Keystone Bridge. Tout le monde connaissait l’histoire du pont. En fait, c’était une histoire qu’on racontait dans son enfance. Une sorte de légende. Noam avait toujours été secoué par cette histoire. Un homme d’affaire marié qui avait périt dans un accident de voiture. Cet homme avait tout pour lui. L’amour de sa vie, de l’argent, une entreprise fructueuse. Tout lui souriait. Il a fallut qu’un autre automobiliste fasse un écart et l’envoie directement au font de la rivière. L’histoire pourrait s’arrêter là mais sa femme n’a pas supporté sa perte. Ce sentiment Noam le connaissait aujourd’hui. La perte de celle ou de celui qu’on aime, peut détruire une existence. Cette femme, elle, n’a pas supporté ce quotidien sans son mari, sans le père de son enfant. Noam comprenait le dilemme et la souffrance qu’elle avait du affronter. Lui aurait il la force de continuer à vivre lorsque Charly ne sera plus là ? Cette femme avait tout abandonné. Enceinte, elle avait mit en péril la vie de son enfant pour rejoindre son amour. Comparativement, le dilemme de Noam serait encore plus difficile. Car sa fille était vivante. Du moins, pour le moment. Combien de temps aurait il avec elle ? Les services sociaux l’emmèneraient ils ? Car il n’était pas son père sur le papier. Pouvait il déposer une requête et réclamer sa garde ? Les parents adoptifs avaient ils quelques dernières volonté qui irait en ce sens ? Depuis quelques jours, son esprit bouillait. Il était incapable d’échapper à toutes ses pensées. Tout s’emmêlait, se compliquait. La présence de Charly à l’hôpital lui apportait du réconfort et la force de tenir le coup. La vie s’acharnait à sa souffrance. Les mains posées sur la rambarde du pont, il posa son regard au loin.

Spoiler:

En repensant à cette anecdote, un triste sourire se peignit sur les traits de Noam. Il n’y avait jamais eu de mariage. Juste énormément de souffrance. La semaine suivant, cette discussion, il enterrait sa sœur. Il n’avait jamais demandé Charly en mariage. Il détenait toujours la bague. Souvent, il se surprenait à la regarder. C’était une période révolue. Elle était fiancé à un autre. Charly avait porté son enfant. Ils avaient une fille. Qui avait besoin d’une greffe. Penser à Noaly le brisait. L’image de sa fille allongé dans ce lit, le détruisait. Il ferait tout pour elle, et pour Charly. Il ne laisserait pas Charly prendre un risque supplémentaire, elle avait assez à endurer. Prenant une lente inspiration, il se pencha par-dessus la rambarde quand une voix familière l’interrompit. Se tournant, il marqua un temps d’arrêt en la voyant. Aux dernières nouvelles, elle avait quitté le pays. Du moins, c’était ce qu’avait affirmé Charly.

« - Fergie ! » s’étonna Noam. « T’as apprit que j’étais revenu. Je te manquais tellement, que t’as pas résisté à venir vérifier si c’était vrai ! » Un sourire aux lèvres, il ne put s’empêcher de la taquiner. Finalement revenir avait des bons cotés. Suffisait de se trouver avec les bonnes personnes.

