Qui est-elle et que veut-elle réellement? ( pv Reese )

Qui est-elle et que veut-elle réellement? ( pv Reese ) Elle11

« La méfiance est toujours pour moi une des formes de l'intelligence. » [ Paul Léautaud ]

Je suis arrivée hier dans cette ville, je ne peux pas dire que j'ai eu beaucoup le temps de visiter. Mais je suis tout de même contente car j'ai retrouvé Noam et nous avons su parler tous les deux! Enfin passons à cette nouvelle journée qui commence et qui commence bien en plus. Ma fille vient d'arriver en ville! Mon amie, celle qui la tenait, est passée par Hope Mills pour me l'amenée. Heureusement que c'était sur son chemin, elle va voir de la famille. Cela m'aura empêcher d'aller la rechercher à San Francisco. Enfin soit, il est déjà plus où moins 14 heures. Après un bon biberon, et une petite sieste bien méritée, dans mes bras, je l'habille bien chaudement et décide que nous allons aller faire un tour dans le quartier. C'est donc avec la petite dans son couffin que me voici partie. Il fait un vent du tonnerre, le temps est très froid mais pas de brouillard, un temps parfait pour promener. L'important est que la petite est protégée par son plastique de pluie et que je puisse respirer un peu.

Sans savoir réellement où me mènent mes pas, je me retrouve dans un parc magnifique, vert, immense et surtout revigorant. Krystal s'est endormie et doit faire de beaux rêves car un sourire s'est posé sur ses lèvres. Alors bien sur que mon petit coeur de maman se réjouit également, comment je pourrais faire autrement. Je suis si bien ici, en plus, cette odeur d'herbe me donnerait presque envie de ne jamais quitté cet endroit. Je trouve un banc au hasard de ma promenade et je vais m'y assoir. Je place la poussette devant moi, de manière à ne gêner personne et met le frein. Puis une main sur celle ci, je ferme les yeux et respire un bon coup. Je suis vraiment bien! Que demander de plus?

Lorsque je réouvre les yeux, tirée de mes pensées par une petite brise plus fraiche que les autres, j'aperçois non loin du banc où je suis assise, une bande d'enfants, de plus ou moins 10 ans. Ils jouent à la balle, ils crient, ils rigolent. C'est ici que j'aimerais voir grandir ma petite puce. Mais je ne crois pas que cela soit le meilleur endroit. Son père ne connait pas son existence, ou pour être plus exact personne ne connait son existence! Ni son père, ni son tonton, ni leur famille! Je ne peux pas débarquer chez lui, comme un cheveux dans la soupe et lui dire SURPRISE. Non, je crois que c'est une très mauvaise idée, surtout que j'ai l'impression que ma fille tient tout de son père. Enfin c'est peut être juste une idée que je me fais qui sait!

« Oh non, c'est pas possible. »
« Qu'est-ce qu'il y a ? », me demanda Caleb, depuis sa chambre. Voyant que je ne répondais pas, il me rejoint dans le salon où j'avais mis un bazar pas possible. « Reese, qu'est-ce que c'est que tout ça ? »
« Hein ? » demandai-je, en relevant la tête et en constatant que le salon ressemblait – de nouveau – à une réplique de Bagdad. « Mon rapport... Je... Je l'ai perdu. »

Posant son regard sur le tas de papiers qui s'étalait devant moi, Caleb fronça les sourcils, avant de me répondre :

« Pas étonnant. »
« Oh c'est pas le moment, Caleb. »

Et voilà. Ma mauvaise humeur refaisait surface. Le pauvre y était habitué, depuis le temps, et je savais par conséquent qu'il ne m'en tiendrait pas rigueur. Après un moment d'hésitation, il lança :

« Tu devrais faire une pause Reese. Sortir, faire un tour... Je sais pas moi. Mais c'est pas en dévastant notre salon et en te mettant la pression comme tu le fais que tu parviendras à faire quelque chose de correct. En plus, j'ai du mal à travailler, quand tu râles. »

Je lui adressai un regard désolé. M'adressant son plus beau sourire, Caleb finit par me convaincre de prendre l'air.

