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 Meeting with the fate [R]

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MessageSujet: Meeting with the fate [R]   Meeting with the fate [R] EmptyLun 30 Mai - 22:17

Meeting with the fate [R] 695426kstewetrobs
(c) Cyrine
« L'amour est sublime et misérable, héroïque et stupide. Juste, jamais. »
Francesco Alberoni


    Deux semaines déjà que j'étais revenue à Hope Mills. J'y avais retrouvée enfin ceux que je considérais comme ma famille... avant de me rendre compte que je les avais tous perdus, ou presque. Le pire était sans doute que je ne pouvais même pas me plaindre, tout ceci je le méritais amplement. Je les avais fui dans une période où tous avaient besoin de moi. Où il avait besoin de moi. Mais j'avais été lâche, ne pouvant assumer tout ce que je ressentais pour lui. Aidan Trump. L'homme qui depuis au moins une bonne éternité avait fait trembler mon coeur avant de le briser en quelques millions de morceaux. Notre nuit ensemble avait été le plus beau des cadeaux et à la fois un terrible supplice car s'il elle avait signifié énormément de chose pour moi, elle n'avait été pour lui que l'expression d'un désarroi profond. Car j'avais eu beau me voiler la face toutes ses années, son coeur appartiendrait toujours à Lynn. Quoi qu'il arrive. Le paradoxe, c'est que je ne m'en étais seulement rendue compte que lorsque j'avais réussi à le rendre mien le temps d'une nuit. Mais morte ou pas, Lynn resterait pour toujours son grand amour... et une des plus grandes de mes amies. Comment avais-je réellement pu lui faire ça? « Profiter » en quelque sorte de sa mort pour pouvoir lui voler son époux. J'avais été infâme, vicieuse, terriblement égoïste et encore de nombreux noms d'oiseau sur mon compte me venaient à l'esprit. Et puis allez, osons. J'avais été une salope. Une vraie de vraie.

    J'avais eu la bêtise de croire que mon geste réparerait ne serait-ce qu'un petit peu ma faute. Qu'en m'exilant,je pourrais oublier chaque parcelle de mon âme qui n'appartenait qu'à lui et qui l'appelait sans cesse. Mais, dans mon incroyable stupidité, je n'avais même pas pris le temps de prendre en contre les autres. Egoïste, je n'avais pensé qu'à taire ma douleur et mes envies sans penser à ceux que je laissais derrière moi. J'avais pourtant tout fait – ou presque – pour les oublier, lui sourtout : alcool, fête, boulot, mec tout. Mais dans chaque visage que je croisais j'arrivais à trouver les yeux facétieux de Joyce, le sourire en coin de Josh, le regard perçant de Charly... Chaque homme qui avait passé dans mon lit avait revêti temporairement les traits si caractéristiques d'Aidan. J'étais parti pour le fuir et pourtant il ne cessait de m'obsédait. Je m'étais vite rendu à l'évidence que je ne pourrais laisser indéfiniment mes attaches à Hope Mills hors de mon esprit. Mais après tout le chemin parcouru, le retour m'avait parut tout aussi difficile à faire. Mais j'y étais arrivé. Enfin. Avec la ferme intention de me faire pardonner et de ne plus refaire les erreurs du passé. De souffrir en silence et jusqu'au bout cette fois. Car Aidan n'avait rien à faire avec une fille aussi mauvaise que moi. D'ailleurs, il avait du s'en rendre compte depuis tout ce temps.