Ce lieu lui faisait automatiquement penser à Lynn. Pas un jour ne s’écoulait sans qu’il pense à elle. Sans qu’il culpabilise encore. Sans que cette colère surgisse au fond de lui. Cet amalgame de sentiments l’agaçait prodigieusement. Quand parviendrait il à tirer un trait sur toute cette histoire ? Il devait penser à son futur. A Charly, à Noaly. A ce qui viendrait dans les mois à venir. Or pour l’instant, son passé faisait toujours entrave. Il n’avait toujours pas parlé à Aidan. Dire que c’était son beau frère, son meilleur ami, celui qui aurait surement pu comprendre son départ et qu’il a tout fait dans son dos. Qu’il a fuit comme un voleur. Cette attitude était bien loin de lui ressembler. Il avait connu la descente aux enfer. Il y avait plongé la tête dedans et ne voulait plus en ressortir. Du moins, c’était jusqu’à, il y a quelques semaines. Une lettre, des informations et tout changeait. Il n’avait pas penser à revenir à Hope Mills. Du moins pas dans ses termes. Il y avait enterré sa sœur, et il allait devoir vivre avec la réplique en tout point de Lynn. C’était tout simplement invraisemblable. Des explications ? Noam n’en avait pas réellement besoin. Les Tanner avait fait un choix. Garder Lynn et abandonner Léanne. Le fait qu’il l’ait élevé et fait de lui un membre de cette famille, le mettait dans une colère noire. Car, ils n’avaient pas abandonné Léanne pour des problèmes. Non, loin de là. Juste parce qu’elle était plus faible que Lynn. Il tenta de repousser cette colère, tout en sachant qu’il devrait un jour vider son sac.

Se tournant à l’entente d’une voix, il esquissa un lent sourire après avoir marqué un temps d’arrêt. A Hope Mills, il existait de multiple endroit où il aurait pu rencontrer l’un de ses amis. Le pont n’était pas réputé pour ça et pourtant, c’était bien la petite Jessie qui s’approchait. Celle avec qui, il n’était pas le dernier à faire le crétin.

« Moi ?! » s’exclama-t-il, cet air espiègle sur le visage. « Voyons, comme si c’était mon genre de m’inquiéter pour toi. T’es une grande fille, indépendante, sexy… t’as surement pas besoin d’un adorable petit garde du corps comme moi ! » ironisa-t-il, tout en sachant combien elle pouvait se retrouver dans des situations inextricables. Il adorait la taquiner. Elle rentrait machinalement dans son jeu. C’était simple et naturel avec elle. En y songeant, Jessie était certainement la fille la moins compliqué qu’il connaissait. Elle pouvait s’avérer adorable lorsqu’on savait s’y prendre. Noam éprouvait toujours une immense affection pour elle. Après tout, ils avaient grandit cote à cote. « Vivante hein ? comme si on pouvait venir à bout d’une petite crapule comme toi ! » rit il. Ça faisait du bien de la voir. Elle ne savait rien de ces deux dernières années. Elle ignorait encore à quel point, ses problèmes étaient sérieux. Elle ignorait entre autre que Charly était en sursis. Et ça, il allait devoir le garder pour lui.

La serrant à mon tour dans mes bras, je respirais une bouffé de soulagement. Au moins, elle me tenait pas rigueur de mon attitude. Ce qui pouvait être rassurant d’un coté. Car pour les autres, il ignorait encore l’accueil qui lui serait réservé. « Je t’ai vraiment manqué on dirait. J’ai toujours su que t’aurais du mal à vivre sans moi. » rajouta-t-il juste pour l’agacer. Car si elle serait son unique alliée, il ferait en sorte de ne pas perdre la douceur de leur relation. Quand bien même celle là pourrait être fragile. S’écartant doucement, une petite moue se dessina sur son visage, avant de se transformer en sourire espiègle. « Alors tout ce temps t’étais où ? Les aliens t’ont enlevé et ont fait des expériences sur ton cerveau ? » enchaina Noam, qui devait se retenir de rire. Dieu que ces moment lui avait manqué. Rire, enchainer les bêtises, dire des monstruosité, des conneries, ça pouvait réellement manqué dès que son accolyte n’était plus dans les parages. Pour la première depuis deux ans, il se laissait enfin aller. Il arrivait enfin à laisser le passé où il était. Ce qui était un véritable pas pour lui.

