You speak & I listen

« Il y a toujours dans notre enfance, un moment où la porte s'ouvre et laisse entrer l'avenir.»

Nous avions marché un moment. On n’allait ni trop vite ni trop lentement. Elle ma raconta les trois années qu’elle avait passé loin de moi. Je savais qu’elle enjolivait un peu les choses mais je ne dis rien, je ne fis que l’écouter. Je ne fis aucun commentaires, je posais quelques questions pour qu’elle sache quoi dire. Je ne racontai rien, je lui expliquai juste où j’habitais. Je retournai sur mes pas de toute façon. La nuit était calme, il n’y avait que peu de voiture qui passait et nous ne vîmes aucune bande de jeunes. Je la regardais parfois mais la plus part du temps je fixais le sol. On était un peu les deux amis qu’on avait été. Je n’avais pas oublié que pour nous deux c’était plus fort que de l’amitié, enfin surtout pour elle. Mais je ne voulais pas qu’on soit mal à l’aise. Enfin, je supposais qu’elle devait l’être. Je détestais ca mais c’était le prix à payer si je voulais qu’elle reste.

Nous étions vite arrivés chez moi. Elle m’expliqua quelques petites dernières choses en montant à mon appartement. Mais quand on rentra, le silence se fit. C’était bizarre. Elle n’avait jamais été dans cet appartement. Sur tous les murs était affiché des photos de ma famille de mes amis, de Lynn, d’elle,… Quand j’avais emménagé ici, je voulais ne pas me sentir seul. Ma première solution fut d’avoir un colocataire mais je me disais que ce n’était pas possible. Il n’aurait pas pu supporter mes crises, seul Jessie les avait supportés et quand elle était partie, je me défoulais sur tout ce qui me tombait sous la main. Au tout début, il aurait souffert et je ne voulais pas. J’avais eu ma deuxième solution en prenant le carton des vieilles photos. J’avais accroché mes préféré dans la cuisine, le salon et le hall d’entré. Dans la chambre, il n’y avait aucune photo, juste des mots écrits sur les murs qui me venaient le soir. J’avais dit que je repeindrais le jour où j’aurais définitivement tourné la page. Je me demandais la réaction de Jessie quand elle verrait son prénom écrit quelque fois. Pour l’instant nous n’étions que sur le pas de la porte. « Ben… voila, c’est chez moi quoi ! » Rare était les personne à être venue ici. Je ne montrai pas facilement comment mon appartement était agencé. La plupart de mes amis me dirait que je ne pourrais jamais tourner la page avec toutes ses photos sur les murs. Surtout voyant le panneau avec les photos de Lynn et de moi. Mais avec Jessie, je n’avais pas à réfléchir. Elle ne me jugera pas et c’est ce que j’appréciais chez elle.

Nous marchions, à notre rythme. Ni trop lentement ni trop rapidemment. Notre ballade suffit juste à lui raconter les grandes lignes de ce que j'avais fait durant ces trois dernières années. Evidemment j'avais un peu menti, un peu enjoliver la vérité pour ne pas qu'il s'inquiète. Et à mon avis il devait se douter que tout mon voyage n'avait pas été si rose. En gros je lui avais raconté que j'avais voyagé à travers les Etats-Unis et que j'avais passé quelques mois fabuleux en Europe. Pour l'instant tout était vrai, la seule chose que j'avais oublié de signaler et que j'avais vécut sans un sou, comme une pauvre. Et que pour avoir de l'argent, j'avais travaillé dans des boîtes de nuits officiellement - officieusement des boîtes de strip tease - ce que je me garderais de lui dire. Il n'avait pas à savoir comment j'avais fais pour survivre ses derniers mois ni comment j'avais fais pour trouver un financement pour mon voyage en Europe. Je fus heureuse qu'il ne me pose pas la question fatidique.

Entre nous c'était installée une sorte de gêne. J'étais un peu mal à l'aise en fait. Il venait de proposer que nous nous rendions à son appartement, j'avais hésité puis accepté pour lui faire plaisir. Je ne laisserais pas les mêmes choses se reproduire, et lui non plus certainement. Les rues défilaient tandis que nous marchions, il n'y avait personne. C'était désert et j'avais vite deviné qu'il avait déménagé. Ce n'était pas étonnant, là ou il avait habité précédemment était la demeure qu'il avait partagée avec Lynn. Son souvenir devait lui être encore trop dur. On ne se remet jamais vraiment de la perte d'un être cher, moi non plus je ne m'en étais pas vraiment remise. Il m'arrivait encore de me dire parfois : Et si j'appelais Lynn aujourd'hui ? C'était débile, elle n'était plus là et je ne pouvais rien y changer. Tandis que nous montions les marches de l'escalier menant à son appartement je commençais à stresser. Je me demandais ce qui m'attendait et ce que j'allais trouver à l'intérieur. J'étais curieuse et j'avais à la fois peur de ce que j'allais voir. Nous étions sur le seuil de la porte, lorsqu'il entra les clés dans la serrure il tremblait légèrement. Ouvrant la porte et entrant il dit : « Ben… voila, c’est chez moi quoi ! » J'entrais à mon tour, je regardais tout autour de moi. L'endroit était plutôt chaleureux, les murs étaient neutres d'une couleur taupe. « C'est très joli ... » J'aurais dû me taire.Je remarquais de suite les photos accrochées au mur. Je marchais dans le hall, suivant les photos pendant que lui fermait la porte. La première était une de lui et Lynn, il y a des années au bal de fin d'année si je m'en rappelle bien. Sur la seconde, le couple y était toujours, cette fois-ci à la plage. Sur la troisième, c'était le jour de leur mariage. Tant de moments de bonheur, si je n'avais pas connu Aidan auparavant j'aurais cru qu'il était en couple. Il était évident que jamais il ne l'oublierait, elle était une partie de lui. Et je faisais avec, je ne pouvais pas le forcer à aller de l'avant. Tant qu'il allait bien comme ça ... Je suivais mon parcours de photos, ce qui m'enmena au salon. Je ne disais toujours rien. Je ne savais même pas si il me suivait. Le salon était toujours d'une couleur neutre, aucune décoration toujours que des photos et un désordre immense ! Des habits trainaient parterre ainsi que des boîtes de pizzas, ou d'autres traiteurs ! Je dis alors : « Mon dieu Aidan ! Ca fait combien de temps que tu n'as pas fais le ménage ici ? » Cette fois ci je découvrais des photos de nous, lui et moi dans une forêt. Et puis aussi des photos de la bande. Cela me fit chaud au coeur. Il ne nous avaient pas oubliés. Je le cherchais alors des yeux et ne le trouvais pas. Je retournais dans le hall il n'y était pas. Il ne restait qu'une pièce que je n'avais pas encore découvert, sa chambre ... Lorsque je rentrais je remarquais évidemment les mots, les phrases inscrites au mur. Il y avait plusieurs fois mon prénom, des mots tristes, haineux ... J'y décelais de la peine, de la rage ... Néanmoins je fus choquée. Je criais alors : « Qu'est-ce que c'est que ça ? »

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« Nos premières impressions sont les seules ineffaçables. Le reste n'est qu'une répétition, un effet de l'habitude.»