    S'il y avait bien quelqu'un envers qui je devais me faire pardonner c'était elle. Lynn. Certains pouvaient trouver cela absurde mais j'étais depuis toute petite persuadée qu'il existait une vie après la mort. Que ma mère avait toujours veiller sur moi et que Lynn l'avait rejoint. J'avais tant de chose à lui dire que je me demandais si les deux heures qu'ils me restaient avant que je prenne mon service au Catalyst suffirait. Tant pis si j'arrivais en retard, il était hors de question que je loupe ce rendez-vous avec ma conscience. J'avais donc marché de chez moi au cimetière, profitant de la douce chaleur qui régnait sur la ville. Vêtue d'une robe blanche légère, j'aurais pu ressembler à un vrai petit ange si mon regard et l'expression de mon visage n'était pas d'une lourdeur infinie. Je ne collais pas vraiment avec l'atmosphère apaisante de l'été qui approche car, déjà, je m'étais en place dans ma tête tout ce que j'avais à lui confesser. Mes pas me menèrent rapidement à l'entrée du cimetière, je n'avais rien oublié du chemin que j'avais si souvent emprunté les derniers mois précédents mon départ. A la vue de ce lieu qui me rappeler de si mauvais souvenirs, je m'arrêta d'une traite, l'envie n'y étant plus. Mais je lui devais bien cela. Prenant mon courage à demain et laissant là mon envie de vomir, j'arpenta d'un pas rapide les allées qui me mènerait à sa tombe. Je stoppa net une nouvelle fois devant la photo d'une Lynn souriante et pleine de vie qui s'offrait à moi, au milieu de cette tombe remplie de fleur. Des milliers de souvenirs me sautèrent à la gorge, faisant remonter des larmes si profondément enfouie. Pourtant je les ravalais. Il n'était pas encore temps de pleurer, c'était seulement le temps du pardon, du moins je l'espérais. Me sentant totalement idiote dans ma démarche tout d'un coup, je dis cependant :

    « Bonjour Lynn... C'est Jessie. J'avais tellement de choses à te dire en arrivant que je ne sais même plus par quoi commencer... J'aimerais tellement que tu me pardonnes. Que tu me pardonnes de l'aimer depuis toujours alors qu'il n'a toujours été qu'à toi. Que tu me pardonnes d'avoir voulu croire que ta mort y changerais pour quelque chose et d'avoir osé espérer qu'un jour il pourrait m'aimer ne serait qu'au centième de ce qu'il a pu éprouver pour toi. J'ai été tellement ingrate envers toi alors que tu m'as acceuilli à bras ouvert à mon arrivée. Tu te rappelles? Dis-je un sourire se dessinant sur mes lèvres. C'était le bon vieux temps tout ça. Et rien n'est plus vraiment pareil depuis ton départ. Tu étais le coeur de notre groupe, l'essence même de cette petite famille que l'on s'était créé. Et rien que pour ça, je n'aurais jamais du agir de la sorte. Au final, peut-être ne suis-je pas ce que tu avais vu en moi. Je ne suis qu'une sale égoïste, doublé d'une épouvantable amie. Je sais sans doute qu'aucun d'entre eux ne me le pardonnera jamais, surtout pas lui. Mais tu as toujours été la meilleure d'entre nous. Alors j'espère que toi, tu trouveras le courage de le faire. »

    J'arrêtais là mon discours, un océan de larmes étant venu déferler sur ma joue. Pourquoi nous avait-elle quitter? Certains soirs, j'en venais même à espérer d'avoir été à sa place. Car tout aurait été tellement plus facile pour tout le monde. Fermant les yeux, laissant le vent carresser doucement mes cheveux, j'attendis un signe, quelque chose. Qui ne vint malheureusement pas. Qu'espérais-je au fond? Je ne sais pas. C'est alors que je m'apprêtais à partir que je le vis. Etait-ce là mon signe? L'homme qui avait causé ma chute ne se trouver qu'à quelques encablures de moi et me fixait d'un air sombre. J'essuya en vitesse les larmes qui coulaient sur ma joue, ne parvenant pas pour autant à en stopper le flot quasi continu. J'avais bien conscience qu'un jour, je ne pourrais échapper à la terrible explication. Allait-elle se dérouler aujourd'hui? Tout ne dépendait plus de moi à présent, mais bel et bien de lui.
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MessageSujet: Re: Meeting with the fate [R]   Meeting with the fate [R] EmptyDim 5 Juin - 19:50

Hey girl, sing me a song when we were everyone,
when we were more than just a slice of American pie.

