire, il était tout ce qu'il y a de plus sérieux. Je soupirai bruyamment, histoire d'évacuer ma colère. Je prenais sur moi. Vraiment. Et la raison pour laquelle je prenais tant sur moi, c'était que je ne voulais pas que sa fille me voit frapper son père, ou qu'elle prenne peur par ma réaction. Mais si elle n'avait pas été là, c'était certain, Noam aurait passé un sale quart d'heure. Je baissai la tête, tandis qu'un léger silence s'installa entre nous.

« Je sais que c’est beaucoup d’un coup Reese. Blake est loin de me ressembler… enfin si on se ressemble… mais disons que son passé a été semé d’embûches et il semble en gardé des traces indélébiles. Il renfermé, sauvage… et a tendance à laisser ses poings le guider… j’en ai fait les frais, y’a pas si longtemps. »

Je ne pu retenir un léger rire nerveux, en l'entendant. Secouant la tête, je répondis :

« Putain... J'aurais dû le savoir. » Relevant la tête vers lui, je lui lançai un regard qui se voulait peu aimable. « Moi qui te faisais confiance, qui pensais que tu avais été honnête avec moi... » Je secouai la tête. « J'suis vraiment qu'une idiote, j'aurais dû me douter que tu me ferais un coup foiré comme celui-ci. »

Me levant, je me dirigeai en direction du bar. Noam penserait-il que je partais ? Probablement pas, sachant que j'avais délibérément laissé mon sac à main sur la table. Me dirigeant jusqu'au bar, je commandai un nouveau cappuccino noisette que je réglai avec le peu de monnaie qu'il me restait dans la poche. Lorsqu'on me l'apporta, je restai un moment sur place, le temps de reprendre mes esprits. J'avais un autre frère. Un deuxième Noam. Génial. Il ne manquait plus que ça. Le pire, c'était que lui, pour le coup, devait probablement me détester... Il était renfermé et sauvage... Et avant ça, il avait eu le culot de me faire croire que lui et les autres voulaient apprendre à me connaître, devenir mes frères. Que des conneries. Le peu qu'il m'avait dit sur ce Blake suffisait à me faire comprendre qu'il ne voudrait certainement rien avoir à faire avec moi, et que le rencontrer ne serait pas une partie de plaisir. Après quelques minutes – qui m'étaient nécessaires si je ne voulais pas réduire Tanner en bouillie – je revins m'asseoir à notre table. Mon regard se faisait toujours aussi dur. Je posai mon cappuccino sur la table et, après un instant, je demandai :

« T'attendais quoi, pour me l'dire, hein ?! C'est pas possible ! A croire que j'peux faire confiance à personne, dans cette famille. Le pire c'est que t'as le culot d'me dire que vous voulez faire partie de ma vie, apprendre à me connaître.... Que des conneries ! »

Des larmes de rage perlèrent au coin de mes yeux. Oui, je lui en voulais. Pourtant, je savais très bien, dans le fond, qu'il n'était pas le responsable de cette situation dans laquelle nous étions et qu'il était encore le seul sur qui je pouvais me reposer. Encore une fois, il n'avait fait que se montrer honnête avec moi, et j'aurais dû, pour cela, lui être un minimum reconnaissante. Sauf que cette nouvelle là, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. C'était plus que je ne pouvais encaisser.

Baissant la tête, je soupirai de nouveau.

« Je sais ce que tu vas me dire... Que tu n'y es pour rien, que tu ne fais qu'être honnête avec moi et tu as raison mais... Là, ça fait vraiment trop à encaisser. J'étais même pas sûre de pouvoir y arriver avec deux frères, mais alors avec trois... »

Je pris ma tête entre mes mains quelques secondes, histoire de remettre mes idées au clair. Et c'est là, que je lui fis part de mes craintes... Celle de ne pas être à la hauteur de ce qu'ils attendaient de moi, celle de ne jamais réussir à assumer ce rôle qu'ils voulaient me faire endosser. A vrai dire, j'étais effrayée à l'idée de ne pas être capable de leur faire une place dans ma vie.

« T’as pas à être à la hauteur… j’veux dire… sois-toi. On ne demande qu’à faire partie de ta vie… on va pas venir squatter chez toi… mais apprendre à se connaitre, passer des moments ensemble, tu crois que c’est faisable ? Tu pourrais même t’apercevoir qu’on est plus sociable et moins crétin que tu peux l’imaginer… enfin surtout moi ! » J'esquissai un léger sourire à cette remarque. « J’te jure que le reste viendra naturellement… Et puis, au final tu pourrais même apprécier ses moments avec nous… »

Dit comme ça, ça avait l'air tellement facile. Alors, c'était à ça que ça se résumait, d'être frères et soeur ? A quelques moments partagés...? Le reste viendrait-il naturellement ? Rien n'était moins sûr. Je ne faisais pas partie de ces gens qui avaient ça dans les gênes. J'étais une fille unique, pas la dernière d'une grande fratrie.

« Ca a l'air si simple, dit comme ça... Comment tu peux en être aussi certain ? J'ai peut-être pas ça dans les gênes. », dis-je tout en haussant les épaules. «  Et puis, qu'est-ce qui te dit que les autres veuillent faire partie de ma vie, hein ? Si j'ai bien compris, Blake, ne veut rien avoir à faire avec nous et Jonas... C'est peut-être pareil. »

Je le regardai quelques secondes, restant silencieuse, avant de lui demander :

« Comment tu les as rencontrés et... quand ça ? Ca fait longtemps qu'ils le savent, eux aussi ? Ils vivent où ? »

Je savais qu'il risquait de ne pas apprécier d'être assailli par tant de questions. Malheureusement pour lui, j'avais envie – non, besoin - de connaître ces informations que je lui demandais. C'était important pour moi. J'avais beau avoir d'abord eu envie de ne rien savoir les concernant, j'en savais à présent trop pour reculer.

Reposant mon regard sur sa fille, je lui avait naturellement tendu un des nombreux chocolats qu'avait glissé Caleb dans mon sac. La pauvre devait s'ennuyer, à nous voir discuter de la sorte. Rapidement, sa petite main avait saisi le chocolat que je lui tendais, et elle le porta à sa bouche. J'esquissai un léger sourire en la voyant. Noam se pencha, pour murmurer à sa fille :

« Qu’est- ce qu’on dit ? »
« Meciii… »

De nouveau, je souris, sans rien répondre.

« Tu vas faire un bisou à Tatie Reese ? »
« Tatie Eese… »

Décidément... Noam aimait me mettre au pied du mur. Sa fille descendit des genoux de son père pour s'approcher de moi. Je lançai un regard à moitié réprobateur en direction de mon 'frère'. Lui, il n'avait vraiment pas peur de ce qui pouvait arriver. Me laisser seule avec sa fille, c'était comme me laisser seule en cuisine : c'était prendre des risques inconsidérés. Rapidement, la petite fut à mes pieds, et je lui adressais un vague sourire. Elle tendait la tête vers moi, sa bouche pleine de chocolat prête à me gratifier d'un baiser qui laisserait forcément sa trace sur ma joue. Je ne pus retenir un léger rire. Je pris Noaly dans mes bras, pour l'installer sur mes genoux. Immédiatement, ses petites lèvres se posèrent sur ma joue qu'elle embrassa. Bien. Comme ça, ça ferait deux d'entre nous qui serions couverts de chocolat. Souriant de nouveau, je pris une serviette en papier, tout en murmurant un léger :

« Attends un peu... » J'essuyai alors la bouche, puis la main de Noaly. « Et voilà ! » Maintenant qu'elle était débarbouillée, c'était déjà mieux. Ca en ferait au moins une sur nous deux qui serait présentable.

Elle m'adressa un large sourire, auquel je répondis par un léger baiser sur son front. Me tournant de nouveau vers Noam, je lui dis :

« Tu as beaucoup de chance de l'avoir. J'peux même pas imaginer ce qu'un enfant peut t'apporter... », ajoutai-je, en baissant mon regard sur la petite.

« En tous cas, je reconnais que... tu as changé. Elle t'a changé. Et je pense que c'est une bonne chose. »

Aurais-je accepté de lui parler, de lui laisser une chance, si ça n'avait pas été le cas ? Probablement pas.
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Noam E. Tanner
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MessageSujet: Re: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptyVen 11 Mar - 22:29



Ces questions, je me devais d’y répondre. La situation, cette discussion ne me plaisait guère mais c’était le moins que je pouvais lui apporter. Elle méritait ses réponses parce que tout comme Blake, Jonas et moi, Reese avait été abusé. Nos parents s’étaient bien arrangés pour que leur petit secret reste bien enfoui. Je me faisais l’avocat du diable en osant tout révéler. Bien évidemment que j’étais la cible à faire tomber. J’étais celui qui avançait sans s’arrêter. Je laissais exploser la bombe sans songer aux conséquences que pourraient avoir mes actes. Sauf que j’y pensais. Je n’irais pas le crier sur les toits mais je sais que Reese m’en veut à mort pour bouleverser sa vie intentionnellement. Je sais aussi qu’elle ne me pardonnera peut être jamais cette intrusion dans sa vie. Mais ais-je de mauvaises intentions à son égard ? Non. Je veux juste lui ouvrir les yeux et cesser ce manège. Qu’elle sache qui sont ses parents. Et si je n’ai pas la réponse au pourquoi Blake et moi avons été abandonné, je reste honnête envers Reese. Car je crois que c’est la seule chose positive que je peux lui apporter aujourd’hui. Je ne lui tournerais pas le dos. Et quand bien même, j’en ai lourd sur la patate avec cette histoire d’abandon, je serais prêt à lui prêter main forte si elle requérait mon aide ou ma présence. Parce qu’en dépit du passé, j’ai eu le temps de me faire à certaines choses. Reese est ma sœur. J’en ai déjà perdue une et je ne veux pas voir le schéma se reproduire. Reese est ma seconde chance. Personne ne peut comprendre combien la perte de Lynn m’a affecté. Ça n’était pas uniquement parce qu’elle était ma sœur et qu’elle savait aussi me tarabusté jour et nuit. C’était une partie entière de moi qui s’évaporait. Peut-être bien même la seule partie positive de moi. Je ne dis pas qu’avec Reese, je la retrouverais mais je songe qu’elle pourrait m’aider à me reconstruire, qu’on pourrait tous se reconstruire et découvrir que tous ensemble on a des points communs et qu’on peut devenir une famille. Paradoxalement, je sais qu’il nous faudra plus de quelques heures autour d’un café pour arriver à un tel résultat. Me résoudre à faire machine arrière ne me vient pas à l’esprit. Parce que si elle ne ressent pas encore ce besoin, un jour ça arrivera et je veux être là pour ma sœur. Faire ce qu’il doit être fait.

Pourtant les mots franchissent mes lèvres. Elle connait mes points faibles. Certains sujets sont plus difficiles que d’autres. Si elle pense une seconde que ça me fait plaisir de devoir tout révéler, c’est qu’elle n’a pas compris. En même temps, elle est fille unique alors je peux concevoir qu’elle ne pige pas. A force de s’affronter du regard, ma nervosité et mon agacement vont me contrôler. Je le sais mieux que personne. Il n’en faudra que très peu, tout comme je devine également qu’elle lutte. C’est certainement un défaut que nous partageons. Je n’aime pas être ce type qui balance des reproches. Car elle n’y est pour rien, BORDEL ! Le pire c’est que j’en suis conscient. Baissant la tête, elle me répond savoir dorénavant ce que je pense. Non. Non, elle ne sait rien. Elle n’est pas dans ma tête. Elle croit savoir mais elle est loin du compte. Elle imagine que je la déteste pour avoir été celle qui a été élevée par ses parents biologiques. Elle croit que je la porte responsable de ma souffrance. Ça n’est pas le cas. J’en veux aux Dewitt, c’est sûr et certain mais je n’accablerais pas Reese pour le choix de nos parents. Ils ont choisi et moi aussi. Celui de ne pas faire partie de leur existence. Même si ça semble catégorique, je crois que je pourrais faire mieux.

« - je te déteste pas Reese. » soupirais-je après son speech. « Rien ne t’oblige à me croire, j’en suis conscient. J’ai pas le droit de te reprocher d’avoir été élever par les Dewitt. C’est à eux que j’en veux… mais parfois, c’est plus simple de s’en prendre à quelqu’un qui leur est cher… ça ne plait pas d’être comme. Agir de la sorte, c’est bafouer ma résolution à vouloir faire que ça marche entre nous… » Même si j’étais un crétin sans ambition, je ne veux pas de mal à ma famille. Je ne cache pas que je veux retrouver ce que j’ai perdu. Une unité, de la complicité, une connexion qui n’existe qu’avec des personnes partageant un minimum de points communs. Et quand bien même Reese soit dubitative sur le sujet, je reste persuadé qu’on a plus en commun qu’elle ne peut l’imaginer.

En venant à ce rendez-vous, j’ai longtemps redouté le moment où ces questions seraient abordées. La mort de Lynn, les Tanner. En soit, ça ne devrait pas m’affecter autant mais il m’était encore difficile de parler de Lynn sans en souffrir. J’avais toujours l’impression qu’elle allait débarquer au Bones et me sauter dessus comme elle en avait l’habitude. Et puis, par moment lorsque je pose mes yeux sur les murs, j’y trouve les photos de la bande avec une Lynn au sourire ravageur et pleine de vie. Alors ça représentait une souffrance supplémentaire. Le Bones était un peu l’antre où perdurait l’existence de ma sœur. Ça m’était aussi bénéfique que destructeur. Malgré la douleur qui m’oppresse et me m’étreins le cœur, je confie à Reese la vérité. Dans le fond, je crois que Reese comprendrait ma réaction. Jonas a été élevé par sa mère, il n’imagine pas le pouvoir que ce secret peut provoquer. Blake est trop en colère contre le monde entier pour qu’on puisse aborder le sujet. Reese était bien la seule à pouvoir comprendre ma réaction à l’époque et cette colère destructrice qui s’opère en nous sans qu’on puisse la maîtriser.
Sais-je qui je suis aujourd’hui ? La question rebondit dans mon esprit et mon regard rivé au sien, je penche légèrement la tête.

« - Honnêtement, je suis pas sûr d’avoir la réponse à cette question… je sais que j’ai une fille et que je refuse qu’un jour elle puisse éprouver ce genre de souffrance. Je veux être un bon père… et un bon frère. Pour le reste, je ne sais pas trop. »

Elle a d’autres questions. Etrangement, on arrive à parler sans se hurler dessus et je trouve ça même agréable. Le fait de pouvoir parler, peut-être pas de se comprendre mais qu’on puisse tenter de trouver des réponses à toute ses questions ensemble. Je lui parle alors de mes recherches pour remonter jusqu’à ses parents et le fait que je ne suis jamais allé les voir. Lorsqu’elle reprend la parole, je réalise que je me suis peut être mal exprimé. C’est pas parce que je ne veux rien savoir d’eux, que je veux mettre Reese de côté. Bien au contraire.

« - Non. Je veux te connaître… » Joignais-je mes mains sur la table avant de fixer un point sur le bois. Il existait des détails qui, en découvrant notre lien de filiation m’avait choqué et qui mettait un frein à ce devoir ou envie d’aller parler aux Dewitt. « Quelques fois, j’aimerais aller les voir pour leur prouver que m’abandonner a gâché mon existence… et puis, y’a ce foutu détail qui m’obsède et m’empêche de le faire… J’ai passé toute ma vie ici. Dans un rayon inférieur de cinq kilomètres d’eux. J’me suis posé la question un bon million de fois. Ils savaient que j’étais à leur portée et pourtant, ils n’ont pas fait un seul geste vers moi… jamais… Souvent j’me dis que c’est la preuve évidente qu’ils n’ont aucun remord d’avoir fait ça. Qu’ils n’ont jamais voulu de moi et que c’est toujours le cas. Alors à quoi bon allez leur jeter ça à la figure, en sachant que je serais rejeté une fois de plus ? »

Découvrir d’avoir été un enfant abandonné n’était pas une partie de plaisir mais se faire rejeter une seconde fois, c’était pire. Je doutais d’avoir la force pour endurer ça, une seconde fois. « Ils savent très bien que je suis leur fils et leur ignorance me pousse à penser qu’ils n’ont aucun regrets. » Lorsqu’elle reprend la parole, je réalise qu’elle ne leur a toujours pas parlé depuis qu’elle a lu ma lettre. J’avoue que c’est une situation qui n’ira pas en s’apaisant. Car garder le silence n’arrangerait la vie de personne. Et je m’en veux de lui faire subir ça. La fin de sa remarque fait naitre un petit rictus sur mon visage. « Parce que tu crois que si j’allais leur parler, j’risque pas d’agir en bulldozer ?... Ecoute, je sais pas ce que t’as à l’esprit. Si tu comptes aller leur parler ou quoi mais… si jamais tu te décides à le faire ou à l’envisager… je veux que tu saches que t’es pas obligé de le faire seule. Je serais là, si tu souhaites ma présence. » Et ce, que je sois d’accord ou non avec sa décision. Il ne s’agissait pas d’être du même avis, mais plutôt de s’unir ensemble pour avoir les réponses que nous cherchons et il n’y a que dans l’unité que nous pouvons parvenir à un tel résultat.

L’arrivée soudaine de Noaly interrompt quelque peu notre conversation. J’aime profiter de ses moments avec ma fille. C’est important à mes yeux, qu’elle sache que je suis là pour elle et que je le serais toujours. Evidemment, je ne ferais pas toujours les meilleurs choix, mais dans l’ensemble je tenterais toujours mon possible pour la rendre heureuse. Tout en poursuivant cette conversation avec Reese, on évoque cette période au lycée où je ne cessais de l’emmerder. Car il n’y avait pas d’autres mots pour ça. Je n’étais franchement pas un modèle lorsqu’il s’agissait de s’en prendre à elle et sa réponse me fait détourner les yeux. J’avais été un vrai con et le fait qu’aujourd’hui, je découvre être son frère, ça ne rend pas les choses plus simple.

« - Si j’avais le pouvoir de revenir en arrière, crois moi que je le ferais. » relevais-je mon regard vers elle. « Je te demanderais pas de pardonner le crétin que j’étais… parce que j’étais pire que ça. Mais j’voudrais pouvoir me rattraper si tu m’en laisse l’occasion. J’ai pas le droit de me permettre de t’en demander plus… »

Découvrir que finalement on avait une famille, ça pouvait réellement bouleversé une vie. Et en l’occurrence, je réalisais que c’était le cas de Reese. Aujourd’hui elle faisait ce pas vers moi. Pour comprendre. D’accord, j’allais surement trop vite à l’heure qu’il est mais, je tentais simplement de lui expliquer ma vision des choses. Que toute cette histoire prendrait du temps, j’en étais conscient. Tout ne se ferait pas en l’espace d’un claquement de doigts, je devais être patients et apprendre à me modérer et surtout à tenter de la comprendre.

« - J’dis pas ça pour te mettre la pression. » C’était sincère, je voulais qu’elle incorpore le fait que peu importe ce qui pourrait se passer dans sa vie, elle aurait toujours quelqu’un vers qui se tourner, même si on se connaissait mal ou qu’on s’engueulait régulièrement. « Je sais que c’est lourd à digérer. J’veux qu’étrangement – surtout nous concernant – tu saches que si jamais t’as besoin… Ma porte t’es ouverte Reese. J’te tournerais pas le dos. »

Avec Reese tout était analysé à la loupe. C’était comme si s’amuser, ça devait faire partie d’une liste et qu’il y avait un ordre bien précis à suivre. Pas que ça me dérange. Enfin si, ça me dérange. J’ai l’impression qu’elle s’en fait toute une montagne et qu’elle ne s’est jamais réellement amusé dans sa vie. Qui lui manque quelqu’un qui foutrait le bordel dans sa vie, juste pour la décoincée et lui rappeler que se détendre peut faire du bien. Ceci dit, je ne peux pas me permettre de lui dire, sans risquer qu’elle me tombe dessus avec l’un de ses regards massacrant et répliques foudroyante. J’attendrais et je lu apprendrais qu’on peut s’amuser avec peu de choses. Et nouer cette relation qui m’est si cher. Avoir une sœur.


« - Pour ma part, j’ai pas à me poser la question. Oui, je le fais sans hésitation. » Parce qu’étrangement, j’avais besoin de ma sœur. Même si Lynn l’a été, c’était différemment. Elle savait tout de moi, de mes pires défauts à ma faculté de prendre sa défense même si elle avait tort. Quant aux autres, c’était plus compliqué. « Jonas est enfant unique… il a de la famille du côté de sa mère. Essentiellement des cousins et cousines… savoir s’il saura t’aimer comme une sœur, je peux pas te l’assurer à 100 %, mais il tient à te connaitre, il me l’a dit… » Ses doutes étaient légitimes et je comprenais qu’elle se pose toutes ses questions. Elle voulait avoir les cartes en main pour prendre la bonne décision. Une décision raisonnable et sans doute écoutait elle trop souvent sa raison. Lui arrivait-il de suivre sans cœur, sans songer une seconde à ce qu’une telle décision pourrait lui apporter ? Je n’étais pas là pour foutre encore plus le bordel mais tenter de la convaincre que si cette découverte apportait un lot de problème, elle pouvait néanmoins nous rapprocher. Et pourquoi pas en sortir quelque chose de bénéfique.

Si l’ADN ne suffisait pas à confirmer notre lien de filiation, nos caractères pouvaient le faire. Nos réactions, ma fuite, solution à laquelle Reese avait également songé. Je crois que c’était gravé en nous. Tout comme elle, je sais que ça ne résout pas les problèmes mais je veux y croire. Je veux que cette situation nous apporte un plus et qu’on apprenne à se connaître. Sauf que je laisse échapper une remarque qu’elle ne tarde pas à relever. Un petit détail que je ne peux pas lui cacher indéfiniment. Devant son emportement, je resserre ma prise autour de Noaly qui sursaute alors qu’elle élève la voix. Elle est furieuse. En même temps, j’me doute qu’elle aurait p’t’être préféré apprendre que c’était Jonas qui avait un jumeau et pas moi. Ça lui aurait surement facilité l’existence. Enfin, c’est pas comme si j’avais réclamé au père Noël de rencontrer mon jumeau. D’ailleurs, elle changerait peut être d’optique le jour où elle croiserait le mystérieux et impassible jumeau. Les mâchoires contracté, je me contente de la regarder. Elle sait parfaitement que je ne mentirais pas. Je suis pas là pour ça. Elle voulait des explications et maintenant qu’on y arrive, c’est comme si elle m’en tenait responsable. Ah les femmes, j’vous jure ! Vous faites rien, elles vous engueulent ! Vous faites ce qu’elles vous demandent, elles vous hurlent dessus ! Wonderful n’est- ce pas ?!

Un coup foireux, voilà à quoi se résumait ma présence ici ? Elle pensait réellement que ça me plaisait de devoir faire ça ? NOM D’UN CHIEN ! Je prenais sur moi pour être honnête et ne rien mettre de côté. J’abordais tant bien que mal des sujets que j’évite depuis des mois, je tente de rétablir la vérité et nouer une relation stable avec elle, et il fallait qu’elle déverse sa colère sur moi, osant répliquer que je n’étais bon qu’à improviser des coups foireux. J’aurais pu réagir, m’emporter et hausser le ton à mon tour mais c’était pas comme ça qu’on règlerait la situation. Je le savais pertinemment. Reese était impulsive, jeune et fougueuse. Quelques années plus tôt, j’étais pareil mais depuis j’étais devenu papa et ça avait bouleversé ma vie d’une façon qu’elle ne peut pas imaginer.
Avec Reese, je ne sais pas grand-chose mais avec le temps, j’ai appris deux ou trois truc. Laisser passer l’orage. Gagner en sagesse et patience, c’est toujours bon à prendre. Je patientais alors qu’elle revenait du bar et s’emportait une nouvelle fois, me répliquant que vouloir faire partie de sa vie, ça n’était que des conneries. Encore un moment et elle reprendrait ses esprits. Du temps et de l’écoute viendrait surement au bout de sa crise et même si elle ne voulait pas me croire pour le moment, elle finirait bien par se rendre compte au fil du temps à venir que j’étais sincère dans ma requête et que je ne la laisserais pas tomber.

« - J’aurais pas mis le pied dans la fourmilière, on n’en serait pas là. J’ai une certaine responsabilité dans la situation actuelle… » Repris-je avant d’hésiter un instant avant de poser ma main sur son bras. « Reese… le nombre, c’est pas forcément le plus important mais les personnes que nous sommes. Fais un break, tu veux… donnes toi du temps pour y réfléchir. Savoir ce que tu veux faire, si t’accepte ou non de vouloir de nous dans ta vie. Okay c’est soudain et très perturbant mais t’as le droit de prendre le temps pour réfléchir à tout ça… enfin pas 20 ans non plus… » Finis-je sur une légère note d’humour. Elle n’était pas idiote et comprendrait ce que je voulais dire. J’étais de son côté et je la soutiendrais. Et d’ailleurs, si elle ne veut pas de moi dans sa vie, je serais déçu c’est vrai mais je tenterai au moins d’essayer de la comprendre.

