I'm sorry ▬ Cléa

Angie était de retour dans sa ville natale depuis un peu plus d’un mois. Elle avait évité la plupart des personnes, restant enfermé dans son appartement ou chez son père. Elle avait passé beaucoup de temps avec lui pour rattraper le temps perdu, mais aussi pour apprendre à connaitre sa nouvelle compagne. Elle n’avait pas su comment réagir d’abord et au final, elle l’avait trouvé adorable. Et puis elle rendait son père heureux, c’est ce qui comptait. Il avait sacrifié tellement de choses pour elle, il méritait le meilleur. Et puis, c’est pas comme si sa mère allait revenir un jour. Ca faisait 25 ans, c’était ridicule d’attendre encore sur elle. Officiellement bien sur, Angie n’attendait plus rien d’elle.

Depuis qu’elle avait croisé Noah, elle avait tendance à sortir plus souvent de chez elle. Elle n’avait plus peur de le croiser par hasard. Bien sur, elle faisait toujours attention à ne pas le voir. Elle refusait de devoir le croiser en compagnie de sa nouvelle petite-amie. Elle risquerait de tuer l’un des deux et elle n’était pas revenue à Hope Mills pour terminer en prison. Elle était revenue à Hope Mills pour retrouver sa vie d’avant. Il lui restait encore quelque chose à faire avant de retrouver sa vie d’avant. Elle avait finalement eu la place au journal. Elle n’avait aucun article intéressant à faire, seulement des petites chroniques ridicules.

« Angie, le boss veut que t’ailles à cette adresse. Il dit que ça pourrait faire un sujet intéressant. » Angie releva la tête et attrapa le mot que le jeune journaliste lui tendait. Ils s’étaient tout de suite très bien entendu. « Si c’est encore une mamie qui a perdu son chat dans un arbre, je vais avoir besoin d’anti dépresseurs. » murmura la jolie brune. Pourquoi les mamies se sentaient-elles toujours obligé d’avoir des chats ? La grand-mère d’Angie n’avait pas de chat et elle s’en sortait très bien.

Attrapant son sac, elle se rendit à l’adresse donnée par son patron. Dire qu’elle était diplômée de Yale, la meilleure université de journalisme du pays. Oh nom de Dieu. Elle avait raison, c’était bien une histoire de chat coincée dans un arbre. Pourquoi rien d’intéressant ne se passait jamais dans cette ville ? Quelqu’un ne pourrait pas tuer une autre personne ? Ce qui la choqua, c’était la rue dans laquelle elle se trouvait. L'ancienne rue de Cléa Spencer. Il lui restait une personne à voir avant de retrouver sa vie d’avant. Sa cousine. Elle allait lui en vouloir.

Elle se mordilla la lèvre avant de faire un demi tour avec sa voiture. Elle avait réussi à parler à Noah. Elle pouvait parler à Cléa. Après tout, Cléa était presque sa seule famille. Elle s’arrêta devant l’hôpital. Elle avait appris par son père que la demoiselle était étudiante en médecine et qu’elle travaillait à l’hôpital. Peut être qu’elle n’était pas en service. Elle devait tenter sa chance. Elle se gara et profitant de passer à côté d’un coffee shop commanda un moccacino saupoudrée de chocolat rapé. Elle savait que c’était la boisson préférée de sa cousine et ça ne pouvait que jouer en sa faveur d’en prendre un avec.

« Bonjour, est ce que Cléa Spencer travaille aujourd’hui ? »
« Oui, elle va pas tarder à finir sa garde. »
« Merci, je vais l’attendre dans ce cas. »

Elle ressortit de l’hôpital, détestant, comme la plupart des personnes, ce genre d’endroit et s’installa sur le banc face à l’hôpital pour ne pas louper Cléa. Qu’est ce que la secrétaire voulait dire par finir sa garde ? Ca faisait déjà plus d’une demi-heure qu’elle attendait. Heureusement que la jolie brune était patiente. Par contre tant pis pour le café. Elle chercha dans son sac une cigarette et un briquet. Vieille habitude qu’elle avait attrapée. Elle aperçut enfin sa cousine. Elle jeta sa cigarette et l’écrasa avec son talon avant de courir pour rattraper Cléa.

« Alors, on dit plus bonjour à sa cousine ? » Cléa se retourna et Angie lui sourit doucement, légèrement intimidée. Elle lui tendit le café qu’elle avait dans la main. « Désolé, il doit être froid, mais ça fait un certain temps que j’attends. Hum, c’est ton préféré un moccacino. » Le silence de Cléa commençait à lui peser. Elle devait lui en vouloir, ce qui pouvait être compréhensible. Angie glissa ses mains dans les poches de son jean. « Est-ce que tu vas dire quelque chose ? »

Je suis de retour aux urgences pour une garde qui s'annonce longue, très longue. Oui d'habitude Je suis beaucoup plus motivée mais là la fatigue prend le dessus. J'ai enchaîné les gardes sauf que mon sommeil lui a décidé de me lâcher et comme si cela ne suffisait pas, mon merveilleux propriétaire à décider de faire des travaux dans mon immeuble. Alors entre le marteau piqueur à sept heures tapantes et mes heures incalculables ici, mes nerfs sont mis à rudes épreuves.