Au début, j'avais pensé à une blague de mauvais goût. De simples rumeurs qui couraient à travers Myrtle Creek, comme dans toutes les petites villes où les habitants cherchent à contrer l'ennui ou la monotonie. Après tout, mon expérience m'avait amené à croire aux départs, mais guère aux retours. Alors, lorsque les premiers ragots concernant Noam et sa présence en ville, j'avais simplement rouler des yeux, les avais balayé d'un geste de la main, prétendant que cette annonce n'avait eu absolument aucun effet sur moi. Évidemment, c'était faux. Depuis la mort de Lynn, je m'étais renfermé mais j'avais eu, plus que jamais, besoin de présences familières autour de moi. J'aurais accepté n'importe qui, parce que la solitude m'effrayait. J'avais beau aimé être seul, plongé entre le présent et les souvenirs, les premiers jours qui avaient suivi l'enterrement avait été terribles. Dès que je fermais les paupières, je la revoyais, elle et les derniers instants de la maladie. Ils étaient devenus indissociables, et c'était certainement le plus difficile à vivre. J'étais arrivé à un tel point de lassitude, de fatigue, que les seuls moments dont je me souvenais étaient les plus pénibles. Je ne revoyais pas son sourire vif, joyeux ; je ne revoyais que le rictus douloureux qui s'inscrivait sur ses lèvres lorsqu'elle tentait de me rassurer, lorsque ses yeux me suppliaient de ne pas fondre en larmes en pensant à ce que j'allais devenir après elle. Je n'imaginais plus sa démarche rapide et sûre d'elle, seulement le corps pâle et frêle allongé sur le lit. Il m'avait fallu Charly et les autres pour me remémorer les bons moments, pour me souvenir que j'avais passé les plus beaux instants de ma vie en sa compagnie et que c'était tout ce qui importait au fond. Lynn avait toujours été le cœur de notre groupe et, pendant une petite période, elle nous avait tous rapproché par-delà la mort.

Pourtant, il avait fallu que Noam quitte le navire, puis Jessie. Finalement, nous n'étions plus qu'un restant de groupe, éclaté de tous les côtés, déchiré et, de son vivant, jamais elle n'aurait laissé les choses aller aussi loin. Quant à moi, j'étais probablement le gardien de sa mémoire, mais je n'avais jamais eu sa force de caractère, ni sa foi en l'être humain et en la vie. Si je n'avais pas complètement dépéri, c'était parce que je lui avais fait la promesse d'essayer, d'avancer sans elle. Pour elle, et pour tout ce que nous avions représentés. A l'époque du lycée, nous étions le couple qui faisait tourner les têtes, qui donnait un peu d'espoir, parce que nous nous étions trouvés et que cela se lisait sur nos visages. Jeunes et insouciants, pourtant plus mâtures que la plupart sur certains points. Mais la vie était venu compliquer les rouages. Encore une fois. En séparant notre petite bande, la seule chose qui était restée absolument certaine dans ma vie. Le départ de Noam avait été si précipité, et était arrivé à un tel moment critique, que je l'avais à peine vécu. Comme un brouillard dans la nuit, je m'en étais aperçu mais l'obscurité dans laquelle était plongée ma vie m'avait protégé de la brume. Paradoxalement, j'avais plus souffert de son absence à son retour, à ce moment précis où j'avait senti à quelle point mon meilleur ami m'avait manqué. Avec Jessie, c'était différent. Elle était restée à mes côtés, comme elle l'avait toujours fait ; elle s'était inquiétée de mon sort, elle avait respecté mon deuil, avait tu sa peine afin de faire passer la mienne avant tout. Et puis, elle m'avait abandonné.