S’il faisait le point sur son retour, il n’y avait pas que des désagréments. Si l’on passait outre les premières semaines et la colère de Charly. C’était bien ce qui s’était avéré la chose la plus difficile à supporter. La revoir dans ses rues. Croiser son regard. Sentir le regard parfois inquiet et d’autre fois plein de colère qu’elle posait sur lui. Noam avait un temps tenté d’ignorer ses manifestations mais c’était tout bonnement impossible. Qu’ils le veuillent où non, ils étaient liés à jamais. Bien sur, ils apparaissaient comme un couple déchiré aux yeux des habitants. D’autant plus qu’un homme partageait sa vie aujourd’hui, ce qui n’était pas sans l’irriter. S’il avait un temps soit peu réfléchi, il aurait agit différemment. Et peut être aurait il encore un avenir avec Charly. Dans l’histoire, il était le seul à blâmer. Bien qu’aujourd’hui, sa vie ne se résumait plus qu’au bonheur et à la santé de Charly mais également de celle de Noaly. Leur fille. La situation était d’autant plus complexe que Charly ne pourrait réellement faire quelque chose pour leur fille. Noam n’était pas sans savoir combien la santé de Charly était fragilisé. Surtout depuis Noël. Chaque jour, elle lui apparaissait plus épuisé, plus fébrile. Lui faire entendre raison n’avait jamais été aisé. Pourtant, il ne désespérait de la mener à la raison. Après tout, si les choses s’arrangeaient, elle pouvait devenir la mère de Noaly.

En voyant Jessie, il fut soudain submergé par le passé qui revenait lui exploser au visage. Toutes ses années étaient loin. Celle où tous les deux s’adonnaient à des paris tous plus stupides les uns que les autres. Elle avait toujours été partante pour ça. Jessie était une boule d’énergie presque aussi inépuisable que Lynn. Peut être était ce une des raisons qui faisait qu’il tenait autant à elle. Toutefois n’allez pas croire que Joyce, Josh et Aidan n’avait pas son affection. C’était juste différent. Avec Josh, il y avait toujours une sorte de compétition au lycée. Ça c’était au début, jusqu’à ce qu’il finisse à aller à ce rendez vous où sa sœur l’avait supplié de se rendre. Et Lynn, supplié, c’était une chose qu’il n’avait jamais revu depuis. Enfin non, c’était arrivé une seconde fois, mais il ne comptait surtout pas à songer aux circonstance de cette discussion. Revenant à ses pensées sur Josh, il se rappela combien ce dernier prenait un malin plaisir à le titiller vis-à-vis de Charly. Quand à Aidan, c’était un frère, un meilleur ami, un confident. Surement l’unique personne après Lynn qui avait écouté ses confidences sur ses sentiments pour Charly.

« - T’as raison. J’ai pas la tête d’un garde du corps mais plutôt d’un héros pour un série télé. Sex appeal, mystérieux, protecteur, torturé… peut être que je devrais tenter ma chance à Hollywood ! » renchérit il avec un petit rire dans la voix.

Ça faisait trop longtemps qu’il ne s’était pas permit de rire librement. A dire vrai ses derniers jours avait, de loin, été des plus dramatique. Prenant sur lui, il refoula ses pensées. Il devait faire le vide et penser à tout autre chose. Les résultats allait lui être communiqué sous peu. Il avait fallut qu’il sorte de l’hôpital un moment. Toutefois, il devrait y retourner. La sarcasme de Jessie lui avait vraiment manqué. Son sourire s’élargit alors que son regard s’accrochait au sien.

« - Touché ! » feignit il en portant sa main au cœur, en gardant ce sourire qui faisait tout le mystère de Noam.