Ces questions s’étaient naturelles qu’elle se les pose. Elle n’avait pas grandi entouré par une grande famille. Mes amis avaient pris cette place au fil des années. C’était surement pour ça que je savais de quoi je parlais. Même si ces derniers temps, ça s’avérait bien plus compliqué et que je me faisais absent depuis ma rupture avec Charly. Pourtant, je tentais de lui assurer qu’elle ne devait pas trop y penser et s’en inquiéter. Son petit sourire ma rassura. Si elle suivait son cœur, j’étais persuadé qu’elle ferait le bon choix. Elle était intelligente et dans le fond, je veux croire qu’une part me fera confiance. Car même si j’ai été un crétin par le passé, je tente aujourd’hui de faire ce qui aurait dû être fait bien des années auparavant.
Comment je pouvais en être aussi certain ? Je baissais une seconde les yeux sur Noaly et passais ma main dans ses boucles sombres, songeant alors au mauvais choix que j’avais fait par le passé.

« Quand j’ai fui, j’ai pensé bien faire. Quitter Charly, prendre la tangente… j’avais besoin de partir. J’ai écouté ma raison. Je pensais sérieusement que si Charly m’accompagnait, j’allais l’embarquer dans ma descente aux enfers… j’avais tort. » M’arrêtais-je un instant. « Charly m’aurait empêché de sombrer. Parce qu’on était ensemble, qu’on s’aimait… et parce qu’elle attendait ma fille. Sauf que j’ai pris la mauvaise décision parce que je voulais la protéger de moi, j’ai suivi ma raison au lieu de suivre mon cœur. Si je suis revenu, c’est pour elle… pour Noaly, pour toi… pour tenter de rattraper toutes les conneries que j’ai pu commettre. Parce que pendant deux ans, j’me suis acharné à me détruire… j’ai réalisé – pas tout seul j’te rassure – que cette force je pouvais l’utiliser pour construire et reconstruire ce qui aurait dû être. Parce que l’être humain n’est pas fait pour finir tout seul. »

Elle pouvait dire que j’étais un crétin. Je n’avais pas été à la hauteur avec Charly. La preuve en était encore aujourd’hui, puisqu’elle ne semblait pas intéressé à l’idée de se battre contre cette foutu maladie. Alors bien sûr, je ne jetterais pas à la pierre si Reese me disait que j’étais un con dénué de cœur. Je n’avais pas su gérer cet amas de souffrance à la mort de Lynn. Pourtant Reese enchaine les questions et j’avoue que son intérêt me touche. Même si elle songeait qu’elle ne serait pas à la hauteur, j’étais certain qu’elle avait tort. Je ne pus m’empêcher d’esquisser un lent sourire à ses mots.

« J’ai rencontré Jonas dans un bar… c’était le fruit du hasard à vrai dire. Il allait se faire démolir par un type parce qu’il avait rayé la peinture de sa voiture avec son vélo ! J’pouvais pas le laisser se faire taper dessus sans réagir… du coup, ça a fini en bagarre générale… on a été foutu à la porte du bar. C’est là que j’ai vu sa tache de naissance à la base de la nuque… j’ai la même. Ce détail m’a taraudé un moment et j’me suis penché sur l’idée qu’il était peut être probable qu’on ait d’autres frères et sœur… » Et j’avoue que ça m’a fait bizarre quand je l’ai vu débarquer au garage pour me demander des explications sur notre lien, sur notre père. Bien que là-dessus, la réponse était la même pour tout le monde, je n’étais jamais allé leur parler. « Jonas est musicien. Violoniste réputé d’après ce que j’ai compris. Une sorte de génie. Un Mozart du violon… Quand à Blake. C’est de loin celui de nous qui en a le plus bavé. Il a été adopté puis ses parents adoptifs sont morts dans un accident. Il a été ballotté en foyer d’accueil jusqu’à sa majorité. Il est plutôt du genre solitaire, mystérieux et distant… Il est guitariste. Visiblement, il a du talent et c’est son refuge… Notre rencontre pouvait pas plus mal se passer. J’l’ai rencontré dans un piano bar où il se produisait avec son groupe. Quand j’ai décidé d’aller lui parler… la première chose que j’ai vu, c’est son poing sur mon visage. Visiblement, il savait qui j’étais… depuis, j’t’avoue que je sais pas sur quel pied danser. Je crois qu’il a peur de savoir qu’on peut tenir à lui… Etrangement, Jonas m’a dit qu’il a réussi à lui parler… Ils sont tous les deux ici… Blake se produit au Catalyst et Jonas prépare sa tournée… »

C’était encore beaucoup d’informations. Enfin, je pense qu’elle les gérerait différemment. Après tout, elle venait de me poser les questions, c’était la preuve qu’elle attendait ses réponses non ? Néanmoins, ça ne voulait pas dire qu’elle était prête à les entendre.

Le sujet dériva lorsqu’elle fit glisser un chocolat jusqu’à Noaly et cette dernière ne perdit pas une seconde pour l’enfourner dans sa bouche. Une vraie morfale. Elle avait de qui tenir de ce côté. Avec Noaly, tout était presque simple. Elle s’exprimait de mieux en mieux et les réflexes devenaient systématiques. Je ne vis pas le sourire de Reese et pourtant, je sentais son regard sur nous. Noaly était simple à vivre. J’veux dire, être avec elle n’avait rien de compliqué, ni même n’était apparenté à une corvée. Sa présence m’aidait à aller mieux. Je l’observais s’approcher de Reese malgré le regard noir que la jeune femme m’avait adressé. Elle n’avait pas idée combien Noaly pouvait lui apporter émotionnellement. Je pris alors plaisir à les regarder toutes les deux. Et la tendresse qui s’émana de la jeune Dewitt était touchante, comme si c’était naturel pour elle.

« - De l’amour, de l’espoir… sans elle, on n’aurait pas cette conversation. » me pinçais-je les lèvres. Parce que je le savais, toute mon histoire avec Charly aurait viré différemment s’il n’y avait pas eu Noaly.

Sa remarque m’embarrassa. Bien sûr, je mentirais si je disais que mon égo n’appréciait pas. Mais je crois que c’était un tout. Il y avait le fait d’être père, de savoir que je perds Charly un peu plus tous les jours, que Lynn me manque au quotidien mais je crois aussi que ce sont ses épreuves qui m’ont obligé à changer.

« - Merci… » Murmurais-je après un léger silence. « Je sais pas si c’est elle… mais ça me touche sincèrement que tu penses que je ne presque plus le crétin que j’ai été. » finis-je avec un petit sourire. « Tu crois pouvoir envisager de me parler de ce que t’as fait après le lycée ? » Je ne voulais pas la presser. Elle avait déjà une monstrueuse quantité d’informations à gérer et je comprendrais qu’elle veuille qu’on en reste là mais puisqu’on était installé, pourquoi s’arrêter en si bon chemin.


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MessageSujet: Re: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptyMer 16 Mar - 0:05

Cette rencontre avec Noam n'arrangerait pas les choses, je le savais pertinemment. Elle ne retirerait en rien le mensonge de nos parents, ne réparerait pas le préjudice qu'ils avaient causé à leurs fils en les abandonnant et ça, je le savais pertinemment. En revanche, elle pouvait m'aider à comprendre certaines choses. C'était pour cette raison que j'étais d'ailleurs venue : pour avoir les réponses à certaines de mes questions et ainsi, peut-être pouvoir comprendre cette partie de mon passé qui m'avait été dissimulée et ce, depuis toujours. La vérité, c'était tout ce que je voulais aujourd'hui, tout ce que j'attendais de lui et ce, sans même savoir ce que lui, voulait de moi. Honnêtement, de par notre passé plutôt conflictuel, j'avais pensé qu'il ne m'avait tout révélé que pour bouleverser ma vie, que pour me rabaisser, comme il avait toujours su le faire, et se délecter de cette victoire. Selon Caleb, cependant, il y avait probablement autre chose... Peut-être au final que Jonas et lui attendaient effectivement des réponses de ma part, peut-être qu'ils attendaient effectivement que nous rattrapions le temps perdu, mais j'en doutais. Et puis, à vrai dire, les intentions de Noam étaient bien la dernière chose dont je me souciais. Si je l'avais contacté, ça n'avait été que parce qu'il m'avait confié être prêt à répondre à mes questions, ou à me parler, si j'en ressentais le besoin et ce, le jour même où il m'avait remis cette fameuse enveloppe. Je ne faisais franchement pas ça de gaité de coeur – l'idée même de devoir me rabaisser à lui demander quelque chose m'agaçait - et s'il pensait que je me faisais une joie de me retrouver en face de lui, que je ne culpabilisais pas déjà pour ce que mes parents avaient fait, il se trompait lourdement. Bien sûr, que je culpabilisais. Comment aurait-il pu en être autrement ? J'avais été la seule que les Dewitt avaient accepté de reconnaître comme leur fille, j'avais été la raison pour laquelle deux de mes frères n'avaient pas connu leur vraie famille, alors forcément, je ne pouvais qu'avoir ça sur la conscience. Je savais pourtant pertinemment que je n'étais pas totalement responsable de cette situation – et pour cause, puisque ça n'était pas moi qui avait décidé qu'il en soit ainsi – et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de comprendre que Noam puisse m'en vouloir, qu'il puisse me détester encore plus que ça n'était déjà le cas. En revanche, je n'étais certainement pas là pour l'entendre me faire des reproches. Non, j'étais là pour toute autre chose et si lui ne se sentait pas capable de me parler sans me reprocher directement la décision qu'avaient pris nos parents plus de vingt ans plus tôt alors, autant mettre un terme à cette mascarade.

« je te déteste pas Reese. » dit-il dans un soupir, après que je l'ai plus ou moins rappelé à l'ordre. « Rien ne t’oblige à me croire, j’en suis conscient. J’ai pas le droit de te reprocher d’avoir été élever par les Dewitt. C’est à eux que j’en veux… mais parfois, c’est plus simple de s’en prendre à quelqu’un qui leur est cher… ça ne plait pas d’être comme. Agir de la sorte, c’est bafouer ma résolution à vouloir faire que ça marche entre nous… »
« Si tu le dis », répondis-je alors, non sans dissimuler le scepticisme dans ma voix. Non, je ne le croyais pas. Je ne le croyais pas quand il disait ne pas me détester, et je ne le croyais pas, quand il disait vouloir que ça marche entre nous. Ou du moins... Je ne le croyais pas totalement. Une part de moi ne pouvait s'empêcher de penser qu'il n'agissait que pour me nuire et qu'il cherchait à tirer profit de cette situation.

Malgré tout, j'avais pris sur moi, et tenté de comprendre certaines choses, pas seulement au sujet de nos parents et de ce qu'ils avaient fait, mais aussi au sujet de Noam et de ce que cette vérité avait bouleversé dans sa vie. Oui, car bien que cela ne me concerne pas directement, j'étais persuadée qu'en savoir plus sur lui, et la façon dont il avait su gérer la nouvelle quand il l'avait apprise m'aiderait à savoir comment je pourrais moi-même réagir. Car, dans le fond, bien que je nie l'évidence, je savais pertinemment que Noam et moi avions beaucoup en commun, à commencer par nos caractères. Bien que nous soyons tous les deux incapable de le reconnaître, nous nous ressemblions et ce, sur bien des points et surtout le suivant : nous avions tous les deux tendance à réagir de manière impulsive. Notre relation passée en était d'ailleurs la preuve : s'il y avait eu tant d'étincelles entre nous, étant adolescents, ça n'avait été que parce que nous avions tous les deux un caractère bien trempé, une fierté mal placée, et un tempérament de feu. Je faisais peut-être erreur, mais j'étais cependant persuadée qu'il était la personne la plus apte à me comprendre et surtout à anticiper mes éventuelles réactions. C'était pour cette raison que, lorsqu'il avait accepté de me révéler comment il avait découvert la vérité et surtout, comment il y avait réagit, j'avais tenu à en savoir plus. C'est alors qu'il m'avait confié ne plus avoir su qui il était... Ce à quoi je lui avais demandé s'il le savait aujourd'hui. C'était un moyen détourné de savoir si le temps pourrait m'aider, moi aussi, à savoir qui j'étais. Parce que, comme lui, affronter la vérité aujourd'hui me faisait douter sur tout... Sur la fille que j'avais été, celle que je serai à l'avenir, mais aussi sur ce rôle de soeur auquel je n'avais pas été préparée et que je craignais de ne pas savoir endosser.

« Honnêtement, je suis pas sûr d’avoir la réponse à cette question… je sais que j’ai une fille et que je refuse qu’un jour elle puisse éprouver ce genre de souffrance. Je veux être un bon père… et un bon frère. Pour le reste, je ne sais pas trop. »

Ainsi, il n'en savait pas plus, même après plus de deux années écoulées... Le temps ne pouvait-il pas venir à bout de ces doutes ? Qu'est-ce qui pouvait donc mettre fin à toutes ces questions qui nous traversaient l'esprit, tous ces doutes qui nous habitaient, lorsqu'on repensait au passé, et qu'on imaginait l'avenir ? Le regardant quelques secondes, je réfléchis un instant, avant de lui répondre :

« C'est déjà un début. » Je pris mon cappuccino entre mes mains, avant d'en boire une nouvelle – et dernière – gorgée. « Au moins toi, tu sais où tu vas. », continuai-je tout en reposant ma tasse sur la table. « Ta fille, c'est ta chance d'avoir une famille aimante qui se montrera certainement plus honnête avec toi que l'ont été tes parents. » Par parents, j'entendais à la fois ses parents biologiques, et ses parents adoptifs.

En un sens, je l'enviais. Non, je n'enviais pas la place qu'il avait eue dans notre famille, mais j'enviais sa situation actuelle, de père de famille. Cette famille qu'il avait ne se constituait peut-être que de peu de membres, mais j'étais certaine qu'elle pourrait lui apporter beaucoup, et peut-être même plus que ce qu'auraient pu lui apporter les Dewitt ou les Tanner. Lui au moins, avait un objectif dans la vie. Il savait où il allait et mieux encore, il savait que quoi que l'avenir lui réserve, il aurait toujours quelqu'un pour le soutenir, quelqu'un sur qui compter. C'était ainsi que j'avais toujours considéré la famille, de manière générale, et surtout la mienne : comme un noyau de personnes unies, qui s'aimaient plus que tout, qui ne se cachaient rien et qui seraient toujours là les unes pour les autres. Je réalisais à présent que ma famille n'en était pas vraiment une, et que celle-ci, aujourd'hui, ne se résumait plus qu'à mon meilleur ami Caleb.

Il continua de me raconter son histoire et surtout, m'expliqua comment il avait réussi à remonter jusqu'à nos parents. A leur sujet, il me confia d'ailleurs qu'il n'avait jamais été les voir et qu'il n'avait aucune intention de le faire, ce que je trouvais plutôt surprenant. A vrai dire, j'avais du mal à le comprendre et ce, pour de nombreuses raisons. La première était que si j'avais été à sa place, j'aurais eu une réaction contraire à la sienne et la seconde étant qu'il me disait ne vouloir rien avoir à faire avec les Dewitt, et ne rien vouloir savoir d'eux alors qu'il était pourtant entré en contact avec moi. J'avais alors tenté de comprendre... S'il ne voulait rien savoir d'eux, ça voulait bien dire qu'il ne voulait rien savoir de moi, non ? Et cela voulait donc dire qu'il n'attendait rien de plus de moi que d'écouter cette vérité qu'il avait eu à me dire ?

« - Non. Je veux te connaître… » , me répondit-il en joignant ses mains sur la table qu'il fixa quelques instants, avant de continuer, « Quelques fois, j’aimerais aller les voir pour leur prouver que m’abandonner a gâché mon existence… et puis, y’a ce foutu détail qui m’obsède et m’empêche de le faire… J’ai passé toute ma vie ici. Dans un rayon inférieur de cinq kilomètres d’eux. J’me suis posé la question un bon million de fois. Ils savaient que j’étais à leur portée et pourtant, ils n’ont pas fait un seul geste vers moi… jamais… Souvent j’me dis que c’est la preuve évidente qu’ils n’ont aucun remord d’avoir fait ça. Qu’ils n’ont jamais voulu de moi et que c’est toujours le cas. Alors à quoi bon allez leur jeter ça à la figure, en sachant que je serais rejeté une fois de plus ? »

Je ne pouvais pas savoir ce qu'il ressentait, mes parents ne m'avaient pas abandonnée. Néanmoins, c'était peut-être pour cette raison que j'avais une vision différente de la sienne... Je ne pensais pas que le fait qu'il ait vécu si près de ses parents biologiques pendant toutes ces années et qu'ils n'aient pas fait le moindre geste à son égard soit pour autant la preuve qu'il n'aient pas regretté leur abandon. A vrai dire, je n'étais pas bien placée pour savoir ce qui avait motivé celui-ci, je ne savais pas ce qu'ils avaient ressenti à l'époque, mais les connaissant un minimum, je ne les imaginais pas capable de ne pas ressentir le moindre regret. Parallèlement, à défaut de l'avoir déjà ressentie une fois, je comprenais néanmoins cette crainte qu'avait Noam d'être rejeté une seconde fois. Hésitant quelques secondes, je me risquais alors à lui répondre :

« Je ne sais pas pourquoi ils t'ont abandonné... mais... Je ne pense pas que leur silence soit la preuve qu'ils n'aient pas éprouvé le moindre regret... Je ne sais pas s'il ont regretté leur geste mais... Leur silence peut avoir d'autres explications possibles : peut-être ne voulaient ils pas bouleverser ta vie, peut-être ne savaient-ils pas comment faire le premier pas...? »

Je ne cherchais pas à les défendre. Je ne cherchais pas non plus à faire de faux espoirs à Noam... J'essayais juste... de comprendre, encore une fois et ce, en tentant de me mettre à la place des deux partis. C'était assez ironique, de me voir tenter de calmer le jeu, de vouloir trouver des réponses à certaines questions et surtout de jouer en quelque sorte les médiatrices, quand on savait que je ne portais pas vraiment Noam dans mon coeur et que mes parents avaient perdu leur place dans celui-ci dès lors que tous leurs mensonges m'avaient été révélés. Et pourtant, malgré les sentiments négatifs qui m'habitaient à l'égard de ces trois personnes, je ne pouvais m'empêcher de vouloir les comprendre, et peut-être même les aider... C'était dans des moments comme ça que je réalisais que Caleb déteignait franchement sur moi : j'avais beau être une gentille fille, je n'étais d'ordinaire pas aussi candide que lui savait l'être. A présent, en revanche, je commençais à me demander si sa candeur et son optimisme n'avaient pas légèrement déteint sur moi.

Puisque nous en étions à parler de nos parents, je confiais à Noam ne plus savoir comment agir avec eux, ne plus être certaine de ce que je pouvais ou non leur dire, et surtout, être pertinemment consciente que si ma route venait à croiser la leur, que si je devais à nouveau me trouver face à eux pour leur parler, je ne pourrais m'empêcher de leur dire ce que j'avais sur le coeur et ce, sans prendre le moindre gant – quitte à me montrer blessante avec eux. A mes mots, un léger rictus se dessina sur le visage de Noam, qui me répondit :

« Parce que tu crois que si j’allais leur parler, j’risque pas d’agir en bulldozer ?... Ecoute, je sais pas ce que t’as à l’esprit. Si tu comptes aller leur parler ou quoi mais… si jamais tu te décides à le faire ou à l’envisager… je veux que tu saches que t’es pas obligé de le faire seule. Je serais là, si tu souhaites ma présence. »

Je secouai légèrement la tête.

« Non. J'veux pas les voir. » En réalité, je ne pouvais plus les voir. Parce que les laisser me regarder en face et me mentir de nouveau me serait insupportable. Alors, certes, le silence et la fuite n'étaient peut-être pas la meilleure solution, mais elle était cependant la seule que j'étais capable d'envisager aujourd'hui. « J'pourrais pas... J'saurais pas quoi leur dire et je serai incapable de les regarder en face. S'ils voulaient qu'on se parle, ils n'avaient qu'à me dire la vérité, au lieu de me mentir. »

Je me montrais peut-être trop catégorique. C'était ce qu'avait parfois tendance à me dire Caleb, quand il me voyait refuser leurs appels. En réalité, les fuir m'empêchait de souffrir. Et ça, personne ne pouvait me le reprocher. Néanmoins, j'appréciais, sincèrement, la proposition que m'avait faite Noam, même si je doutais qu'il m'ait vraiment accompagnée pour faire face aux Dewitt si je le lui avais demandé. Enfin. Ne disait-on pas que c'était l'intention qui compte ? Et la sienne était d'autant plus bonne qu'il m'avait dit, plus tôt, qu'il ne voulait pas les voir.

« Merci quand même... de ta proposition. » Je baissai un instant les yeux, avant de les relever, l'air quelque peu sceptique, « Bien que je ne la comprenne pas vraiment. Je croyais que tu ne voulais pas les voir ? »

Alors, pourquoi me proposer de m'accompagner ? Avait-il changé d'avis sur ses parents biologiques, ou voulait-il simplement se montrer rassurant ? Je devais avouer que je n'en savais absolument rien et que, cette fois encore, les intentions de Noam m'échappaient.

Sa fille arriva alors, nous interrompant un moment. Avec elle dans ses bras, Noam semblait être une personne tout à fait différente – plus sage, plus douce et plus aimante - ce qui n'était pas vraiment désagréable à voir, à vrai dire, bien au contraire. Nous reprîmes alors notre conversation, revenant sur cette époque où nous nous détestions et où il me menait la vie dure. Il avait été jusqu'à émettre l'hypothèse que ce soit notre lien fraternel qui l'avait amené à s'intéresser à moi de la sorte, ce qui me semblait tout à fait stupide. Agacée, je n'avais pas hésité à lui dire ce que j'avais sur le coeur, quitte à ce que ça lui déplaise. Il détourna justement le regard un instant, avant de me dire :

« Si j’avais le pouvoir de revenir en arrière, crois moi que je le ferais. » Il reposa son regard sur moi et cette fois, ce fut à moi de baisser les yeux. « Je te demanderais pas de pardonner le crétin que j’étais… parce que j’étais pire que ça. » Je secouai la tête en entendant ces mots. Pire ? Oui, il avait été pire qu'un crétin. Il avait été le plus parfait des abrutis. « Mais j’voudrais pouvoir me rattraper si tu m’en laisse l’occasion. J’ai pas le droit de me permettre de t’en demander plus… »

M'en demander plus... C'était quoi ? Me demander de lui pardonner ? Je n'étais pas certaine de pouvoir le faire, et il devait certainement le savoir, compte tenu de ce qu'il disait là... Le laisser se rattraper ? C'était peut-être à envisager. Mais ça n'effacerait pas ce qu'il m'avait fait vivre quand nous étions adolescents. Parce que, mine de rien, j'avais la rancune tenace. Mais ça, quelque chose me disait qu'il s'en doutait sûrement. Je poussai un léger soupir. Puis, inspirant profondément, je plantais mon regard dans celui de Noam, avant de lui dire :

« Ecoute... J'te demande pas de te rattraper, ni même de t'excuser. Ce qui est fait est fait... Tout ça, c'est de l'histoire ancienne... Même si j'ai parfois du mal à le reconnaître. »

Continuant sur notre lien fraternel que je me refusais toujours à accepter, j'avais tenté de faire comprendre à Noam que ça n'était pas parce que nous avions le même sang que j'étais sa soeur pour autant... Ce à quoi il avait tenté de m'expliquer ce qu'il attendait de moi : à savoir que je lui laisse l'occasion de me connaître, mais que j'en fasse de même pour sa fille également. A ses mots, j'avais même légèrement paniqué. Oui, il m'en demandait trop d'un coup. Avoir deux frères, ça faisait déjà beaucoup mais alors avoir une nièce en prime... C'était plus que ce que je pouvais supporter. Je lui avais alors expliqué, en tentant de ne pas me montrer froide, distante, ou que sais-je encore, que je n'étais pas certaine de pouvoir les laisser entrer dans ma vie – pas tant que je n'aurais pas réussi à remettre un peu d'ordre dans celle-ci.

« J’dis pas ça pour te mettre la pression. Je sais que c’est lourd à digérer. J’veux qu’étrangement – surtout nous concernant – tu saches que si jamais t’as besoin… Ma porte t’es ouverte Reese. J’te tournerais pas le dos. »

Je restai un moment muette, incapable de savoir quoi lui répondre. J'étais censée répondre quoi à ça, d'ailleurs ? « Merci » ? Je n'en savais strictement rien. Et étrangement je me sentis comme gênée de l'entendre me dire ça et de le voir se montrer si... sympa.

« Je t'en demande pas tant... mais... merci quand même. Vraiment. »

Je n'étais pas pour autant certaine de pouvoir me tourner vers lui si un jour, je venais à avoir besoin d'aide. Non pas que je ne lui fasse pas confiance – quoi que –; mais depuis que j'étais enfant, j'étais habituée à être seule et à me débrouiller par moi-même. Oui, cette notion de fraternité était toute nouvelle pour moi et c'était d'ailleurs en partie pour cette raison que je me posais tant de questions, au sujet de cette nouvelle famille et surtout au sujet de la façon dont nous devions nous comporter. Tout cela m'était tellement inconnu que je n'avais pas la moindre idée de la façon dont se devait d'agir une soeur. Et en réalité, j'avais peur de ne pas être à la hauteur de ce rôle, et de ne pas savoir comment l'assumer. Lui, au moins, n'avait aucune question à se poser. Il savait ce que c'était, que d'être le frère de quelqu'un, puisqu'il avait déjà joué ce rôle – à la perfection – avec Lynn. L'entendre de nouveau vouloir jouer les frères modèles, l'entendre me dire que lui et Jonas ne voulaient qu'une chose : m'aimer, comme une soeur, ne m'étonnait pas tellement, en un sens. Néanmoins, je trouvais cette réaction étrange. Ils ne me connaissaient pas, ne savaient pas si l'on pourrait s'entendre... Comment pourraient-ils être prêts à cela ? C'était ce que je lui avais demandé.