J’attendais, j’attendais les commentaires car il y en aurait. Il y en a toujours. Tout le monde commente comme c’est agencé chez moi. Toutes les photos qu’on voit sont des photos qui reflètent le bonheur. Pas forcément perdu mais les bons moments que j’ai connu et que j’ai immortalisé. Elle n’avait pas encore du correctement regarder quand elle commenta mon intérieur. « C'est très joli ... » Pour la plupart de mes amis, à chaque fois que je refermais cette porte, je me renfermais dans mon passé. Aujourd’hui avec Jessie, ce n’était pas le passé qui arrivé mais l’avenir. Je regardais mes pieds en marmonnant « merci ». Elle se tut en inspectant tout mon intérieur, enfin mes murs surtout, elle ne faisait pas attention aux meubles ni aux fleures fané que ma mère m’avait fait envoyé par un fleuriste pour égaillé mon intérieur. Mes parents ne venaient plus chez moi. Ils disaient que toutes ses photos étaient trop dures pour eux. Alors ma mère me faisait livrer des présents. Je lui téléphonais pour la remercié et on était quitte. Jamais on ne parlait très longtemps. Même pour les « Comment vas-tu ? », je mentais. Enfin, je cachais à ma mère ma détresse.

Bon Jessie est une amie au départ et les amies sont toutes pareils quand elle voit le désordre, elles sont choqué. « Mon dieu Aidan ! Ca fait combien de temps que tu n'as pas fais le ménage ici ? » Bon j’avoue que je n’avais pas fait le ménage depuis un moment. Peut être un mois. Mais la poussière ne s’était pas encore accumulée. Je ne répondis pas, de toute façon à des questions comme ca, on ne répond pas. Les cartons étaient justes de cette semaine. Je devais ranger je savais et c’est ce que je fis rapidement je ramassais les cartons qui trainait alors qu’elle regardait. J’avais été un peu trop vite car elle me cherchait. J’avais un petit placard où je m’étais mes cartons et mes sacs poubelle. Il était assez grand pour que je rentre dedans. « Qu'est-ce que c'est que ça ? » Je n’arrivais pas à rentrer les cartons dans les boites prévues quand j’entendis un cri. Je laissais tout en plan pour voir où elle était et ce qui lui était arrivé.

Finalement je la retrouvais dans ma chambre, sur le pas de ma chambre, horrifié par ce qui était écrit. « Merde ». Elle ne devait pas voir ma chambre, pas directement, pas tout de suite. Personne ne voyait ma chambre. J’étais le seul à y entrer. Je n’avais que très peu de conquêtes et avec elle je n’allais jamais dans ma chambre. Jessie ne devait pas voir ca mais maintenant que c’était fait. Je n’avais jamais pensé de ce que je devrais dire pour expliquer à quelqu’un les mots écrits. Je m’approchais d’elle, je ne savais pas comment elle réagirait. « Jessie, tu n’étais pas censé voir ça » Il continuait de s’avancer, regardant le visage de Jessie. « Personne ne doit voir ma chambre Jessie. Je pensais t’en parler mais tu ne devais pas la découvrir comme ca ». J’étais désespéré. Quiconque voyait cette pièce me ferait enfermer. Les mots que j’écrivais étaient remplis de colère mais aussi de tristesse. Dans un coin, il y avait aussi un punching ball mais ce n’était pas ce qui était le plus flagrant dans la pièce.

Son appartement était très joli, enfin il était un peu impersonnel. Les seules choses qui montrait que c'était bel et bien lui qui habitait en ces lieux étaient les photos. Des photos qui dataient d'il y a au moins trois ans car nous étions tous réunis et Lynn était toujours en vie. Je ne comprenais pas qu'il puisse encore garder tant de photos d'elle, il l'a voyait tous les jours. Ca ne m'étonnait pas qu'il n'arrivait pas à l'oublier. De toute manière avec ou sans ses photos, il ne l'oublierait jamais. Tous le monde en étant conscient malheureusement. J'avais tout tenté pour qu'il aille mieux et qu'il l'oublie, au moins qu'il essaye de vivre avec mais tous mes efforts avaient été vains. Rien n'avait changé que je sois là ou pas. J'avais été inutile dans sa peine, alors que j'aurais tellement voulu l'aider à aller mieux ... je n'étais même pas capable de l'aider à se sentir mieux. Et il me qualifiait encore comme son amie ...

J'avais vraiment une réaction de fille quand je vis l'état de son appartement. J'avais oublié que les mecs étaient comme ça, si ça n'avait tenu qu'à moi j'aurais tout nettoyé de fond en comble. Comment pouvait-il vivre là dedans ? Il ne devait probablement pas se soucier de ce qui l'entourait. Quand il disparut, je crus qu'il était dans sa chambre. Je ne m'attendais pas à voir ça ! Des mots, des phrases ... partout écrits sur les murs... Je reconnaissais son écriture si particulière. Les murs étaient quasiment remplis, et il n'y avait plus un blanc. Je voyais mon prénom, le sien et celui de Lynn ! Je n'aurais pas du entrer dans sa chambre, non je n'aurais jamais dû ! J'entendis des bruits de pas derrière moi, lui ! « Jessie, tu n’étais pas censé voir ça » Je ne dis rien, j'étais donc la première à voir ça ! Pas étonnant que je sois la première, j'étais celle qui avait osé. Il avait tellement mal, les autres ne se doutaient pas un seul instant qu'il souffrait à ce point. Je n'arrivais pas à exprimer mes pensées. Il rajouta alors : « Personne ne doit voir ma chambre Jessie. Je pensais t’en parler mais tu ne devais pas la découvrir comme ca ». Il avait l'air tellement désespéré, je ne lui serais jamais d'aucune aide. Jamais ... Je ne savais même pas comment réagir ! « Trop tard ... » Je me retournais avec lui, je ne savais pas comment faire ! Je voulais qu'il avance moi pas qu'il reste plongé dans le passé ! Je voulais retrouver mon Aidan ! J'allais me loger dans ses bras, je m'en fichais qu'il me repousse. Il fallait qu'il comprenne qu'il n'était pas tout seul, que nous étions là ! Que nous comprenions ! J'avais griffoné des livres entiers du prénom de ma meilleure amie ! Sauf que ça il ne le saura jamais. Je commençais à m'excuser. « Je suis désolée ... je n'ai pas compris à quel point tu souffrais ... J'ai pensé qu'avec le temps tu t'en remettrais ... mais jamais tu ne l'oublieras ! ». Je le lâchais, puis le regardais. Il fallait qu'il vive ! Maintenant, il allait m'en vouloir mais tant pis ! Je ne voyais qu'une solution radicale ! « Tu dois vivre Aidan ! Je veux que tu choissises une photo, une seule photo ! Tu ne peux pas continuer à vivre dans le passé ! ». Il allait m'en vouloir, me détester probablement ! Il était même capable de m'engueuler, de me demander de partir mais je ne céderais pas !