La population connaissait Noam pour diverses raisons. Son lien avec les Tanner, Lynn, ses prouesses sportives, sa dévotion, sa générosité avec les habitants. Aux yeux de beaucoup, Noam avait longtemps figuré parmi les garçons les plus apprécié de la ville, entre autre pour sa simplicité. De plus, sa popularité ne lui avait pas changé grand-chose dans sa vie. La vanité n’était pas le défaut de Noam. Bien au contraire, il avait toujours eut les pieds sur terre. Comme sa spontanéité et son impulsivité, ce qui pouvait s’avérer autant des qualités que des défauts en cas de conflits. C’était arrivé à plus d’une reprise avec Charly. Quand il songeait à elle, une foule d’image venait traverser son esprit. Du jour de l’anniversaire de la mort de sa mère où il l’avait retrouvé au cimetière à des nuits où il la retrouvait dans le parc au beau milieu de la nuit, ou encore aux soirs où il restait au Bones à l’observer étudier sous le regard intense de Caleb Evans. Ce dernier n’avait jamais objecté envers leur relation mais Noam savait qu’il avait toujours fait le maximum pour protéger sa fille de lui. C’était un père… comme lui le devenait à son tour. Ce qui n’était pas fait pour le rassurer. Quand Noaly grandirait, il allait devoir mettre les choses aux points avec elle par rapport aux garçons, aux footballeur et bon nombres de détails. Tout ce qu’il espérait secrètement était que Charly serait à son coté, vivante. Cette pensée le troubla bien plus qu’il ne voulait l’admettre.

« - Beaucoup voyagé ? du genre, t’es pas sortie de l’Etat ? » ironisa-t-il, incapable de rester plus de quelques secondes sans la titiller. « Les aliens t’ont peut être pas encore remarquer. Mais qui sait… ça peut encore arriver ! »

L’avantage majeur d’être avec Jessie, c’était qu’il pouvait dire tout ce qui pouvait lui passer par la tête sans que ça devienne problématique. Il était en phase avec lui-même. Trouvait un peu de repos même s’il ne serait jamais aussi serein de l’époque où il sortait avec Charly. Car elle lui apportait incontestablement l’équilibre qui lui manquait aujourd’hui.

« - Moi ? eh bien… disons que… » détourna-t-il les yeux avant de relever sa remarque. « Non, pas d’agence de détectives… du moins pas comme tu l’imagines. J’ai pas mal bourlingué. Rockingham, Matthews, Charlotte, Wake Forrest, Rocky Mount… j’étais dans le coin… » resta-t-il évasif. Il n’avait pas le cœur à parler de ces deux années à tout ce qu’il s’était passé, à ce qu’il avait récemment découvert et entre autres qu’il avait une famille biologique dans cette ville. « Le moins qu’on puisse dire… c’est que ma sœur a toujours le don de nous réunir… » leva-t-il les yeux au ciel comme si Lynn pouvait les voir et les entendre. Quoi que, en effet c’était peut être le cas.

Après deux ans d’absence, il rentrait à Hope Mills avec un boule au fond des tripes. Il avait fuit la ville, sa vie, son passé. Revenir c’était tout affronter à la fois. Ces problèmes avec les Tanner, cette famille biologique, ses amis et Charly. Noam était souvent considérer comme le garçon fiable, celui qui faisait toujours les bon choix. C’était souvent ce qui ressortait de la bouche des habitants. Il était apprécié, populaire, sportif. Le cliché du sportif populaire d’une petite ville. Seulement Noam était en réalité quelqu’un de très complexe. Il donnait cet image. Peu avait traversé sa carapace. Peu savait combien il était aimant, protecteur, attentionné. Il aurait donné sa vie sans hésitation pour sauver Lynn. C’était Noam. La famille était primordiale. Sauf que les mensonges peuvent détruire une existence. C’était exactement ce qu’avaient fait les Tanner en lui mentant sur son histoire. Tout revenait le bouleverser. De plus, il devait inclure Noaly dans sa vie. Il avait déjà commit un énorme bourde en partant. Car ça n’a absolument rien arrangé à sa vie. Il n’a pas oublié, il n’a pas réussi à enterrer sa colère et le passé. Quitter Charly avait été la connerie la plus lamentable. Il n’avait pas de véritable excuse pour l’avoir traiter de cette façon. Elle avait toujours méritée mieux que lui. Du moins, il le pensait encore souvent. Mais on ne choisit pas celui qu’on aime. Le destin a une part importante là dedans. Noam sait qu’un jour, il la retrouvera. Quand ? il ne le sait pas encore. Mais il garde espoir. C’est la seule chose qu’il puisse faire. Noaly existe justement pour les aider à recoller les morceaux. Et lui, lui il compte bien s’assurer que les deux Evans s’en sortent. Il n’échouera pas cette fois. Il se battra jusqu’à son dernier souffle pour elles.