« Pour ma part, j’ai pas à me poser la question. Oui, je le fais sans hésitation. » Je baissai un instant les yeux, gênée.

Oui, j'étais gênée, gênée de ne pas être capable de lui retourner ses mots, de me l'entendre dire et d'être pourtant incapable de penser ou dire la même chose. Cela faisait-il de moi quelqu'un sans coeur ? Il ne me semblait pas l'être. Je savais me montrer ouverte, je savais aimer les autres... Alors pourquoi n'étais-je pas capable d'en faire autant avec mes 'frères' ? Il reprit alors la parole, ce qui me fit redresser la tête dans sa direction.

« Jonas est enfant unique… il a de la famille du côté de sa mère. Essentiellement des cousins et cousines… savoir s’il saura t’aimer comme une sœur, je peux pas te l’assurer à 100 %, mais il tient à te connaitre, il me l’a dit… »

Je pris un instant de réflexion, avant de répondre :

« Ca me gêne, que tu sois si sûr de toi. T'as beau dire que tu veux pas me mettre la pression... C'est pas le sentiment que tu me donnes » Ca n'était pas ce que j'avais voulu lui dire... ou du moins... Pas comme ça. Je soupirai, agacée de ne pas trouver exactement les mots qui convenaient. « Je sais que c'est pas ton intention... Je sais aussi que ça part d'une bonne intention... Mais... »

Je m'arrêtai de nouveau, baissant les yeux quelques secondes, incapable de lui avouer la suite. La vérité, c'était que j'avais peur. J'avais peur de ne pas pouvoir apporter à ces frères ce qu'ils attendaient de moi, et que cela les blesse. J'avais peur qu'ils me pensent comme mes parents, incapable de leur faire une place dans ma vie. Et à vrai dire, j'avais peur d'être comme eux.

« J'veux pas être comme eux... Comme nos parents, j'veux dire. J'veux pas vous évincer de ma vie. Même si j'sais pas trop comment agir avec vous parce que j'ai du mal à vous considérer autrement que des inconnus, j'tiens cependant pas à reproduire ce qu'ils ont fait. Et puis, je pense que maintenant que la vérité est dévoilée, j'en ai pas vraiment le droit. »

Tout ça pour quoi ? Tout ça pour dire que, si j'avais beau vouloir laisser certaines distances entre nous, je n'en avais pas moins envie de leur laisser une place – aussi infime soit-elle – dans ma vie. Rien ne nous obligeait à agir comme des vrais frères et soeur, après tout... Peut-être que si le courant ne passait pas, nous pourrions seulement... Garder contact, se saluer quand nous nous croiserions dans la rue, ou que sais-je encore... Une chose était certaine, nous ne pourrions pas nous ignorer : pas si ça n'était pas ce qu'ils voulaient. Ca aurait été donner raison à nos parents et pardonner, en un sens, toutes ces années de mensonge. Et ça, c'était hors de question.

Alors justement que les choses commençaient à s'arranger entre nous, alors que nous commencions enfin à nous confier l'un à l'autre, alors que nous parvenions presque à nous comprendre, il fallu que Noam laisse échapper un détail qu'il avait oublié de mentionner plus tôt, un détail d'une importance capitale : il avait un frère jumeau, Blake. Ce qui me faisait donc... Un troisième frère. Il va sans dire que ma réaction fut des plus mauvaises : je n'étais pas énervée contre lui, j'étais folle de rage. Pire encore, j'étais persuadée d'avoir été dupée, d'avoir été tournée en ridicule, et je détestais ça. Furieuse, je lui avais hurlé dessus, avant de quitter la table, pour reprendre mes esprits. Il m'avait fallu quelques minutes pour me calmer et, lorsque je regagnai notre table, je n'avais cependant pas hésité une seule seconde avant de lui dire ce que je pensais.

« J’aurais pas mis le pied dans la fourmilière, on n’en serait pas là. J’ai une certaine responsabilité dans la situation actuelle… » dit-il, avant de poser sa main sur mon bras. Je me tendis malgré moi, posant sur lui un regard un peu plus sévère, peut-être, que ce que j'aurais voulu. « Reese… le nombre, c’est pas forcément le plus important mais les personnes que nous sommes. Fais un break, tu veux… donnes toi du temps pour y réfléchir. Savoir ce que tu veux faire, si t’accepte ou non de vouloir de nous dans ta vie. Okay c’est soudain et très perturbant mais t’as le droit de prendre le temps pour réfléchir à tout ça… enfin pas 20 ans non plus… »

Faire un break. Ca avait l'air tellement facile, dit comme ça. En réalité, il serait tellement plus difficile de prendre du recul par rapport à toute cette histoire. Non, en fait, ça me serait même carrément impossible.

« Pour toi c'est facile, de dire que le nombre, c'est pas le plus important... Toi tu t'en fous, t'es prêt à aimer tout le monde, et si ça tenait qu'à toi, on serait déjà tous ensemble, bras dessus, bras dessous, à se raconter des anecdotes nous concernant. » Il ne comprenait pas, non, parce qu'il n'était pas fils unique, pour lui, avoir un frère ou deux, ça ne changeait pas grand chose... Pour moi, avoir trois frères en plus, ça changeait beaucoup de choses. « Fais pas comme s'il m'était possible de prendre une décision... Tu sais très bien que c'est impossible. Faudrait... être cruelle ou... sans coeur, pour vous repousser. Et j'ai beau être complètement paumée... j'suis pas insensible et je sais ce que je veux et ce que je ne veux pas. La dernière chose que je veux, c'est bien de faire la même erreur que celle que nos parents ont faite vingt ans plus tôt. »

Je lui adressai un léger sourire, qui ressemblait plus à une grimace, cependant, avant de lui proposer :

« Ce que je veux c'est juste... prendre mon temps. On pourrait déjà commencer par se rencontrer et pour la suite... on verra. »

Notre conversation avait continué et, Noam m'avait expliqué ce qu'il attendait de moi, en tant que soeur : des choses qui pouvaient sembler insignifiantes, dites comme ça et qui pourtant, me semblaient presque insurmontables. J'étais certaine de ne jamais pouvoir être à la hauteur et lui, était persuadé du contraire : pourquoi ? Qu'en savait-il ? Lui, possédait le gêne du frère parfait, il pouvait bien parler ! Moi... je n'avais peut-être pas ça dans le sang. J'avais été tellement habituée à être seule, à agir seule, que j'avais peur de ne pas pouvoir accorder plus à ces frères qu'un peu de temps, et qu'au final, aucun lien ne se tisse réellement. A ma question, il baissa un instant les yeux sur sa fille, et passa une main affectueuse dans ses cheveux avant de me parler de son expérience, et des mauvais choix qu'il avait fait, en suivant sa raison, au lieu d'écouter son coeur. Il me parla aussi des raisons qui l'avaient poussé à revenir, de cette envie qu'il avait eu, de rattraper ses erreurs, puisqu'il avait réalisé, au cours de ces deux années, que l'être humain n'était pas fait pour finir seul. Il avait raison. L'être humain n'était pas fait pour finir seul. C'était bien pour cette raison que les gens tombaient amoureux, et fondaient des familles. Mais cela n'empêchait en rien le fait que certains étaient plus doués que d'autres pour nouer des relations.

« Parfois, la raison semble moins effrayante... » admis-je, avant d'ajouter, « Parfois, c'est plus rassurant, de savoir quoi faire, et quand le faire. On est persuadés de ne pas se tromper, de ne pas faire la moindre erreur, et de préserver ceux qu'on aime...» La décision qu'il avait prise, en voulant préserver Charly, je pouvais la comprendre... En un sens, oui, nous étions similaires sur bien des points, et sur pas mal de nos réactions. Et rien que pour cela, je ne pourrais pas lui jeter la pierre. « L'erreur est humaine. Ca nous arrive à tous, de nous tromper. »

Après une légère hésitation, j'avais osé en demander plus à Noam sur Jonas et Blake. Comment les avait-il rencontrés ? Que savaient-ils de notre passé en commun, tous les deux ? Tout autant de questions qui m'intriguaient, et que je ne pouvais garder pour moi plus longtemps. Je vis que mes questions firent sourire Noam, qui m'expliqua alors qu'il avait rencontré Jonas dans un bar, en le défendant lors d'une altercation avec des types. Ca avait été par hasard, en voyant la tache de naissance qu'ils avaient en commun, qu'il s'était interrogé sur leur lien, et qu'il avait finalement découvert qu'il était notre demi frère. Il me raconta qu'il était musicien, et qu'il jouait du violon – à merveille. A ses mots, j'esquissais un sourire. J'avais moi-même joué du violon pendant cinq ans, de mes 7 à mes 12 ans. J'avais été plutôt douée, mais je m'en étais lassée. C'était ainsi que j'avais commencé la danse classique. En ce qui concernait Blake, son histoire était beaucoup plus dramatique. Ses parents adoptifs avaient été tués dans un accident, ce après quoi il avait été ballotté en foyer jusqu'à ce qu'il soit majeur. Noam me confia qu'il était solitaire, mystérieux et distant... Son opposé le plus total, en somme. Lui aussi, était musicien : décidément, ça devait être de famille. Ils s'étaient rencontrés dans un piano bar où Blake avait joué avec son groupe. Avant même qu'ils n'aient eu le temps de se parler, Blake lui avait balancé son poing à la figure. Eh bien, quel accueil ! A quoi aurais-je droit, le jour où les présentations seraient faites ? Jonas, lui, avait réussi à lui parler... Ce qui voulait dire que les trois frères se connaissaient déjà tous, même si ça s'était plus ou moins bien passé entre eux. Ainsi, j'étais la seule à ne connaître encore personne – en dehors de Noam. Ce qui, en un sens, me rassurait. Oui, tant que ces deux frères supplémentaires restaient une notion abstraite, ça allait. Enfin, ça, c'était jusqu'à ce que Noam continue, pour m'annoncer qu'ils étaient tous les deux à Hope Mills, que Blake se produisait au Catalyst et que Jonas préparait sa tournée.

« Oh... », dis-je alors, sous la surprise, sur un ton qui se voulait tout, sauf enthousiaste.

Ils étaient ici. Ils étaient ici ! Bon sang ! Je secouai la tête, histoire de me remettre les idées au clair. Et si j'en avais déjà croisé un ? Bon, pour Blake, je ne pensais pas que ça soit le cas – quand bien même, je l'aurais pris pour Noam et lui aurais adressé un regard peu amène – et pour Jonas, les choses étaient différentes, puisque je n'avais pas la moindre idée de ce à quoi il ressemblait. Après un léger silence nécessaire pour digérer cette nouvelle information, j'osai lui demander :

« Ils savent, pour moi ? » Autrement dit : Pourrais-je encore vivre quelque temps, dans l'anonymat, sans que l'un d'eux me tombe dessus ?

Après un instant, je remarquai que la petite qu'il avait sur les genoux s'était faite bien silencieuse... Naturellement, je lui avais tendu l'un des pêchés mignons qu'avait glissé Caleb dans mon sac à main : un chocolat. Elle l'avait mangé sans plus attendre, et c'est à cet instant que Noam lui avait dit de me remercier, et d'aller me faire un bisou. Si mon regard s'était adouci, à la vision de la petite sur les genoux de son père, ses paroles eurent un effet immédiat : je le foudroyais du regard. Je pensais avoir été claire : je ne voulais pas qu'il laisse sa fille s'approcher de moi. Pas pour le moment, du moins, et ce, pour plusieurs raisons. La première était que je ne voulais tout simplement pas qu'elle s'attache à moi – et par conséquent, je voulais encore moins qu'elle m'appelle Tatie. Je ne voulais pas qu'elle se fasse de faux espoirs, or, les enfants, je le savais, avaient tendance à vite s'attacher. La seconde était que j'étais aussi douée avec des enfants de cet âge, que pour cuisiner. Regan me l'avait souvent dit, quand j'avais passé du temps avec elle et sa fille, j'avais tendance à trop laisser passer certaines choses et les enfants, s'ils s'amusaient bien souvent en ma compagnie, pouvaient cependant prendre de – très – mauvaises habitudes. Le coup du chocolat en était un exemple. Ajoutons à cela que j'étais toujours partante pour jouer avec eux aux jeux les plus débiles et que, par conséquent, ça ne faisait pas de moi quelqu'un de très responsable avec les enfants. Cela ne m'empêchait cependant pas de les aimer. Bien au contraire. J'avais bien souvent tendance à me laisser attendrir par leurs petits yeux de chiens battus, par leurs petits pleurs, et avec moi, le moindre caprice était cédé dans la seconde. Comme je le disais : j'étais la meilleure amie des enfants et la pire ennemie des parents. Noaly sur les genoux, je pris soin de la débarbouiller un instant (oui, car j'étais quand même responsable du chocolat qu'elle avait sur elle), avant de reporter mon attention sur Noam et de lui confier qu'il avait de la chance, de la voir, et que je n'imaginais pas tout ce qu'elle pouvait lui apporter.

« De l’amour, de l’espoir… sans elle, on n’aurait pas cette conversation. »

Oui, sans elle, le Noam qui était en face de moi n'existerait probablement pas, il avait raison.

« Ma meilleure amie, Regan, a une fille, elle aussi. Elle est plus vieille que Noaly mais... Je l'ai vue grandir et... quand je vois tout ce qu'elle apporte à sa mère, quand je vois le lien qu'elles peuvent avoir je me dis que... ça doit être bien, de connaître ça. »

Oui, avoir des enfants, ça faisait partie de mes projets. Mais avant d'avoir des enfants, encore fallait-il que je leur trouve un père ! A cette pensée, le prénom de Caleb me vint naturellement en tête, mais là encore, les choses étaient plus compliquées car encore faillait-il que lui et moi finissions ensemble, pour cela ; et bien que mes sentiments pour lui soient sincères, je doutais que notre couple se forme de si tôt. A moins, bien sûr, que l'un de nous deux ne prenne son courage à deux mains, et avoue à l'autre ses sentiments... Ce qui ne risquait certainement pas d'arriver, à mon plus grand désespoir. Reportant mon attention sur Noaly, j'aimais à me dire qu'un jour, j'aurais peut-être moi aussi des enfants. Des enfants qui, avec un peu de chance, ressembleraient à Caleb, et hériteraient de son bon caractère – mais pas de sa maladresse !-. Un instant perdue dans mes pensées, je reportai mon attention sur Noam, à qui j'avouais que sa fille l'avait changé, et que je pensais que c'était une bonne chose. Je ne disais pas cela pour lui rappeler – encore une fois – combien il avait été un crétin, non, mais pour lui faire un réel compliment et lui faire comprendre que j'appréciais l'homme qu'il était devenu. Après un silence, il me remercia, avant d'avouer qu'il ne savait pas si c'était elle qui l'avait changé, mais que ça le touchait néanmoins que j'ai une opinion différente, à son sujet.

« Les gens changent... Je suppose qu'il faut savoir le reconnaître, quand c'est le cas. »

Moi, je n'avais pas changé. Du moins, je ne pensais pas. J'étais toujours la même, à la différence que j'avais perdue cette confiance aveugle qui m'avait toujours habitée à l'égard de mes parents. Tandis que la main de sa fille jouait avec une de mes mèches de cheveux, Noam reprit la parole :

« Tu crois pouvoir envisager de me parler de ce que t’as fait après le lycée ? »

J'étais surprise par sa question. Cela devait probablement se voir à ma tête. Après un moment de silence, j'acquiesçai d'un signe de tête, et répondis :

« J'ai pas fait grand chose, à vrai dire... » Et pour cause, puisque le lycée ne remontait qu'à quatre ans auparavant, pour moi. « Après le lycée, je suis allée en fac de lettres... J'ai obtenu mon diplôme, et je me suis ensuite spécialisée dans l'édition. Pendant ma formation, je devais faire une année de stage dans une maison d'édition. J'ai postulé un peu partout, et j'ai eu pas mal de réponses positives mais... celle qui a retenu mon attention, fut celle qui venait d'une maison d'édition, à New-York. » J'esquissai un vague sourire à la mention de cette ville dans laquelle j'avais rencontrée Caleb et dans laquelle j'avais certainement vécu les plus beaux jours de ma vie. « Je suis partie l'année dernière... J'ai bossé en tant qu'assistante d'édition, tout en continuant mes cours à distance. J'étais payée une misère, mon boss était un véritable tyran qui ne savait rien faire d'autre que crier, mais... C'était génial. Vraiment. La plus belle année de toute ma vie, même si c'était difficile de joindre les deux bouts. » Je marquai une pause, avant de continuer, « Quand mon stage a touché à sa fin, je suis rentrée... Je continue mes études, et je prépare un rapport que je dois rendre, à la fin de l'année et qui validera mon diplôme. » Ce diplôme, j'espérais bien le décrocher, et haut la main. « Quand je l'aurais obtenu, je chercherai un travail dans une maison d'édition, bien que les places, en dehors des stagiaires, soient rares. L'idéal serait d'ouvrir ma propre maison d'édition, » c'était à vrai dire mon rêve « mais il faut de l'argent pour ça, et il faut s'entourer de personnes avec plus d'expérience alors... Ca sera certainement pour plus tard. »

C'était tout ce que j'espérais, du moins. J'adressai un sourire à moitié gêné à Noam, pour avoir parlé si longtemps de moi. D'un côté, il avait eu de la chance : en parlant de ma vie professionnelle, nous avions évité tous les détails de ma vie privée qui n'avait pas été si... ordonnée, jusque là. Hésitant un instant, je demandai alors :

« Et toi...? Tu es parti où, quand tu as quitté la ville ? »

Je venais de lui confier une partie de ma vie... Il pouvait bien en faire autant, non ? Bon, certes, il était celui de nous deux qui avait confié à l'autre le plus de 'secrets' sur sa vie personnelle mais... c'était aussi parce que la sienne avait été beaucoup plus mouvementée, au cours de ces dernières années. J'abordais le sujet non pas pour le gêner mais vraiment parce que je voulais en savoir plus. Moi qui refusais pourtant d'avoir le moindre lien avec Tanner, je mettais ça sur le compte d'une curiosité malsaine, à défaut de mettre ça sur le dos d'autre chose – comme un quelconque début d'affection que je nierai en bloc, quoi qu'on en dise.
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MessageSujet: Re: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptySam 19 Mar - 1:17



Je ne m’attends pas à ce qu’elle comprenne et assimile tout ce que je lui explique immédiatement. Entre nous, il y a un fossé qu’il nous faudra surement des années à combler. Seulement, je suis prêt à faire des efforts et à lui prouver que ça en vaut le coup. Malgré les années, mes découvertes et ce que j’ai pu lui faire endurer pendant des années, et le fait qu’elle soit celle que les Dewitt ont gardé, je ne la déteste pas. Ça peut sembler étrange. Une part de moi est révoltée mais est ce que je lui aurais souhaité d’avoir l’existence que Jonas, Blake et moi avons eu ? Aurais-je préféré être à sa place ? Peut-être mais en aucun cas, j’aurais souhaité la voir souffrir. Alors oui, c’était paradoxal, j’étais jaloux d’une certaine façon mais je ne lui en voulais pas tant que ça. Car au moins, elle n’a pas connu cette souffrance qui est capable de vous détruire et vous ensevelir sous cette douleur incommensurable. A ses mots, je sais qu’elle ne me croit pas. Et je crois qu’à sa place, je ne l’aurais pas cru. Peut-être dois-je juste me reposer sur le temps et songer que parfois, il est celui qui fait le plus de miracle dans la vie.

Me pencher sur cette période du passé ne m’est pas bénéfique. Quiconque connaissant ce que j’ai pu faire durant cette période, sait que c’est dangereux pour moi. J’ai l’air sûr de moi et résistant mais lorsque c’est votre cœur qui est touché, tout diffère. La carapace se volatilise, vous êtes nus et devez faire face à la plus atroce des souffrances. Je l’ai fait, non pas sans enfreindre un certain code de conduite. Aujourd’hui, je le paie. Je n’en suis pas spécialement fier. C’est une épreuve de plus à gérer. Sauf que même si j’ai changé, que je suis plus posé, je ne crois pas que ça soit le bon moment pour l’évoquer à Reese. Elle a déjà tant à encaisser. Et puis, je ne suis pas encore prêt à en parler à tout le monde. Le dire à Charly m’a déchiré et la preuve, elle a fini par me lourder. Surement parce que j’étais plus un problème qu’autre chose et que finalement, elle ne m’aime plus. Je déteste penser à tout ça mais je ne peux pas ignorer les questions de Reese. En me promettant d’être honnête avec elle, j’acceptais toutes les contraintes qui allaient avec. Je ne pourrais pas reculer éternellement. « Non. Je sais pas où j’vais… » Pour la simple et bonne raison que tout pourrait m’être retiré d’un seul coup. Un verre et Noaly ne fera plus partie de ma vie. Ma vie ne tient qu’à un fil, même si je tente de rester positif. Je dois garder en tête que je peux m’en sortir et que cette famille est justement ce qu’il me faut. « Je peux perdre Noaly en un claquement de doigts de Reese. J’ai pas le droit à l’erreur… pas une seule. » C’était ce qui était difficile à admettre, car tous les humains font des erreurs, c’est dans la nature. « Cette famille… Toi, Jonas, Noaly, moi… c’est tout c’que j’ai. J’ai pas le droit de foirer ça. » Tant qu’on n’a pas tout perdu ou qu’on soit sur le point de tout perdre, on n’imagine pas combien la vie peut être généreuse. Encore aujourd’hui, je semble aller plutôt lorsqu’on y réfléchit. J’ai un boulot qui me plait, des amis, un ex qui m’évite – mais ça j’en prends mon parti – une fille adorable, un demi-frère qui essaie tout comprendre, un jumeau qui ne veut surtout rien avoir à faire avec moi et une sœur qui ne sait pas comment assimiler cette bombe que j’ai dégoupillé dans sa vie. C’est clair que ma vie pourrait être mieux mais souvent j’me dis qu’à défaut d’avoir une vie parfaite, je suis honnête. Ainsi, je ne pense pas que quelqu’un voudrait avoir ma vie ou se trouver à ma place depuis que j’ai découvert cette vérité. Non. Absolument pas.

Tout lui raconter n’était pas une partie de plaisir mais je devais le faire. Savoir d’où l’on venait nous aide bien souvent à comprendre certains faits de notre existence. Oh je ne suis pas sûr de tout. Seulement, tout comme moi à l’époque, elle avait besoin de réponse. De comprendre. De recréer une certaine chronologie pour mieux comprendre comment, et ce qui avait pu motiver les Dewitt à m’abandonner. Pourtant, j’en arrive à lui dire, que je ne veux pas les voir. C’est le genre de sentiment dont il est difficile de faire abstraction. La peur de l’abandon lorsqu’elle se manifeste, est plus intense que jamais. Elle enchaine toute une série de craintes que jamais on n’imaginerait. Le doute s’immisce et ne disparait plus. Les questions vous obsèdent mais jamais vous ne pourrez avoir réellement confiance, car la peur de l’abandon et cette petite fois dans votre tête, transforme ce qui ressemblait à une vie à un enfer. Alors il n’imagine pas que Reese puisse comprendre et il ne le lui reprochera pas. L’un des rares qui pourrait comprendre, c’est Blake mais entre eux, il y a tout un monde. Un monde obscur, sombre, et plein de violence qui les sépare. Même s’il ne veut pas abandonner, il sait qu’avec lui le combat sera le plus difficile parce que c’est admettre devoir faire face à ses propres peurs.

« Bouleverser ma vie ? » répétais-je à sa réponse. « Dans le fond, j’suis persuadé qu’ils savent pourquoi j’me suis barré d’ici. Et c’qui m’fout en colère c’est que j’représente rien à leurs yeux. J’veux dire… il aurait pu m’arriver n’importe quoi. Ils n’auraient jamais levé le petit doigt… » Oui ça me mettait hors de moi. Peut-être penserait elle que j’me sens mal aimé ou dépressif mais c’est surtout que cette colère, je n’arrive pas à m’en séparer. Etre rejeté est une souffrance que je dois accepter au quotidien et je doute de pouvoir me contrôler si je me retrouvais face à eux. « C’est pas comme si ça datait de quelques mois Reese. Ils ont eu plus de 20 ans pour y réfléchir. J’leur aurais jamais demandé la Lune, c’est pas mon genre. Juste être honnête. Savoir qu’ils ont pensé à moi, un jour dans l’année. Qu’ils étaient peut être là à un de mes matches ou à la remise des diplômes… » C’était des petites choses. Qui ont marqué ma vie. Elles étaient importantes parce que si j’avais eu l’air si sur de moi durant toute mon existence, j’avais toujours éprouvé une sorte de manque que Lynn n’avait pas pu combler. Même si les Tanner avaient été mes parents, j’étais loin de m’entendre bien avec eux. Les conflits étaient plus présents qu’on avait pu l’imaginer. Au cours de ses deux dernières années, j’avais compris pourquoi même si je ne l’acceptais pas pour autant. Cette discussion me rendait vulnérable, j’avais une sainte horreur de ça. Elle devait même me trouver pathétique. Je détournais les yeux, je ne voulais pas qu’elle songe que j’étais le genre de type qui était surement trop fébrile ou sentimentale. Bien sur, y penser me faisait toujours mal parce que ma vie avait été bâtie sur un mensonge et que toute ma bonne volonté ne changera pas grand-chose. J’aurais peut-être des réponses mais je devrais quand même vivre avec cette plaie béante dans le cœur.