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« Une photo ? C'est l'instant qui s'arrête, les sentiments qui demeurent et la vie qui s'en va. »

J’attendais qu’elle se retourne sur moi et qu’elle me paraisse horrifiée, n’importe qui l’aurait été. Horrifié par toute cette souffrance. Ce n’était pas la souffrance qu’on ressentait en un coup mais celle qui s’était accumulé depuis trois ans. Jessie ne prononça que deux mots avant de se retourner sur moi « Trop tard ... ». Je ne compris pas la réaction qui suivit. Je ne comprenais pas pourquoi elle n’allait pas lire tout ce que j’avais écrit. Enfaite, je n’avais jamais pensé à une réaction de la part des autres mes venir se blottir dans mes bras ne serait pas le scenario qui me serait venu le premier en tête. Mais je n’allais pas rechigner la dessus. Elle se blottissait dans mes bras comme si j’avais besoin d’être réconforté, en réalité, il était trop tard. Je ne ressentais plus vraiment le besoin d’écrire maintenant, mais je sais que si elle avait été là, je n’aurais pas écrit tout ce que j’ai écrit.

Je la serrais dans mes bras un long moment car même si je n’avais plus besoin qu’on me dise qu’on comprenait jamais toujours besoin qu’on soit la pour moi. Enfin qu’on fasse comprendre qu’on ne m’abandonnait pas. Les bras de Jessie avaient toujours été réconfortants. « Je suis désolée ... je n'ai pas compris à quel point tu souffrais ... J'ai pensé qu'avec le temps tu t'en remettrais ... mais jamais tu ne l'oublieras ! » Elle me regardait de son air sérieux. Je savais qu’elle ne rigolait pas, qu’elle ne rigolait plus. Mais je me demandais pourquoi elle s’excusait. Serait-elle restée si elle avait su ? Je ne pense pas, elle était partie pour elle et maintenant que j’y réfléchissais, elle avait eu raison. Tout le monde souffrait de la disparition de Lynn, Jessie devait en plus souffrir à cause de moi. Elle l’avait fait pour elle, si j’avais été elle j’aurais fait pareil.

Je regardais Jessie, sur son visage, je voyais bien qu’elle était déterminée et ce que j’entendis après, j’aurais préféré ne pas l’entendre. « Tu dois vivre Aidan ! Je veux que tu choisisses une photo, une seule photo ! Tu ne peux pas continuer à vivre dans le passé ! ». Je ne pouvais tout simplement en choisir un, c’était toute ou rien. Il faudrait bien que je m’y fasse. Je ne sais pas si j’arriverais à les détacher toute, à la fin j’en trouverais surement une que je préfère. De préférence une sans Lynn, parce que si j’en gardais une de Lynn, je voudrais toute les garder. « Je ne peux pas Jessie, je peux pas enfermer toutes ses photos dans un boite et faire comme si elle n'existait pas. Faire comme si ces évènements n'était jamais arrivé. Parce que c'est ce que je devrais faire.» Je n’avais surtout pas été capable de lui dire que c’était tout ou rien. Comme elle est, elle aurait directement tout enlevé. Je regardais mes pieds. Puis je revins dans la pièce principale, je longeais les murs et regardait chaque photo avec attention. Il y eut un long silence le temps que je fasse le tour. Je me retournai sur elle quand j’eus fini. « Jessie, aide-moi » J’avais l’impression de porter toute mon histoire sur mon dos. Je ne la regardais pas vraiment en face, enfaite, je regardais ses pieds sans vraiment les voir. J’étais totalement ailleurs et je m’y perdais.

J'étais persuadée qu'il ne s'attendait pas à cette réaction de ma part. Non, il avait certainement imaginé que j'aurais piqué une crise ou que j'aurais été totalement effrayée. Mais non, au départ si c'était choquant mais je comprenais. Lui ne voyait pas que nous le comprenions aussi, nous l'avions tous perdue sauf que nous avions continuer à avancer - enfin essayer sans jamais l'oublier. Aidan lui n'y arrivait pas, je le soupçonnais d'ailleurs de ne pas vouloir tourner la page. D'un côté c'était normal, elle avait été sa femme, son unique raison de vivre mais de l'autre Lynn n'aurait jamais supporté de le voir dans cet état. Cela faisait trois ans maintenant, il devait aller de l'avant et s'il le fallait je le forçerais à avancer quitte à ce qu'il me déteste. J'étais prête à faire ce sacrifice.

Il me garda quelques instants dans ses bras, il avait compris que j'étais là pour lui. Si j'avais su ce qui arriverait, jamais je ne serais partie ... jamais je ne l'aurais abandonné ! Puis suivit mes propos, je devinais à sa tête qu'il n'avait pas voulu entendre ça ! Et pourtant il était temps, je devais certainement être la seule à être capable de risquer de le mettre en colère. Je ne supportais plus de le voir comme ça, je voulais retrouver mon Aidan ! Celui que tout le monde aimait, et pas ce qui restait de lui ... Il n'osa même pas me regarder tant il était désamparé. « Je ne peux pas Jessie, je peux pas enfermer toutes ses photos dans un boite et faire comme si elle n'existait pas. Faire comme si ces évènements n'était jamais arrivé. Parce que c'est ce que je devrais faire.» Bien sur qu'il le pouvait, j'étais sûre qu'il y arriverait. Il suffisait d'un peu de volonté de sa part. Il regardait toujours dans le vide. Je m'emparais de son menton et lui levait la tête pour qu'il me regarde. Je plongeais dans ses yeux, tous ce que j'y décelais n'étais que tristesse. Il fuyait mon regard ! « Regarde moi ... tu peux le faire Aidan ! Tu dois avancer maintenant ! S'il te plait ...» Puis il s'éloigna, longeant les murs et se rendant dans les autres pièces. Je le suivais. A un moment il s'arrêta, son regard était perdu. Il lâcha alors un « Jessie, aide-moi » Il n'y arrivait pas, il me demandait de l'aider. Je commençais alors à détacher les photos une à une. Il ne m'en empêchait pas. Je savais très bien celles que j'allais garder. Il n'en resterait que deux. Une ou nous étions tous réunis et l'autre était une photographie prise le jour du mariage de Lynn et Aidan. Pour moi cela paraissait évident, il fallait qu'il avance mais il avait quand même besoin de Lynn. J'avais à présent détachée toutes les photos. Je me retournais vers lui, je m'approchais de lui les photos à la main et je lui donnais celles que j'avais sélectionnée. « Ces deux là seront parfaites ... Ou veux tu les mettres ? »

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« Il faut compenser l'absence par le souvenir. La mémoire est le miroir où nous regardons les absents. »