La présence de Jessie allège ce poids sur ses épaules. Elle ne sait rien de tout ça. Peut être même ignore-t-elle que Charly a eu un bébé. Bien sur, en sachant ça, tout le monde ferait vite le lien sur sa disparition. Après tout, leur histoire était solide quand bien même leurs relations s’avéraient souvent chaotique. Jessie, elle, avait au moins le mérite de savoir comment alléger leur discussion.

« - Alors ils savent vraiment pas ce qu’ils perdent ! Parce que je suis sûr que j’aurais pu surprendre plus d’un Spielberg ou Cameron ! » répliqua-t-il avec malice.

Noam avait besoin de décompresser. Qu’on lui rappelle qu’il avait une vie mais pas de devoir. Il était déjà suffisamment doué pour se mettre la pression tout seule et jusque là peu de gens parvenait à le soulager. Néanmoins, il était évident que la présence de Jessie avait un impact positif sur lui. Elle lui permettait de s’évader et de penser à des choses plus plaisantes. Ses propos accentuèrent son sourire.

« - Voyez vous ça ?! Notre petite Fergie s’est laissé pousser des ailes. Je suis sur que ça devait valoir le déplacement de t’entendre parler quelque mots en Français. Me dit qu’un p’tit frenchie n’est pas tombé sous ton charme ? » releva-t-il malicieusement. Car en dépit de ce que pouvait penser bien des personnes, il avait été présent pour voir combien Jessie était attaché à Aidan. Peut être même était il le seul, à réaliser qu’elle était tombée amoureuse de son meilleur ami.

Noam pouvait sembler sur de lui en apparence mais intérieurement, il était brisé. Charly n’y était pour rien. Les Tanner avait tellement bien fait le travail, qu’il avait juste laissé sa vie lui échapper. Il s’était laissé engloutir juste après les funérailles de Lynn. Il n’avait d’ailleurs jamais remit les pieds au cimetière. Pourquoi ? parce qu’il ne ressentirait que trop l’absence de Lynn mais également il serait encore submergé par cette culpabilité. De plus, il y avait cette promesse qu’il ne parvenait pas à tenir.

« - Je… » hésita-t-il avant de baisser les yeux en secouant la tête. « Si je franchissais l’Etat… elle ne me l’aurait jamais pardonné. »

Il ne cherchait pas à ce qu’elle comprenne. La mort de Lynn était toujours tabou. Tout le monde disait qu’avec le temps la douleur s’estompait. Sauf que Noam n’acceptait pas cette mort, et encore moins toutes ses découvertes à cette époque. Il a juste plongé la tête sous l’eau avec la décision de ne jamais remonter à la surface. Sauf que Charly prenait un plaisir le tirer de toute ses forces vers la lumière. Il devait être fort pour elle et pour Noaly. Il était comme deux ans auparavant, complètement paumé mais qui gardait comme objectif que Charly et Noaly aient une belle vie.