Le passé et le présent se mêlait. Même si je leur en voulais de m’avoir rejeté, Reese n’était pas obligé de couper les ponts avec eux. Enfin, je comprenais mieux que personne sa réaction. C’est exactement ce que je faisais avec les Tanner. Plus de deux ans que je ne leur ai plus adressé la parole. Rien que me retrouver sur le même trottoir m’est insupportable. Alors oui, je comprenais mieux que personne cette trahison et cette réaction. Mais elle plus que personne pourrait le regretter un jour. Car ils étaient ses parents. Malgré ce qui avait pu se dérouler, je n’envisageais pas l’idée qu’elle puisse souffrir à cause de mes révélations ou encore parce que ses parents avaient fait. Bien que je lui ai dit que je ne voulais pas les voir et leur parler, le pire pour moi, ça serait de la voir souffrir cette fois ci. Car nous n’avions peut-être pas le même avis mais ils restaient ses parents. Quoi qu’il advienne.

En la voyant baisser les yeux, je sais au fond de moi que dans son esprit tout est confus mais qu’elle finira par me rappeler que j’ai dit que je ne voulais pas les voir. Je fixais une seconde le mur derrière elle. Une vieille photo de Charly et sa mère, elle devait pas avoir plus de 3 ou 4 ans. Un très léger sourire nostalgique traversa mon visage et je reposais mes yeux sur Reese. « Ce que je pense n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est d’être honnête et puis… j’ai pas envie de te voir souffrir et traverser tout ça seule, comme ça a été mon cas… quoi qu’il advienne, ils seront toujours tes parents… » ça me coûtait de lui dire ça. C’était déjà reconnaître que je tiens à elle. Que je suis prêt à faire des efforts pour elle, pour construire cette relation avec elle. « J’vais pas te tourner le dos au premier obstacle… Et si tu veux que j’t’accompagne, je le ferais. J’suis ton frère, pas ton ennemi. » Dire ça pouvait être étrange, sauf qu’il le pensait et que c’était ce que devait faire un frère. Agir de manière rassurante et responsable. Uni ensemble, je savais qu’on pouvait arriver à s’entendre. Ça n’était qu’une question de temps et de persévérance. Car il était évident qu’on avait plus en commun que ce qu’on voulait l’admettre.

Noaly entre les bras, c’était comme essayer de contenir un animal qui veut courir partout. C’était loin d’être aussi simple. Du moins, c’était toujours ce que disaient les autres. Charly, Joyce et le reste de la bande. Quant à moi, je ne peux pas affirmer la même chose. Est-ce que Noaly se sent bien dans mes bras parce qu’elle y puise de la sérénité et un calme inimaginable ? Je ne sais pas mais, il faut reconnaitre que dans mes bras, Noaly fait toujours preuve d’un calme plutôt étrange. Comme si c’était un endroit rassurant et qu’elle pouvait s’y reposer sans inquiétude. Alors qu’il est bien connu qu’elle a pour habitude de courir un peu partout dans le Bones ou l’endroit où elle se trouve, dès qu’elle a les yeux ouverts. Avoir Noaly dans mes bras me faisait toujours un bien fou. Je me recentrais et pouvais lui apporter tout cet amour dont j’ai toujours eu l’impression d’avoir manqué. Je lui offrais tout ce qu’un père se devait de faire pour son bébé. Je sentais le regard appuyé de Reese et même si ça m’aurait mis mal à l’aise en temps normal, la présence de Noaly changeait tout pour moi.
Reese et son impulsivité n’ont guère changé et elle a raison. Je lui accorde que j’avais été plus d’un crétin. Revenir en arrière, je l’aurais fait si j’avais pu. Pour elle, pour Lynn, pour Charly. Parce que ça n’aurait jamais dû se passer comme ça. Aurais-je alors découvert la vérité sur nos parents ? Je pense que la révélation aurait juste eu lieu différemment. Mais elle aurait été là. Ceci dit, je n’aurais peut-être pas fui. Ce qui signifiait que nos vies ne seraient pas ce qu’elles sont aujourd’hui. Sa réponse me fait doucement sourire. Je ne me moquais pas d’elle. Loin de là.

« Je sais c’que c’est… j’me suis même demandé si y’avait pas quelqu’un derrière pour te pousser à accepter ce rendez-vous. Qu’on le veuille ou non, on a certains traits de caractères en communs… même ceux dont j’essaye de me débarrasser… » Rajoutais-je avec une grimace. « Mais mon impulsivité m’a plutôt mené à faire pas mal de bourdes… » Savait-elle que j’avais déjà quelques séjours en cellule ? Que plus d’une fois, je m’en étais sortis grâce à une entourloupe de quelques personnes qui avait découvert le type bon mais brisé que j’étais. Enfin peu de personnes le savaient puisque ça remontait à cette épopée durant laquelle j’écumais les bars dans la région.

Un lien fraternel ne se construit pas aussi aisément lorsqu’on ignore l’existence d’un frère ou d’une sœur. Ou comme entre nous en ayant été séparés. Je comprenais ses réticences et je n’irais pas à son encontre. Le temps d’assimilation, le désir de vouloir faire partie d’une famille, peut-être ne le souhaitait elle pas. Néanmoins, je tenais à ce qu’elle sache que malgré tout ce qui a pu se passer entre nous, je serais là pour elle. A défaut de l’avoir pu être celui que j’aurais dû, durant les 25 premières années de ma vie, je comptais bien à ce qu’elle sache que dorénavant, elle faisait partie de l’équation. Que je serais là pour elle. Visiblement mes propos la trouble. En même temps qui ne le serait pas ? Surtout si l’on y réfléchit. Cette guerre qui nous avions pour habitude de nous faire par le passé, cette situation menait à se poser encore plus de question.

« - Et je sais que t’osera surement pas venir frapper à ma porte, si t’as besoin… mais sache que j’suis sincère. J’suis là et j’partirais pas. » Esquisse-t-il ce petit sourire en coin avant de rajouter avec ce petit rire dans la voix : « En fait j’suis désolé… mais t’es pas prête de te débarrasser de moi. T’as pas oublié que j’suis plus collant qu’un chewing-gum ! »

La question se posait bien sûr. Et si l’on était incapable de s’entendre tous autant qu’on était ? Rien n’était moins sur et évidemment ça pouvait mener ces relations exactement à ce qu’avait pu être la nôtre dans le passé, voire pire. Pourtant, après tout ce qu’on avait essuyé je n’y croyais pas. D’une façon ou d’une autre on arriverait à s’entendre. Parce qu’être seul n’est pas bon pour nous. Je l’ai vécu, Reese aussi bien que ce fut différent. Mais dans l’ensemble, on éprouve tous un besoin d’être entouré. Alors qu’elle puisse douter de parvenir à se lier à nous ou même simplement à moi, je pouvais l’admettre. Mais je lui prouverais qu’avec le temps, elle pourrait même se surprendre à prendre du bon temps en ma compagnie ou dans celle des autres. C’était juste un pas à franchir et le reste coulerait de source. Tant qu’on serait honnête les uns envers les autres.

Noaly toujours entre mes bras, je la sens commencer à gigoter. Machinalement, je sors mes clefs de ma poche et elle ne tarde pas à s’en emparer tandis que j’écoute Reese qui me fait part de son ressenti. Mon assurance la dérange, ou plutôt le fait que je suis persuadé qu’on puisse véritablement créer un lien tous ensemble. Visiblement cette situation l’embarrasse et elle semble éprouver des difficultés à s’exprimer sur le sujet. Mais finalement, je vois où elle veut en venir. La peur sourde de réitérer les erreurs de nos parents. Et ça, j’étais apte à le comprendre mieux que quiconque. Et dans le fond, je crois qu’elle a conscience qu’elle agirait différemment d’eux. J’en suis persuadé.

« - Dis-moi c’que t’as à perdre maintenant ? » me lançais-je en glissant mon regard dans le sien. « J’suis loin d’être aussi sur de moi que tu l’imagines. Je flippe rien qu’à l’idée que l’un d’entre nous se barre d’ici avant même qu’on ait pu réussir à construire quelque chose… » J’avais peur de tout perdre. De les perdre. Parce que j’étais lié à eux même si eux ne l’éprouvait pas encore. J’étais celui qui avait osé tout dévoiler, celui qui avait fait l’effort de nous réunir. Alors non, j’étais loin de détenir de l’assurance mais je tentais de garder le cap, pour nous tous. De leur apporter cet espoir, cette unité et cette affection dont nous avons été privés. « Tu seras pas comme eux et j’vais te dire pourquoi. Ça va t’obséder, limite à te rendre folle. L’idée d’être capable de nous évincer ça va te poursuivre, parce que ce qu’ils ont fait te révolte. D’une certaine façon, tu veux nous rendre ce qu’on aurait dû avoir… Parce que t’es quelqu’un de bon et d’intègre Reese. Tu détestes les injustices, l’hypocrisie et la malhonnêteté. Alors même si c’est qu’une toute petite place et que les premiers temps seront bizarres et difficile… tu le feras. Même si au début, tu penseras que c’est parce que tu nous le doit… mais après, il est pas impossible que tu te mettes à apprécier notre compagnie… et puis t’es rôdé avec moi, t’as été à bonne école. J’suis surement le plus emmerdeur de nous tous. Je doute pas une seconde qu’on finira tous par y arriver… » finis-je en penchant la tête sur le côté, ce sourire en coin sur les lèvres. Je voulais pas la voir abandonner. Je comprenais ses réticences et ses craintes. Le simple fait qu’elle m’en parle était déjà révélateur. Preuve qu’elle voulait de nous mais ne savait pas forcément comment s’y prendre.

Dans l’histoire, j’avais omis de lui parler de Blake. A vrai dire, moi-même je ne m’étais pas attendu à découvrir que j’avais un jumeau. Encore plus un jumeau qui ne veut rien entendre. Encore plus bouché que Reese et moi réuni, si ça peut exister. Pourtant au fond de moi, je sais qu’il n’est pas si différent de moi. C’est juste qu’il a souffert et souffre encore mais je reste persuadé qu’un jour, on arrivera à se sociabiliser tous les deux. Seulement, Reese est furieuse de mon omission. Quand je pense qu’elle n’a pas encore rencontré Blake, j’ai comme l’impression que ça pourrait vraiment tourner vinaigre entre eux. Surtout que Blake n’est pas du genre à se contrôler. Il dit ce qu’il pense et c’est bien souvent pour ça qu’il est redoutable. Aussi bien par son regard sombre que par ses poings. Revenant vers moi, je l’écoute attentivement. Elle se fait toute une montagne d’une chose qui se fera toute seule. C’est simplement beaucoup d’infos à assimiler mais cette nouvelle situation, elle s’y fera naturellement. J’en suis persuadé. Elle prenait sur elle et je me doutais qu’elle se débattait intérieurement pour ne pas fuir. Car c’était humain et le genre de réaction que j’aurais pu avoir. Sa grimace-sourire eut au moins le don de faire rire Noaly qui venait juste de lever une nouvelle fois les yeux vers elle.

« - Tu croyais que j’te demandais quoi ? Qu’on fasse une grosse fête pour célébrer nos retrouvailles ? » Haussais-je un sourcil. « Ce genre de chose ça prend du temps et j’irais pas à ton encontre. Tu crois que j’l’ai vécu facilement lorsque j’ai découvert que tu étais ma sœur ? J’ai même planté ma voiture… avant de passer plus d’une semaine à la réparer… » Ma pauvre chérie avait vraiment vécu de sale moment lorsque j’avais découvert tout ce qui me ramenait à ses frères et sœurs dont j’avais ignoré l’existence. Alors forcément, c’était logique qu’elle ait besoin de temps. Se rencontrer de temps en temps, c’était déjà un bon début et je ne pus m’empêcher de lui adresser un vrai sourire rassurant. « ça serait un très bon début… j’en demande pas plus, Reese. Se rencontrer pour tenter de partir sur de bonnes bases. C’est correct je crois. »

Aborder mon départ, ce que j’avais fait, pourquoi je l’avais fait. Ça m’était vraiment pénible. Je pensais qu’avec ces derniers mois, j’étais parvenu à tirer un trait dessus et finalement à tourner la page. La vérité, c’était que non. Je commence à croire que je me reprocherais toujours ce qui s’est passé. Ce que j’ai fais. Je ne serais jamais le type que Charly voulait. Je ne suis même plus rien pour elle aujourd’hui. Suffit de voir à quel point on est incapable de poursuivre une conversation ensemble. On parle de la pluie et du beau temps ou de Noaly. Comme si tous les autres sujets devenaient tabous. Alors qu’avant d’être un couple, on avait su être amis et complices, même si s’engueuler avec elle me plaisait. C’était m’assurer que quelque part, elle avait toujours un œil sur moi et moi sur elle. Sans entrer dans les détails, je lui explique la raison qui m’a poussé à fuir et à quitter Charly. Sa réponse m’aurait fait sourire, si je ne souffrais pas encore de cette rupture avec Charly. Je pense même qu’il ne pourra jamais en être différemment. Je l’aimerais jusqu’à la fin de mes jours, peu importe ce que la vie me réservera. Je la considère comme mon âme sœur et ce, même si elle semble penser et éprouver différemment les choses. « C’est humain… » Répétais-je pour moi-même. « Mais certains ne pourront jamais passer l’éponge malgré les efforts de l’autre. » Et je le pensais en ce qui concernait ma relation avec Charly. Elle ne me pardonnerait pas. Notre relation était bien trop compliquée. On ne parvenait plus réellement à communiquer et c’était difficile pour moi. Je voudrai l’entendre me hurler dessus ou me confier ce qu’elle a sur le cœur. Qu’elle se lâche enfin mais c’était comme si elle ne pouvait pas. Qu’elle était bloquée ou qu’elle éprouvait une crainte à mon égard. Quelle crainte ? Celle que je replonge ? L’idée était plausible mais après tous ses mois, ne pouvait-elle pas envisager de me faire un minimum confiance ? Après tout, j’avais plutôt une conduite normale, même si elle était loin d’être exemplaire.

Parler de Jonas était plutôt simple. Avec lui, je m’entendais plutôt bien. J’avais tenté d’être là pour l’aider à comprendre, répondre à ses questions comme je le faisais pour Reese. Quant à Blake c’était évidemment beaucoup plus complexe. C’était une tête de lard, qui ne semblait pas décider à entendre raison ou même à écouter. Sauf que j’avais pas encore dit mon dernier mot quand à cette idée de le voir accepter mes révélations. Tant d’informations ne devaient pas être évident à gérer pour Reese et dans le fond, je crois bien qu’elle flippe à mort à l’idée de se retrouver un jour face à eux. Les rencontrer séparément est surement la meilleure option. Quand à Blake, je sais même pas comment ça pourra être envisageable un jour. J’eu presque enfin de rire de sa réaction mais assez vite, elle me demande s’ils sont au courant pour elle.

« - Jonas oui. Enfin, j’te cache pas, que j’suis resté très vague. Je savais pas si tu voudrais qu’on se rencontre. Il sait le strict minimum. Qu’on pouvait pas s’encadrer au lycée et que t’as été élevé par tes… enfin nos parents… » Le reste, ça n’était pas à moi de le révéler, c’était sa vie et elle seule déciderait s’ils devaient un jour savoir. « Quant à Blake j’t’avoue que c’est presque impossible d’avoir une conversation avec lui. Il a un dossier où sont résumé le minimum sur nous tous… même si ça me fait mal de voir qu’il refuse net l’idée d’avoir une famille. Je crois que c’est juste parce qu’il a peur… »

Parler avec Reese s’avérait finalement plus simple maintenant que certaines barrières étaient tombées. D’ailleurs on ne tarde pas à parler de Noaly qui, après avoir engouffré le chocolat que Reese lui tendait, je lui avais dit d’aller lui faire un bisou. Je ne m’y prenais peut être pas toujours comme il le fallait mais je tentais d’inculquer les bases à Noaly. D’être un bon père et de faire ce qui est bon pour elle. Je n’étais pas à l’abri de faire des tas d’erreurs. D’ailleurs, je n’eus cure du regard noir de Reese car dans le fond, je sais que Reese adorera Noaly. Cette sœur que je connais mal, je sais qu’elle a un cœur. Oh elle n’est pas hyper démonstrative, surtout avec les enfants, mais j’suis persuadé qu’un jour, ces deux s’entendront à merveilles. Car j’aimerais que Noaly ait quelqu’un de sa famille de sang, dont elle soit proche. A qui elle pourrait se confier. Voir ma fille sur ses genoux, c’est une vision que j’aurais certainement jamais imaginer. La voir la débarbouiller avait ce petit quelque chose d’attendrissant. Noaly était mon rayon de soleil et honnêtement personne n’imaginait combien elle pouvait m’apporter au quotidien. Sans elle, je savais que j’aurais sombré et qu’aujourd’hui la vie de Reese n’aurait surement pas été bouleversée.
Je ne peux m’empêcher mon sourire de s’élargir à la mention de Regan. Oh oui. Il ne peut pas dire qu’il ne connait pas Regan. Combien de conversation ont-ils partagé à l’hôpital lors de l’hospitalisation de Noaly ? Combien de fois lui a-t-il demandé demander cinq minutes de plus pour être avec Noaly et Charly ? Tout ça, non pas parce qu’il avait peur de se faire charcuter pour donner un bout de sa vie à sa fille, mais parce que pour la première fois tout semblait être sur le point de s’arranger avec Charly. Il retrouvait enfin son âme sœur et il voulait profiter plus longtemps de ce moment.

« Infirmière et mère célibataire, c’est loin d’être de tout repos. Regan a toujours ses étoiles dans les yeux lorsqu’elle parle d’Heaven… elle a été formidable avec Noaly quand… » Me pinçais-je la lèvre. « C’était loin d’être gagné mais aujourd’hui, elle est sortie d’affaire et c’est le principal. » Je n’étais pas sûr d’être prêt à lui parler de ça. De cette affreuse nuit d’attente. Du moment où j’me suis retrouver à l’hôpital avec Charly pour qu’on nous annonce que Noaly était en danger et que les parents adoptifs étaient décédés dans l’accident. La suite n’avait été qu’un concours de circonstance en notre faveur et heureusement, car à cette heure je savais une chose avec certitude, si je n’avais pas pu sauver Noaly, jamais plus elle ne m’adresserait la parole.

Le fait qu’elle pense que j’ai changé me touche sincèrement. Noaly y est certainement pour beaucoup. C’est elle qui m’a plus ou moins obligé à devenir plus responsable. Il n’y avait plus que moi dans l’équation mais une petite fille, ma petite fille qui ne demandait que l’amour d’un père. Alors forcément, même si la nouvelle m’a éprouvé sur le coup, je ne peux pas dire qu’aujourd’hui je n’éprouve pas une certaine fierté à clamer qu’elle est ma fille. Elle est juste ma plus belle réussite. Il n’y a qu’à la regarder se mouvoir avec ce sens de l’équilibre, cette délicatesse, ses boucles sombres, ce regard qui en séduit déjà plusieurs et ce regard en coin si innocent. A cet âge, personne n’est véritablement apte à résister à une petite fille aussi pleine de vie.

« - ça me fait vraiment plaisir que tu le penses… moi-même, j’aurais jamais imaginé que j’aurais pu devenir… si responsable. J’dois t’avouer que lorsque j’y pense parfois, ça me surprend… moi, avoir une fille… être papa. Ce n’est pas vraiment l’image qu’on aurait pu avoir de moi, après notre diplôme. » Plaisantais-je doucement alors que Noaly se tournait vers Reese et jouait avec l’une de ses mèches de cheveux. J’en viens alors à lui poser une question. Ça n’avait rien d’intrusif, je cherchais uniquement à en savoir plus, à mieux la connaitre. Savoir ce qu’avait été sa vie depuis la fin du lycée, les choix qui s’étaient imposé à elle, même si d’autres questions venaient s’ajouter à ma liste. Comme le fait qu’elle fréquente quelqu’un. Mais ça, je savais qu’elle ni répondrait pas ou qu’elle m’enverrait sur les roses. Mais j’avais le temps, elle finirait bien par me le dire un jour ou l’autre.
Son récit me fit sourire, il y avait quelque chose de réellement touchant. Ses souvenirs avaient si bon que j’aurais aimé qu’elle m’en dise vraiment plus. Elle semblait presque heureuse de cette année passée loin d’ici et croyez-le ou non, c’était bon à voir. Une Reese souriante qui ne pense pas à être sur ses gardes constamment. « J’suis certain que ça marchera. Tu sais t’entourer de bonnes personnes… et à New York, t’as du rencontrer des personnes qui ont déjà fait leur preuves non ? Avec ton diplôme en poche, c’est de nouvelles portes qui s’ouvriront à toi… Et qui sait, ton rêve pourrait se réaliser… » lui assurais-je avec un sourire certain. Elle était douée, je le savais. Peu de personne était capable de réussir à New York, même si ça n’était qu’un stage. Mais lorsque le boss est un tyran, c’est un plus. C’est qu’elle a dû bosser dur et que si son patron ne voulait pas le reconnaitre, elle avait dû faire du bon boulot. Pourtant mon sourire s’effaça à sa question. Bien sûr c’était normal qu’elle me le demande. Je le comprenais mais ça me mettais mal à l’aise. Avec Noaly en face de moi, ça me rappelait encore plus mes erreurs. Je pris pourtant sur moi et baissais les yeux.

« - J’étais dans les alentours… » Haussais-je les épaules. Lors de mes réunions aux AA, on me rappelait souvent qu’en parler m’aiderait. Or la plupart du temps, je ne voyais pas en quoi. C’était me rappeler que j’avais été un jeune con irresponsable et qui ne pensais qu’à en finir. Parce que je n’étais qu’un looser incapable de faire ce qui est bon pour lui, incapable de sauver sa sœur de la mort, incapable de s’accrocher à la seule personne qui s’est toujours battu pour moi. Alors oui, je n’étais pas fier et je ne tenais pas à en parler mais en même temps, je ne pouvais pas dire ça à Reese. Pas alors qu’elle fait un effort pour justement créer ce lien entre nous. « Raleigh, Charlotte… j’me suis jamais vraiment éloigné… » Soufflais-je avant de sentir un regard sur moi. Pas celui de Reese. Non, il était plus intense, plus insistant et je n’eus qu’à tourner la tête pour croiser son regard. Elle était au bout du bar et me fixais. Ça ne dura guère plus longtemps que deux ou trois secondes et je la vis à nouveau s’éclipser, me fuir, comme c’est une habitude depuis notre rupture. Je baisse alors les yeux et reviens à Reese. « Je bossais dans des garages la plupart du temps. Je restais quelques semaines et je changeais de ville… Rien de quoi je sois vraiment fier. » Déglutis-je difficilement. « Disons que j’avais une vie de débauche et que l’alcool ne m’a pas aidé… jusqu’à ce que j’rencontre quelqu’un qui m’a tendue la main. Elle m’a appris à reprendre confiance en moi et que j’avais pas à avoir honte pour mon passé… Elle m’a secoué et m’a dit que c’était du gâchis qu’un type comme moi se transforme en ivrogne alors que j’avais certainement quelqu’un qui m’aimait… » Je relevais alors les yeux sur Noaly à qui je souris spontanément. « Elle ignore à quel point elle a raison. J’suis rentré et depuis j’essaie de me racheter une conduite… je vais à mes réunions, j’ai un parrain et je fais de mon mieux avec toi, Noaly et les autres… même si certaine ne veulent pas m’écouter. » Finis-je en haussant les épaules. « Bref, rien de très glorifiant. J’ai plutôt brillé par mes conneries… et on peut dire qu’elles ont été nombreuses. » En restant vague, ça m’évitait de trop rentrer dans le sujet de mes problèmes de boissons. Il suffisait d’un verre pour que je flanche. Pour certains un verre ça ne représentait rien mais pour moi, c’était ma perte. Autant si Joyce et Charly me soutenait pour mon combat, je savais que c’était également l’un des nombreux problèmes qui persistait entre la jeune Evans et moi. Peut-être même que ça en sera ainsi, jusqu’à la fin de mes jours. Mais j’espérais bien que Reese ne me jugerait pas sur ses deux années. Car aujourd’hui, je tenais à ma nouvelle conduite et je faisais des efforts même si personne n’imaginait combien il pouvait s’avérer difficile de résister à un seul verre. Une simple bière et je redescendais au plus bas.