Je refermai brutalement le livre que je tenais entre les mains. Rapidement, mes doigts s'écrasèrent sur mon visage, tandis qu'un souffle agacé s'échappait de mes lèvres. Je n'étais plus capable de concentration. Depuis la rencontre - aurais-je dû dire confrontation ? - au Bones Bar, j'étais assailli par des pensées et des souvenirs dont je ne voulais pas. Ce soir-là, pendant la tempête, des vérités avaient éclaté. Obtus comme je l'étais, je n'avais évidemment donné aucune chance à la jolie brune. A peine avait-elle débarqué en ville que je la chassais avec des coups d’œil très peu amènes. J'avais refusé d'écouté ses explications, j'avais refusé de lui répondre et même de lui adresser un regard. Pourtant, je sentais bien que ma volonté n'était pas aussi dure qu'on l'imaginait. Après tout, entre Jessie et moi, il y avait eu plus que de l'amitié. Chassant ces images de ma tête, je me redressai, posai l'ouvrage sur le fauteuil et, attrapant mon blouson, quittai l'appartement, puis l'immeuble d'un pas décidé. Le vent chaud attisa la brûlure dans mon crâne, mais je marchais d'un bon pas, sans véritablement savoir où j'allais, bien que j'en eusse une vague idée lorsque les murs du cimetières apparurent dans mon champ de vision. J'avais entendu parler des ses veufs et veuves qui ne supportaient la vue de l'endroit où reposait leur moitié, parce qu'ils n'acceptaient pas le fait qu'elle ait disparue. Moi, c'était l'inverse. Si je n'avais pas eu ce lieu de recueillement, je serais probablement devenu fou. Il me fallait un lien, quelque chose qui me rattache à Lynn, plus fort que les clichés ornant un mur de l'appartement, et plus vivant que les souvenirs qui hantaient mes nuits. Dans mon monde d'incertitudes, j'avais besoin de faits concrets.

De faits un peu trop concrets, peut-être. Et pas de ceux que je désirais. Arrivé sur le sentier qui me menait à elle, je m'arrêtai brusquement, attiré par la silhouette familière qui se recueillait. Je devinais qu'elle parlait, mais je n'entendais rien. D'ailleurs, je voulais rien entendre, parce que ce qu'elle avait à dire me semblait vain. Jessie se trouvait là, se confessant à ce qui avait été l'une de ses meilleures amies, lui demandant certainement pardon d'avoir agi comme un fantôme. Ma rancune redoubla, s'intensifia si brusquement que j'eus envie de lui hurler ma détresse. Pourtant, je n'en fis rien. Je me contentai de lui en vouloir en silence. Pour ce qu'elle avait fait, pour ce que Noam avait fait et, au fond, pour ce que Lynn avait fait également. Ils étaient partis tous les trois et, si j'en voulais énormément aux deux premiers, c'était précisément parce qu'eux avaient eu la possibilité de rester, ils avaient eu le choix, et ils nous avaient lâchement abandonné. M'avaient lâchement abandonné. Quelques minutes de flottement, de très courtes minutes mais qui me parurent une éternité, et puis je fis un pas. Elle m'aper4ut, ne bougea pas d'un millimètre. Alors un deuxième, et ainsi de suite jusqu'à me retrouver à sa hauteur. « Je ne crois pas que ce soit un endroit pour toi. » J'avais eu envie de dire pour les gens comme toi, mais la définition me semblait trop large, pas assez restrictive. Non. C'était à elle que je voulais interdire l'accès à la ville, au cimetière, à ma vie. « Je pensais pourtant avoir été clair. Tu as décidé de ton sort lorsque tu as écrit ton vulgaire mot et que tu es partie. » Cette nuit-là était restée gravée dans mon esprit, mais je la chassais toujours avec virulence. Je n'étais pas prêt à cette époque-là, pas prêt du tout à ressentir ce qu'elle m'avait fait ressentir. Certains auraient probablement dit que j'avais aimé à nouveau, ou un cliché de ce genre-là mais, à vrai dire, c'était faux. C'était différent. Indescriptible, comme si elle avait été capable, cette seule nuit, de toucher quelque chose en moi dont moi-même n'avais jamais eu conscience. Mais qui s'était refermé dès le lendemain matin. Certainement à jamais.
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MessageSujet: Re: Meeting with the fate [R]   Meeting with the fate [R] EmptyVen 10 Juin - 16:10