Je suis assise au bureau des urgences, et tout en avalant le troisième café depuis mon arrivée, Je pianote sur le clavier de l'ordinateur, des dossiers encore et toujours. Défois, Je me dis que je passe plus de temps sur ces maudits dossiers qu'avec les patients mais bon pas le choix si on ne veut pas faire de bêtises.

Pour l'instant, les urgences sont plutôt calmes. Et c'est surprenant. D'habitude, dans ce service les choses se passent à deux cents à l'heure. Entre les petits bobos, les accidents de la route, les cris, les pleurs, la douleur et le sang, pas le temps de s'ennuyer.

Pourtant ce matin, ce silence m'arrange, Je suis tellement épuisée que J'espère ne pas avoir à faire face à un cas trop difficile, Je n'ai vraiment pas envie de mettre la vie d'un patient en danger à cause d'un manque de sommeil.

Une infirmière se présente alors à moi et me tends un dossier que Je dois prendre. Je commence à le lire. Il s'agit d'un homme, Cameron Ruiz . Un footballeur apparemment. Moi qui adore le football, cela tombe bien. Apparemment, il s'est blessé à la cheville lors d'un entraînement. J'enfile ma blouse et prend la direction du boxe dans lequel se trouve le patient.

J'entre dans la pièce, Le jeune homme est assis sur la table d'examen. Il est brun et à un regard vert très perçant. Je l'observe durant quelques secondes, puis m'avance près de lui, tout en déposant le dossier à coté de lui.

<< Bonjour Monsieur Ruiz, Alors qu'est ce s'est passé ? >>

<< Un mavais tacle et me voilà aux urgences. Ma cheville est fragilisée par plusieurs anciennes fractures. J'espère qu'elle n'est pas à nouveau cassée. >>

<< Très bien, On va vérifier tout cela, Elle est assez gonflée et douloureuse à peine, Je vais vous emmener à la radiographie et nous prendrons les mesures nécessaires >>

Quelques minutes plus tard, J'examinais ses radiographies et ce qu'il redoutait arriva, Une fracture. Heureusement sans complication.

<< Bien, Hélas Monsieur Ruiz, votre cheville est fracturée, Je vais vous transférer en orthopédie et un spécialiste reprendra votre dossier pour vous offrir les meilleures soins possibles. >>

Et voilà un patient de plus, un ! Bon, Je commence à vraiment fatiguer à mesure que les heures passent. J'ai besoin de retrouver mon lit et le plus rapidement possible sinon Je crois que Je vais réellement m'endormir là sur ma pile de dossiers.
Heureusement, Lisa, passe par là et m'apporte un café encore brûlant qu'est ce que Je ferais sans elle ! Défois Je me le demande...

Dix neuf heures ! La délivrance ! Ma garde est enfin terminée ! Je file au vestiraire récupérer mon sac puis tourne les talons pour regagner mon appartement le plus rapidement possible.
Alors que Je regagne ma voiture, une voix m'interpelle « Alors, on dit plus bonjour à sa cousine ? »

Mon dieu. Angie. Sa cousine, celle que Je considérais comme une soeur à l'époque mais les choses ont vraiment bien changée.
Elle s'approche de moi et me tends un café. « Désolé, il doit être froid, mais ça fait un certain temps que j’attends. Hum, c’est ton préféré un moccacino. »

Je répond pas Je reste là immobile devant celle que Je considérait comme ma grande soeur à une époque, un modèle même. Même si elle vai cinq ans de plus que moi, On avaient toujours été proche. Puis du Jour au lendemain on s'est éloignées et à la mort de ma mère, elle n'était pas là, elle ne m'a pas épaulé, pas une seconde, pas un coup de fil. Une vulgaire carte. Elle m'a lâché durant la période où J'aurais eu le plus besoin d'elle. Et là voilà devant moi comme si de rien n'était. Je crois rêver...

« Est-ce que tu vas dire quelque chose ? Ajouta t-elle.

Que Je lui parle, Oh Oui çà Je vais le faire et elle ne va pas être décçue d'avoir fait le déplacement Jusqu'à chez moi.

<< Tu veux que Je te parle ? Je vais te parler, Où t'étais Angie, quand J'avais besoin de toi, quand ma mère est morte, Où t'étais quand J'étais au fond du trou incapable de me relever, où t'étais quand mon père calmer sa douleur à coup de vodka et de whisky ?
Tu m'a lâchée durant la période la plus difficile de ma vie, Je n'étais plus rien, J'étais que l'ombre de moi même. Et toi tu n'a rien fait pour m'aider, pour m'aider à sortir de ma dépression tu savais à quel point J'aimais ma mère et Je n'ai même pas eu un coup de fil de ta part et maintenant tu débarques ici chez moi ? Mais tu te fous de moi ! Si tu savais à quel point tu m'as déçue ! Le Jour où tu es partie c'est Le Jour où tu as cesser d'existait pour moi ! Alors part Angie, tu as si bien su le faire, tu peux le refaire ! >>

Je partie à toute vitesse avant que les larmes ne me montent...