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MessageSujet: Re: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptyMer 6 Avr - 19:52

Parler avec Noam de toute cette histoire n'était pas une mince affaire. Il était difficile de se retrouver en face de lui, de lui demander des comptes, et surtout de devoir accepter cette vérité pourtant difficile à admettre : il était mon frère. Cette idée de fraternité me laissait quelque peu partagée. Bien sûr, j'étais en colère : le nier aurait été inutile. J'en voulais à Noam, bien que je sois pourtant parfaitement consciente qu'il n'était pas celui responsable de la situation. Jamais, il n'avait voulu que les choses se passent comme ça, je le savais pertinemment et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de nourrir une certaine rancoeur, à son égard. Je lui en voulais pour tout un tas de raisons : pas seulement parce qu'il m'avait pourri la vie, par le passé, mais aussi et surtout parce qu'il avait bouleversé celle-ci, avec ses révélations, et de ce fait, j'ignorais encore, à ce jour, quelles avaient été ses intentions. Une part de moi aurait aimé croire qu'il avait fait ça par pure bonté d'âme, parce qu'il avait voulu que nous construisions, ensemble, ce que nos parents avaient détruit en nous séparant. Et une autre part de moi ne pouvait s'empêcher de penser qu'il n'avait fait ça que pour semer le doute dans mon esprit, et dans ma vie, pas seulement pour continuer ses puérilités du lycée, mais aussi peut-être pour se venger de cette place que je lui avais plus ou moins prise, dans la vie comme dans le coeur de nos parents. Leur en voulait-il à ce point ? M'en voulait-il à ce point ? J'aurais été incapable de répondre à cette question. Tout ce que je savais c'était que malgré les apparences, j'aurais aimé que ce pas qu'il faisait vers moi soit sincère, et qu'il ne cache rien de malsain ou de malfaisant. Oui, j'avais peur, d'être déçue, de trop espérer de lui, et des autres, de trop m'attacher, et de les voir me repousser. Quiconque me dirait que c'était idiot : ils ne pouvaient pas venir me voir simplement pour me repousser. Et pourtant, cette idée ne parvenait pas à quitter mon esprit... Peut-être aussi parce que le premier de ces frères qui s'était adressé à moi n'était, à mes yeux, peut-être pas complètement quelqu'un de confiance. Oui, j'avais du mal à faire confiance à Noam. J'avais du mal à le croire, quand il m'affirmait ne pas vouloir me nuire. Parce que, tout ce qu'il avait toujours fait, jusqu'à présent, n'avait eu qu'un seul objectif : celui de me nuire, justement. Difficile, après ça, après toutes ces fois où il s'était amusé à me rabaisser, et à m'humilier, d'oser le croire quand il m'affirmait être de bonne volonté. Qui sait, peut-être qu'un jour, je finirai par lui faire confiance. Peut-être qu'avec un peu de temps, je finirai par voir en lui quelqu'un d'autre que celui qu'il avait été pendant nos années lycée.

Cette vérité, qu'il me révélait, ce voile, qu'il levait, n'était pas sans conséquences, il le savait tout comme moi. Depuis que je connaissais la vérité, je devais reconnaître que ma vie avait perdu de son sens. Tout ce en quoi j'avais cru pendant des années n'avait rien été de plus qu'un simple mensonge, et jamais, en 22 ans, je ne m'étais sentie aussi trahie qu'à ce jour. J'en voulais bien entendu à mes parents. Mais pire encore, je n'arrivais pas à concevoir qu'un jour, je puisse leur pardonner. Peut-être parce qu'ils avaient fait était impardonnable. A vrai dire, ça n'était pas tant ces mensonges qu'ils m'avaient racontés pendant toutes ces années, qui l'étaient, mais plutôt leur attitude à l'égard de ceux qui avaient été leurs enfants, et qu'ils auraient dû protéger et aimer, autant qu'ils l'avaient fait avec moi. Des enfants qui ne leurs avaient rien demandé, et qu'ils avaient séparés. Des enfants dont ils avaient probablement détruit la vie, sans même s'en rendre réellement compte. Quoi que, à voir Noam, je n'avais pas vraiment l'impression qu'il ait une vie si décousue. Peut-être encore une fois parce que je voyais en face de moi celui que j'avais connu par le passé : celui à qui tout réussissait. En réalité, cependant, les choses semblaient bien différentes. Moi qui croyais, de par ses démarches, qu'il avait su accepter la vérité, qu'il avait su l'affronter et surtout, se reconstruire malgré celle-ci, je m'étais peut-être trompée. A vrai dire, tout me laissait penser que je ne connaissais, finalement, strictement rien de lui. Les apparences pouvaient être trompeuses. Je le savais pertinemment, et peut-être mieux que quiconque : j'étais blonde, j'avais un physique plutôt avantageux, et je savais pertinemment ce que les gens pouvaient bien s'imaginer de moi, au premier abord : que je n'étais qu'une blonde écervelée, que je n'avais réussi que grâce à ma plastique, et que la vie me souriait uniquement grâce à celle-ci. La vérité était toute autre. J'avais beau être « bien foutue », comme le disaient certains, cela ne m'empêchait pas pour autant d'être une jeune fille brillante et cultivée. J'étais l'opposé même de ce que l'on pouvait s'imaginer d'une blonde, à vrai dire. Dans le fond, peut-être que Noam, lui aussi, était l'exact opposé de ce qu'il dégageait : peut-être que cette confiance qu'il laissait transparaitre n'était qu'un masque, qui servait à cacher ses faiblesses... Peut-être que lui aussi, était paumé. Et peut-être que lui aussi, aurait aimé tout recommencer à zéro, pour ne pas avoir à se tout remettre en question maintenant.

« Non. Je sais pas où j’vais… », me répondit-il alors, me laissant de nouveau supposer que je m'étais trompée sur toute la ligne, le concernant. « Je peux perdre Noaly en un claquement de doigts de Reese. J’ai pas le droit à l’erreur… pas une seule. » Je ne comprenais pas ce à quoi il faisait allusion. Tout simplement parce que je n'étais pas totalement au courant de leur situation. Pour autant, je ne lui en demanderai pas plus... Peut-être parce que je ne me sentais pas vraiment en droit d'en savoir plus. Après tout, j'avais beau être 'sa soeur', cela ne signifiait pas pour autant qu'il devait tout me confier de sa vie, ou de ses faiblesses. « Cette famille… Toi, Jonas, Noaly, moi… c’est tout c’que j’ai. J’ai pas le droit de foirer ça. » Cette nouvelle remarque attira mon attention. Une famille... C'était ce qu'on était, pour lui ? On se connaissait à peine. Je ne connaissais même pas Jonas. Comment pouvions-nous nous considérer comme tel ? Le sang faisait-il tout ? Poussant un léger soupir, je me reconcentrais sur ce qu'il avait dit. Il n'avait pas le droit de foirer tout ça. Mais, pourtant, cette famille en laquelle il croyait, il n'était pas le seul à la construire. L'un de nous pourrait venir tout gâcher, sans qu'il y puisse quoi que ce soit. Pourquoi se sentait-il si obligé de vouloir bien faire les choses avec moi ? Nous nous détestions. Avec Jonas, j'aurais encore pu le comprendre... Mais moi, il ne pouvait pas m'encadrer... Alors...

« Tu te mets trop la pression... » conclus-je, le regard dans le vide. Redressant la tête dans sa direction, j'ajoutai, « On te demande pas tant... » Techniquement, je ne pouvais pas parler au nom des autres... Au nom de Jonas, Noaly... J'en étais parfaitement consciente. C'est pour cette raison que je me repris, « Enfin... Je ne te demande pas tant. J'attends pas de toi que tu ne fasses pas d'erreur, que tu sois parfait ou que tu me donnes... Une famille. »

Non, contrairement aux apparences, je ne le repoussais pas. Pas totalement. A vrai dire, ça n'était pas mon but. C'était juste que... Noam se mettait sérieusement trop la pression. Il accordait tellement d'importance à cette famille, dont il parlait, que ça en était presque effrayant pour moi. Effrayant, parce que je craignais de ne pas être à la hauteur de ce que lui – et peut-être les autres – attendaient de moi, et de cette famille en général. Et parallèlement, je comprenais pourquoi il tenait tant à ce que les choses se passent bien : cette famille, c'était sa deuxième chance, une nouvelle opportunité de faire les choses bien, et de réussir quelque chose. C'était ce qui l'aiderait, finalement, à savoir où aller. Parce que, on avait beau dire, il était beaucoup plus facile d'avancer, dans la vie, quand on était entouré d'une famille (aimante) sur laquelle on pouvait se reposer.

Ma famille, jusqu'à présent, avait été restreinte, et composée de trois personnes seulement : mes deux parents et moi. Pendant plus de vingt ans, je m'en étais contentée, appréciant l'amour et le soutien que ces derniers avaient pu m'apporter. Au cours de l'année précédente, une autre personne, cependant, avait débarqué dans ma vie, une personne que j'avais directement intégrée à ma famille : c'était Caleb. Mon meilleur ami, et bien plus encore. Il était l'homme de ma vie. Ou plutôt, celui avec qui j'aurais aimé finir ma vie. Parce qu'avant lui, tout m'avait semblé vide de sens. A présent, je ne concevais pas ma vie sans lui. Oui, ma vie sans Caleb, c'était la mort. Exagérais-je ? Peut-être un peu. Il n'empêche que, à présent que j'avais découvert le véritable sens du verbe vivre, à présent qu'il m'avait aidée à me dépasser, à me sentir enfin entière, je n'imaginais pas le voir disparaître, et m'abandonner. C'était d'ailleurs pour cette raison que je taisais mes sentiments pour lui. Parce que, loin d'être assurée de leur réciprocité, je craignais que ces derniers le fassent fuir. Et le voir fuir, maintenant, alors que j'avais plus que jamais besoin de lui, aurait été suicidaire. A présent, ma famille ne se résumait plus qu'à lui. Parce que, après ce que j'avais découvert de mes parents, j'étais bien décidée à ne plus rien avoir à faire avec eux. Tout simplement parce que trop peu de temps s'était écoulé, depuis ces révélations que m'avait fait Noam, et que je n'étais pas prête, encore, à leur parler. Parce que, me connaissant, je savais pertinemment que si des mots venaient à franchir mes lèvres, en leur présence, ces derniers ne seraient certainement pas agréables. Et je craignais sincèrement d'en venir à leur dire des paroles que je pourrais regretter plus tard. Alors, j'attendais. Je gardais le silence, j'avais décidé de ne plus les laisser prendre une part quelconque dans ma vie. Le temps de me laisser digérer la nouvelle, le temps de me laisser peut-être aussi décolérer.

La colère, c'était bien le seul sentiment que j'éprouvais encore à leur égard. Une colère que Noam devait probablement comprendre, puisque les Tanner aussi, lui avaient menti pendant une vingtaine d'années. Et pourtant, malgré tout, j'aurais aimé les voir. Leur parler. Leur dire tout ce que j'avais sur le coeur, quitte à le regretter plus tard. Aurais-je aimé entendre leurs explications ? Peut-être pas. Parce que, je le savais, je n'aurais pas cru un mot de tout ce qu'ils auraient pu me dire. Néanmoins, j'aurais aimé qu'eux sachent ce que moi je ressentais. Oui, à bien y réfléchir, j'aurais aimé que pour une fois, quelqu'un soit capable de les affronter, pour les obliger à faire face à leurs actes. Et pourtant, je n'étais peut-être pas la mieux placée pour cela. Noam l'était. Si quelqu'un devait bien leur en vouloir plus que moi, c'était bien lui. Avait-il été voir mes parents ? Non. Il m'avoua même ne rien vouloir savoir d'eux. Car leur geste, à ses yeux, était impardonnable. Ce que je pouvais parfaitement comprendre. Néanmoins... J'étais intriguée. N'avait-il jamais voulu savoir ce qui avait motivé leur geste ? N'avait-il pas eu, lui aussi, cette envie de savoir, de comprendre, ce qui s'était passé ? Plus maintenant. Il estimait qu'il était trop tard pour cela. Et, quand j'avais suggéré que mes parents n'avaient pas cherché à entrer en contact avec lui pour ne pas bouleverser sa vie, Noam me fit part de son opinion. Il avait raison. Ils devaient probablement savoir que Noam avait levé le voile sur ce secret de famille qu'ils avaient gardé pour eux pendant toutes ces années. Ce qui révoltait le plus Noam, c'était de ne rien représenter à leurs yeux, de ne pas avoir compté pour eux. A ses mots, je baissais les yeux, presque malgré moi. Cette culpabilité, cette impression, de lui avoir volé ce qu'il aurait du connaître, je le savais, ne me quitterait pas si facilement. Parce que, j'avais beau ne pas être responsable de sa situation, je ne pouvais m'empêcher de culpabiliser en pensant à toutes ces choses que les Dewitt m'avaient accordées et qu'ils avaient refusé de lui donner, à lui et ce, sans la moindre raison apparente. A vrai dire, je comprenais la réaction de Noam. Il avait été celui qu'on avait mis de côté, celui dont on avait pas voulu... La souffrance engendrée par cette idée devait probablement ne plus le quitter.

« Je suis désolée, » soufflais-je alors, incapable de trouver d'autres mots. « Ils avaient pas le droit de te faire ça. », ajoutai-je, tandis qu'il détournait son regard. « Toutes ces choses, tu les méritais aussi. Je regrette sincèrement que tu ne les aies pas eues, et pas seulement parce qu'elles me sont revenues, mais surtout parce que... On devrait tous avoir la chance d'avoir l'amour et l'attention de ses parents. »

Cet amour, cette attention, les Dewitt me les avaient donnés. J'avais été heureuse. J'avais été gâtée. Au détriment d'autres personnes. C'était peut-être aussi ce qui était le plus difficile à accepter. Comment pouvais-je encore regarder mes parents en face, comment pouvais-je me regarder en face, quand je savais que, toutes ces choses qu'ils m'avaient offertes, toutes celles-ci, qui m'avaient rendue heureuse, en avaient rendu d'autres malheureux ?

Alors que Noam venait justement de me dire ne pas vouloir rencontrer les Dewitt, il me proposait justement de m'accompagner si jamais j'avais envie de m'expliquer avec eux. Une réaction que je ne comprenais pas vraiment, à vrai dire, car il était en pleine contradiction. Confuse, je lui demandai pourquoi il me disait cela, lui faisant remarquer au passage la contradiction de ses paroles.

« Ce que je pense n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est d’être honnête et puis… j’ai pas envie de te voir souffrir et traverser tout ça seule, comme ça a été mon cas… quoi qu’il advienne, ils seront toujours tes parents… » J'esquissai un léger sourire. Noam Tanner ne voulait pas me voir souffrir. Ca, c'était bien une première ! A croire que ces dernières années l'avaient bien changé. Souffrais-je réellement de cette situation ? Pas vraiment. Pour le moment, j'étais plus... paumée, qu'autre chose, à vrai dire. En ce qui concernait mes parents, il avait raison. Ils resteraient toujours mes parents. Cela m'obligeait-il pour autant à leur pardonner l'impardonnable ? « J’vais pas te tourner le dos au premier obstacle… Et si tu veux que j’t’accompagne, je le ferais. J’suis ton frère, pas ton ennemi. » Là encore, j'eus un léger sourire ironique, à ses mots. Mon frère, pas mon ennemi. Difficile à concevoir, à vrai dire. Et pourtant, je savais qu'il était sincère. Ca se voyait. Ca s'entendait.

« Je suis une grande fille. Je peux – non, je sais – me débrouiller toute seule. » Noam, lui, était peut-être habitué aux relations fraternelles, à toute cette entraide qu'il me proposait... Moi, en revanche, je n'y étais pas accoutumée, et bien que son geste me touche, en quelque sorte, il me semblait... impossible à accepter. « Et puis... Bien que je ne sois pas vraiment la mieux placée pour dire ça...  » et pour cause, puisque je n'avais encore jamais agi autrement qu'en fille unique, « être mon frère ne fait pas de toi mon larbin. C'est pas parce qu'on est liés par le sang que... tu dois te sentir obligé de m'aider. »

Ces années l'avaient changé. C'était difficile à admettre, parce qu'en réalité, lorsque je pensais à Noam, je ne pouvais m'empêcher de penser à ce crétin qu'il avait été, à ce petit branleur qui s'était pris pour le roi du monde. Et pourtant, ce dernier n'existait plus. A présent, je faisais face à un Noam tout à fait différent. Plus mûr, plus responsable, et papa, qui plus est. De quoi en déboussoler plus d'un ! Revenir sur le passé, sur notre relation de l'époque n'était pas bien facile... Parce que ça réveillait en moi une sorte de haine que j'aurais préféré laisser de côté, ne serait-ce que pour aujourd'hui. Alors, je décidai une chose : d'arrêter de parler de cette époque, où l'on s'était détestés plus que tout, et d'oublier ceux que nous avions été. Une chose qui n'était pas aussi simple qu'il n'y semblait, et qui prendrait du temps, avant de se faire. Mais avec de la bonne volonté, et de la patience, je pensais pouvoir en être capable, un jour. Enfin, même si, je le reconnaissais, c'était encore mission impossible, pour aujourd'hui. A mes mots, un léger sourire se dessina sur les lèvres de Noam, qui me répondit :

« Je sais c’que c’est… j’me suis même demandé si y’avait pas quelqu’un derrière pour te pousser à accepter ce rendez-vous. »

Je baissai un instant les yeux, comme une enfant prise sur le fait. Bien sûr qu'il y avait eu quelqu'un derrière pour me pousser à accepter de le rencontrer ! Et cette personne, n'était autre que Caleb. Le simple fait de penser à lui me rassurait. Comme s'il avait déjà toutes les réponses à toutes les questions que je me posais, comme s'il était le seul à pouvoir encore me montrer le chemin à prendre.

« J'l'aurais pas accepté de moi-même, effectivement. » Finis-je alors par reconnaître. « Enfin, le principal, c'est qu'on soit là, non ? Peu importe les raisons ou les personnes qui nous ont poussé à venir. »

La vérité, c'était que j'avais été trop en colère pour voir clairement les choses. Et encore aujourd'hui, j'étais aveuglée par la rancoeur qui m'habitait, j'en étais presque incapable de voir le bien, dans la démarche de Noam. Peut-être que lorsque toute la pression serait retombée, j'y verrais plus clair. Pour le moment, toute cette histoire n'était rien de plus qu'une source d'angoisse et de questionnement.

«  Qu’on le veuille ou non, on a certains traits de caractères en communs… même ceux dont j’essaye de me débarrasser… », reprit-il alors, en terminant sa phrase par une légère grimace. Je me demandai alors ce à quoi il faisait allusion... Je le su bien rapidement... « Mais mon impulsivité m’a plutôt mené à faire pas mal de bourdes… » J'esquissai un léger sourire. L'impulsivité. C'était peut-être mon principal défaut, quoi qu'il arrivait certainement ex æquo dans la liste de ceux-ci, avec ma fierté mal placée.
« C'est pas toujours facile, de se maitriser, » admis-je alors, bien consciente qu'il savait de quoi je parlais.

En face de moi, j'avais probablement l'exemple même du frère idéal. Sympathique, patient, compréhensif... A vrai dire, Noam semblait prendre ce rôle très au sérieux. Comme si pour lui, c'était une chose évidente. Compréhensible, en un sens, quand on repensait à la relation qu'il avait eue avec Lynn. Du crétin buté qui ne cherchait qu'à me pourrir la vie, il était devenu cet homme prêt à m'aider, si j'en avais besoin. Autant le dire, le retournement de situation avait quelque chose de légèrement déroutant. Face à sa proposition – qui me gêna légèrement – je l'avais alors remercié, ne trouvant rien d'autre à lui répondre. Qu'aurais-je pu ajouter, de toute façon ?

« - Et je sais que t’osera surement pas venir frapper à ma porte, si t’as besoin… » Décidément, il était très perspicace, ou il me connaissait peut-être mieux que je ne l'aurais cru. « Mais sache que j’suis sincère. J’suis là et j’partirais pas. » Bizarrement, j'avais envie de le croire, quand il me disait être sincère. Peut-être parce qu'il l'avait été depuis le début même de notre conversation ? Du petit sourire en coin qu'il avait aux lèvres, il se mit à rire légèrement, et ajouta, « En fait j’suis désolé… mais t’es pas prête de te débarrasser de moi. T’as pas oublié que j’suis plus collant qu’un chewing-gum ! »

Je ris moi aussi. Devais-je considérer cela comme quelque chose de rassurant ? Etrangement, c'était l'impression qu'il me donnait : d'être quelqu'un de rassurant. Et bien qu'il ait été un peu – beaucoup – pénible avec moi pendant quelques années, cette idée, qu'il soit là, et qu'il compte bien rester, ne me déplaisait pas tant que ça. A vrai dire, elle me mettait plus mal à l'aise qu'autre chose. Esquissant un léger sourire, je lui répondis alors :

« Merci. » Un mot, un seul, ça pouvait sembler très... froid. Mais je ne l'étais pas. Vraiment .Je pensais ce simple merci, et à vrai dire, celui-ci n'était pas seulement pour sa proposition, mais aussi pour tout le reste : pour ce qu'il avait fait pour moi, jusqu'à présent. Parce que je savais que me révéler la vérité avait été tout aussi difficile pour lui et pourtant, il était là, en face de moi, à prendre quelques minutes de son temps pour m'expliquer les choses, et surtout pour m'aider à les comprendre. Mieux encore, il m'acceptait dans sa vie, me laissait une place dans celle-ci que je n'aurais jamais imaginé avoir. Oui, mes remerciements étaient pour tout ça. Pour ce qu'il était devenu aujourd'hui, en un sens. Et ça, il le comprendrait certainement. « Quoi que, pour le côté collant façon chewing-gum, je pourrais certainement m'en passer. », ajoutai-je alors, avec un sourire aux lèvres. C'était vrai, je ne lui demandai pas d'être présent à ce point. Je ne lui demandai pas d'être présent tout court, à vrai dire... En fait, à bien y réfléchir, je ne lui demandais rien, si ce n'était la vérité. Mais je ne le repousserai pas pour autant, c'était certain. Car tout ce qu'il faisait avait de l'importance, à mes yeux.

Mais cela ne suffisait pas. Son honnêteté, sa démarche, son côté compréhensif, aujourd'hui, j'étais parfaitement consciente que cela ne nous suffirait pas à construire un véritable lien fraternel. Et pourtant, lui n'avait pas le moindre doute. Il était persuadé qu'un jour ou l'autre, nous finirions tous par trouver notre place dans cette fratrie. Il était persuadé que celle-ci pouvait nous apporter quelque chose de positif. En ce qui me concernait, j'en doutais. Pourquoi ? Tout simplement parce que je n'avais pas été prête à ça, et que même le temps ne m'y préparerait peut-être jamais. J'avais peur, peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être assez bien pour eux, et pire encore, que les choses ne se passent pas bien entre nous, et de les repousser à mon tour, comme l'avaient fait nos parents. Or, ça n'était pas ce que je voulais. Je ne voulais pas les repousser, ni même les exclure de ma vie... Mais ne pas les y inclure aurait été tellement plus facile...

« - Dis-moi c’que t’as à perdre maintenant ? »
« Vous. », répondis-je, le plus simplement du monde. Et s'ils décidaient de ne pas me connaître, finalement, et s'ils décidaient de couper les ponts après que je me sois finalement décidée à leur faire une place dans ma vie ? J'avais tout à perdre. A commencer par la stabilité à laquelle j'aspirais tant.
« J’suis loin d’être aussi sur de moi que tu l’imagines. Je flippe rien qu’à l’idée que l’un d’entre nous se barre d’ici avant même qu’on ait pu réussir à construire quelque chose… »
« C'est ce qui va finir par se passer... » répondis-je alors, non pas pour être fataliste, mais simplement parce que c'était la vérité. Je n'étais pas partie, mais un de mes frères le ferait. Parce qu'il ne verrait pas l'intérêt de toute cette histoire, ou parce qu'il ne trouverait pas sa place. « C'est trop à encaisser. », ajoutai-je alors. J'étais bien placée pour en parler. En apprenant la vérité, j'avais voulu prendre la fuite. Mais je ne voulais pas sembler lâche. Je ne l'étais pas. Mais il était clair que, si Caleb n'avait pas été là, j'aurais certainement pris mes jambes à mon cou. « C'est trop d'un coup. C'est impossible de rattraper tout ce qu'on a perdu pendant plus d'une vingtaine d'années. Vouloir le faire, c'est se mettre la pression... La fuite, c'est une réaction normale. Humaine. Un de vous partira forcément, si ce n'est pas tous. Alors, le si peu qu'on aura construit - ou qu'on aura voulu construire - s'envolera en fumée. J'dis pas ça pour te décourager, mais parce que c'est vrai. Et c'est ça que j'risque, si j'vous laisse une chance. »

Au sujet de mes parents, Noam me répondit que jamais, je ne pourrais être comme eux, car il me serait impossible de les évincer, ne serait-ce que parce que j'étais persuadée de leur devoir au moins ça. A ce sujet, il avait raison. Ca n'était pas par amour, ou par bonté d'âme, que j'étais prête à les laisser entrer dans ma vie, mais plutôt parce que je voyais cela comme un devoir que j'avais, une dette, que je leur devais, comme pour leur rendre tout ce que nos parents ne leur avaient jamais donné. Il avait raison, en grande partie. Mais en un sens, je ne pouvais m'empêcher, une nouvelle fois, de me demander comment il pouvait-être aussi certain de ce qu'il avançait. Qui sait, peut-être qu'il faisait erreur. Peut-être que, finalement, la raison pour laquelle les Dewitt m'avaient gardée, moi, c'était parce que je leur ressemblais. Un instant, cette idée me sembla stupide, et je souris légèrement. Osant croiser le regard de Noam quelques secondes à peine, je soupirai, avant de répondre :

« Tu as raison. J'peux pas vous repousser. Même si j'en aurais envie, je pourrais pas le faire. Pas après ce que nos parents vous ont fait. Vous tenir à l'écart de ma vie, ça reviendrait à leur donner raison, et à pardonner ce qu'ils ont fait. »

La conversation continuant, Noam en vint à me faire part d'un – léger ? - détail qu'il avait oublié de mentionner : l'existence de son frère jumeau, et donc, d'un nouveau frère pour moi. Cette fois, c'était trop. Folle de rage, je ne m'étais pas retenue pour lui dire ce que je pensais. Trois frères. C'était trop, beaucoup trop. Paniquée par cette idée, j'avais alors débité un flot de paroles, que j'aurais probablement mieux fait de garder pour moi. Agacée, de le voir si calme et de le voir agir comme si cette nouvelle n'avait rien de véritablement bouleversant, agacée de me l'entendre dire que le nombre n'était pas ce qui importait le plus, je ne m'étais pas gênée de lui faire remarquer que c'était facile à dire, pour lui, puisque si les choses n'avaient tenu qu'à lui, il y aurait longtemps que la 'famille' serait déjà réunie.