Quand Jessie commença à enlever une photo après l’autre, j’avais du mal à regarder. Je m’assis là où j’étais arrivé sur le sol froid et je me ressemblais en boule. On dirait un gamin ou une fillette qu’on tape et qui se réfugie en boule pour pouvoir pleurer. Je ne pleurais pas, je ne voulais juste pas la voir, enlever petit à petit mon histoire. Elle détachait soigneusement les photos. Même si je ne voulais pas voir ca, je jetais quand même des petits coups d’œil. Elle en prenait soin et elle les posait en tas. En voyant le tas augmenter, je me rendis compte que je gardais trop de photos beaucoup trop de photos. J’entendais dans ma tête la voix de mes amis me disant de changer, de tourner la page et je m’entendais, réfutant tout ce qu’il disait, niant la vérité et m’obstinant à rester dans le passé. J’avais l’air bien bête. Jessie avait pratiquement fini d’enlever les photos. Je me refermais sur moi-même. Je sentis pourtant Jessie arrivée près de moi et je relevais la tête. « Ces deux là seront parfaites ... Ou veux tu les mettre ? » Dans ses mains deux photos. Je croyais qu’on ne pouvait en garder qu’un. Un sourire se forma sur mon visage. Un sourire amusé. Elle me montra deux photos, celle de mon mariage et une où tout le groupe était soudé. Il avait été pas mal démembré depuis la mort de Lynn.

J’aurais aussi gardé une de ses deux là. Par contre je ne savais pas où les mettre. Je pensais à derrière le canapé pour ne pas devoir les voir mais enfaite, il faut juste qu’elle soit à deux endroit de la maison. Je me relevais. « Merci, c’est gentil d’avoir fait ça ». Gentil n'avait pas été le bon adjectif mais je n'en trouvais pas d'autre disant que cela faisait un bien fou.Je pris les deux photos et trouvais des cadres dans une armoire, je les mettais toujours là. Je revins vers Jessie et la regardais. « Que dis tu d’en mettre une dans la cuisine et une dans le salon ? Je pensais à celle où l’on est tous dans le salon ». Maintenant que toute la photo avait été enlevée, je ne me sentais plus désespéré de devoir en choisir une. Jessie avait fait ce qu’il fallait faire. Je compris qu’il fallait que Jessie revienne pur que je puisse changer, j’avais faillit tourner la page avant qu’elle parte mais l’avait laissé retomber quand elle était partie. Je mis les photos dans les cadres, il pourrait ainsi être posé sur une surface plane comme je le voulais. J‘avais peur qu’elle parte bien sur mais avec elle, rien ne semblait difficile à présent. Je voulais aussi qu’elle le fasse avec moi, je lui pris la main doucement et l’emmena avec moi. « Tu veux bien le faire avec moi ? » Je me dirigeai vers la cuisine. Le sentiment qu’un poids pesait sur mon dos s’estompait de plus en plus. Je n’avais pas oublié Lynn, comment l’oublié. En allant vers la cuisine, j’eu l’impression que c’était Lynn que j’emmenais. Je dus vite reprendre mes esprits. Avoir l’impression qu’elle soit là m’arrivait souvent surtout quand je me retrouvais seul dans mon lit tard le soir. J’avais presque l’impression de l’entendre me dire bonne nuit.

Je n'osais pas regarder derrière moi. Il était évident qu'il souffrait et si je le regardais j'abandonnerai les photos et j'essaierais de le consoler. Mais il fallait que je continues, j'étais la seule qui avait assez de cran pour le faire. C'était dur pour lui, j'imaginais la souffrance qu'il ressentait lorsque je détachais ses photos. Je m'osais un rapide coup d'oeil, il était au sol roulé en boule. J'avais immédiatement envie de le consoler mais je continuais ma tâche. J'avais sélectionné deux photos celle de son mariage et une de tous le groupe réunis. Pour moi elles étaient parfaites, il ne devait pas vivre sans arrêt dans le passé. Lynn n'aurait jamais supporté de le voir comme ça, j'avais envie de le réveiller. Je voulais qu'il vive ... mais il ne m'écoutait pas. En partant j'avais espéré que ça changerait mais j'avais eu tort d'espérer. J'avais l'impression d'être la seule à être capable de le faire avancer. Face aux deux photos, il souria. Il devait être soulagé de ne pas avoir dû choisir. Je déposais les autres photos sur une armoire. Je lui proposerai probablement de faire un album photo avec les restantes.Elles étaient des parties de son passé, il ne pourrait évidemment jamais oublié. « Merci, c’est gentil d’avoir fait ça ». Gentil ? Pas vraiment j'ai seulement eu le cran de le faire. Je ne pense pas qu'il aurait autorisé une autre personne à faire ça. Je me contentais de hocher la tête. Puis il se leva, me regarda et me demanda « Que dis tu d’en mettre une dans la cuisine et une dans le salon ? Je pensais à celle où l’on est tous dans le salon ». C'était une bonne idée. Je voyais très bien celle de son mariage dans le salon et l'autre dans la cuisine.Il venait de trouver les cadres et de les encadrer. «Bonne idée ... ».

A mon grand étonnement il prit ma main. Je ne savais pas comment réagir, je ne voulais pas d'autres faux espoirs. Mais je le laissais faire quand même. Sa présence m'apaisait et ça devait être pareil pour lui. Cadres en mains il m'enmena dans la cuisine et me demanda : « Tu veux bien le faire avec moi ? » Je resserais sa main en signe de oui. Je trouvais que la photo de la bande irait bien dans la cuisine, au moins cette photo le ferait sourire dès le matin. Je prenais cette photo et la posais sur une étagère dans la cuisine puis je lui demandais : « Qu'en penses-tu si on la met ici ? » Pour la seconde photo je comptais le laisser choisir. C'est lui qui devait voir ou il voulait voir Lynn tous les jours. Je l'enmenai dans le salon. « A toi de voir ou tu veux la mettre ... » Une dernière chose me tracassait sa chambre ... Je lâchais sa main, il avait peut être besoin de rester seul. Je voulais me rendre dans sa chambre. J'avais envie de repeindre les murs, c'était à lui de voir. Je m'asseyais sur son lit et regardais les murs... Je savais qu'il n'allait pas apprécier ma présence ici mais tant pis. Il ne restait plus que ça à faire pour qu'il aille de l'avant. Je vis Aidan à la porte d'ailleurs, il ne dit rien. « Que comptes-tu faire pour les murs de ta chambre ? »

You speak & I listen

« A une douleur oubliée, il n'est pas difficile de faire succéder le sentiment de la joie.
»

Jessie accepta la main tendue vers elle. Elle l’attrapa et nous allâmes poser la photo ensemble, pour moi c’était symbolique. C’était comme posé la première brique de ma nouvelle vie. C’était grâce à elle. « Qu'en penses-tu si on la met ici ? ». Nous la posâmes sur un meuble de la cuisine, là où ca ne me gênerait pas pour cuisiner. Je n’étais pas sur qu’elle s’en rendait compte. « A toi de voir ou tu veux la mettre ... » Elle me laissa avec la photo de Lynn. Je contemplais la photo de notre mariage et je ne me rendis pas compte tout de suite qu’elle était partie. Je me perdis un peu dans ma contemplation.