    Je m’arrêtai soudainement de pleurer. Mon premier réflexe en le voyant aurait été de m’approcher pour le serrer dans mes bras mais il ne me fallut pas plus d’un dixième de seconde pour me rappeler que le temps où j’avais encore le droit de poser ma tête au creux de son épaule était révolu. J’y avais mis moi-même fin en fuyant comme une voleuse suite à cette fameuse nuit. Je n’avais réussi qu’à lui laisser un mot minable, ne pouvant me résoudre à lui donner l’adieu auquel il avait droit. A présent, il était temps que j’assume mon départ précipité. Son regard dur accroché farouchement sur son visage ne me faciliterait pas les choses et me rappela nos désagréables retrouvailles au Bones. Il n’avait pas cherché à comprendre ni même à entendre les raisons de mon départ mais je dois bien avouer que j’étais incapable de lui dire ce qui m’avait vraiment poussé à partir de Hope Mills. Je ne pouvais me résoudre à mettre à nu la terrible vérité que je cachais depuis toujours. Au fond, je savais pourtant qu’il méritait d’entendre la vérité sur mes sentiments, qu’il avait le droit de savoir pourquoi je l’avais abandonné pendant une période cruciale de sa vie. Mais mon cœur, trop éprouvé à souffrir en silence pendant toutes ses années, ne survivrait pas à un énième rejet. Et je ne doutais pas qu’Aidan me repousserait en se rendant compte de l’importance de mes sentiments. Je n’avais jamais assez eu confiance en moi pour arriver à croire que quelqu’un pourrait m’aimer sincèrement pour ce que j’étais : jeune femme au physique relativement banale, timide et discrète, je n’avais jamais eu le charme flamboyant ni le charisme de Lynn. Voilà pourquoi je ne pourrais jamais lutter contre son grand amour désormais disparu. Il n’était sans doute pas prêt à aimer quelqu’un d’autre et encore moins moi. Désormais, je devais me contenter d’obtenir son pardon et de récupérer son amitié, sans rien à espérer de plus. Le chemin saurait sans doute long mais je ne pouvais supporter qu’il me déteste, même s’il avait toutes ses raisons de le faire.

    Les quelques minutes qu’il mit pour parvenir jusqu’à moi me semblèrent être des heures. Mon cœur battait soudainement la chamade – malgré toutes ses années, je n’avais jamais réussi à contrôler cette réaction – et la peur de la confrontation m’oppressait. Cette fois-ci nous étions seuls, et je savais donc pertinemment qu’il y aurait peu de chance que je puisse échapper au sujet de notre nuit ensemble. Une brusque bourrasque emmena son parfum jusqu’à mes narines, réveillant dans mon âme des souvenirs enfouis. Sa flagrance me rappela en effet cette nuit d’adieu, ses baisers et la sensation de plénitude que j’avais ressentie au contact de sa peau. Balayant ces pensées de ma tête, je me reconcentra sur Aïdan dont le visage était toujours aussi fermé qu’au Bones. C’est à peine si j’arrivais à me rappeler de son sourire. Je soupira. Si je m’étais attendu à un retour difficile, je dois bien que je ne m’attendais pas à une telle virulence de sa part. Comme d’habitude, j’avais été naïve. J’avais eu l’audace de pouvoir croire qu’il pourrait peut être arrivé à me pardonner un jour. Mais désormais, devant de tels yeux qui semblaient me mitrailler en permanence, je doutais qu’il puisse accepter une quelconque rédemption de ma part un jour. Cette sensation m’était insupportable, agrandissant le trou béant qui me servait de cœur, rendant de plus en plus dur chaque mouvement de ma poitrine pour respirer. Je ramena mes cheveux derrière mes oreilles, geste mécanique que j’avais à chaque fois que j’étais stressée ou bien gênée. Là, c’était les deux. Toujours muette et incapable de faire le moindre mouvement, je regardais toujours Aïdan qui se décida enfin à rompre le silence pesant qui régnait ici.