« - Tu croyais que j’te demandais quoi ? Qu’on fasse une grosse fête pour célébrer nos retrouvailles ? Ce genre de chose ça prend du temps et j’irais pas à ton encontre. Tu crois que j’l’ai vécu facilement lorsque j’ai découvert que tu étais ma sœur ? J’ai même planté ma voiture… avant de passer plus d’une semaine à la réparer… »

Je secouai la tête, préférant ne pas répondre à ses dernières paroles, tout simplement parce que j'étais consciente qu'en le faisant, je risquai de m'énerver encore plus. Prenant sur moi, j'avais fini par lui avouer que j'avais besoin de temps, pour digérer la nouvelle – chose qu'il avait plutôt intérêt à m'accorder, s'il voulait effectivement finir par tous nous réunir. Oui, du temps, c'était ce que je lui demandais... Ca, et bien entendu, une rencontre éventuelle avec Jonas et Blake, les deux frères restants. Une chose qui risquait très probablement de s'avérer encore plus compliquée qu'avec Noam. Car, si nous nous étions effectivement détesté, lui et moi, nous avions au moins l'avantage de nous connaître. Il m'adressa alors un sourire qui se voulait rassurant, avant de me répondre que se rencontrer serait déjà un très bon début. Il ajouta qu'il ne m'en demandait pas plus que ces rencontres, pour partir sur de bonnes bases.

Puis, nous en vînmes à nous confier un peu plus l'un à l'autre... A aborder des sujets beaucoup plus personnels. Il était revenu sur ce qui l'avait fait fuir, quelques années plus tôt. Cette vérité avait été aussi dure à accepter pour lui que pour moi, sauf que lui avait pris la fuite, réaction que je pouvais aisément comprendre puisqu'elle m'apparaissait comme la plus normale. Cependant, je savais que cette fuite avait eu beaucoup de conséquences sur la vie qu'il avait auparavant menée. En quittant la ville, il n'avait pas seulement tourné le dos aux Tanner, et aux Dewitt, mais aussi à Charly, et à leur fille... Fille avec laquelle il tentait à présent de construire une véritable relation, histoire peut-être, de se racheter, de faire oublier cette absence qu'il lui avait fait subir malgré lui. Devant sa détresse, devant les remords qu'il éprouvait, je n'avais pu m'empêcher de lui faire savoir que je comprenais parfaitement sa réaction et que, bien que celle-ci ait fait souffrir beaucoup de monde, elle était excusable. Car il était humain, de faire des erreurs. Il sembla méditer mes mots un instant, avant de me répondre, finalement, que certaines personnes ne pourraient jamais passer l'éponge malgré les efforts que nous pourrions fournir, pour nous racheter.

« Si parfois, certaines personnes ne pardonnent pas, c'est simplement parce qu'elles ont été trop blessées pour oser le faire. », répondis-je alors, consciente qu'il s'en doutait déjà. Et pourtant, je pensais qu'il était nécessaire de lui rappeler. Que si Charly ne lui pardonnerait pas son départ, ça n'était probablement pas par manque d'envie, mais simplement parce qu'elle en avait trop souffert pour y songer. De même que mes frères ne pourraient pas pardonner à mes parents ce qu'ils avaient fait, parce que leur geste les avait bien trop fait souffrir.

Nous en vînmes alors à reparler de nos frères. Je tenais à en savoir plus sur Jonas et Blake. Qui ils étaient, d'où ils venaient... Ce qu'ils avaient pensé de la nouvelle. Etrangement, ça m'intéressait. Même si, dans le fond, l'idée de les rencontrer m'effrayait comme jamais. Le plus surprenant, ça avait certainement été d'apprendre qu'ils étaient tous les deux en ville. Cette idée me refroidit légèrement. J'avais alors demandé à Noam s'ils savaient, pour moi. Avaient-ils eu le même petit dossier que celui que Noam m'avait confié ?

« Jonas oui. Enfin, j’te cache pas, que j’suis resté très vague. Je savais pas si tu voudrais qu’on se rencontre. Il sait le strict minimum. Qu’on pouvait pas s’encadrer au lycée et que t’as été élevé par tes… enfin nos parents…Quant à Blake j’t’avoue que c’est presque impossible d’avoir une conversation avec lui. Il a un dossier où sont résumé le minimum sur nous tous… même si ça me fait mal de voir qu’il refuse net l’idée d’avoir une famille. Je crois que c’est juste parce qu’il a peur… »

Bien sûr qu'il avait peur. Qui ne le serait pas ? Même sans avoir été balotée de foyer en foyer, j'étais moi-même effrayée, alors, je pouvais comprendre Blake. Surtout que visiblement, lui non plus, n'était pas réellement familier avec cette notion de fraternité, qui semblait ne poser aucun problème à Jonas ou Noam.

« Il changera d'avis avec le temps », répondis-je alors, comme si j'eus été la voix de la sagesse, alors que je ne faisais que répéter les mots que Caleb m'avait lui même adressés. « Il faut le laisser s'habituer à cette idée... Il finira bien par chercher à en savoir plus. Ne serait-ce que par curiosité. On a tous besoin de savoir d'où l'on vient, pour se construire, et savoir où l'on va. Il n'échappera certainement pas à la règle »

Reportant mon attention sur sa fille, nous parlâmes alors d'enfants. Les gosses, je les aimais bien, dans le fond. Je m'entendais bien avec eux, et je devais avouer qu'en réalité, je cédais bien souvent face à leurs jolis petits minois. Pour cette raison, les enfants m'adoraient. Malheureusement pour eux, j'étais loin de savoir comment m'y prendre avec eux. Ces choses là ne venaient certainement que lorsque l'on avait soit-même des enfants, et ça n'était pas prêt de m'arriver, étant donné le désastre qu'était ma vie sentimentale. J'en étais venue à lui confier que je l'enviais, en un sens, pour ce qu'il avait. Cet enfant, je lui le savais, lui apportait beaucoup. Tout comme Heaven apportait beaucoup à Regan. En un sens, je les enviais tous les deux. Bien qu'ils soient dans des situations difficiles, ils savaient qu'ils avaient des petits êtres qui les aimeraient toujours, quoi qu'ils fassent, ou quoi qu'ils disent. Et ça, c'était d'une valeur inestimable.

« Infirmière et mère célibataire, c’est loin d’être de tout repos. Regan a toujours ses étoiles dans les yeux lorsqu’elle parle d’Heaven… elle a été formidable avec Noaly quand… » Il s'interrompit, et je me demandai alors ce à quoi il faisait allusion. Je fronçai légèrement les sourcils, lorsqu'il reprit, « C’était loin d’être gagné mais aujourd’hui, elle est sortie d’affaire et c’est le principal. »

Baissant les yeux sur la petite, je passais ma main dans ses cheveux châtain, avant de demander à son père :

« De quoi tu parles ? Il lui est arrivé quelque chose ? »

Je n'étais pas sûre qu'il me réponde. Je doutais, à vrai dire, qu'il ait envie de le faire, mais il avait attisé ma curiosité.

Une chose était certaine, cette enfant avait radicalement changé Noam. Il était devenu quelqu'un de différent, de responsable. Quelqu'un que j'aurais à vrai dire été prête à laisser entrer dans ma vie. Il admit qu'il était heureux de m'entendre lui dire ça, m'avouant même que lui non plus, n'aurait jamais pensé changer à ce point. J'esquissai un sourire en guise de réponse, tandis que Noaly jouait déjà avec une mèche de mes cheveux. C'est à cet instant que Noam me demanda de parler de moi et surtout de ce que j'avais fait après le lycée. Lui en parler ne me dérangeait pas, non, pas vraiment. Le problème, c'était surtout que je n'avais pas fait grand chose et que, par conséquent, ce que j'aurais à lui raconter ne serait pas passionnant et risquerait plus de l'ennuyer qu'autre chose. Je lui parlai alors de New-York, de mes projets, sans pour autant trop m'attarder. J'évoquai aussi ce rêve que j'avais d'avoir un jour ma propre maison d'édition. Des choses qui ne lui apprenaient rien de plus sur moi, si ce n'était peut-être que j'étais ambitieuse. Peut-être même un peu trop pour être heureuse.

« J’suis certain que ça marchera. Tu sais t’entourer de bonnes personnes… et à New York, t’as du rencontrer des personnes qui ont déjà fait leur preuves non ? Avec ton diplôme en poche, c’est de nouvelles portes qui s’ouvriront à toi… Et qui sait, ton rêve pourrait se réaliser… »

Oui, j'avais rencontré des personnes qui avaient déjà fait leurs preuves, à New-York... J'avais même réussi à convaincre l'une d'elle de me suivre jusqu'ici... J'eus à nouveau un vague sourire, à la simple pensée de Caleb. Aurais-je pu lui demander de m'aider à réaliser mon rêve ? Peut-être. Mais aurait-il été prêt à quitter sa place de rêve, pour s'investir dans mon projet ? Probablement. Et c'était là tout le problème. Je ne voulais pas l'entrainer avec moi sur une voie qui, peut-être, n'aboutirait à rien.

« Bien sûr que j'ai des contacts... Mais peu seraient prêts à quitter leur place pour se lancer dans une telle affaire. Je suppose que je pourrais peut-être me lancer, quand j'aurais fait mes preuves... » J'haussai alors légèrement les épaules.

Parler de moi me gênait légèrement. C'est pour cette raison que, rapidement, je lui en demandai plus concernant sa vie à lui. Je ne pensais pas que ma question le mettrait mal à l'aise, et pourtant, je le vis croiser le regard de sa fille, et sembler hésiter un court instant. Baissant les yeux, il m'avoua alors qu'il était resté dans les alentours, qu'il ne s'était jamais vraiment éloigné d'Hope Mills. Il m'expliqua qu'il avait bossé dans des garages, ne restant pas plus que quelques semaines dans une ville, avant d'en changer. Il m'avoua alors avoir eu quelques problèmes avec l'alcool. J'étais légèrement surprise. S'il y avait bien une chose à laquelle je ne m'étais pas attendue, c'était bien à ce que Noam ait si mal tourné. Il m'avoua alors qu'il avait réussi à s'en sortir grâce à une femme qui avait su le faire revenir vers les siens. A présent, il essayait de se racheter une conduite, assistait aux réunions des alcooliques anonymes, et faisait de son mieux pour que les choses se passent bien, avec les membres de sa famille. Un moyen comme un autre pour lui d'oublier ses erreurs. Je poussai un léger soupir, gênée qu'il en soit venu à me faire tant de confidences.

« Comme je te l'ai dit, on peut pas toujours être parfaits. Tu as beau avoir fait bien des erreurs, le plus important, aujourd'hui, c'est que tu sois revenu, que tu aies appris de celles-ci. Et puis... Tu es entouré de gens qui t'aiment... » ajoutai-je notamment en désignant Noaly d'un léger signe de tête. « C'est ce que tu es aujourd'hui, qui leur importe le plus, et pas celui que tu as été. »
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MessageSujet: Re: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptyMer 20 Avr - 16:37



Cette démarche, aller vers Reese. Lui remettre cette enveloppe et lui adresser ces quelques paroles, c’était une démarche qui m’avait couté. Les gens ont cette fausse idée de l’homme que je suis. Parce que je m’appelle Tanner, ils pensent me connaître. Le lycée est une époque lointaine, aujourd’hui. Penser qu’on sera toujours les même dans vingt ans, c’est une belle utopie. Ma vie a basculé le jour où Lynn a fermé les yeux. Pas un jour ne s’écoule sans que je pense à elle. A ses conseils, ses remontrances, nos moments complices. C’était un tout. C’était ma petite sœur. Une sœur comme jamais aucun grand frère n’aurait pu se l’imaginer. Ais-je été un bon grand frère pour elle ? Je ne peux pas réellement le savoir. Puis-je l’être pour Reese ? La question me tourmentait. Notre passé s’avèrerait être un frein à cette relation. C’est pourquoi, je tiens à ce qu’elle découvre qui je suis. Noam. Pas celui qui l’emmerdait au lycée. Plutôt celui qui est son aîné et qui pourrait s’avérer un soutien si elle veut bien de moi dans sa vie. Sauf qu’après vingt ans de retard, il est difficile de réapprendre à se connaitre et laisser le passé à sa place. Dans le passé.

Elle aurait de bonnes raisons de remettre en doute ma sincérité. J’avais été un tel crétin avec elle. Pourquoi justement le fait que j’étais attiré par l’emmerder tout au long de ses années, ne m’a pas éclairé avec plus d’évidence. Pourquoi elle plus qu’une autre ? Je ne me l’expliquais pas. Du moins, pas jusqu’à récemment. Elle est ma sœur. Une notion qui quelque part me soulageait. Je ne l’avais alors pas choisi au hasard. Avais-je agit inconsciemment ? Parce qu’elle me rappelait ma propre personne ? Parce qu’invisiblement, il existait déjà un lien que ni l’un ni l’autre étions capable de comprendre à l’époque ? Je n’en sais trop rien. Lui en voulais-je d’être une Dewitt ? D’avoir été privé de mes parents biologiques ? Je ne dirais pas ça. L’entièreté de ma vie, je l’ai plutôt bien vécu avec les Tanner. Ils m’aimaient. Enfin, ils aimaient le bon garçon, celui qui ne faisait pas de vagues et celui qui avait de bon résultat sportif. Mais ils exerçaient sur moi ce contrôle qui me révoltait. Et Lynn était toujours là pour me tempérer, m’empêcher d’aller trop loin avec eux. Puis elle n’était plus là. La vérité surgissant à peine son dernier souffle exhalé. En voulais-je à Reese d’avoir eu toute l’attention des Dewitt ? Me répétais-je une fois de plus. Non. Comment en vouloir à ma sœur ? Ce qui me foutait en rogne, c’était plutôt l’attitude des Dewitt à mon égard, les mensonges et l’ignorance. L’être humain pouvait être fort, je le savais. Je passais par là mais non, ce qu’ils avaient fait… jamais, je ne pourrais le pardonner. Ils étaient mes géniteurs mais ça ne faisait pas d’eux mes parents. Quant aux Tanner, ils ne valaient pas mieux à mes yeux. Je me sentais seul. Désespérément seul. Reese pouvait elle comprendre ce sentiment de solitude intense. Vous me direz que je suis entouré de mes amis, Joyce, Charly, Casey, Josh, Jessie et Aïdan. Ils sont un peu cette famille que je devrais avoir. Mais des parents. Des vrais, ils n’agissent pas ainsi. Trahison, déception, ce sont des sentiments qui me sont familiers depuis un certain temps. La seule chose positive de ma vie, depuis quelques semaines, c’est Noaly. Ma fille. Celle à qui je refuse de connaître cet atroce sentiment. Et l’attitude de Charly ne m’y aide pas. Bien au contraire. Elle m’enfonce et il ne m’en faudrait que peu pour que je lâche la barre qui me maintient encore à la hauteur de tout le monde. Mais Noaly est là, elle mérite au moins l’effort d’avoir un père décent. Au moins l’un de ses deux parents…

Malgré des débuts difficiles, j’en arrivais à lui parler de notre situation. De la famille. De ce que ça pouvait représenter à mes yeux. Je concevais à quel point ça pouvait s’avéré difficile à ses yeux. Elle était fille unique et avait vécu ainsi durant 22 ans. Se retrouver subitement affublé de plusieurs frères, s’avérait bouleversant, confus. En grandissant avec Lynn, j’avais développé l’âme du grand frère. C’était naturel. Que Reese ait du mal à l’accepter voir même à le comprendre, je savais que justement ça prendrait du temps. Temps que j’étais prêt à lui laisser. L’unique chose que je lui demandais c’était de faire partie de sa vie ou du moins, de ne pas m’ignorer. En demandais-je trop ? Finalement, au bout d’un certain temps, je lui confie que je ne suis pas si sûr de moi. Que je suis littéralement perdu depuis la mort de Lynn. Cette disparition m’a brisé. Et elle a fait encore pire. Brisé et anéantie certainement ma relation avec Charly. C’est peut-être ce qui m’est le plus difficile à accepter. Qu’entre nous, tout ne peut être que différent. Qu’on n’arrive plus à communiquer alors que je voudrais juste être auprès d’elle. Lui réapprendre à sourire. Lui piquer son dernier CD juste pour la faire râler un coup. Mais tout ça n’est à conjuguer au passé. Cette situation m’insupporte et par habitude, je ne dis rien. J’attends. Peut-être finira-t-elle par faire un pas vers moi. Qu’elle acceptera enfin ma présence, mon aide. Mais n’était-ce pas être utopiste que de croire que c’est vers moi qu’elle se tournera.
Devant leur situation, les propos de Reese se répercutent dans son esprit. Pour l’instant elle n’a pas bien conscience des problèmes majeurs de sa vie. Son problème ça n’est pas d’avoir une famille ou de la construire mais plutôt de la garder et de préférence unie.

« Tu te mets trop la pression... On te demande pas tant... » J’haussais un sourcil avant de secouer la tête. En effet, elle ne situait pas l’entièreté de mon problème en vérité.« Enfin... Je ne te demande pas tant. J'attends pas de toi que tu ne fasses pas d'erreur, que tu sois parfait ou que tu me donnes... Une famille. »

« Je sais que t’attends rien de particulier de moi. A juste titre. » murmurais-je avant de me passer une main lasse sur le visage. « Tu connais ce sentiment… celui où t’es désespérément seul… t’essaie de rattraper ceux qui compte pour toi, mais t’as toujours un train de retard ? Y’a de ça quelques temps… tout allait presque bien. Je sortais à nouveau avec Charly. Il n’y avait que Noaly, Charly et moi… et tout à foutu le camps avant même que j’comprenne… depuis… » me mordis-je l’intérieure de la joue en fermant les yeux. « Depuis, je ne sais pas qui je suis. Ma vie je l’ai construite autour de Charly… A certain moment, j’me demande même c’que j’fous encore ici ! Et finalement, t’as accepté de me voir, qu’on se parle… ma vie fout le camps Reese. Littéralement. Toi et Noaly, vous êtes les deux seules personnes à qui je peux me raccrocher aujourd’hui… »

Comprendrait-elle ce que je veux dire ? Je n’en avais aucune certitude. A tous les coups, elle me dirait que j’ferais mieux de consulter un psy. Que j’avais véritablement un problème, au-delà d’un cœur brisé et d’un égo réduit en paté pour chien. Sauf que je tenais à cette famille. Cette notion était mon équilibre. Je revenais juste de deux années de solitude et là, dans la ville de mon enfance, je la ressentais encore plus violente qu’elle ne devrait l’être. Reese était quelqu’un de bien. Cette bonté se lisait dans ses yeux. Malgré qu’elle – aussi – use de cet art de la protection. Pour ne pas souffrir, se protéger de toutes personnes, tel que j’ai pu l’être au lycée. Alors qu’elle doute et ne veuille pas m’offrir l’opportunité de lui démontrer que je suis quelqu’un de meilleur ou encore d’une personne qui tente de s’améliorer. C’est tout ce que je veux pour le moment. Pour ça, il nous faut parler, chose dont je crois, nous ne sommes aucunement friand l’un et l’autre.

C’était certainement la partie la plus déplaisante de notre conversation. J’espérais bien ne jamais avoir à revenir dessus. Chose dont j’imagine qu’elle pourrait comprendre aisément. La vérité faisait mal. Réaliser qu’on n’était qu’un déchet, c’était encore pire. Je ne lui ai pas encore parlé de Blake – dont l’histoire n’est guère plus reluisante que la mienne. De source sure, je sais qu’elle n’appréciera pas la révélation. Le mensonge doit être banni de notre relation, de cette famille. D’accord, ça n’est qu’un avis personnel mais si l’on veut au moins essayer – tenter – de créer un bout de quelque chose, il nous fallait des valeurs saines sur lesquelles s’appuyer. J’espérais entre autre que ma sincérité et mon honnêteté, pourrait à l’avenir faciliter cette relation. Quant aux Dewitt, je comprenais mieux que quiconque ce qu’elle pouvait ressentir à cet instant. C’était pire qu’une simple colère. Une rage qui surgit et dont vous ne contrôlez plus rien. Vous êtes comme l’un de ses fauves africains. Comme un prédateur prêt à se jeter sur sa proie. Je ne veux rien savoir des Dewitt et au regard de Reese, je sais qu’elle ne comprend pas tout. Noaly n’existerait pas, j’aurais certainement foutu le bordel. Je les aurais affronté sans une once de remords quitte à foutre en l’air tout leur équilibre familial. Sauf que je ne veux pas que ma fille ait cette image de moi. Cela faisait de moi, un être plus calme ? Responsable ? J’en sais rien mais je ne veux pas non plus donner l’opportunité aux Tanner et Dewitt de blesser ma fille à l’avenir. Alors peut être que c’est stupide de ma part, mais protéger Noaly est la seule chose que je me sens capable de faire. Peut-être la seule chose de bien. Paradoxalement, je propose pourtant à Reese de l’accompagner si elle le souhaite. Car ça n’est pas une chose à faire seule. Et qu’uni, comment les Dewitt pourront ils nier la vérité ? Cependant, ça ne changera rien à cette rage qui continue de circuler en nous. Restait juste à espérer que le temps nous aiderait à l’évacuer. Peut-être étais-je trop optimiste à ce sujet d’ailleurs.

« Je suis désolée… Ils avaient pas le droit de te faire ça. » C’est étrange parce que dans le fond, on ne se connait pas réellement. Néanmoins, on n’a jamais été aussi sincère et connecté l’un à l’autre qu’à cet instant précis. « Toutes ces choses, tu les méritais aussi. Je regrette sincèrement que tu ne les aies pas eues, et pas seulement parce qu'elles me sont revenues, mais surtout parce que... On devrait tous avoir la chance d'avoir l'amour et l'attention de ses parents. »

« Dis pas ça… » murmurais-je en levant les yeux vers elle, encore empreint de souffrance. « J’ai pas été si malheureux chez les Tanner… c’est juste… je peux pas tolérer qu’on m’ait mentit tout ce temps… et ignoré… C’est pour ça que j’veux que ma fille ait tout ça. Que jamais elle n’oublie combien Charly et moi, on l’aime… » achevais-je les yeux un peu brillant avant de détourner le regard. L’idée qu’elle me prenne pour une mauviette, m’effleurait à peine l’esprit. C’était juste sensible pour moi. Charly, Noaly, les Tanner, les Dewitt, tous des sujets dont j’avais encore du mal à contrôler chaque ressentis.

Je ne dis pas qu’en me retrouvant face à eux, j’arriverais à contrôler tout cet amalgame de sentiments qui m’oppresse et gâche mon existence depuis des années. Cependant, j’me vois pas la laisser affronter ça toute seule. Forte ou pas, là n’est pas la question. Quitte à le faire, je crois que j’aimerais avoir quelqu’un pour m’épauler ou pour me retenir avant d’aller trop loin. Quelqu’un apte à me comprendre. Puis-je l’être pour elle ? En l’espace de quelques-unes de mes phrases, je la vois esquisser d’étranges sourires. On aura beau dire ce qu’on veut, la génétique est là. On a des choses en communs et c’est vrai qu’elle n’est peut-être pas encore prête à l’admettre et à l’accepter, c’est pourquoi je reste persuadé que le temps se chargera du reste.

« Je suis une grande fille. Je peux – non, je sais – me débrouiller toute seule. » Je souris doucement. Cette force de caractère. Cet entêtement, il fallait le reconnaître, il m’était vraiment familier. « [/color=crimson]Et puis... Bien que je ne sois pas vraiment la mieux placée pour dire ça... être mon frère ne fait pas de toi mon larbin. C'est pas parce qu'on est liés par le sang que... tu dois te sentir obligé de m'aider. [/color]»

Je levais machinalement les yeux au ciel. « T’as été touché par la foudre y’a combien de temps ?! » plaisantais-je avant de la fixer plus sérieusement. « Ni larbin, ni obligation et j’ai pas vraiment besoin de te le dire… parce qu’au fond de toi, tu le sais déjà. » C’était ma sœur. Même si on était différent, il existait des notions entre nous. Des ressemblances. Pas évidentes ou frappantes au premier abord mais j’étais certain que quelque part, elle est ou viendrait à en prendre conscience. « Dans ce genre de situation… un soutien, une épaule ou encore quelqu’un qui t’empêcherait de franchir la ligne, ça peut s’avérer nécessaire. Je le fais pas pour eux. Mais pour toi… Si jamais un jour, t’as envie… je serais là. » A moins évidemment qu’elle préfère une autre personne de son entourage pour faire face à cette situation. Une personne plus partiale certainement et qui lui est plus proche. Car il fallait admettre que dans l’histoire, même si je voulais faire au mieux, j’étais un parti prit. Mais c’était autre chose qui me travaillait, si jamais elle ne me choisissait pas. Et si les Dewitt réfutaient ces accusations ?