Flach Back

Les deux jeunes mariés sortirent de l’église. Un bon nombre de personne étaient déjà dehors, la famille, les amis. Haa les amis ! Comment auraient-ils fait sans eux. Aidan tenait la main de son épouse. C’et la que la photo fut prise. Il n’y avait qu’eux deux dans la porte de l’église. Ils étaient heureux, ils souriaient. Comment ne pas être heureux quand on épouse son âme sœur ? Tout le monde était la. Quelques seconde après ce que la photo soit prise, du riz fut lancé. Une idée de ses parents. Tout le monde criait, tout le monde étaient joyeux.

Fin du Flash Back

Je sortis de mes pensées pour me rendre compte que Jessie était partie. Je posais la photo sur le premier meuble que je trouvais et parti à sa recherche. En réalité j’avais déjà une idée d’où elle était, dans ma chambre. Je m’appuyais sur la porte et la regardais au milieu de ses quatre murs remplis de mots et de prénom. Je ne l’aurais jamais imaginé ici. C’était une intruse. Je ne disais rien pourtant car je sais que tout cela l’inquiétait. Ca aurait inquiété n’importe qui. « Que comptes-tu faire pour les murs de ta chambre ? » Je savais déjà ce que j’allais faire, j’y avais pensé la première fois que j’avais écrit dessus, j’avais juste Ecrit Lynn en grand au dessus de mon lit, on peut toujours le voir, je n’ai pas écrit dessus. Je m’étais dit que le jour où je tournerais la page, je repeignerai ma chambre. J’avais de la peinture et des pinceaux dans un placard. « J’ai de la peinture quelque part, je pensais repeindre. Mais veux tu le faire aujourd’hui » Je regardai l’heure à mon réveil, il était pratiquement minuit. « Enfin veux tu le faire maintenant, il se fait tard quand même ». C’est vrai que repeindre maintenant serait une bonne idée car je sais qu’elle ne dormirait jamais dans cette chambre tant que les murs ne seraient pas mieux. Je ne pensais pas forcement dormir avec elle, mais je ne voulais pas qu’elle dorme sur le canapé et je ne voulais surtout pas qu’elle reparte chez elle.

Je me doutais qu'il n'avait pas remarqué que je l'avais laissé. Il avait besoin de rester seule avec Lynn, même si ce n'était qu'une photo. Il y a des moments ou je m'en voulais car je le poussais à avancer, à oublier la femme de sa vie alors qu'il devait le faire lui-même de son plein gré. Et je le poussais, si ça se trouve ça ne changerait rien mais j'espérais que si. Je n'aurais même pas du entrer dans sa chambre, non je n'aurais pas dû. Mais ce soir je ne sais pas j'étais courageuse, au pire il me chasserait. Mais je voulais l'aider et ses murs reflétaient trop sa souffrance, j'avais envie de pleurer pour lui d'ailleurs. Mais je me retenais, je ne devais pas craquer, l'un de nous deux devait être fort ce soir.

Quand il me trouva sur son lit j'ai cru qu'il allait me foudroyer. Je devais être complètement choquée et désamparée. Ses mots me faisaient tellement peur, j'avais tellement de mal à l'imaginer écrire tous ces prénoms et mots. Mais au moins il avait extériosé sa peur et son désespoir. J'espèrais au moins qu'il avait une idée pour effacer tout ceci. Pour moi c'était la dernière étape et après tout serait fini d'une manière ou d'une autre. Me sortant de ma contemplation il dit : « J’ai de la peinture quelque part, je pensais repeindre. Mais veux tu le faire aujourd’hui » Au moins il avait une idée. Il regarda alors son réveil et rajouta par rapport à sa dernière phrase. « Enfin veux tu le faire maintenant, il se fait tard quand même ». Je regardais à mon tour son réveil. Il était pratiquement minuit mais j'avais le temps. Je voulais dire je n'avais pas de chez moi et personne ne m'attendait. Si je rentrais à l'hotel à minuit ou à 2, 3 heures du matin pour moi ça ne changerait rien. Je me levais alors: « Oui je veux le faire maintenant ... comme ça tu pourras bien dormir cette nuit. ». Il alla alors chercher les pots de peinture et tout ce dont nous avions besoin. Il avait de la chance ses murs étaient blancs et il y avait peu de meubles. Je n'étais pas douée pour le peinture mais j'essaierais de faire au mieux. Quand il revint je lui demandais. « Est-ce que je peux dormir chez toi ce soir ? Je n'ai nulle part ou aller pour l'instant. Je pourrais dormir sur le canapé si ça ne te dérange pas ... » J'espèrais qu'il me laisserait dormir ici, je n'avais pas très envie de retourner toute seule dans cet hotel miteux. Je prenais alors un pinceau entre les mains et j'ouvrais délicatement un pot de peinture. Je plongeais le pinceau dedans et lui demandais: « Par ou veux tu commencer ? ».

You speak & I listen

« A une douleur oubliée, il n'est pas difficile de faire succéder le sentiment de la joie.
»

Quand Jessie a une idée, ce n’est pas l’heure qui va l’empêcher de le faire. Elle avait conscience de l’heure et pourtant elle voulut le faire. « Oui je veux le faire maintenant ... comme ça tu pourras bien dormir cette nuit. » Tout ca c’était pour moi, tout ce qu’elle faisait c’était pour moi. Je quittai la pièce et la laissa seul. Après un peu de fouille dans mon seul placard, je trouvai 2 sceaux de peinture bleu foncé. Les pinceaux étaient vraiment ailleurs. Je dus encore chercher un bon moment. Cela faisait longtemps que je les avais achetés, deux ans et demi. Normal qu’ils soient un peu perdu. Je rangeais un peu n’importe quoi dans ce placard. Je trouvai des pinceaux rouleaux et un pinceau brosse. Il se trouvait encore emballer et dans le sac du magasin. Je revins chargé dans la chambre et je posai tout les affaires sur le sol. « Est-ce que je peux dormir chez toi ce soir ? Je n'ai nulle part ou aller pour l'instant. Je pourrais dormir sur le canapé si ça ne te dérange pas ... » Je souris, j’attendais cette question. Je lui aurais proposé si elle ne l’avait pas fait. Mais comme elle le demande. Je voulais qu’elle reste, je l’aurais supplié si le fallait. J’avais tellement peur qu’elle reparte et qu’elle ne revienne plus. J’avais peur qu’elle décide de repartir quand même. Cette soirée aurait alors été inutile. Je souris, heureux de cette proposition. « Oui bien sur que tu peux dormir. » Puis je redevins sérieux. « Mais tu ne dormira pas dans le canapé ! Si un des deux doit le faire c’est moi. » J’avais été ferme, et il n’y avait pas de discutions possible bien que j’étais sur qu’elle allait essayer de me forcer à dormir dans mon lit et elle sur le canapé. Je la connaissais assez bien pour qu’elle ne se laisse pas faire. Je me dirigeais vers mon armoire et y pris deux vieux t-shirt. De vieux t-shirt de sport de quand j’étais à la FAC et que je faisais du sport. Ils m’étaient pratiquement inutiles à présent. Je n’allais plus beaucoup courir sur la plage. Je n’allais tout simplement plus beaucoup à la plage. « Si tu ne veux pas salir tes vêtements enfile ca. Je me retournerais le temps que tu te change si tu le désire. » Je lui lançai un des deux t-shirts. Je ne fus pas gêné quand j’enlevai mon t-shirt pour mettre l’ancien. J’aurais pus faire genre j’ai un beau corps, mais Jessie me connaissait et puis mes tablettes de chocolats n’étaient plus ce qu’elles étaient. Je le fis rapidement et discrètement. J’aurais bien mis autre chose comme pantalon mais bon, je ne le ferais que si elle en voulait un. Je ne savais pas pourquoi je ne voulais pas le faire si elle ne le faisait pas. Me montrer torse nu ne me dérangeait pas mais me retrouver en boxer devant Jessie me gênait affreusement et je ne savais pas pourquoi. « Tu veux aussi un vieux short bien que je pense qu’ils seront trop large pour toi »