    « Je ne crois pas que ce soit un endroit pour toi. » Sa phrase fut comme un coup de poignard. Pouvoir aller voir Lynn m’avait terriblement manqué pendant ma longue absence et voilà qu’il était décidé à m’interdire de pouvoir aller me recueillir sur sa tombe. Ne pouvant m’empêcher d’accuser le coup, je fermai les yeux l’espace d’un instant pour ne pas montrer ma peine. Dans une position terriblement délicate, je ne pouvais me permettre de me laisser aller à me morfondre sur moi-même. Il fallait que je ravale pour cette fois cette hypersensibilité qui me caractérisait et être forte pour cette confrontation. Mais Aïdan ne me laissa même pas le temps de m’en remettre et enchaîna. « Je pensais pourtant avoir été clair. Tu as décidé de ton sort lorsque tu as écrit ton vulgaire mot et que tu es partie. » Ultime coup de grâce. Alors que j’avais mille fois imaginé dans ma tête nos retrouvailles, voilà qu’à présent je me trouvais incapable d’aligner deux mots. Sous la pression, ma gorge me semblait sèche et j’étais incapable de trouver la manière de présenter habilement les choses, tout en ne me dévoilant pas trop. Qu’est-ce que je pouvais être stupide, parfois. Je me détestais profondément quand je perdais mes moyens dans des moments comme ceux là. Pourtant, j’avais cru que mon voyage avait au moins eu le mérite d’arranger les choses de ce côté-là : obligé à me débrouiller seule, j’étais devenu indépendante et avait fini par avoir un peu plus confiance en moi. Mais mon passif avec Aïdan et l’emprise qu’il avait eu toujours sur moi n’arrangeait certainement pas les choses. Intérieurement paniquée, je pris quelques secondes pour apaiser mes peurs et pouvoir ouvrir la bouche sans trembler à chaque mot. Parvenu à me calmer, je finis par me décider enfin à parler, d’une petite voix. « Tu as raison… Je m’en vais. » J’aurais voulu être capable d’affronter son animosité mais j’avais bien conscience qu’avant même d’ouvrir la bouche, je m’étais déjà couverte de ridicule. Je n’avais jamais été doué dans l’adversité. Et toute cette haine déferlée contre moi, c’était plus que ce que je ne pouvais supporter malheureusement.

    Baissant la tête, honteuse, je me dirigea vers lui car il se trouvait sur le seul chemin dans ce coin du cimetière qui menait à la sortie. Ne pouvant supporter de voir son regard désapprobateur, je passa à côté de lui sans un mot. Sans le faire exprès, ma main effleura la sienne et je ne pus empêcher un frisson de me parcourir l’échine. Le dépassant d’une bonne dizaine de pas, je me stoppa net. Bien que cette situation était terriblement dur à supporter pour moi, je me fis violence pour faire volte-face. Car je m’étais rendu compte, qu’une nouvelle fois encore, ma faiblesse me rendait lâche. Je m’étais promis de ne plus jamais fuir désormais et réitérer mes excuses auprès de lui ne serait pas une nouvelle trahison envers mon amie Lynn. Il était dos à moi, ne semblant pas se rendre compte que j’avais stopper là ma nouvelle fuite en avant. Soufflant un bon coup et m’éclaircissant la gorge afin d’attirer son attention, je le vis se retourner vers moi. Cette fois-ci, je me força à le regarder dans les yeux. Ne lui laissant pas le temps de rétorquer quoi que ce soit une nouvelle fois, je dis avec un peu plus d’assurance. « Ecoute, je suis terriblement désolé de t’avoir abandonné quand tu avais besoin de moi. Mais qu’est-ce que je peux faire pour réparer ça ? Crois moi, s’il m’était possible de remonter le temps, je le ferais. Si j’avais cette possibilité et que je pouvais tout recommencer, je ne m'enfurais pas dans la nuit comme une voleuse et je n’aurais jamais quitter Hope Mis. Seulement, ce qui s’est passé entre nous… ca m’a bouleversé. Et je ne me sentais pas capable de gérer… cette erreur. » Prononcer ce mot m’écorcha la bouche mais je n’en montra rien. Bien sûr que pour moi ce n’avait pas été une erreur, mais j’étais persuadée qu'il n'en était pas de même de son côté. Je n’avais jamais été douée pour mentir, mais après un an et demi à tenter de m’en convaincre, j’espérais pouvoir être crédible ne serait-ce qu’un instant. Je poursuivis sans lui laisser le temps de répondre, non sans avoir marquer quelques secondes d’arrêts afin de reprendre courage. « Alors oui j’ai fui. J’ai fui parce que je savais que plus rien ne serait jamais pareil entre nous et j’avais peur de perdre ce qu’on avait. Et je ne me suis pas rendu compte que c’est en partant que je t’ai définitivement perdu… » Tentant de faire bonne figure, je ne bougea une nouvelle fois pas d’un poil, attendant sa réponse.
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