Tout était étrange dans cette conversation. Y compris cet amalgame à la fois d’une certaine sérénité et de malaise. Deux opposés où aucun ne l’emportait. Comme deux aimants à polarité contraire. Ceci dit, c’était comme si on était réellement à l’aube de découvrir et nouer quelque chose. J’espérais au fond de moi que ça serait positif mais je ne pouvais l’affirmer. Seul le temps nous le dira. Je souris doucement à sa réaction. Visiblement, il y avait bel et bien quelqu’un derrière le fait qu’elle ait accepté ce rendez-vous avec moi.

« J'l'aurais pas accepté de moi-même, effectivement… Enfin, le principal, c'est qu'on soit là, non ? Peu importe les raisons ou les personnes qui nous ont poussé à venir. »

« Parce que j’étais toujours ce crétin emmerdeur pour toi. C’est noté et enregistré. » fis-je avec un sourire ironique. « J’te demanderais juste de… remercier cette personne pour moi. » rajoutais-je après un léger silence.

Des défauts, je n’en manquais pas. Surement comme la majorité des gens mais en l’occurrence, j’avais tendance à m’emporter trop vite. Malgré mes efforts. Quoique je suis pas certain que Charly ou même la bande se soit aperçu de mes efforts. « C'est pas toujours facile, de se maitriser. » Un petit rire traversa ma gorge lorsque mon regard glissa dans le sien. « A qui le dis-tu ! C’est pas comme si Charly ne m’avait pas empêché de refaire le portrait de Josh… à plusieurs reprises ! » Haussais-je les épaules avec une petite moue. « On est foutu hein ! » Terminais-je alors en lui adressais un sourire qui se voulait complice. Car à cette seconde, j’étais sûr qu’elle comprenait véritablement ce que je voulais dire.

Etre séparé, ne jamais avoir eu l’opportunité de réellement connaître Reese tel que ça aurait du l’être, c’était honteux. Les Dewitt avaient vraiment joué aux cons. J’me moquais pas mal de leur raisons. Quoi qu’il en soit, je ne pouvais nier que Reese et moi, partagions des points communs qui, quelques années auparavant nous n’aurions certainement pas oser y regarder de plus près. Je ne me décris pas comme étant particulièrement perspicace mais je tente de me mettre à sa place. Contrairement à ce qu’elle pourrait s’imaginer, j’ai du mal à demander de l’aide. Alors une part de moi, imagine qu’il en va certainement de même pour elle. Car il est toujours plus facile de venir en aide à quelqu’un d’autre, que de la réclamer pour soi-même. J’avais alors conclu avec une once d’humour un peu – beaucoup – stupide en me comparant à un chewing-gum bien collant. Son rire se mêlant au mien, me troubla plus que j’aurais pu l’imaginer un jour. Elle et moi, discutant sans prise de tête. C’était vraiment étrange et ses paroles, même si j’en ressentais une légère distance, je pouvais la comprendre. Nous en étions à cette phase de découverte.

« Merci. » Ces mots, je ne les avais pas attendus. Ça serait difficile de tout reprendre à zéro, prendre ce nouveau départ. Elle avait toujours ignoré le manque d’honnêteté de ses parents. Moi, je le trainais depuis des années et pourtant, j’avais tenté de vivre avec. De m’y faire, c’est surement pourquoi, aujourd’hui j’arrivais à avoir ce recul tandis que la colère l’envahissait. Au fil du temps, je crois qu’on finira par ce comprendre ou du moins ce lien que nous tisseront se fera naturellement. « Quoi que, pour le côté collant façon chewing-gum, je pourrais certainement m'en passer. » Je ne pus m’empêcher, d’esquisser ce sourire rassurant. Finalement, elle n’était aussi inaccessible et froide que j’avais pu m’en faire l’idée. Il fallait juste briser la glace. L’honnêteté et la sincérité pouvait payer, j’en avais la preuve sous les yeux. Elle avait même de l’humour, ce qui me laissait à penser qu’on aurait peut-être d’autres petits détails comme ceux-ci en communs.

On aurait besoin de plus. Ma démarche, ce désir de rétablir la vérité pouvait sembler froid au premier abord. En quelque sorte, c’était une question de justice. En prenant du recul, c’est certainement ce qu’on imagine. Si c’était vraiment le cas, pourquoi n’affronterais-je pas les Dewitt et les Tanner pour leur montrer, les accuser des vies qu’ils ont brisées par leurs actes ? Je ne suis pas là pour détruire. Je ne veux pas penser à eux, les Dewitt et les Tanner mais plutôt me concentrer sur ceux et celle qu’ils ont brisées de par mensonges, trahisons et ignorance. Evidemment que ça ne se fera pas tout seul. Peut-être est-ce aussi l’une des raisons qui m’a poussé à revenir. Pour trouver un équilibre. Pour me dire que le destin n’est pas tout tracé mais qu’on peut encore le créer avec toute notre volonté et notre foi en nous-même. Bien que je n’ai guère confiance en moi-même ces derniers temps.

« Dis-moi c’que t’as à perdre maintenant ? »
« Vous. »
« Tu penses qu’en faisant cette démarche, j’ai pas pensé aux conséquences ? que ça pourrait merder ? » soutins-je son regard. « Tu sais… quand Lynn a été hospitalisé. J’aurais fait n’importe quoi pour l’aider. J’aurais même préféré prendre sa place plutôt que de devoir affronter toute cette souffrance… et puis elle m’a dit que j’aurais toujours quelqu’un sur qui compter, quelqu’un à aimer, que certaines personnes méritaient de me connaître. J’avais pas compris sur le coup… » J’avais pas compris, c’était la vérité. J’avais pensé à Aïdan, Josh, Casey, Joyce et Charly. Alors non, j’avais pas imaginé une seconde qu’un jour cette personne pouvait être Reese. Que l’un comme l’autre, on pourrait devenir un soutien l’un pour l’autre. Lynn a toujours été plus mature, plus responsable qu’elle le laissait paraitre et surtout, c’est elle qui a fait de moi ce frère. Je ne suis pas idéal. Je suis juste un frère comme il doit en exister des milliards à travers la planète. Avoir l’opportunité d’être le frère de Reese, ça ne serait pas simple mais est-ce que ça voulait dire que ça n’en valait pas le coup ?
« C'est trop à encaisser. C'est ce qui va finir par se passer... » Je n’étais pas totalement de son avis. Il y aurait toujours quelque chose pour nous retenir les uns aux autres. On pouvait vivre loin les uns des autres, mais cela incombait-il que l’un d’entre nous coupent les ponts ? Non. Certes, j’ai conscience que la situation sera plus compliqué avec Blake. Mais je sais qu’il y a plus de bon en lui qu’il ne voudra jamais le démontrer. Quant à la fuite, elle nous est tous venu à l’esprit. C’est une réaction naturelle. On ne peut pas toujours échapper à sa destinée même si on essaie de la modifier. Alors oui, j’ai confiance en la possibilité qu’on puisse trouver un certain équilibre tous ensemble. « C'est trop d'un coup. C'est impossible de rattraper tout ce qu'on a perdu pendant plus d'une vingtaine d'années. Vouloir le faire, c'est se mettre la pression... La fuite, c'est une réaction normale. Humaine. Un de vous partira forcément, si ce n'est pas tous. Alors, le si peu qu'on aura construit - ou qu'on aura voulu construire - s'envolera en fumée. J'dis pas ça pour te décourager, mais parce que c'est vrai. Et c'est ça que j'risque, si j'vous laisse une chance. »
« Qu’on en soit conscient ou pas, on a besoin les uns des autres… j’veux dire c’est pas la distance qui changera quoi que ce soit pour moi. T’es ma sœur Reese… » Fixais je un instant un point sur la table avant de m’obliger à relever les yeux vers elle. « C’est pas parce que tu devras aller vivre dans une autre ville que je sortirais de ta vie. On n’est pas obligé de tous vivre près les uns des autres… et t’en pas encore conscience mais dans quelques années, peut être que tu pourras apprécier un moment tel que des retrouvailles tous ensemble pour une soirée ou un week end. » finis-je avec un lent sourire. « ça va prendre du temps, je le sais et j’me suis fait à cette idée… tu dois juste te faire à l’idée que si les autres auront besoin de temps, t’as déjà un frère qui est prêt à faire partie de ta vie. Et puis…. » continuais-je avec un petit sourire espiègle. « J’suis un peu trop buté pour être du genre à laisser tomber parce qu’on me dit non. »

C’est vrai que j’étais radical au niveau des parents. Elle ne pourrait pas être comme eux. En partie parce qu’elle sait de quoi on a manqué. Mais aussi parce qu’elle culpabilisera surement toujours d’avoir été choisie. C’est pour ça que je sais qu’elle ne nous repoussera pas. Reese est réfléchie et intelligente. Elle a conscience qu’il faut peu de chose pour briser une vie. Quand bien même, elle n’a pas forcément la même notion familiale que moi, je crois qu’elle ne pourra pas cautionner l’attitude des Dewitt. Ce qu’elle me confirme et ça suffit à me rassurer. Finalement, ces points communs sont là. Elle ne veut pas faire de mal. Elle veut une vie, un équilibre. Peut-être une famille, même si elle ne sait pas encore qui et comment s’y prendre. Je lui souris doucement. On y arriverait. Parce qu’on arrivait à se parler et à commencer à se comprendre malgré tout ce qui nous sépare.

Je n’étais pas dans sa tête. Aucunement, je pouvais décrire ce qu’elle ressentait devant mes aveux mais je sentais cette rage qui menaçait d’exploser, de la dominer. Elle faisait des efforts pour se montrer conciliante et intégrer avec le plus de calme qu’il lui était possible, l’existence de Blake. Pour avoir eu affaire à lui, j’ai conscience que ça pourrait devenir très explosif entre nous tous. Toutefois, étant mon jumeau, je reste optimiste. Il est celui qui est le plus affecté par l’abandon. Il est un écorché à qui l’on a jamais réellement accordé d’attention. Ce qui fait de lui quelqu’un de méfiant et distant malgré – j’en suis convaincu – qu’il soit un type bon. On est différent et pourtant quelque part – je ne sais où – des ressemblances doivent bien exister. Je laisserais à Reese le temps de digérer tout ça. Elle pourra revenir pour m’en parler ou aller voir Blake et Jonas. Je ne sais pas si elle compte agir ou si elle tient à mon soutient mais je serais là, si elle le requiert. Pour l’instant, c’est le plus important qu’elle sache avoir quelqu’un à son côté, ainsi que du temps. Que pouvais-je faire de plus ?

On enchaine sur des sujets plus personnels et j’avoue qu’il y a bien des zones de ma vie que j’aurais voulu rayer de mon existence. Ma fuite et l’abandon de Charly notamment. Je sais que la situation aurait pu être différente, si je l’avais choisi au lieu de prendre la fuite. Mais il y avait eu cette petite voix en moi. Celle-là même qui me terrorisait à l’idée de l’embarquer dans ce monde obscure qui venait m’aspirer à la mort de Lynn.
«[/color=crimson] Si parfois, certaines personnes ne pardonnent pas, c'est simplement parce qu'elles ont été trop blessées pour oser le faire.[/color] »
Je le savais ça. Charly avait trop encaissé. Elle n’avait même pas su que j’étais là, aux funérailles de son père. Il y avait encore tant de détails que je me devais de lui dire mais pour ça, il nous faudrait du temps ensemble. Du temps où l’on serait en harmonie. Où elle ne me fuirait pas à la première occasion. Du temps où aussi, elle accepterait que j’aborde le sujet. Car qui la connaissait vraiment bien, savait qu’elle ne supportait qu’on aborde le sujet de ses parents. Je me pinçais simplement les lèvres et détournais les yeux sur la rue. « J’veux juste lui réapprendre à sourire et à avoir de l’espoir. Qu’elle sache que j’l’aime… » fermais-je les yeux dans un murmure. Cette situation me rongeait. J’avais pas l’impression qu’elle réalisait combien ça me tuait de la voir s’éteindre sans rien pouvoir faire.

Le sujet revient sur Jonas et Blake et c’était sans doute pour le mieux. Parler de Charly me faisait mal, dans le sens où elle m’empêchait d’être près d’elle. Il n’y avait que Noaly qui nous apportait l’opportunité de nous voir ses derniers temps. J’en vins à lui expliquer que Blake et Jonas ne savait que le strict minimum et que Blake devait avoir peur. Parce qu’une famille devait être une notion abstraite pour lui. Que sa vie en foyer l’avait endurci, distant et méfiant envers l’être humain. Alors une famille, c’était un peu inimaginable pour lui.

« Il changera d'avis avec le temps. Il faut le laisser s'habituer à cette idée... Il finira bien par chercher à en savoir plus. Ne serait-ce que par curiosité. On a tous besoin de savoir d'où l'on vient, pour se construire, et savoir où l'on va. Il n'échappera certainement pas à la règle. »
« C’est aussi c’que j’pense… mais disons qu’il peut s’avérer assez cruel lorsqu’on le fout en rogne… quelqu’un arrivera peut être à lui faire voir les choses différemment un jour. Je veux y croire… » Parce que c’est mon jumeau. Qu’on a forcément bien plus en commun que cette ressemblance physique, malgré qu’on ait été élevé et grandi dans deux atmosphères différentes.

Evoquer Regan et Heaven, c’était me rappeler aussi l’attente, la peur, l’angoisse de perdre Noaly. Une période difficile pour Charly et moi. Pourtant, c’était également le moment où tout avait semblé rentrer dans l’ordre entre nous. Durant quelques semaines. Une période où elle m’avait dit vouloir cette famille et se battre contre ce cancer. Une période visiblement révolue. Sans que je comprenne vraiment tout avait basculé. J’évoquais vaguement Regan avec Noaly mais j’oubliais bien vite que Reese n’avait surement pas dû entendre parler de l’accident.

« De quoi tu parles ? Il lui est arrivé quelque chose ? »

« Un accident. » répondis-je, les yeux posés sur ma fille. « C’était avant qu’on récupère sa garde. Elle avait besoin d’une greffe… » Jamais je n’aurais laissé ma fille mourir. Pas comme ça. Pas quand j’avais les moyens de l’en sortir. Je n’étais certes pas le sujet le plus brillant, le plus compatible du fait de mon passé mais il y avait suffisamment de marqueur pour procédé à une greffe. De plus, Charly ne m’aurait jamais pardonné si notre fille ne s’en était pas sorti. Quant à moi, parfois, il m’arrive de me demander si j’aurais pas mieux fait d’y rester. Au moins, la souffrance je ne l’éprouverais plus au quotidien, devant l’ignorance, l’indifférence et l’absence de celle que j’aime. « Une partie de moi, vivra toujours en elle. » soufflais-je du bout des lèvres. Je ne l’ai jamais ressenti comme un sacrifice. Noaly est ma fille, ma chair et mon sang. Je devais le faire. Pas précisément par devoir mais par amour. Je ne pouvais pas rester sans rien faire alors que la vie s’échappait peu à peu d’elle, alors qu’elle n’était qu’une enfant. « Aujourd’hui, elle va mieux. Pas de rejet… d’ici quelque temps, il n’y paraitra plus. Elle sera comme n’importe quelle petite fille. » conclus-je avec un sourire rassurant. A condition que Charly se soigne, songeais-je en mon for intérieur. Car quoi qu’en pense Evans, je savais que ma fille souffrirais de l’absence de sa mère, si elle ne venait pas à changer radicalement d’avis à propos de ce traitement.

Je ne m’estimais pas meilleur. Les évènements de mon existence m’ont forcé à prendre certaines décisions, à me remettre en question. Etais-je meilleur que 3 ans plus tôt. Lynn était une perte que je devais certainement subir pour mon évolution. Perdre Noaly aurait brisé ce qui restait de bon en moi. Quant à la possibilité de perdre Charly. Je crois que personne ne serait apte à m’aider à m’en remettre. Aux yeux de certains, elle n’était que mon amour de lycée. Surtout dans cette ville. Quelqu’un comme Joyce comprendrait l’espoir et la force que je puise en elle. Elle est toute ma vie. Sans elle, je ne suis plus Noam. Je suis un autre. Un type en lequel, je ne me reconnais pas. Un type capable d’aller jusqu’à son autodestruction. Alors oui, je m’accroche à cet infime espoir de la voir revenir. Qu’on arrive un jour à construire ce futur ensemble. Parce qu’en dépit des années, des évènements, rien ni personne ne pourra m’empêcher d’aimer Charly.
Heureusement la conversation dévie pour quelque chose de plus positif. Je commençais réellement à me lier à Reese. Les choses se mettraient en place naturellement. Et un jour, je ne sais pas quand, elle réalisera combien finalement, il n’aura pas été si compliqué de se lier. Que tout finit par arriver. Même si je ne m’attends pas à c’qu’on soit d’accord sur tout. On finira forcément par s’engueuler mais, j’osais espérer que ça n’entacherait pas notre lien sur la longévité.

L’entendre me parler de ses rêves me fit sourire. Elle était brillante. Déjà au lycée elle l’était. Contrairement à moi où les études étaient le cadet de mes préoccupations. Seul le sport me distinguait. Etais-je pour autant malheureux de ma vie ? Pas vraiment puisque j’avais un job qui me plaisait.

« Bien sûr que j'ai des contacts... Mais peu seraient prêts à quitter leur place pour se lancer dans une telle affaire. Je suppose que je pourrais peut-être me lancer, quand j'aurais fait mes preuves... »

« Patience hein ? » souris-je doucement. « C’est pas exactement la première de nos qualités. J’suis sûr que t’y arrivera. J’ai confiance. » Parce que comme moi, elle était têtue et tenace. S’accrocher à ses rêves c’était aussi ce qui nous permettait d’avancer.
Quand elle en vient à vouloir que je lui confie ce qui c’était passé pour moi. J’avoue que j’avais tiqué. En apparence, ça pouvait sembler bâteau comme demande. Les réponses n’étaient toutefois pas toujours agréables à entendre. Les fournir me demandait des efforts. De la force. Et surtout accepter qui je suis et ce que j’ai fait. Et principalement mon problème d’alcool. Je devais le faire. Ça faisait parti de ce protocole à suivre. Comment pouvais-je être sincère avec elle, en lui cachant une problème si profondément ancré au fond de moi. Même si ça m’était embarrassant, je n’avais d’autre choix que de le faire.

« Comme je te l'ai dit, on peut pas toujours être parfaits. Tu as beau avoir fait bien des erreurs, le plus important, aujourd'hui, c'est que tu sois revenu, que tu aies appris de celles-ci. Et puis... Tu es entouré de gens qui t'aiment... » levais je les yeux vers elle « C'est ce que tu es aujourd'hui, qui leur importe le plus, et pas celui que tu as été. »

« Des gens qui m’aiment… » déglutis-je difficilement. « J’ai Noaly… et toi, un jour peut-être. Pour les autres… je sais pas vraiment. » Les mots sortaient difficilement de ma gorge. Le plus dur, c’était justement de croiser ces regards maintenant qu’ils savaient que j’étais un alcoolique. Que je le serais à vie malgré mes efforts pour rester sobre. De plus même si une part de moi espérait encore que Charly m’aime, je ne savais plus si un jour elle voudrait encore de moi. Car toutes mes tentatives s’achevaient par un échec cuisant où j’y laissais des plumes. Ainsi, parfois il m’arrivait de penser que je serais certainement plus à ma place dans un autre monde. Chose qu’il m’était impossible de formuler sans passer pour un suicidaire aux yeux des personnes qui m’entourent.


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MessageSujet: Re: « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese   « I know, you deserve better but… I can try to be… one of your brothers… » ❖ Reese EmptyVen 3 Juin - 3:48

Cette confrontation avec Noam s'avérait être moins pire que ce que je m'étais imaginé. Enfin... Dans le sens où Noam lui même s'avérait être moins exaspérant que ce dont j'avais le souvenir. Pire encore, il savait presque se montrer... aimable. Ce qui était pour le moins déroutant, sachant que jusqu'à présent, je n'avais jamais eu à faire à ce Noam là, mais à un autre homme, exécrable, que j'avais détesté pendant des années. Qu'en serait-il de ce nouveau Noam ? Saurais-je l'apprécier ? Saurais-je oublier celui qu'il avait été, pour me concentrer sur celui qu'il était à présent, c'est à dire, mon frère ? Bon sang, cette idée seule me donnait encore envie de prendre mes jambes à mon cou. Si je m'étais attendue à une telle nouvelle... De tous les gens de cette ville, il avait fallu que celui auquel j'étais liée par le sang ne soit autre que celui que je détestais également le plus. Ironie du sort ? Peut-être. A croire que, par le passé, Noam ne m'avait pas assez pourri la vie, et qu'il avait besoin de le faire encore aujourd'hui. Etait-ce vraiment lui, que je devais blâmer ? Non, bien évidemment. Si je lui en voulais – injustement – je savais très bien, dans le fond, qu'il n'était pas responsable de la situation dans laquelle nous nous trouvions à présent. Les seuls responsables n'étaient autre que les Dewitt – nos parents. C'étaient eux qui nous avaient caché la vérité pendant toutes ces années, eux qui avaient exclu Noam de ma vie et qui, indirectement, nous avaient poussés à nous détester. En un sens, Noam n'était peut-être même responsable de rien... Même si je refuserais naturellement de le reconnaître. J'étais encore bien trop sous le choc de la nouvelle, j'avais encore bien trop de haine en moi pour avouer une telle chose et reconnaître que Noam était peut-être, finalement, quelqu'un de bien.

Il avait beau avoir encore, à mes yeux, de nombreux défauts, il y avait une chose que je ne pourrais pas vraiment lui reprocher, à savoir : sa sincérité. Il avait osé me révéler ce que nos parents nous avaient caché pendant plus d'une vingtaine d'années. Il avait osé faire ce premier pas vers moi, et si je ne le montrais pas, ce geste me touchait, en un sens. Ca me laissait penser que, peut-être, sa démarche avait un sens. Peut-être qu'il faisait ça avec un but plus noble que tout ce que mon esprit détraqué avait pu s'imaginer. Peut-être même que ce geste, bien que je ne l'aie pas accueilli avec enthousiasme, marquerait le début d'une relation fraternelle que je n'avais encore jamais osé imaginer en plus de 22 ans d'existence. Qu'attendais-je de lui ? Qu'il agisse comme un frère avec moi ? Non, pas encore. Je ne lui demandais pas d'être mon frère. Même si, techniquement, il l'était, quoi que j'en dise et quoi que j'en pense. J'attendais simplement de lui qu'il soit honnête avec moi et qu'il me révèle tout ce qu'il savait de cette vérité qui nous avait été trop longtemps dissimulée à tous les deux. Après tout, que je le veuille ou non, je le savais : il était la seule personne de ma famille vers qui je pouvais me tourner à présent, la seule personne encore capable de me regarder en face, sans me mentir, la seule personne capable, peut-être, de m'aider à gérer ce flot d'émotions négatives qui m'habitaient dès lors que je songeais à nos parents. Il était le seul à comprendre ce mélange entre déception, trahison et haine. Le seul à savoir qu'en plus d'être blessée, j'étais révoltée, comme prête à exploser, à chaque seconde.

Bien que nous vivions la situation différemment, - et pour cause, puisque nos parents ne m'avaient pas abandonnée - nous pouvions nous comprendre, mutuellement. C'était du moins ce dont j'étais persuadée. Qu'on le veuille ou non, nous avions tous les deux été trahis, et élevés par des parents qui n'avaient rien fait d'autre que nous mentir. Cela nous liait, en un sens. Etait-ce pour cette raison, que Noam avait commencé à se confier à moi ? Parce qu'il se sentait lié à moi ? Ou parce qu'il s'y sentait obligé, compte tenu de la situation ? J'aurais été incapable de répondre à cette question. Je ne savais pas s'il m'ouvrait son coeur de la sorte parce qu'il en avait envie ou parce qu'il sentait qu'il était de son devoir que de répondre à mes questions, aussi indiscrètes soient-elles. L'entendre parler de Lynn me mettait mal à l'aise. Parce que je savais pertinemment que je ne pourrais jamais être à la hauteur de cette dernière, et m'avérer être une aussi bonne soeur qu'elle ne l'avait été. En fait, à bien y réfléchir, je crois que c'était ce qui m'effrayait également : qu'il vienne à nous comparer, toutes les deux. Elle, la soeur parfaite et moi... Reese Dewitt, son bouc émissaire, son opposé le plus total. Jamais nous n'aurions une relation aussi fusionnelle et parfaite que celle qu'ils avaient entretenue. Il le savait aussi bien que moi. Parce que j'étais différente de Lynn et que jamais, je ne saurais m'ouvrir à lui comme elle le faisait. Lorsqu'il m'expliqua ce que cette famille représentait pour lui, lorsqu'il m'expliqua que c'était tout ce qui lui restait, je ne pus m'empêcher de lui faire remarquer qu'il se mettait trop la pression. Qui lui demandait de s'occuper de cette famille, hein ? Certainement pas moi. Et probablement pas ce Jonas non plus. Il me donnait l'impression de chercher la perfection, de chercher à être irréprochable pour nous. Mais ça n'était pas ce que nous lui demandions. Ou du moins, ça n'était pas ce que moi, je lui demandais.