Elle avait déjà ouvert un pot de peinture et prit un pinceau. Je la regardais faire. On dirait qu’elle n’avait jamais fait ca. « Par ou veux tu commencer ? ». Je regardais mes murs, je regardais surtout où il y avait le moins de meuble pour commencer. Je pris celui à ma droite où il n’y avait qu’une commode. De l’autre coté il y avait une bibliothèque et un garde robe. « Commence par ce lui là. » Je pointai celui que j’avais choisis. Je dirigeais pour bouger l’armoire. Normalement, je pourrai le faire passer par la porte. Je la laisserai peindre. Je rangerais ma chambre pour qu’elle puisse aller partout.

Il savait très bien que quand je décidais de quelque chose il était très rare que je change d'avis, j'étais entêtée. Tout comme lui l'était sauf qu'il n'essayait pas de me contredire. J'en fus contente. Peut être était il aussi décidé que moi. Je fus étonnée qu'il ne me parle pas encore de Lynn, il aurait dû. J'étais là s'il en avait besoin, je n'avais plus besoin de le prouver désormais. Il mit un peu de temps pour trouver ses pots de peintures et tout le reste, ça devait faire un bon moment qu'il les avait achetés. Tout ce matériel était d'ailleurs encore dans son sachet de vente et rempli de poussière. Je ne dis rien, il n'y avait rien à dire. Quand je lui demandais si je pouvais rester dormir, étrangement il sourit. Il avait certainement du attendre cette question et avait déjà tout prémédité. « Oui bien sur que tu peux dormir. » Il rajouta ensuite sans que je puisse le remercier. « Mais tu ne dormira pas dans le canapé ! Si un des deux doit le faire c’est moi. » Il avait dit ça d'un ton clair, ferme pour que je n'ai aucun moyen de contester mais je dormirai sur le canapé, je ne me voyais pas dormir dans sa chambre fraichement repeinte. En plus si c'était moi qui dormait dans son lit ! C'était quand même sa chambre pas la mienne ! Je répondis alors : « Merci ... mais je dormirai sur le canapé. Je ne me vois pas dormir dans ton lit ! Et n'essaie pas de me contredire je dormirai sur le canapé un point c'est tout ! »

Puis je contemplais ma tenue, j'étais habillée un peu trop chic et cher pour repeindre des murs. Et je n'avais pas de vêtements de rechange. Apparemment il avait pensé à ce détail avant moi.« Si tu ne veux pas salir tes vêtements enfile ca. Je me retournerais le temps que tu te change si tu le désire. » Il venait de m'envoyer un tee-shirt. Je le dépliais, le nom de sa fac y était inscrit. Il allait être trois fois trop grand mais ça ne me dérangeait pas. Devant moi il changea de tee-shirt. Je n'avais pas osé le regarder, j'aurais eu une de ses têtes. Je n'avais pas peur de me changer devant lui, je n'étais pas si pudique que ça. « Merci ... » Je me retournais pour être dos à lui, enlevait ma tunique et enfilait son vieux tee-shirt de la fac. Il avait son odeur en tout cas ce qui ne me déplaisait pas, il sentait bon. Je me retournais vers lui et lui demandait : « Alors j'ai l'air de quoi ? » Puis il me demanda quelque chose qui me gêna un peu plus. « Tu veux aussi un vieux short bien que je pense qu’ils seront trop large pour toi » Un vieux short ? Je regardais son tee shirt il m'allait presque jusqu'aux genoux. Je n'aurais donc pas besoin de son short. Mais lui portait un très beau jean, il valait mieux qu'il en change. Je dis alors : « Merci ... mais ton tee-shirt me va quasiment jusqu'aux genoux, je n'ai pas besoin que tu me prêtes un short. J'aurais juste à enlever mon jean mais toi tu ferais mieux d'en changer.» Je retirais mon jean, j'avais presque l'impression d'être en pyjama. J'espèrais que ça ne le dérangeait pas de me voir entre guillemets à moitié nue. Lui ne devait pas se gêner pour moi.


Quand je lui demandais par quel mur je devais commencer il me désigna celui avec le moins de meubles possible, il avait du remarqué que j'étais novice. « Commence par ce lui là. » Il se dépêcha de bouger la commode pour que je commence. « Merci ... » Et je commenàais délicatement à peindre, les mots s'effaçaient sous la peinture. Je me demandais ce qu'Aidan ressentait.

You speak & I listen

« Toutes les femmes sont jolies, beaucoup sont belles, quelques-unes sont rares.
»

Je souriais. Le t-shirt était bien trop long. Mais ca lui allait bien. Elle pourrait avoir le t-shirt si elle le désirait. Il n’était pas important pour moi. « Alors j'ai l'air de quoi ? ». Elle avait l’air d’une fille qui vient d’enfilé un t-shirt de mec trois fois trop grand. Mais elle était belle, elle aurait enfilé un sac à patate, elle aurait tout aussi belle. J’esquissais un sourire comme simple réponse avant de me retourner vers ma commode pour prendre un short. « Merci ... mais ton tee-shirt me va quasiment jusqu'aux genoux, je n'ai pas besoin que tu me prêtes un short. J'aurais juste à enlever mon jean mais toi tu ferais mieux d'en changer.» Bon, j’avoue que cela me faisait drôle de la voir sans pantalon. Enfin ca me faisait drôle de la voir tout court. Et puis le t-shirt était si grand qu’on ne voyait rien. Mais je rougis quand même, légèrement mais je le sentis. Je n’avais mis aucun miroir dans la pièce pour être sur de ne pas le casser si jamais je devenais un peu nerveux. J’aurais très bien pus le casser juste en me voyant avec de grosses cernes sur le visage et les yeux en larmes. « Mais ou est ta put*in de dignité Aidan ? » Il y avait bien longtemps que je l’avais perdu cette dignité qui rendait bien faire dans la cours du lycée. Si je faisais état de ma vie maintenant, j’étais vendeur dans un petit magasin, je n’étais même pas foutu d’être élu employer du mois. Je n’étais surtout pas capable de tourner la page et de sortir. Mais être ici avec Jessie, j’avais l’impression de ne plus être enfermé dans mon propre corps, dans mon propre esprit.