« Je rangerai en rentrant... » Lui expliquai-je, tandis que je récupérais ma veste.
« T'en fais pas. », me répondit-il, tandis que je prenais mon sac à main, déjà prête à partir. « Attends ! »

Je me retournai vers lui, et il me lança un chocolat, que je rattrapai habilement. Lui adressant un sourire radieux, j'enfournai ce dernier dans ma bouche, avant de lancer un « Merci ! » et de quitter les lieux.

Il me fallu quelques minutes pour me rendre jusqu'au parc. Le lieu n'était pas l'idéal pour être tranquille, plusieurs enfants jouaient dans le coin, et faisaient un bazar monstre. Ce qui, à vrai dire, ne me dérangeait pas tellement. J'étais simplement venue ici pour prendre l'air, à vrai dire, et surtout faire de l'air à Caleb.

Après quelques minutes de marche, mon regard se posa sur une demoiselle que j'avais déjà aperçue en compagnie de l'un de mes très chers frères (ou pas) j'ai nommé : Noam Tanner. Ces deux là, à ce que j'avais vu, avaient l'air très proches, un peu trop, peut-être. Si je n'avais pas croisé la demoiselle avec sa fille, aujourd'hui, j'en aurais certainement conclu qu'il s'agissait de sa petite amie. M'approchant d'elle avec un sourire aux lèvres, je la saluai d'un signe de tête, et mon regard se posa sur sa fille qui, étrangement, avait un air familier avec Tanner. Une autre nièce ? Pitié, faites que ça soit une mauvaise blague. C'était IMPOSSIBLE. J'avais déjà du mal à l'idée de me faire à l'idée d'être tante, ça n'était pas pour l'être deux fois ! Bon sang, c'était pas croyable ! Noam faisait vraiment des gosses partout ! Un instant sous le choc, je m'installai malgré moi aux côtés de la jeune femme. Puis, ma curiosité – malsaine – prenant le dessus, je me permis de commenter :

« Jolie petite fille. Elle doit faire la fierté de son père... »

Remarque innocente ? Pas tellement, non. Ce que j'espérais ? Je ne savais pas trop, à vrai dire... Peut-être que mon crétin de frère ait su contrôler ses pulsions sexuelles et qu'il ait évité de faire d'autres gosses à d'autres femmes ?

C'est la première fois depuis que je suis dans cette ville que je me sens complètement bien et à ma place. En général, je ne suis pas du genre à vite m'intégrer à trouver rapidement de nouveaux amis. Et cela car je ne fais pas confiance facilement. Mais ici, j'ai Noam qui est pour le moment, sauf ma fille, la personne la plus importante dans mon existence. Et il y a aussi Camden que j'ai rencontré il y a peu. C'est rare de trouver des gens comme ces deux hommes. Ils sont sympathique, amical et ne pense pas qu'à eux. Ils sont ouverts au monde extérieur et ne juge pas au premier regard. Quand je vous disais que c'était rare des gens comme eux!

Ce banc, ce vent frais, cette bonne odeur d'herbe fraichement coupée ainsi que les rires des enfants, tout était parfait. J'étais heureuse d'être ici, d'être si bien entourée par mon meilleur ami... Mais ce bonheur fut de courte durée. Cet était d'apaisement se détraqua rapidement lorsqu'une jeune blonde arriva à ma portée de vue. Je l'avais déjà aperçue et j'avais également remarquer le trouble dans le regard de Noam lorsque nous la croisions. Je ne peux que soupirer, je n'aime pas trop cette intrusion, car c'est bien de cela qu'il s'agit non? Que veut-elle savoir? Mais ce n'est que lorsqu'elle pose son regard sur ma fille que je comprends qu'il y a un réel problème dans l'histoire. Elle reste bouche bée, elle semble d'ailleurs choquée de ce qu'elle voit. J'ai envie de lui demander si la petite à quelque chose sur le nez... Mais voilà que ne la quittant pas des yeux, elle s'assit à mes côtés. Alors là, c'est la meilleure, elle va rester ici!