« Je sais que t’attends rien de particulier de moi. A juste titre. », murmura-t-il, avant de passer une main sur son visage. Je poussai un léger soupir, avant de me mordre la lèvre. «  C'est pas ce que j'ai voulu dire... » essayai-je alors maladroitement de me rattraper, et de lui faire comprendre que je n'avais pas dit ça pour le remettre à sa place, mais plutôt pour retirer un poids de ses épaules. Il reprit bien rapidement, « Tu connais ce sentiment… celui où t’es désespérément seul… t’essaie de rattraper ceux qui compte pour toi, mais t’as toujours un train de retard ? Y’a de ça quelques temps… tout allait presque bien. Je sortais à nouveau avec Charly. Il n’y avait que Noaly, Charly et moi… et tout à foutu le camps avant même que j’comprenne… depuis… Depuis, je ne sais pas qui je suis. Ma vie je l’ai construite autour de Charly… A certain moment, j’me demande même c’que j’fous encore ici ! Et finalement, t’as accepté de me voir, qu’on se parle… ma vie fout le camps Reese. Littéralement. Toi et Noaly, vous êtes les deux seules personnes à qui je peux me raccrocher aujourd’hui… »

Wow. Si ça, c'était pas me mettre la pression, pour le coup, j'me demandais bien ce que c'était ! Je baissai les yeux un instant, sans savoir quoi répondre. Je voyais où il voulait en venir. J'avais moi-même commencé à construire ma vie autour de Caleb, depuis plus d'un an. S'il venait à m'abandonner, je ne savais pas ce que je deviendrais. Pour Noam, la situation était encore plus compliquée. Parce que Charly et lui avaient eu une histoire, parce qu'ils s'aimaient, et qu'ils avaient eu une fille ensemble. Je n'osais même pas imaginer ce qui pouvait bien traverser son esprit. Et je n'osais pas imaginer non plus ce qu'une réaction négative de ma part aurait pu provoquer en lui.

« Tu as aussi tes amis... » tentai-je alors de lui faire remarquer, non pas pour m'enlever de la responsabilité, mais aussi pour lui faire comprendre que, contrairement à ce qu'il laissait croire, il n'était pas seul. « Tu fais partie des personnes les plus aimées et les plus entourées que j'connaisse, Noam... »

Ce que je disais était vrai. Et d'ailleurs, je l'avais souvent envié, pour ça. Pour être autant entouré, pour savoir s'ouvrir aux autres comme il le faisait. Tout autant de choses que j'avais été incapable de faire, restant bien souvent seule dans mon coin. Contrairement à Noam, je n'avais que très peu d'amis, et très peu de gens sur lesquels compter. Je crois même pouvoir dire, à juste titre, qu'il n'y avait que deux personnes sur lesquelles je pouvais réellement compter, à savoir Regan et Caleb. Alors l'entendre me dire qu'il se sentait seul me laissait quelque peu... perplexe, je devais le reconnaître.

Puisque nous en étions rendus aux confidences, Noam et moi avions fini par aborder les sujets vraiment sensibles, à savoir : nos parents respectifs et ce secret de famille qui nous liait l'un à l'autre. Lorsqu'il en vint à parler des Dewitt, je me sentis comme mal à l'aise. Après tout, les Dewitt m'avaient gardée, moi... Ils m'avaient élevée, m'avaient aimée... Tout autant de choses qu'ils avaient été incapables de faire avec Noam. Je crois qu'en un sens, je culpabilisais, comme persuadée de lui avoir pris tout ce à quoi il avait eu droit. En réalité, il aurait eu toutes les raisons de me détester pour ça, j'en étais parfaitement consciente. Peut-être même que j'avais mérité ses moqueries, durant notre adolescence et que celles-ci n'avaient été que le prix à payer pour lui avoir en quelque sorte volé ses parents. Je ne pus m'empêcher de m'excuser, pour ce que nos parents avaient fait, bien que je sache pourtant pertinemment qu'il aurait plutôt été à eux de s'excuser, et non à moi. Et pourtant, je regrettais sincèrement qu'il n'ait pas eu la chance de connaître nos parents, de les aimer et d'en être aimé comme j'en avais eu la chance. Je regrettais qu'il ait vécu pendant toutes ces années avec des étrangers alors que ses vrais parents, eux, ne s'étaient trouvés qu'à quelques mètres de là. Je regrettais qu'on n'ait pas eu la chance de se connaître, et de s'apprécier, plutôt que se détester comme on l'avait fait. Mais n'était-il pas trop tard pour tous ces regrets ? N'était-il pas trop tard pour que nous apprenions à nous connaître ?

« Dis pas ça… » murmura-t-il, après mes excuses. Il planta son regard dans le mien, avant de continuer, « J’ai pas été si malheureux chez les Tanner… c’est juste… je peux pas tolérer qu’on m’ait mentit tout ce temps… et ignoré… C’est pour ça que j’veux que ma fille ait tout ça. Que jamais elle n’oublie combien Charly et moi, on l’aime… »

Je devinais bien rapidement que le sujet s'avérait être très sensible pour lui. Devant son émotion, je tentai de cacher mon malaise. Manquerait plus que Tanner se foute à chialer maintenant. Ca aurait été le coup de grâce. Qu'aurais-je pu faire, s'il s'était effectivement laissé aller au point de pleurer ? J'aurais été incapable de trouver les mots pour consoler. Je préférais ne rien répondre, sachant pertinemment que tout ce que je dirais ne suffirait certainement pas. La colère, la déception qu'il pouvait ressentir, je les connaissais très bien. Même si ce qui m'habitait à l'instant se rapprochait plus de la rage que d'autre chose.

C'est ainsi que Noam me confia vouloir ne rien avoir à faire avec les Dewitt. Cela signifiait-il qu'il ne voulait rien avoir à faire avec moi ? Je ne pus m'empêcher de me poser la question, et accessoirement de la formuler à haute voix. Il m'expliqua ainsi qu'il ne me détestait pas, étant lui aussi conscient que les seuls personnes à blâmer, dans cette histoire, n'étaient autre que nos parents. Des parents que je détestais plus que tout, à ce jour, et que je prenais un soin particulier d'éviter. Parce que, si je venais à les avoir en face de moi, je ne pourrais pas me contrôler et retenir les paroles – blessantes – que je pourrais avoir à leur dire. Devais-je rester ainsi silencieuse, pendant les prochaines années ? Une part de moi – la plus sage, sans doute - souhaitait éviter la moindre confrontation, et une autre – la plus incontrôlable – souhaitait leur dire, que je savais tout de leurs secrets, et la haine que je ressentais à leur égard. Quand aurait lieu notre prochaine confrontation ? Je n'en avais pas la moindre idée. La seule chose dont j'étais certaine, c'était que celle-ci ne serait pas agréable et ce, pour eux, comme pour moi. A la mention de cette éventuelle confrontation, Noam vint à me proposer de m'accompagner. Le faisait-il par bonté de coeur, ou parce qu'il redoutait que j'en vienne à tuer nos parents biologiques dans un excès de rage ? Quelle qu'en soit la raison, je refusai catégoriquement sa proposition, lui affirmant dans un premier temps que j'étais assez grande pour me débrouiller seule et dans un second temps qu'être mon frère ne l'obligeait pas à être mon larbin. Je ne voulais pas qu'il se sente obligé de m'aider simplement parce qu'on était liés par le sang.

« T’as été touché par la foudre y’a combien de temps ?! », me demanda-t-il, en levant les yeux au ciel, avant de reprendre, « Ni larbin, ni obligation et j’ai pas vraiment besoin de te le dire… parce qu’au fond de toi, tu le sais déjà. »

Alors quoi ? Il allait me dire qu'il faisait ça parce qu'il était mon frère ? Il ne comprenait pas. Il ne suffisait pas d'être liés par le sang pour être frère et soeur. Il nous faudrait bien plus pour nous considérer comme tels.

« Dans ce genre de situation… un soutien, une épaule ou encore quelqu’un qui t’empêcherait de franchir la ligne, ça peut s’avérer nécessaire. Je le fais pas pour eux. Mais pour toi… Si jamais un jour, t’as envie… je serais là. »

Je baissai un instant les yeux, ne sachant quoi lui répondre. Après un moment d'hésitation, j'inspirai profondément avant de répondre :

« Merci. » J'hésitai de nouveau avant de dire ce qui allait suivre puis, sachant pertinemment je ne pourrais retenir ce que j'avais sur le coeur plus longtemps, j'ajoutai, « Mais... J'suis pas Lynn, Noam. » Il n'était pas idiot. Il le savait très bien, mais saurait-il où je voulais en venir ? « Enfin, j'veux dire que... J'te demande pas d'être là pour moi, et de me soutenir comme tu le faisais avec elle. », repris-je, en espérant me montrer plus claire.

Je n'avais pas envie qu'il s'occupe de moi, ni même qu'il fasse semblant de se soucier de ma vie, de mes sentiments, simplement parce qu'on avait le même ADN. Je ne voulais pas qu'il se sente obligé de m'aider ou de jouer les grands frères. Je ne disais pas être complètement fermée à l'éventualité de construire un jour une réelle relation fraternelle avec lui et Jonas, mais je ne voulais pas d'une relation dans laquelle l'hypocrisie et le devoir primeraient sur le reste. Je voulais une relation sincère, et saine. Je ne voulais plus de mensonge, et de faux semblants. Tant qu'à être honnête, à sa remarque, je lui avouai qu'effectivement, je n'avais pas décidé de le rencontrer de moi-même. Quand j'avais lu sa lettre, j'avais été folle de rage. Si j'avais eu Noam en face de moi, je lui aurais probablement refait le portrait. Même si j'étais une femme et qu'il m'aurait certainement mise KO en moins de deux. Seul Caleb m'avait poussé à me calmer,et à prendre un minimum de recul. Il avait réussi à me convaincre de la bonne volonté de ce frère que j'avais auparavant détesté, et m'avait incitée à accepter de le rencontrer. Alors oui, cette discussion, nous ne la devions qu'à Caleb.

« Parce que j’étais toujours ce crétin emmerdeur pour toi. C’est noté et enregistré. » dit-il avec un sourire ironique tandis que je lui adressai une légère grimace.

« J'suis désolée. » répondis-je alors.

« J’te demanderais juste de… remercier cette personne pour moi. »

J'esquissai un sourire amusé à sa remarque. Je me voyais franchement mal aller voir Caleb et lui dire que Noam le remerciait. Cependant, je lui répondis par un hochement de tête, avant d'ajouter :

« Je le ferai. »

De tous nos points communs, le plus frappant était certainement cet entêtement et cette impulsivité qui nous caractérisait tant, lui et moi. Lorsqu'il fit justement mention de sa propre impulsivité, je ne pu que le comprendre, admettant par la même occasion qu'il n'était pas toujours facile de se maitriser. Ma remarque le fit rire, et quand son regard croisa le mien, j'eus l'impression, pour la première fois depuis le début de notre conversation, que nous étions vraiment en phase, et que nous nous comprenions mieux que personne. Comme un frère et une soeur se comprenaient. Cette idée me fit tout drôle, et je me retrouvai malgré moi avec un sourire niais sur le visage que je m'empressai d'effacer lorsqu'il reprit la parole :

« A qui le dis-tu ! C’est pas comme si Charly ne m’avait pas empêché de refaire le portrait de Josh… à plusieurs reprises ! On est foutu hein ! »

Il m'adressa un sourire complice auquel je répondis naturellement. A croire que finalement il y avait certains sujets sur lesquels on pouvait s'accorder, et surtout se comprendre. Cette idée me rassurait, en un sens. Réellement. Mais sa remarque concernant Josh ne passa pas inaperçu et c'est ainsi que, la curiosité reprenant le dessus, je lui demandai :

« Josh ? Je pensais que c'était ton ami...? »

Décidément, les relations, avec Noam, s'avéraient bien souvent plus compliquées que la normale. A croire que je n'étais pas la seule avec laquelle le courant ne passait pas toujours bien. Ce qui était rassurant, en un sens.

Il en vint alors, sans que je ne m'y attende, à me confier qu'il avait été sincère en me proposant son aide et qu'en cas de besoin, je pourrais venir le voir. Savait-il que je n'oserai jamais le faire ? Peut-être, car au final, il m'expliqua même qu'à vrai dire, que je le veuille ou non, il resterait là, se décrivant comme 'plus collant qu'un chewing-gum'. Cette remarque eut au moins le mérite de me faire rire. Qui aurait cru qu'un jour, je me laisserais aller en compagnie de Noam Tanner, allant même jusqu'à rire avec lui ? Certainement pas moi. Reconnaissante, je l'avais alors naturellement remercié.

Mais malgré ses bonnes paroles, je ne pouvais m'empêcher de douter. J'avais peur. Peur de la place que pourraient venir à occuper ces frères dans ma vie, peur que l'un d'eux ne finisse par m'abandonner. Peur qu'ils ne veulent pas avoir à faire à moi, simplement parce que nos parents m'avaient choisie. Oui, j'avais peur qu'ils me détestent, même si j'aurais pu les comprendre. Et malgré tout, il m'était impossible de les repousser. Parce que le faire aurait été horriblement injuste, surtout compte tenu de ce que nos parents leur avaient fait vivre.

« Tu penses qu’en faisant cette démarche, j’ai pas pensé aux conséquences ? que ça pourrait merder ? » me demanda-t-il, alors que je secouai la tête en guise de réponse. Il ne comprenait pas. Noam était tellement sûr de lui, tellement certain qu'un jour, on pourrait former cette famille à laquelle il tenait tant... Il ne me donnait pas l'impression d'avoir songé à cette éventualité. Il était tellement sûr de lui, de nous...

« Tu sais… quand Lynn a été hospitalisé. J’aurais fait n’importe quoi pour l’aider. J’aurais même préféré prendre sa place plutôt que de devoir affronter toute cette souffrance… et puis elle m’a dit que j’aurais toujours quelqu’un sur qui compter, quelqu’un à aimer, que certaines personnes méritaient de me connaître. J’avais pas compris sur le coup… »

Lynn. J'aurais dû me douter qu'elle reviendrait sur le tapis. Baissant un instant les yeux, je préférais ne rien répondre, sachant que si je lui disais ce que je pensais – à savoir que cela ne signifiait rien, pour moi – nous en viendrions à nous disputer. Rares étaient ces fois ou je prenais sur moi comme je le faisais aujourd'hui. Et pourtant, les choses étaient différentes, à présent. Je ne pouvais plus me permettre d'agir égoïstement sachant que, que je le veuille ou non, j'avais à présent des frères à assumer.

Calmement, j'essayai de faire comprendre à Noam que, tôt ou tard, l'un d'entre nous prendrait la fuite. Parce que c'était tout simplement une réaction naturelle. Nous demander de rattraper cette vingtaine d'années perdues, c'était tout simplement trop. On avait déjà assez à encaisser, sans se mettre une pression supplémentaire. Je savais que certains finiraient par partir, si ce n'était pas tous. Et ce que je craignais, c'est que lorsque cela se produirait, je me sois attachée à eux. J'avais pas envie de souffrir, ni même d'être laissée de côté. J'avais pas envie de payer pour toutes ces années qu'on nous avait volées.

« Qu’on en soit conscient ou pas, on a besoin les uns des autres… j’veux dire c’est pas la distance qui changera quoi que ce soit pour moi. T’es ma sœur Reese... C’est pas parce que tu devras aller vivre dans une autre ville que je sortirais de ta vie. On n’est pas obligé de tous vivre près les uns des autres… et t’en pas encore conscience mais dans quelques années, peut être que tu pourras apprécier un moment tel que des retrouvailles tous ensemble pour une soirée ou un week end. ça va prendre du temps, je le sais et j’me suis fait à cette idée… tu dois juste te faire à l’idée que si les autres auront besoin de temps, t’as déjà un frère qui est prêt à faire partie de ta vie. Et puis… J’suis un peu trop buté pour être du genre à laisser tomber parce qu’on me dit non. »

Je poussai un profond soupir. Sachant pertinemment qu'il pourrait – éventuellement – mal prendre ce que j'allais dire, j'essayai de me montrer le plus diplomate possible :

« Ma vie s'est toujours résumée à moi, Noam. Moi, et mes parents. Y'a jamais eu personne d'autre. Vraiment jamais. Quand j'ai dû partir pour mes études... Y'avait même plus mes parents. Juste... moi. Et ça me convenait très bien. Mais là, tu débarques dans ma vie et tu me demandes de laisser une place à d'autres personnes. J'ai rien contre ça, et tu sais que je finirai par vous accepter mais... J'ai jamais connu ça, et ça me fait peur. J'vous connais pas, alors oui, j'ai peur. J'ai peur que vous foutiez tout ça en l'air. Que ça ne soit plus moi, d'un coup, et que ça devienne « nous » et qu'à cet instant, vous décidiez tous d'abandonner. T'as beau m'assurer que c'est pas ce qui se passera, comment tu veux que je te crois ? T'as pas le don de lire dans l'avenir, tu sais pas si ce que tu avances est vrai. »

On changea de sujet, en abordant des plus personnels. Charly et Noam, c'était une longue histoire, à laquelle je n'avais jamais vraiment compris grand chose. Aujourd'hui encore, c'était le cas. Son pardon ? Si Charly n'était pas prête à l'accorder à Noam, ça n'était, à mes yeux, pas parce qu'elle ne l'aimait pas, mais simplement parce qu'elle avait été trop blessée pour oser envisager de lui laisser une seconde chance. Se pinçant les lèvres, et détournant le regard, Noam me répondit :

« J’veux juste lui réapprendre à sourire et à avoir de l’espoir. Qu’elle sache que j’l’aime… »

J'hésitai un instant, avant de poser ma main sur la sienne, pour qu'il me regarde. Lorsqu'il se retourna dans ma direction, je soutins son regard, pour lui répondre :

« Elle le sait. » je baissai un instant les yeux, avant d'ajouter, « Les femmes savent toujours ces choses là. »

Ce que je disais n'était pas totalement vrai, je devais l'admettre. Mais Charly savait pertinemment que Noam l'aimait. Ca crevait les yeux. Avec du temps, elle lui laisserait peut-être l'occasion de revenir dans sa vie. Quand elle se sentirait prête. Il suffisait simplement de laisser le temps faire les choses.

Nous en revînmes alors à parler de Jonas et Blake. Retirant ma main de celle de Noam, je lui avais répondu, concernant Blake, qu'il changerait très certainement d'avis avec le temps. Si effectivement, il n'avait rien connu d'une famille – ou très peu, du moins – il fallait lui laisser le temps de s'habituer à cette idée. Surtout que j'étais certaine que, tôt ou tard, il finirait par revenir vers nous. Ne serait-ce que par curiosité, et savoir d'où il venait.

« C’est aussi c’que j’pense… mais disons qu’il peut s’avérer assez cruel lorsqu’on le fout en rogne… quelqu’un arrivera peut être à lui faire voir les choses différemment un jour. Je veux y croire… »

Je ne répondis rien, et c'est ainsi que, de fil en aiguille, nous en vînmes à parler de ma meilleure amie, Regan, et de sa fille Heaven. C'est à cet instant que Noam laissa sous entendre qu'il était arrivé quelque chose à Noaly. Ne sachant pas de quoi il parlait, je n'avais de nouveau pas pu garder ma curiosité pour moi, et je lui en avais demandé plus.

« Un accident. » commença-t-il, sans me regarder, mais en regardant plutôt le petit bout qui était assise sagement sur mes genoux. « C’était avant qu’on récupère sa garde. Elle avait besoin d’une greffe… Une partie de moi, vivra toujours en elle. »
« Oh. » répondis-je sous la surprise. Mon regard se posa alors sur Noaly qui, tournant la tête dans ma direction, m'adressa un large sourire. J'en esquissai un à mon tour, avant de gratifier son front d'un baiser.

« Aujourd’hui, elle va mieux. Pas de rejet… d’ici quelque temps, il n’y paraitra plus. Elle sera comme n’importe quelle petite fille. » reprit-il, avec un sourire rassurant aux lèvres. Je lui adressai à mon tour un sourire.
« C'est magnifique, ce que tu as fait pour elle, Noam. Même si ça doit probablement te sembler... Naturel. »

Je n'étais pas mère et je ne savais donc pas ce qu'il avait pu ressentir lorsqu'il avait cru perdre sa fille. Je savais néanmoins avec certitude qu'il l'aimait, et que cette épreuve avait dû être terrible pour lui. Donner un bout de lui même à Noaly avait dû lui sembler tellement naturel. Et pourtant, si on m'avait dit, au lycée, qu'un jour, Noam Tanner agirait de la sorte, je ne l'aurais probablement jamais cru. Il avait changé, c'était indéniable. Et peut-être que j'avais changé également. Toutes ces années qui s'étaient écoulées depuis le lycée, c'était peut-être notre chance de pouvoir, un jour, construire un réel lien fraternel.

Apprendre à nous connaître, c'était un minimum. Je ne disais pas qu'avec ça, on s'entendrait mieux, non... Mais savoir ce que nous étions devenus, c'était un moyen, pour nous, de laisser le passé de côté, et d'apprendre à réellement se connaître, sans les préjugés qu'on avait bien pu avoir par le passé à l'égard de l'autre. Naturellement, j'avais parlé de mes études, et de mon travail. Probablement parce que c'était la seule chose, dans ma vie, qui méritait d'être discutée. Oui, mes relations avec les autres – et surtout avec les hommes – tournant bien souvent à la catastrophe, il m'était plus facile d'aborder ce sujet là plutôt qu'un autre. Surtout qu'il n'était pas trop intime et que je n'avais par conséquent pas l'impression de trop me dévoiler à Noam. J'en vins à lui confier un de mes rêves : celui d'avoir, un jour, ma propre maison d'édition. C'était un rêve que je ne réaliserai pas de si tôt. Pour cela, il me faudrait encore faire mes preuves et ce, pendant très certainement de longues années.

« Patience hein ? C’est pas exactement la première de nos qualités. J’suis sûr que t’y arrivera. J’ai confiance. »

J'esquissai un premier sourire à la mention d'un « nous ». Ca lui semblait tellement naturel que Noam ne l'avait peut-être pas remarqué. Et pourtant, ce simple mot suffit à me faire réaliser – encore plus que ça n'était déjà le cas – que nous avions beaucoup en commun, tous les deux, à commencer par nos caractères si similaires. D'où parfois, la complexité de nos rapports. Enfin, j'esquissai un nouveau sourire lorsqu'il m'affirma que j'y arriverai. Savoir que quelqu'un croyait en moi – même si c'était Noam Tanner – me donnait l'espoir qu'un jour, quelqu'un d'autre croie en moi, suffisamment pour me laisser ma chance et me permettre d'accomplir ce rêve auquel je tenais tant.

Ayant parlé de moi, je voulais que Noam en fasse de même, qu'il me raconte ce qui lui était arrivé après le lycée, et après qu'il ait pris la fuite. Il m'en avoua bien plus que j'aurais pu l'imaginer. Savoir Noam alcoolique changeait ma vision que j'avais de lui. De l'homme fier et égoïste, il était passé au rang d'humain comme les autres, avec ses faiblesses. Une faiblesse qui faisait sa force, selon moi. Car se battre contre l'alcool, contre ce que l'on avait été, ne devait pas être une tâche facile. Et je ne le jugeait pas sur ce passé peu reluisant, bien au contraire. Celui-ci m'aidait à voir en lui un homme meilleur, bien différent de l'image que je m'en étais fait. Pour le rassurer, je lui expliquai que le plus important, ça n'était pas ce qu'il avait fait, par le passé, mais qu'il soit revenu et qu'il ait su apprendre de ses erreurs, et surtout se reprendre en mains. Les gens qui l'entouraient devaient certainement sur se concentrer sur celui qu'il était aujourd'hui, et non sur celui qu'il avait été.

« Des gens qui m’aiment… J’ai Noaly… et toi, un jour peut-être. Pour les autres… je sais pas vraiment. »

Je secouai la tête, un sourire rassurant aux lèvres.

« Tu as tes amis Noam... Toi et la bande, c'est une grande histoire. Et puis, il y a Jonas. Il y aura peut-être Blake aussi. Et Charly, même si c'est compliqué entre vous. »

Qui aurait cru qu'un jour, Reese Dewitt en viendrait à réconforter Noam Tanner ? Bon sang, j'avais l'impression que le monde ne tournait pas rond. Ou alors, le problème venait de moi. Comment il avait fait? Il lui avait suffit d'une conversation pour me rallier à sa cause. Etais-je devenue son alliée, définitivement ? Qui sait, peut-être. Tant qu'il ne me mentait pas, tant qu'il ne me faisait pas la moindre entourloupe, Tanner avait toutes les chances de se voir accorder mon amabilité et mon soutien.
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