Je ne faisais pas attention à ce qu’elle faisait. Je faisais attention au meuble que je déplaçais. Je n’avais pas envie de regarder ce qui se passait. Elle effaça les mots mais la douleur était toujours là, a on ne pourrait rien y changer. Peut être qu’un jour j’apprendrais à vivre avec. Je plaçais les meubles dans le salon. Je repensais à ce qu’elle m’avait dit. « Merci ... mais je dormirai sur le canapé. Je ne me vois pas dormir dans ton lit ! Et n'essaie pas de me contredire je dormirai sur le canapé un point c'est tout ! ». Elle croyait que j’allais me laisser faire sans protester, elle se trompait. Je ne dormirais pas dans mon lit si elle est sur le canapé. Je rentrai dans la pièce avec une idée en tête. « Je ne pourrais pas dormir dans ma chambre puisque la peinture séchera. Je dormirais dans la pièce à coté. Comme ca personne ne dormira dans le lit. » Au moins ce serait régler. Je dormirai sur une grosse couverture bien moelleuse et on en parlera plus. Je pris un pinceau, le sortit de son paquet et trempa dans la peinture. Je commençais, l’autre partie du mur délicatement. Il ne restait déjà plus beaucoup d’affaires dans ma chambre. Peindre m’énerva vite en réalité. Je trempai mon doigt dans un pot d pinceau et doucement je m’approchais du visage de Jessie pour y faire un point. La tentation était irrésistible. Cela faisait longtemps que je n’avais pas eu de m’amuser.

Je ne faisais pas attention à ce qu'il pensait de moi, il pouvait penser ce qu'il voulait. Bon il était vrai que j'aurais peut être du garder mon pantalon, mais je ne voulais pas risquer de le salir. Et son tee-shirt, heureusement milles fois trop grand m'allait jusqu'aux genoux. Ca aurait été plus embêtant si il se serait arrêté à ma taille, là j'aurais gardé mon jean. Moi ça ne me gênait pas cette tenue, j'aurais été vraiment gênée si j'avais du porter un maillot de bain devant lui. Sa tenue à lui par contre me fit rire, rien n'était assortie. Mais je tentais de cacher mon rire, il aurait été capable de se vexer. Je lui avais demandé comment j'étais, je n'avais pas peur du ridicule. Il se contenta de sourire, ça voulait tout dire et je lui rendis son sourire. J'étais extrêmement concentrée, la peinture et moi ça faisait deux. Mais je ne voulais pas faire des bavures et détruire d'un coup les murs de sa chambre. Je n'osais même pas lire les mots que j'effaçais, me focalisant sur la peinture.

Quand il revint, il dit d'un ton triomphal : « Je ne pourrais pas dormir dans ma chambre puisque la peinture séchera. Je dormirais dans la pièce à coté. Comme ca personne ne dormira dans le lit. » Je fus forcée d'admettre qu'il avait raison ou il risquait une intoxication. « D'accord ... après tout nous sommes chez toi ! » Je le laissais gagner cette fois-ci, mais la prochaine fois je ne cèderais pas si facilement. Un silence un peu pesant s'installa entre nous, lui aussi peignait. J'aurais bien suggéré de la musique mais n'osais cependant pas. La peinture n'avait pas l'air d'être son truc non plus, il laissait parfois tomber son pinceau et je rigolais. Quand tout d'un coup il s'approcha de moi, il fit un point blanc de peinture sur mon visage, il avait l'air hilare. Je souris. « Tu ne t'en sortiras pas comme ça ... » Il restait néanmoins planté là, je lâchais mon pinceau et trempait ma main dans la peinture. Avec un sourire malicieux, je traçais un trait le long sa joue. Le blanc lui allait à merveille, j'éclatais de rire. Je fus tellement contente de l'entendre rire. Cela faisait une éternité que je ne l'avais pas vu le sourire aux lèvres.

Je l'entendis marmonner quelque chose, sans savoir pourquoi je me mis à courrir. Il avait trempé sa main à son tour dans un pot. Je ne voulais pas être blanche ! Non, je ne voulais pas ! « Tu ne m'auras pas ... » J'avais parlé malheureusement trop vite, le voilà qu'il me coinçait dans ses bras. Sa main se rapprochant dangereusement de mon visage ...

[HJ : Mais non, j'aime bien ^^ Mon post n'est pas mieux ]

You speak & I listen

« La première fois c'est une erreur, la seconde c'est qu'on le fait exprès.»

Elle avait accepté. « D'accord ... après tout nous sommes chez toi ! » En même temps, il y avait rien à redire. Je savais qu’elle ne lâcherait pas le morceau et que quand on se coucherait, ca recommencerais. Mais ca m’amusais alors je ne m’en plaignais pas.

Je me doutais que je n’allais pas m’en sortir comme ca. Mais je n’avais plus envie de peindre et puis mes habits sont de vieux vêtements qui en valent plus la peine. Autant les utiliser pour faire ca. Juste un point, elle, elle m’avait fait une ligne. « Tu ne t'en sortiras pas comme ça ... » m’avait-elle dit. Je l’avais compris. Elle souriait tout comme moi. Elle souriait vraiment et mon sourire s’agrandit encore plus. Je revoyais ma meilleure amie. Je me sentais moi-même. Il y avait longtemps que je n’avais plus joué avec de la peinture. Je me mis à sa poursuite bien que je l’attrapais vite, elle ne se débattait pas réellement. Ce qui facilitait ma tâche. Je me sentais incroyablement plein d’énergie, il était tard pourtant et j’avais travaillé toute la journée mais je me sentais énergique.

Il y avait une grosse tache blanche en plein milieux d’un tas de mots qui pour moi n’avaient plus réellement de sens. Ho, bien sur, demain, je retrouverais la monotonie de mes journées, qui dit que je n’allais pas recommencer à écrire sur mes murs quand je me sentirais seul le soir. Mais pour l’instant plus rien n’avait d’important que le moment présent. « Je t’ai eue ! » Je l’attrapais dans mes bras. Je n’y allais pas fort, je la serrais légèrement contre moi pour pas qu’elle s’éloigne de moi bien que cela me faisait bizarre de la sentir si près de moi.