Je souris à sa phrase malgré que je ne sois pas idiote et que j'ai remarqué son manège. Elle veut savoir qui est le père. Si ce n'est pas Noam, vu qu'elle m'a déjà vu avec. Enfin c'est soit ca, soit je deviens totalement parano. Enfin, j'ai quelques secondes pour savoir ce que je vais aller lui raconter, soit je dis qu'il est très fier et elle va foutre la paternité sur le dos de Noam. Soit je lui répond qu'il ne connait même pas son existence et je vais passer pour la pire des trainées. Je soupire à nouveau et reprenant mon plus grand sourire, je lui dis:

Merci... Et oui, son père serait le plus heureux des hommes si il connaissait son existence!

Je préfère largement tout me mettre sur le dos plutôt que sur les épaules de Noam aussi forte et dure soit-elles! Je la regarde alors avec grand intérêt et j'ajoute:

On ne s'est pas déjà vue? Vous êtes une amie de Noam, non?

Peut être que de parler du jeune homme, elle me foutra la paix. Ou cela serait trop lui demandé? Je crois qu'elle ne partira pas sans avoir eu ses réponses. Je regarde alors mon petit ange en me disant qu'elle ne pleure vraiment pas quand il le faut. Généralement, elle pleure à tout bout de champs pour un oui ou un non et ici, rien, elle sourit à la jeune blonde assise à mes côtés. C'est à ne rien comprendre.

Rares étaient les fois où je prenais réellement la peine de sortir et de profiter du paysage comme je le faisais aujourd'hui. Cette balade, quoi qu'un peu forcée, me serait bénéfique. Elle m'aiderait à évacuer mon stress, mais elle permettrait surtout à Caleb d'être débarrassé de moi pendant quelques minutes ce qui, compte tenu de ma manie à mettre le bazar partout, s'avérerait très probablement bénéfique pour lui aussi. Le parc, c'était le premier endroit qui m'était venu à l'esprit. Probablement parce qu'il m'apparaissait comme le plus poétique de la ville, bien qu'il ne fasse pas non plus partie des plus silencieux. Au milieu des enfants qui jouaient, mon regard s'était posé sur une demoiselle, nouvelle en ville. Je ne connaissais rien de cette femme, pas même son nom et pourtant, j'avais toutes les raisons de croire que nos routes finiraient à se croiser... Pourquoi ? Tout simplement parce que je l'avais déjà vue en compagnie de Noam, au Bones. Ce jour là, j'avais même cru qu'il s'agissait de sa petite amie. A vrai dire, j'aurais été persuadée de cela s'il ne m'avait pas confié ses sentiments pour Charly la fois où nous nous étions expliqués tous les deux.

Intriguée par la jeune femme, et surtout par cette petite qui dormait dans sa poussette, juste devant elle, je m'approchais d'elle, les yeux posés sur sa fille... une fille qui avait un étrange air de famille. Choquée, j'en vins à me demander si Noam n'avait pas encore fait des siennes. Il avait fait une autre gosse, à une autre femme ? Impossible. Il n'avait quand même pas pu faire ça, si ? Et pourtant, à la vue de cette petite, et de la proximité qu'il existait entre Noam et sa mère, tout me paraissait plus clair à présent. Un sentiment bizarre m'habita lorsque je songeai à l'éventualité que la petite qui se tenait devant moi ne soit – elle aussi – ma nièce. Un mélange de peur et de rage. De peur, parce que ça me faisait une personne en plus à devoir accepter dans ma vie et de rage, parce que Noam n'avait pas été totalement honnête avec moi. Toutes ces histoires de sincérité, ça n'avait été que des conneries. Je me sentais trahie, comme jamais. Et bizarrement... J'avais mal. Tentant de ne pas trop me monter la tête, j'avais d'abord tenté d'en savoir plus sur le fameux père de cette petite, en faisant une remarque – visiblement innocente – au sujet de ce dernier.

La jeune femme sourit à ma remarque. Poussant un soupir, elle reprit bien rapidement son plus beau sourire, avant de me répondre :

« Merci... Et oui, son père serait le plus heureux des hommes si il connaissait son existence! »

S'il connaissait son existence ? Noam ne savait pas qu'il avait une fille ? Bon sang, je me sentis mal, sur le coup. Pourquoi j'avais posé cette question, hein ? J'en savais trop maintenant. Ou alors, non, je ne savais rien du tout. Peut-être que cette petite n'était pas sa fille, après tout, et que cette ressemblance, je me l'étais imaginée...