« - La meilleure… » se détourna-t-il pour s’accouder à la rambarde. « Cette nuit a été le tournant de ma vie. Cette nuit là, je voudrais pouvoir l’oublier. Oublier que je ne suis pas celui que je croyais être… » marmonna-t-il en levant la tête au ciel, invectivant sa sœur dans sa tête de tous les noms. Car il était évident maintenant qu’après son départ, Charly avait du se confier à quelqu’un. Noam n’avait aucun nom en tête. Du moins, pas de vivant. Il était clair alors qu’il ne s’agissait que de Lynn. Lynn avait su qu’elle était enceinte. Alors que lui l’avait ignoré pendant deux années. Cette nouvelle l’agaçait. On pouvait penser que, quand bien même ils étaient jeunes à l’époque, ça aurait surement été la nouvelle qui l’aurait décidé à ne pas fuir. Une responsabilité, c’était de ça qu’il avait besoin. Qu’on ait besoin de lui. Etre là pour les autres, il savait faire. Aider, rassurer, aimer, c’était naturel chez lui. Mais prendre soin de lui, c’était surement la chose la plus dure dont il était presque incapable. Suffisait de connaitre les détails de ses deux dernières années. « Lynn… n’était pas ma sœur… » confessa-t-il du bout des lèvres.

La ville se souvenait encore du fils Tanner. Quand à Noam, c’était une toute autre personne. Quelqu’un qu’on avait brutalement brisé à coup de mensonges. Ainsi sa fuite s’était avéré inévitable. Seulement, le destin peut parfois être surprenant. Car en toute logique, Noam n’aurait pas remit les pieds à Hope Mills sans une bonne raison. Et pour ça, une fois de plus, il devait remercier mentalement les Tanner pour leurs petits secrets bien dissimulés. La vérité était parfois plus douloureuse que révélatrice. Noam en découvrait chaque jour un peu plus. Et chaque jour il les détestait de plus en plus.

En l’état actuel des choses, il ne savait plus vraiment à quoi rimait sa vie. Charly, Noaly, Léanne. Tout se compliquait. Toutes avaient besoin de lui à un degré différent. Parfois il se demandait ce qu’il représentait pour Charly et une voix venait le rassurer. Seul les propos de Charly venait traverser son esprit : « Ta maman aime ton papa tout court. » Ces mots étaient adressé à leur fille mais c’était ce qui lui permettait d’espérer encore. De ne pas laisser tomber. Après tout, ils avaient toutes les chances de se retrouver un jour. Leur passé était trop important pour qu’on tire un trait définitif.

Heureusement pour lui Jessie savait comment lui changer les idées. Ses propos avait le bonheur de le faire sourire et de le faire penser à autre chose de bien plu gai. Après tout, n’était ce pas le propre des amis ? Son sourire s’étira sur ses lèvres tandis qu’elle évoquait son séjour européen. Il préféra ne pas relever, préférant garder comme souvenir qu’elle avait passé un super séjour là bas. Car Noam était bien connu pour son coté cassant et il aurait pu ternir l’image qu’elle avait de son voyage en europe. De plus le moment était mal choisi pour gâcher cet instant. Noam savait pertinemment que d’une seconde à l’autre, les rires et sourire s’estomperaient pour laisser place au problème qui grandissait en lui.

« - Je crois qu’un jour où l’autre, on finit toujours par revenir sur les traces de son passé… » Du moins, il voulait le croire. Sauf qu’avec ce qu’avait fait les Tanner, c’était difficile pour lui de revenir en ces lieux. Le souvenir était partout et plus intense à chaque fois. Noam savait lâcher des bombes. Bon c’était sorti, parce qu’il le fallait bien. Déjà avec Charly et Aidan ça n’avait pas été simple. Mais aujourd’hui, il ne pouvait pas garder ça pour lui. Ses amis méritait la vérité tout autant que lui.

« - Si Jess. » marmonna-t-il, son regard se perdant au-delà de l’horizon. C’était un sujet difficile, plein de souffrance. Noam souffrait encore de l’absence de Lynn mais ce qui le submergeait, c’était la colère qu’il éprouvait pour les Tanner. Noam et Lynn avait été manipulé du début à la fin et ça, il ne pouvait l’accepter. Sentant après un instant l’étreinte de Jessie, il réalisa qu’elle tentait de le rassurer à sa façon, du mieux qu’elle pouvait. Appuyant machinalement sa tête contre la sienne, il murmura du bout des lèvres.