Ma main couverte de peinture blanche s’approchait de son visage. Elle souriait et faisait une grimace en même temps. Je posais ma main sur sa joue mais ne détacha pas mon regard du sien. Je savais que je n’aurais jamais du faire mais c’était plus fort que moi. Je la regardais et elle souriait. Je l’avais toujours imaginé tout sourire d’ailleurs. Je l’avais toujours connu comme ca sauf les quelques mois après la mort de Lynn. D’ailleurs je savais que c’était trop tôt, qu’on venait à peine de se retrouver, je risquais de la perdre à nouveau. C’était ce qui l’avait fait fuir. Alors pourquoi je recommençais. Je posais mes lèvres doucement sur les tiennes. Doucement, très lentement, je l’embrassais ce fut aussi très court. Je me rendis vite compte que je n’aurais pas du faire ca. « Excuse-moi Jessie. Je n’aurais jamais du faire ça. Quel imbécile je suis. Je sais que tu es déjà partie à cause de ca. Ne part pas, s’il te plait.» Je m’en voulais, je la lâchais. J’essuyais mes mains sur mon pull.

Il ne rajoutait rien, moi non plus. Je me pliais à sa volonté, même si je chercherais dès que l'occasion se présenterait à le faire changer d'avis. Je ne pouvais pas abandonner, c'était dans ma nature. Je dormirais même parterre s'il le fallait, je n'étais pas difficile. Je dormais partout lorsque j'étais épuisée et vu les heures de peinture qui m'attendaient, je m'endormirais d'un seul coup.

Il osa, oui, il osa mettre de la peinture sur mon visage. J'avais un point blanc sur la joue, il ne s'en sortirait pas sans dommages. S'il continuait j'étais capable de lui balançer un saut de peinture sur la tête, tant pis pour lui. Il avait gentillement chercher à me provoquer. J'aurais dû rester calme mais je démarrais au quart de tour, lui traçant une jolie ligne blanche sur sa joue. J'étais toute sourire, je tenais un bout de ma mini-vengeance. Je savais très bien qu'il ne s'arrêterait pas là. Je me mis alors à courrir pour lui échapper, autant que l'espace de sa chambre me le permettait. J'avais laissé tombé mon pinceau dans ma course, tant pis. J'espérais que ça n'allait pas salir quoi que ce soit. On en oublierait presque les dernières années qui s'étaient écoulées. J'avais l'impression d'avoir retrouver ma joie de vivre et mon Aidan avant que cet événement dramatique ne chamboule tout. Ca me faisait du bien de le voir sourire et s'amuser ainsi.
Comme il prévu il m'attrapa, je me laissais faire mais me débattait quand même légèrement pour ne pas avoir l'air de lui laisser la tâche facile. Il dit alors « Je t’ai eue ! ». Oui, il m'avait eue moi toute entière. Cette proximité ne me dérangea pas. Soudain, je vis sa main pleine de peinture s'approcher de mon visage ! Je ne pus m'empêcher de rire, néanmoins je savais qu'il allait poser sa main sur ma joue, laissant une marque indélébile de peinture. Je faisais la grimace, tout ça allait être dur à enlever ! « Nooonnn ! » Trop tard, j'étais marquée désormais.


C'est alors qu'il fit une chose qui me surpris, je le voyais se rapprocher de mon visage. Et il m'embrassa tendrement, brièvement. Je n'en croyais pas mes yeux. Avais-je rêvé ? Avait-il changé d'avis ? Non, il me tenait toujours dans ses bras et sans que je puisse dire quoi que ce soit il dit : « Excuse-moi Jessie. Je n’aurais jamais du faire ça. Quel imbécile je suis. Je sais que tu es déjà partie à cause de ca. Ne part pas, s’il te plait.» Non, il n'avait pas changé d'avis. C'était encore une erreur de sa part apparemment. Je me débatais pour qu'il me lâche et me lacha enfin. Je ne dis rien, puis soupirais. Il fallait bien que je dise quelque chose pour qu'il ne s'en veuille plus. Je lui avais promis de ne plus l'abandonner, je ne l'abandonnerais plus. « Ce n'est pas grave ... Je ne pars pas » Visiblement déçue, de cette fausse joie, je partais à la recherche de mon pinceau. J'avais toujours une vengeance à exécuter. Je plongeais alors ma main dans la peinture et en courant, pour le prendre par surprise et je lui peignais le visage. « Et voilà ! » Il allait être faché là, je le sentais. Mais je n'avais pas voulu perdre son sourire, pour un simple baiser. Même si cela signifiait beaucoup pour moi, je ferais mine de rien. Et puis, stop ! On a qu'une vie, j'avais envie d'être à ses côtés, de le toucher, de l'embrasser, il ne m'en empêcherait pas. Je lui sautais alors dessus et l'embrassais fièvreusement. Il n'avait qu'à me repousser, je comprendrais parfaitemment. Je tentais seulement ma chance !

You speak & I listen

« Les seuls regrets doivent naître des choses que l'on n'a pas pu accomplir.»

Je n’avais pas le droit de faire cela, de la faire souffrir comme je le fais. Je savais qu’elle m’aimait. Je n’ai pas le droit de m’engager si je ne me sens pas capable de faire sourire la personne que j’aime. Et en ce moment, et ce depuis 3 ans, je n’arrive même plus moi-même à sourire pour n’importe quelle raison, que ce soit parce que je me sens heureux ou pour rassurer quelqu’un, je n’y arrive pas. Et elle, Jessie, elle était revenue, elle m’avait fait pleurer et maintenant elle me faisait rire comme je n’avais plus rit depuis bien trop longtemps. Ce n’était que de la peinture. Cette dernière devait effacer le passé pour laisser place à un avenir plus heureux et étonnamment elle le faisait à merveille. J’oubliais Lynn pendant quelques minutes, j’oubliais la douleur, j’oubliais le manque, j’oubliais la solitude. Parfois, ca fait du bien de ne pas se rappeler. Parfois, je voudrais être amnésique.

Jessie restait et c’est tout ce qui comptait. « Ce n'est pas grave ... Je ne pars pas » J’accumulais les gaffes aujourd’hui depuis qu’elle était là. Elle semblait avoir pris une décision. Je ne voulais pas la tester. J’avais fait des erreurs et je m’en voulais. On a tous des regrets, je dois en avoir plus que les autres parce que je ne suis pas très adroit et j’ai raté tellement d’occasion. Entre elle et moi, tout avait changé. Mes sentiments, les siens et notre relation s’étaient devenu compliqué. Ca l’est toujours et je ne sais pas réellement comment je dois me comporter, ce que je dois faire ou pas. Mais je sais qu’on pourra y arriver, on pourra redevenir comme avant. Enfin rien ne sera comme avant mais je voudrais qu’on puisse redevenir aussi complice qu’on l’était.

J’avais de la peinture partout mais c’est moi qui avait commencé, je l’avais mérité. Mais ca je ne le regrettais pas.