Quand elle était partie, Angie avait pris la résolution un peu idiote de ne plus donner de nouvelles et de ne plus en prendre. Elle était uniquement resté en contact avec son père, sa grand-mère et Noah bien sur. Elle avait pensé que ce serait plus facile comme ça. Les premiers jours avaient été vraiment difficiles pour Angie. Elle avait atterrit en Syrie et le mal du pays était arrivé avec ses bagages. Elle avait cru pouvoir partir à 5000km de chez elle, faire d’importants reportages et continuer à être l’amie, la cousine de toutes les personnes qu’elle aimait. Elle n’aurait pas pu avoir plus tort. Elle n’avait pas su mener tout de front et elle se doutait qu’elle avait du faire souffrir plus d’une personne en quittant la ville. Spécialement Cléa.

Elle aurait aimé que les choses soient différentes. Elle aurait aimé avoir été là pour sa cousine. Elle aurait aimé pouvoir être d’un soutien indéfectible, mais elle n’avait même pas été là quand sa mère était décédée. Elle était en reportage au milieu du Vietnam. Elle n’avait appris le décès de sa tante quelques semaines après le drame, quand elle avait enfin réussi à joindre son père. Sur le coup, elle avait pensé que sa cousine n’aurait pas voulu entendre sa voix, alors elle lui avait envoyé une carte. Une simple carte. Une stupide carte. Angie se rendait compte désormais à quel point, elle avait été idiote de croire que les mots soignaient toutes les peines. Mais elle voulait se faire pardonner. Elle était prête à tout pour retrouver sa cousine. Même si elle se doutait que ce ne serait pas la tarte. Sa cousine devait la détester au plus haut point. Et elle le comprenait tout à fait. Si elle était à la place de Cléa, elle se détesterait aussi. Sauf que sa cousine lui manquait. Leur soirée à regarder des films pourris en mangeant de la glace lui manquait. Et puis, elle avait besoin de savoir comment aller Cléa. Une chose n’avait pas changé en 5 ans, elle s’inquiétait toujours autant pour la jeune fille, qu’elle avait toujours considéré comme sa petite sœur.

Angie avait beaucoup de choses à se faire pardonner et il fallait bien commencer quelque part. Noah ne lui pardonnerait jamais d’avoir demandé le divorce et de ne pas lui avoir fait de bébé, alors elle pourrait au moins essayer de se faire pardonner auprès de Cléa. Commandant la boisson préférée de sa cousine, Angie attendit patiemment qu’elle finisse de travailler. Après tout, elle n’avait pas d’autres choses à faire. Ecrire un papier sur un chat égaré dans un arbre et l’importance des pompiers dans cette ville ne lui prendrait pas plus d’une heure. Elle pourrait très bien faire ça lors de ses innombrables insomnies.

Elle vit enfin sa cousine arriver. Elle avait toujours la même bouille d’enfant, si ce n’est qu’elle avait grandit. Elle jeta rapidement sa cigarette et courut après la jeune fille, qui avait un pas très rapide. Elle cria pour que sa cousine s’arrête et qu’elle puisse enfin parler. Elle ne savait pas vraiment quoi dire. Elle aurait pu commencer par un je suis désolé, mais elle préféra tendre le café qu’elle avait dans sa main et faire une remarque pour réduire la nervosité de la conversation. Après quelques secondes, elle baissa la main. Cléa n’allait pas accepter son café, elle n’était même pas sur qu’elle allait lui dire quelque chose.

Quelques secondes après le choc, Cléa accepta de parler et Angie n’osa plus bougé. Elle se doutait bien que la jeune fille était en colère, mais pas à ce point. Elle avait l’impression d’être en face d’un miroir. Cette colère, elle la connaissait parfaitement. Elle cohabitait en elle depuis des années, mais cette douleur. Le pire fut la déception qu’Angie avait infligé à Cléa. Son cœur se serra. Elle n’osa plus bougé. Ses yeux commencèrent à lui piquer. Qu’est ce qu’elle avait fait ? Elle se donnait envie de vomir. Le temps qu’elle réagisse, Cléa avait déjà disparu de son champ de vision. Angie essuya une larme qui coulait le long de sa joue. Elle ne pouvait pas en rester là. Elle jeta le café dans la poubelle la plus proche et se mit à courir après Cléa, comme elle aurait du le faire il y a bien longtemps. Elle la retrouva très vite et lui attrapa le bras pour la forcer à se tourner. « Je suis désolé. » souffla-t-elle doucement. « Je suis désolé d’être parti sans te donner de nouvelles, je suis désolé de pas avoir été là pour toi. Je suis vraiment désolé. Je sais que ça n’arrangera pas tout de te dire à quel point je suis désolé, mais tu dois le savoir. » Elle lâcha le bras de sa cousine. « Mais j’ai pas l’intention de repartir cette fois. Je referais pas la deuxième bêtise une deuxième fois. »