« Oh... » me contentai-je de répondre dans un premier temps, tant elle m'avait surprise. « Vous êtes séparés ? » tentai-je une nouvelle fois d'en savoir plus. « C'est bien dommage. Un enfant devrait avoir la chance de connaître ses deux parents » ajoutai-je en le pensant réellement. Que cette petite soit ma nièce ou non, je trouvais ça dommage pour elle que son père – quel qu'il soit – n'ait pas encore eu la chance de la voir.

« On ne s'est pas déjà vue? Vous êtes une amie de Noam, non? »

Je grimaçai à sa question.

« Une amie... Non. » répondis-je, avant de pousser un léger soupir. « Je suis... sa soeur, en fait. Enfin, j'veux dire, on a les mêmes parents biologiques. »

Ce qui voulait dire donc, que j'étais effectivement sa soeur. Pourquoi me reprenais-je de la sorte ? J'étais vraiment une idiote.

« Il me semble vous avoir vus tous les deux, au Bones... Ca fait longtemps que vous vous connaissez ? »

Elle voulait parler de Noam ? Parlons en ! Mais si elle tenait à ce que je lui parle de ma relation avec lui, la pauvre verrait bien rapidement qu'il n'y avait pas grand chose à en dire alors... autant se concentrer sur leur relation, non ?

Je ne pensais pas discuter un jour avec cette jeune femme tellement elle ne m'inspire pas du tout confiance. Elle me tourne autour, elle cherche surement à savoir qui je suis, ce que je fais ici et même de qui est ma fille. Mais je ne pouvais pas lui laisser croire que Krystal venait de Noam, je crois que cela n'aurait vraiment pas été juste. Donc je parlais vaguement d'un père qui ne connaissait nullement l’existence de sa petite fille. Je sais que cela lui ouvrira peut être la porte de la vérité, je lui donne toutes les clefs pour cela. Mais je ne pourrais supporter d'apporter des problèmes supplémentaires à mon meilleur ami, à celui qui est toujours là pour moi alors qu'il me connait à peine.

Je vois bien vite la surprise dans ses yeux, c'est donc un sourire en coin que je reçois ses prochaines phrases. Bien sur, j'avais eu raison, elle croyait que la paternité était du mauvais frère. Mais voilà que bien vite les mêmes phrases ressortent encore une fois d'une bouche différente. Ma fille mériterait de connaitre son père, et d'avoir ses deux parents à ses côtés. Je baisse alors les yeux. J'ai tellement peur! Il pourrait vouloir me la prendre, il pourrait ne pas vouloir la voir ou la reconnaitre. Je ne sais pas ce qui pourrait être le pire pour moi et ma petite fille chérie. Je passe donc, rêveuse, mon doigt sur sa petit joue si frêle. Et je fini par répondre:

Non séparés est loin d'être le mot! Mais bon c'est une trop longue histoire qui ne mérite même pas d'être racontée.

J'aimerais rajouter surtout devant toi. Je ne la connais pas, je m'en méfie surtout que je ne sais pas ce qu'elle a derrière la tête, pourquoi me pose-t-elle toutes ses questions. D'ailleurs voilà que une partie d'ombre s'éclaircit à ma prochaine question. C'est la sœur de Noam et Blake! Reese! Mon ami m'en a déjà tellement parlé! Je sourie alors et lui dis, lui tendant la main:

Reese, c'est bien ça? Noam m'a tellement parlé de toi! Je me présente Sunny... Et voici la petite Krystal!

Je comprends son histoire de parents biologiques, sa peur que Noam n'aie fait à nouveau une erreur. Mais il me semble surtout qu'elle ne le connait pas toujours autant qu'il ne le voudrait. Elle ne semble pas encore voir à quel point il est gentil, attentionné, et aimant... Enfin, je comprends également qu'il lui faudra du temps avant de le comprendre et de l'accepter surtout.

Mais voilà une question à laquelle je m'attendais: Ca fait longtemps que vous vous connaissez? Je sourie, me rappelant notre première rencontre, nos longues discussions, les remontrances dont il avait le droit tous les jours et son départ un matin, pour venir retrouver sa chérie. Je relève les yeux vers elle et je lui lâche:

Un petit bout de temps. On est amis! Seulement amis...

J'insiste bien sur ce point, pas envie d'autres questions là dessus.