« - Je sais… mais ce qui me rend malade, c’est qu’elle n’a jamais su la vérité. Pas sur moi, mais sur les Tanner. Elle méritait pas d’avoir des parents comme eux… »

Plus il y songeait, plus il était dégouté. Il prit alors sur lui et se retourna vers Jessie, s’appuyant contre la rambarde.

« - Les Tanner m’ont adopté puis Lynn est né quelques mois plus tard. Ils m’ont toujours caché mon adoption… et puis, j’ai découvert que Lynn avait une jumelle dont les Tanner ont bien prit soin de se débarrasser, parce que figure toi… Léanne avait un problème de cœur. Quand je pense que Lynn a disparu à cause de ce même problème, ça me rend malade ! » grogna-t-il avant de soupirer. « Je les hais, Jess. Si je les croise dans la rue, je suis même pas sur de pouvoir me contenir de leur frapper dessus, tellement ça me met hors de moi ! »

Levant les yeux vers elle, il doutait de la réaction de son ami. C’était un choc comme il en existe peu et Noam n’entrait pas tellement dans le détail mais il savait que ça risquait de très mal se passer lorsque le reste de la bande serait au courant. Les Tanner ne serait plus aussi estimé et ça, ça faisait plaisir à Noam. Mais d’un autre coté ça l’agaçait car Lynn ignorait tout. Il croisa alors le regard circonspect de Jessie.

A cet instant, il aurait voulu être ailleurs. Dans une autre époque. Une autre vie. Il se trouve misérable en engranger autant de colère vis-à-vis de ses parents adoptifs. Tout est clair à ses yeux. Grâce à leurs décisions, ils n’ont pas seulement perdue une fille mais également un fils. Il ne peut pas vraiment dire qu’il était mal aimé mais il avait souvent remarqué qu’ils n’agissaient pas de la même façon que vis-à-vis de Lynn. Noam avait toujours mit ça sur le compte qu’il était un garçon. Il était turbulent, n’en faisait qu’à sa tête, pas très bon à l’école parce qu’il trouvait ça inutile. Contrairement à Lynn. Ils étaient si différent que ça aurait du lui sauter aux yeux bien plus tôt. Ce qui était le plus étrange dans toute cette histoire, c’est qu’il ait développé ce sens aigu de la famille. Depuis gamin, il protègeait Lynn. A vrai dire, il ne se souvient pas du moment où il a commencé, tant ça lui avait été naturel. C’était lui le garçon, l’ainé, c’était donc à lui de veiller sur sa petite sœur. Et il n’a pas dérogé à la règle. Pas une fois. Aujourd’hui, il se rend compte de toutes ses différences entre eux. Ça ne change rien à ses sentiments pour Lynn. Elle était sa petite sœur. Un moustique tenace et déterminée à rendre la vie de son entourage pratiquement impossible. Noam ne regrettait pas de l’avoir eu pour sœur. Car au final, il n’aurait surement jamais connu Charly mais surtout, il ne serait pas devenu cet homme.

Sauf que certaines vérités sont dur à accepter. Il se pose encore tant de questions. Noam est incapable de traverser une rue sans que la voix et l’image de Lynn traversent son esprit. Ce qu’ils partageaient était intense. Une vraie relation fraternelle comme il en existe peu. Des souvenirs il en a à la pelle. A tel point qu’il les garde précieusement dans un coin de son esprit lorsqu’il sent une vague de tristesse pointer le bout de son nez. Dans ses instants, un souvenir surgit et il se met à sourire bêtement, en se rappelant combien Lynn était capable de déridé le type le plus coincé du monde. Mais il y avait aussi ses souvenirs plein de tendresse. Comme cinq minutes avant le mariage où elle avait ordonné à lui parler. Personne n’avait su ce qu’ils s’étaient dit et il lui avait fait cette promesse. En quoi consistait elle ? Noam préfère encore garder le secret. Pour réaliser cette promesse, il faudra encore du temps. Noam se souvient alors de ce précieux moment où Lynn lui a remis la bague de fiançailles qui était depuis des générations chez les Tanner. Elle avait été plus sérieuse que jamais. Cette bague le suivait partout depuis plus de deux ans. Elle le raccrochait à son passé mais avant tout à celle qu’il aimait. Car tout au long de sa vie, il n’y avait toujours eu qu’elle. Charly. En parlant avec Jessie, il se rend compte que son passé l’empêche d’avancer. Mais dans ce passé se dissimule une partie de son avenir. Il pourrait repartir, seulement en revoyant Charly il a reçut un électrochoc. Deux ans n’ont pas effacés ses sentiments. La distance lui a permit de les enfouir momentanément. Il s’est prit une claque lorsqu’il a croisé son regard. Il a cru qu’il ne tiendrait pas le choc. Un mélange savant de bonheur, de douleur et de frustration l’envahissait à chaque fois qu’il posait les yeux sur elle. Elle était trop généreuse avec lui et en même temps, il voulait l’enfermer avec lui dans sa bulle. Sauf que c’était tout bonnement impossible. Parce que leurs vies ne se résumaient pas qu’à eux. En ayant lui-même fuit cette ville, il n’avait aucun droit d’en vouloir à Jessie. Les autres ne rendront pas la tâche facile et il ne lui demandait pas ses raisons. Chacun a vécu différemment la disparition de Lynn. Avec son départ, il serait mal placé pour faire des reproches à quiconque. Ainsi, c’est pourquoi il se permet d’être aussi amical avec elle. Il lui explique la situation tant bien que mal. Le simple fait d’évoquer les Tanner le met dans une rage folle. Quand à Léanne, il ne sait pas trop comment aborder le sujet ou même ce qu’il doit penser de la jeune femme. Il a conscience que sa démarche n’avait pas le but de raviver sa souffrance mais c’est inévitable. Face à Jessie, il n’a pas grand-chose à lui apprendre sur la jeune femme. Il est à la fois perdu et en colère. Tant et si bien que tous ses sentiments se mélange de façon irrationnelle. Il aimerait pouvoir revenir en arrière et éviter cette tragédie. Or, il sait que rien de tout ça n’est possible. Il approche machinalement sa main de son visage pour effacer ses larmes. Il avait été trop brutal dans ses paroles et voilà qu’il attirait les larmes de la jeune femme. « Les Tanner étaient avertis de la maladie cardiaque de Léanne. Lynn avait près de 75% de chance de la contracté également. Sauf que pour les Tanner, c’était invraisemblable. Pour moi, ils sont les uniques responsables de la mort de ma sœur… Quand à Léanne. Elle est ici. Elle veut connaître ses racines… Lynn. Et pour ça, il n’y a que nous pour lui en parler… » déclare Noam d’une voix tremblante. Parler de Lynn lui est trop difficile. Il imagine sans mal combien l’épreuve sera dur pour les autres de la bande et spécialement s’ils ne sont pas préparé à voir un sosie de Lynn. Sauf que Noam n’est pas certain d’avoir le courage de mener ses explications une fois de plus. Noam secoue vaguement la tête à une pensée et croise ce visage baigné de larmes. Il n’en faut pas plus pour que son coté protecteur reprenne le dessus. Il a peut être un passif difficile mais ça n’en change pas pour autant sa personnalité. L’attirant contre lui, il passe une main dans son dos. Il est bien placé pour connaitre l’ampleur de cette souffrance. Chaque jour sera un peu plus difficile mais en revenant dans cette ville n’ont-ils pas la chance de pouvoir rectifier leurs erreurs passées ?